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jeudi, 30 octobre 2008

Contre les poètes

oiseau au parc.jpgEn 1947 W. GOMBROWICZ se demande dans un texte curieux intitulé "Contre les poètes" si la poésie n'est pas, au fond, qu'une vaste supercherie. "La messe poétique a lieu dans le vide le plus complet" note-t-il. Il faut dire que W.GOMBROWICZ ne considère pas la littérature comme un refuge ou une rédemption. Pour lui la vie est une bagarre. Ses romans ne se considèrent pas au dessus de la bagarre. Ses personnages sont sur le ring. W. GOMBROWICZ refuse le "sérieux", paradoxalement son refus du sérieux n'aboutit pas à la légereté, n'aboutit pas à la négation de la douleur, ni de la souffrance. Le corps, le geste ont une importance majeure dans son oeuvre. Le corps est pour lui matière malléable: une pâte. Pour en revenir à nos poètes, W. GOMBROWICZ accepte alors l'idée que la messe poétique ait lieu dans le vide le plus complet. Ce "contre les poètes" d'abord paru dans la revue Kultura puis repris à la fin du tome I de son journal énonce la chose ainsi : " Ce qui lasse dans la poésie pure, c'est l'excès de poésie, oui, la pléthore de paroles poétiques, de métaphores, de sublimation -bref l'excès de condensation qui épurent ces textes de tout élément anti-poétique et dont l'accumulation fait finalement ressembler le poème à un produit chimique". C'est gonflé, mais il s'agit de ne pas oublier que c'est au nom d'une conception exigeante de la poésie comme l'écrit Constantin JELENSKI dans une lettre à son ami datée de 1959 et "contre les non-poètes faisant de la versification" que W.GOMBROWICZ s'emporte. Il défend une poésie qui saurait au contraire réconcilier la forme et les idées trop souvent délaissées par les artistes qui unirait le matériau brut fournit par la vie et l'exigence de la pensée. C'est déjà la grande affaire de ses romans " Ferdydurke" (le premier), "la pornographie", et l'impressionnant "Cosmos", ses pièces de théâtre vont aussi dans ce sens réconciliant l'allégorie et l'existence de l'homme concret. Il s'agit pour l'Homme de se former au contact avec d'autres Hommes . Ainsi l'ancien mode de fonctionnalité du monde "chacun sa place, chacun son rôle" est profondément subverti chez W. GOMBROWICZ. L'autorité divines et paternelles sonnent dans le vide et tournent à l'impuissance. Si tout sonne faux, si tout bégaye; c'est bien qu'il faut réinventer le langage; plonger les mots en cet état d'indistinction, de vide même -Ou de vide rationnel- comme les formules de ces rites anciens, les paroles qui servent à faire tomber la pluie...

Et la musique est par ICI

05:13 Publié dans A tribute to, Ciels, De visu | Lien permanent

Commentaires

Un billet qui donne du grain à moudre...

Écrit par : gballand | jeudi, 30 octobre 2008

GRAIN DE VISION

Pour ou contre
Comme totalement d'accord
Au-delà des apparences grossières
Pas de quoi nourrir un débat
Par principe vain et stérile
Autant continuer à chanter
La panoplie des merveilles
Qu'on trouve sur les pistes
Qu'évitent soigneusement
Les amateurs de jungles urbaines

Écrit par : gmc | jeudi, 30 octobre 2008

Evitons donc soigneusement "Les amateurs de jungles urbaines" : Alceste doit reconnaïtre que GMC a toujours la bonne formule en main. Bonne journée à lui et bonne journée à vous.

Écrit par : solko | jeudi, 30 octobre 2008

Dans "Opus INTERNATIONAL" des années 80
un pöete Mislaslav TOPINKA avait publié un long article sur " la topologie d'une autre poésie" ou il invitait à exploiter les extra-espaces qui se forment, disait-il entre la poësie et les arts plastiques (envirronnements, happenning, évents, actions-exercices) C'était là, pour lui, une façon pour que la pöesie redevienne d'une simplicité exemplaire et ne se contente pas d'être une "belle chose", ni un document brut. Il rappelait la devise de RIMBAUD " le but principal de chaque poête est son existence de poëte"
Voilà pourquoi en regardant certains blog comme le tien ou celui de sophie, il m'arrive de penser à cette poésie nouvelle à base de textes, dessins , photos et pourquoi pas des croquis, des notes, des bandes sons et images ou autre objet à 3 dimensions est peut être encore possible ?
Topinka disait trouver les racines de cette poésie dans Velemir KHLEBENIKOV par "cet autre langage doit créer un espace qui doit joindre hermetiquement ce que le poëte crée et ce qu'il vit"
Bien à toi

Écrit par : alex | jeudi, 30 octobre 2008

Un billet qui mérite d'être relu au calme...

Écrit par : Aude | jeudi, 30 octobre 2008

@gballand:Oui, Avec W. Gombrowicz en général c'est :" grain à moudre sinon rien" ;-)

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

gmc: Merci pour le très beau poème. Il était un peu espéré quelques grains...

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

@Solko: Comme toujours Alceste n'a pas de poutre dans l'oeil pour veiller à la paille et au grain... Bonne journée loin des
jungles

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

@Alex :Grain à moudre, comme toujours ton commentaire est riche et nous glisse un ticket d'ouverture pour de plus vastes explorations. La citation de Rimbaud nous vient non comme une théorie mais comme une une respiration , un espace supplémentaire (extra) (ou extra supplémentaire ? ah les mots !). Je partage bien sûr cette idée chère à Gombrowicz, M. Topinka et Rimbaud. Il n'est certes pas question ici de nourrir un débat (gmc) qui laisserait chacun de marbre et se déliterait jusqu'à en devenir stérile en colmatant les brèches- juste de frotter l'écriture à infiniment + que des belle chose et des belles lettres.("panoplie des merveilles qu'on trouve sur les pistes "oui, mille fois oui, gmc )
Merci pour toutes ces références dont certaines nourriront le désir de multiplier les correspondances et les supports.
Cette chose vient doucement à nous ... Merci de nous éclairer aussi limpidement. Bonne journée à toi.

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

@Aude : Relu au calme certainement ... Notre cher ami Alceste lit dans les arbres
et vous ? sur les belles plages normandes ???

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

Je sors de L'Arlequin, il y a un type, là, qui règle ses comptes avec la littérature. Un échevelé. Un artiste.

« Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin
Gonfleront goulûment la voile aux devantures
Solidement gainée ta lyrique putain
Tu pourras la sortir de la Littérature »

L.F.

Écrit par : Marc | jeudi, 30 octobre 2008

Et je crois même l'avoir entendu dire ceci :

« La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe. »

Nous ne sommes pas ici en 47. En 74 plutôt. Comme quoi si on ne peut plus faire de la poésie avec des mots, les nombres s'y mettent.

Écrit par : Marc | jeudi, 30 octobre 2008

@Marc : Très étranges ces coïncidences... Figurez vous que j'étais en train de réfléchir à un billet intermédiaire où je pourrais ajouter la chanson, du moins c'est à elle que je pense depuis le début de la rédaction de ces deux billets , d'une manière assez obsédante, elle me tourne dans la tête (omme on dit), vous me voyez ravie d'en recevoir, de votre part un extrait bien choisi Merci.

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

@marc : "La poésie ne chante plus elle rampe" Exactement.Nous entrons dans le thème.
Je ne me souviens plus hélas, de la référence de ce long texte (fleuve lui aussi ;-) de Léo Ferré... je ne suis pas sûre que cela soit "words, words, words" ... j'ai même un sacré doute. 1974 déjà ...contre les dactylographes
Tout était en train de se plier, la culture normalisée, ciblait les masses. Les textes de Ferré aujourd'hui ont hélas confirmé: les dactylographes passent à la tv , et les poètes vivent comme des sauvages ...
Merci encore et encore...pour cette poésie (de résistance) incomparable.

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

C'est « Préface ». (C'est une provocation qui scella le différent entre Breton, fatigué, vieillissant et Ferré, jeune loup.) Car même « à l'école de la poésie on n'apprend pas. On se bat ! » En d'autre mots, il faut être contre la poésie pour être pour. Merci à vous pour ce billet et celui qui suit.

Écrit par : Marc | jeudi, 30 octobre 2008

@Marc : "préface" bien sûr ! merci... Il me semble que c'est un peu la même période que "Words ..." (?) ou "les chiens" (?)... J'ai découvert tout ça plus tard, mais à l'époque Ferré osait des faces vinyles entières avec un seul morceau de 18 mn par exemple. il explosait le format classique d'une chanson ( environ 3' 30 maxi) qui passe à la radio ... c'était un coup de maître énorme et sur le fond et sur la forme .Ferré jeune loup , fauve magnifiqe a dû bien angoisser Breton , mais je ne connais l'histoire que superficiellement... Poésie de bagarre, j'aime vos choix de citations, il faut être irrespectueux pour respecter , contre la poésie pour être avec, dedans et pour... Merci plus encore à vous, d'écrire ce billet, je dirais juste, à 4 mains ...

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

@ Frasby : La photo là-haut que j'écoute. Moi qui me suis assis il n'y a pas si longtemps tout près de cette branche. J'entends (cette fois sans la musique) encore Léo :

« Écoute moi, listen to me, ascolte me Lazare...
[...]
La vue est un chaland où meurent les rengaines
Les larmes sont les flots la peine le roulis
Quelquefois le bonheur invente des misaines
À ce rafiot qui s'envoilure alors et plie... »

Écrit par : Marc | jeudi, 30 octobre 2008

@Marc ... yes, "écoute moi, listen to me... " m'accompagne à l'oreille celle là j'y tiens ...elle me ballade partout.
Baudelairienne en diable...(première expérience pop avec feu le groupe Zoo)
"je vis dès aujourd'hui, je suis mort dans la cire
ma voix microsillonne une terre ignorée"...
....
Maldoror d'une main et Sade dans le froc ..."

Écrit par : frasby | jeudi, 30 octobre 2008

"Ce qui lasse dans la poésie pure, c'est l'excès de poésie, oui, la pléthore de paroles poétiques, de métaphores, de sublimation -
c'est un point de vue que je partage depuis longtemps."
J'ai appartenu, il y a plus de 20 ans à un club de poésie où l'on se complaisait dans la métaphore creuse. Je l'ai quitté.

J'aime la poésie qui parle du réel, qui se confronte avec la matière, qui dise la difficulté de vivre au quotidien, bref, tout ce que j'aime retrouver dans les autres genres littéraires.

Écrit par : Rosa | jeudi, 30 octobre 2008

@ Rosa : «... le vide rationnel ... des formules qui servent à faire tomber la pluie. » C'est peut-être aussi une façon de parler du réel et de la difficulté de vivre ? Je comprends votre préférence. C'est généralement la mienne aussi quand je lis de la poésie. Cependant je sais, pour en écrire, que les pages les plus nécessaires, les plus significatives pour moi, échappent souvent au sens habituel, ne sont sans doute pas faites pour être lues par d'autres. Par exemple j'ai écrit il y a plusieurs années, j'étais dans un état de désarroi magnifique, une douzaine de pages inintéressantes où « nom de l'oreille, nom de l'oreille... » répété vingt, trente fois, ainsi que chaque élément du réel « nom de la main, nom de la main, nom du difficile... », illustrait j'en suis sûr, une part du réel et la difficulté de vivre. Mais aussi, je crois que ces pages se souviennent de ma difficulté à accepter les mots du clan et leur imite en tentant de chercher le vrai nom des choses. La poésie...

Écrit par : Marc | vendredi, 31 octobre 2008

"Cependant je sais, pour en écrire, que les pages les plus nécessaires, les plus significatives pour moi, échappent souvent au sens habituel, ne sont sans doute pas faites pour être lues par d'autres."
Tout à fait d'accord Marc.
Là est le problème, celui du lien.
Pourquoi est-il plus sensible en poésie que dans les autres genres littéraires ?
Mais je suis sans doute trop classique dans ce domaine.

Écrit par : Rosa | vendredi, 31 octobre 2008

@Rosa : Merci de votre visite et aussi de nous faire partager vos impressions... Très juste de noter la complaisance de certains "milieux"... J'ai connu aussi les merveilleux "clubs de poètes" juste avant l'âge de 17ans
Vous dire pourquoi je m'étais retrouvée là dedans ??? illusion naïve au sortir de l'enfance, qu'il pût exister un "monde fait pour les poètes et les poétesses" , le pire c'est que les membres y croyaient dur comme fer à cette idée de "monde de poètes" (supérieur, bien sûr ), des paons gonflés de vanité, ivres de leurs propres mots qui déclamaient dans des chateaux, sous des verrières, exaltation, élégies, sonnets...avec des vibratos dans la voix. Quand ils me saluaient très solennellement ils disaient émus par mon très jeune âge "comment va notre
poétesse ? "ce mot "poétesse" m'allait comme un tablier à une vache. ainsi je fus (très peu de temps) vêtue de ces plumes de paons (poétesse) qui m'empêchèrent très vite d'écrire la moindre phrase, et m'inspirèrent une sorte de dégoût. A force de "récitals" solennels, j'arrivai à l'état poétique extrême: le silence. Et je me suis dit, à ce moment là que peut être la poésie au final ce n'était pas forcèment écrit...Peut être que ce n'était qu'un choix de vie, une ligne de fuite ? Tout cela jouant avec le réel l'irreel,la fantaisie, peu importe, en fait ,pourvu que l'on joue, que l'on expérimente... En même temps forcément écrit, quand on pense à Maiakovski ... Saura-t-on jamais définir ?

Écrit par : frasby | samedi, 01 novembre 2008

@Marc : J'aime beaucoup cette notion de "Ce qui échappe"
Peut être est ce la même chose que ma ligne de fuite ?
que ce jeu (un jeu pour voir ?) ...
Votre dialogue avec Rosa est très interessant ...
Comme toujours je laisse ouvertes portes et fenêtres...
Merci à vous.

Écrit par : frasby | samedi, 01 novembre 2008

@ Rosa : Si vous passez encore une fois par ici... Je me suis réveillé ce matin avec l'idée de vous demander ce que vous lisez présentement en poésie (présentement ou récemment peu importe). Moi, j'ai très envie de citer un beau poème d'un poète québécois, auquel vous ne comprendriez peut-être pas grand chose (à cause de la langue), mais qui, voyez-vous, a glorifié notre existence en utilisant des images et des mots qu'on pensait interdit d'emploi en poésie. Il s'agit de l'Homme rapaillé de Gaston Miron.

Écrit par : Marc | samedi, 01 novembre 2008

@marc : Avant que Rosa ne passe vous répondre... Si vous désirez nous en dire davantage sur Gaston Miron , sachez que nous vous lirons avec beaucoup d'attention...

Écrit par : frasby | samedi, 01 novembre 2008

Voici, en guise d'introduction ; il y en aura d'autres si vous le permettez.

Dans les lointains de ma rencontre des hommes
le cœur serré comme les maisons d'Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse

j'avance en poésie comme un cheval de trait
tel celui-là de jadis dans les labours de fond
qui avait l'oreille dressée à se saisir réel
les frais matins d'été dans les mondes brumeux

Gaston Miron

Écrit par : Marc | samedi, 01 novembre 2008

@Marc : Bien sûr que je vous permets ... Si tout est de cette amplitude, de cette langue frottée au paysage, je vous permets tout ce que vous désirerez nous apprendre et nous faire découvrir à propos de Gaston Miron... Cette "guise d'introduction" est un chant (champ ?) dont les voix ouvrent aux images qui sont déjà très au delà, des "belles lettres"(aussi, je pense à un passage de "regain" chez Giono... Ce verbe attaché aux labours de fond, aux sonorités de la terre, cette oreille qui traque les sons .) Walt whitman...
Merci à vous. Nous espérons une suite, si vous le désirez aussi...

Écrit par : frasby | samedi, 01 novembre 2008

La marche à l'amour (extraits)

Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d'oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s'influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as
tu viendras tout ensoleillée d'existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l'aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d'un pays d'haleine
à bout de misères et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t'aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gués
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n'irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
si ce n'est pour remonter debout à ton flanc
nouveau venu de l'amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactée
même si j'ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de désespoir
j'ai quand même idée farouche
de t'aimer pour ta pureté
de t'aimer pour une tendresse que je n'ai pas connue
dans les giboulées d'étoiles de mon ciel
l'éclair s'épanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j'ai un coeur de mille chevaux-vapeur
j'ai un coeur comme la flamme d'une chandelle
toi tu as la tête d'abîme douce n'est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneigé de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachées
et mille chants d'insectes dans tes veines
et mille pluies de pétales dans tes caresses
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d'univers
ma danse carrée des quatre coins d'horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d'abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j'ai du chiendent d'achigan plein l'âme
tu es belle de tout l'avenir épargné
d'une frêle beauté soleilleuse contre l'ombre
ouvre-moi tes bras que j'entre au port
et mon corps d'amoureux viendra rouler
sur les talus du mont Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta plainte osseuse
fais-moi passer tout cabré tout empanaché
dans ton appel et ta détermination
Montréal est grand comme un désordre universel
tu es assise quelque part avec l'ombre et ton coeur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux réverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacée
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des circonstances de l'amour dénoué
j'allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne
puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
tu seras heureuse fille heureuse
d'être la femme que tu es dans mes bras
le monde entier sera changé en toi et moi
la marche à l'amour s'ébruite en un voilier
de pas voletant par les lacs de portage
mes absolus poings
ah violence de délices et d'aval
j'aime
que j'aime
que tu t'avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas de l'aube
par ce temps profus d'épilobes en beauté
sur ces grèves où l'été
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
et qu'en tangage de moisson ourlée de brises
je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi
tous les saguenays d'eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frénésies de frayères au fond du cœur d'outaouais
puis le cri de l'engoulevent vient s'abattre dans ta gorge
terre meuble de l'amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu'il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
je vais jusqu'au bout des comètes de mon sang
haletant
harcelé de néant
et dynamité
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les féeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses

mais que tu m'aimes et si tu m'aimes
s'exhalera le froid natal de mes poumons
le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout mon amour
sera retourné comme un jardin détruit
qu'importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
éperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
mon amour ô ma plainte
de merle-chat dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe léger ô ma neige
mon amour d'éclairs lapidée
morte
dans le froid des plus lointaines flammes
puis les années m'emportent sens dessus dessous
je m'en vais en délabre au bout de mon rouleau
des voix murmurent les récits de ton domaine
à part moi je me parle
que vais-je devenir dans ma force fracassée
ma force noire du bout de mes montagnes
pour te voir à jamais je déporte mon regard
je me tiens aux écoutes des sirènes
dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques
et parmi ces bouts de temps qui halètent
me voici de nouveau campé dans ta légende
tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
les chevaux de bois de tes rires
tes yeux de paille et d'or
seront toujours au fond de mon coeur
et ils traverseront les siècles
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

Gaston Miron

Écrit par : Marc | dimanche, 02 novembre 2008

@ Frasby : Quand j'ai besoin d'une parole authentique plutôt que sincère, le poème précédent, écrit un par un homme dans la jeune trentaine, me repose des ritournelles diffusées à la radio.

Écrit par : Marc | dimanche, 02 novembre 2008

@ Frasby : Les pages tournent très vite sur ce blog. Les commentaires nombreux, pour qui les lirait tous, forment des bouquets faramineux. Si vous me le permettez, je voudrais continuer d'apporter des feuilles et des branches ici pour contribuer à la brassée. Pour vous, peut-être pour Rosa si jamais elle passe, peut-être aussi pour quelqu'un qui lit et ne dit rien ou pour un lecteur qui viendrait de loin et comprendrait encore notre langue commune dans un avenir improbable. Encore quelques vers de Gaston Miron. Je vous parle ici d'une poésie écrite au siècle dernier, vers les années soixante - soixante-dix. Bien sûr après ceci il y a eu au Québec d'autres courants, des écoles formalistes, comparatives, néo en tous genres.

...

Homme aux labours des brûlés de l'exil
selon ton amour aux mains pleines de rudes conquêtes
selon ton regard arc-en-ciel arc-bouté dans les vents
en vue de ville et d'une terre qui te soient natales
je n'ai jamais voyagé
vers autre pays que toi mon pays
un jour j'aurai dit oui à ma naissance
j'aurai du froment dans les yeux
je m'avancerai sur un sol, ému, ébloui
par la pureté de bête que soulève la neige
un homme reviendra
d'en dehors du monde.

Gaston Miron

Écrit par : Marc | lundi, 03 novembre 2008

@Marc : De retour de ma colline, je découvre Gaston Miron. Les mots me manquent, je ne peux plus répondre...
Vous remercier serait trop peu.
Je pense aux fulgurances de Maïakovski... Son grand Amour
Je pense au beau désordre universel ,aux longues nuits, à la douceur du monde. Au poème, tel un rebrassement d'étoffes chaudes. Je reviens de cette première lecture si troublée, qu'il me faut presque cacher l' impatience : un besoin de parfait silence pour remonter plus haut, encore, suivre à nouveau le fil du verbe à sa beauté...
Merci c'est peu,
Merci, bien sûr...

Écrit par : frasby | lundi, 03 novembre 2008

@Marc: Ce poème est plus que reposant... il est ...
il est .
éblouissant.

Écrit par : frasby | lundi, 03 novembre 2008

@Marc : Gaston Miron semble d'un courant très personnel ; poète extra-lucide , il ne semble sortir d'aucune école...
Pour moi il est puissamment révélateur d'une langue, qui remonte à la sève... d'un je ne sais quoi qui ne peut se nommer.
Peut on trouver quelquepart en France ses ouvrages ?

Écrit par : frasby | lundi, 03 novembre 2008

@ Frasby : Assurément. À Lyon en librairie, il faut peut-être le commander. Mais toutes les bonnes bibliothèques en France possèdent au moins un exemplaire de L'Homme rapaillé.

Il y a à cette adresse une brève présentation du poète et un court commentaire que vous pourrez sans doute apprécier.

http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Gaston_Miron

Je suis heureux que cette langue vous parle.

Écrit par : Marc | lundi, 03 novembre 2008

"@ Frasby : Voici un dernier poème de Gaston Miron ici. Vous avez sans doute trouvé les liens, les livres, les bibliothèques et ferez votre chemin à votre rythme avec sa parole désormais. Peut-être est-ce en guise de dernier encouragement, car le poète évoque tout ce qui nous intéresse. L'écriture, l'amour, nos morts de même que ceux que nous aimons et qui ne sont pas encore nés.

Une anecdote pour finir. J'ai croisé Gaston Miron, un matin d'automne à Montréal quelques semaines avant qu'il meure. Il marchait, maigre, vieilli et joyeux - il m'a toujours donné l'impression d'être joyeux. Je l'avais vu quelquefois, en performance, récitant sa poésie et jouant de l'harmonica (que nous appelons ici la "musique à bouche"). Il ne me connaissait pas. Nous marchions sur le même trottoir, je me suis arrêté deux pas devant lui, il s'est arrêté, ouvert et souriant, comme pour saluer une vieille connaissance.
-Bonjour poète.
-Bonjour bel orme, m'a-t-il répondu.

...

Je t'écris pour te dire que je t'aime
que mon coeur qui voyage tous les jours
— le coeur parti dans la dernière neige
le coeur parti dans les yeux qui passent
le coeur parti dans les ciels d'hypnose —
revient le soir comme une bête atteinte


Qu'es-tu devenue toi comme hier
moi j'ai noir éclaté dans la tête
j'ai l'ennui comme un disque rengaine
j'ai peur d'aller seul de disparaître demain
sans ta vague à mon corps
sans ta voix de mousse humide
c'est à ma vie que j'ai mal et à ton absence


Le temps saigne
quand donc aurai-je de tes nouvelles
je t'écris pour te dire que je t'aime
que tout finira dans tes amarré
que je t'attends dans la saison de nous deux
qu'un jour mon coeur s'est perdu dans sa peine
que sans toi il ne reviendra plus


Quand nous serons couchés côte à côte
dans la crevasse du temps limoneux
nous reviendrons de nuit parler dans les herbes
au moment que grandit le point d'aube
dans les yeux des bêtes découpées dans la brume
tandis que le printemps liseronne aux fenêtres


Pour ce rendez-vous de notre fin du monde
c'est avec toi que je veux chanter
sur le seuil des mémoires les morts d'aujourd'hui
eux qui respirent pour nous
les espaces oubliés.

Gaston Miron

Écrit par : Marc | mardi, 04 novembre 2008

@Marc (Bonsoir, bel Orme ;-) Evidemment j'ai trouvé les liens très riches (les ai précieusement concentrés) et n'ai pas encore eu le temps de tout lire ... Mais je conseille aux lecteurs de s' attacher aussi , à la découverte de la puissance de cette langue exceptionnelle, de ce poète si peu connu de nous en France : Gaston MIRON. Vous nous avez fait là un très beau cadeau... Plus que cela, c'est une rencontre. Merci pour cet autre poème encore sublime posté ici , j'aime beaucoup cette façon de chanter la mort comme un espace ouvert (non dogmatique) "... Les morts d'aujourd'hui
eux qui respirent pour nous
les espaces oubliés"... cette seule formule happe l'esprit très en douceur, et ouvre des perspectives assez inouies, il y a aussi chez GM, quelque teintes de paradis perdu qui me touchent particulièrement...Nous devons beaucoup au bel Orme ;-)

Écrit par : frasby | mardi, 04 novembre 2008

Marc merci pour ces textes d'un poète dont j'ignorais tout.
Je n'ai pas tout lu mais il m'intéresse.
Ce que je lis en ce moment ?
Lamartine !
Déçu ?

Écrit par : Rosa à Marc | mardi, 04 novembre 2008

Nous avons peut-être connu les mêmes lieux avec les mêmes emphases poétiques...

Écrit par : Rosa à Frasby | mardi, 04 novembre 2008

Marc j'ai enregistré les derniers et lu le premier.
Très beau poème d'amour.
Ce n'est pas de la métaphore vide. Du sens, de l'émotion, la raison d'être de la poésie.

Écrit par : Rosa à Marc | mardi, 04 novembre 2008

@ Rosa : Lamartine ! Déçu ? Jamais de la vie !

Bonjour Rosa.

Écrit par : Marc | mercredi, 05 novembre 2008

@Rosa: D'abord merci de passer nous lire c'est un plaisir de vous retrouver... Oui, nous avons sans doute fréquenté ces drôles de milieux dits poétiques ... En fait j'étais beaucoup trop jeune, pour réaliser, je me souviens juste de la sensation que j'avais d'être un peu à côté de la plaque , une déception, toute cette emphase, des alexandrins récités par de vieilles rombières, et de revues au titre très convenu genre "florilège de la poésie" (je ne me souviens plus du titre exact) mais pour moi ce n'était pas si "propret", la poésie....
Je suis ravie de votre appréciation des poèmes de Gaston MIRON. Le connaissiez vous avant que Marc nous en offre ici des extraits? Je questionne un peu les personnes qui lisent beaucoup , jusqu'à maintenant, parmi les gens que j'interroge,pas un, n'avait entendu parler de G.MIRON...
A bientôt chez vous ou ici...(Je ne vous commente pas toujours, mais souvent je vous lis ;-)

Écrit par : frasby | mercredi, 05 novembre 2008

@ Frasby : Je vous assure que Gaston Miron a déjà existé. Et que j'existe aussi. Je l'ai vu. Il m'a vu. Nous sommes des millions à parler une langue en Amérique grâce à la France, grâce à lui aussi. Je suis vraiment heureux de vous faire découvrir, sans photographie, un des plus beaux paysages de mon pays.

Écrit par : Marc | mercredi, 05 novembre 2008

@Marc : Jamais je n'ai pu imaginer une seule seconde que Gaston Miron n'existait pas ...Simplement je m'étonne qu'un poète aussi lumineux n'ait pas ici ,en France, où noous aimons la littérature étrangère, eu un plus gros impact , une plus grande notoriété, une plus vaste influence
même si on ne mesure pas le talent à la notoriété de son auteur, certes ! Je suis quand même étonnée que tous les gens (un petit peu passionnés de poésie) à qui j'ai parlé de Gaston Miron me répondent "Gaston Miron connais pas " ...
Je n'ai pas non plus le moindre doute sur votre rencontre avec GM , Quant au fait de votre existence réelle
c'est une aubaine ! Impossible d'en douter ;-) Vous me croyez j'espère ? ;-))
Notre plaisir d'aborder tous ces paysages que vous nous livrez par les mots et la langue de G MIRON, , est immense et réciproque... Je ne crois pas que cette chose qui se sert du support virtuel pour transmettre, restera pour autant virtuelle, elle ne peut que trouver ses correspondances dans un monde cette fois ci aussi réel que vous , Gaston Miron etc tous les autres êtres qui sont attentifs à ne pas laisser s'effacer les signes , les traces et tous autres liens (précieux)...
Encore merci !

Écrit par : frasby | mercredi, 05 novembre 2008

Marc vous êtes québécois ?
Chic alors.
Non je ne connaissais pas Gaston Miron et encore une fois : merci.

Frasby, les lieux poétiques ausquels nous faisons toutes deux allusions : n'y avait-il pas "Poésie-Rencontres" ?
Le siège était à St-Symphorien d'Ozon.

Écrit par : Rosa | mercredi, 05 novembre 2008

@Rosa:Décidément, Marc a eu une excellente idée de poster ici de longs fragments des poèmes de Gaston Miron ,je suis très contente que cela vous plaise. Merci de repasser par là;-)
Non, je ne connais pas "Poésie-Rencontres", ni même St Symphorien d'Ozon , ce n'était pas dans la région lyonnaise... Mes souvenirs sont très flous, mais l'énoncé était bien pire que cela, genre "Jeune Poètes de France" ("jeunes" poètes d'une moyenne d'âge de 85 ans ! j'exagère mais à peine beaucoup de rombières,et de vieux messieurs coquets, de vieilles comtesses;-)) Par contre en traînant un peu à la fac , plus tard, j'étais allée voir par curiosité (sans y participer) un des ateliers "poésie" et là, c'était moins pardonnable : que des gens de 18 à 20 ans soit disant "modernes" puissent se prétendre "poètes" et galvauder la poésie avec une telle prétention "les poètes de la fac" furent peut être encore plus décevants, car ils n'avaient pas l'excuse d'une culture "dépassée", ils se prétendaient "provocateurs", enfin une fois encore, on tombait dans la caricature (inverse), le manque de recul,la surenchère... Réciter Lamartine solennellement dans un château, c'est très soporifique mais clamer Tzara, Cravan, en hurlant, en se roulant par terre avec le plus grand sérieux,et en se prétendant "d'avant garde", "fils de Maldoror"(sic) ça ne pardonne pas, en tant que spectateur, ça fout même,une sacrée gêne .... Enfin un cercle de poètes trop caressé devient vicieux à terme ;-) ou vicié (???)
Bonne soirée à vous Rosa.

Écrit par : frasby | mercredi, 05 novembre 2008

Excusez-moi Frasby de tenir salon comme ça chez vous, mais si Rosa repasse par là, elle se souvient peut-être de Fréderic Chambe qui est resté longtemps dans ce groupe Poésie Rencontre ?

Écrit par : solko | jeudi, 06 novembre 2008

@Solko: Pas de problème, j'admets les digressions et les chemins escarpés quand ils ont du sens, et les salons et les cuisines et dépendances ;-)
"Monsieur Fréderic Chambe est demandé à l'accueil ?" c'est comme ça qu'il faut dire ?
Fréderic Chambe vous êtes sûr que ce n'est pas un héros d'un roman de Modiano ?
(Maud Gallas, Fréderic Chambe ...)

Je laisse à Rosa le soin de vous répondre...

A bientôt.

Écrit par : frasby | jeudi, 06 novembre 2008

@ Frasby : Je voudrais dire bonjour à Solko, ici. Vous permettez ?

Monsieur Solko, au début je ne vous aimais pas. Vous représentez une part de l'être qui me paraît indispensable chez les autres. La rigueur, la recherche, le travail... La solitude, le savant. J'étais sûr que vous ne pouviez pas aimer ce que je fais, ce que je suis, ce que je représente. Voilà. C'est comme ça que se cultivent des préjugés ; même parmi des gens qui s'en disent exempts. Pardonnez-moi. Nous nous rejoignons sur Hölderlin et bien d'autres sujets. J'aime votre esprit souple et votre tolérance. (Dont je peux suivre les traces ici, chez vous, sous l'éventail).

Je sais bien que vous vous adressiez ici à Rosa. Je m'efface. Elle arrive.

Bonjour Rosa. À bientôt.

Écrit par : Marc | jeudi, 06 novembre 2008

@Marc: Portes et fenêtres ouvertes, je permets ...

Écrit par : frasby | jeudi, 06 novembre 2008

@ Marc : comme l'a dit Sophie L L un jour, les cadres de ces commentaires et de ces billets sont trop étroits pour éviter les malentendus et les préjugés. Merci de ce que vous me dites-là. A bientôt

Écrit par : solko | samedi, 08 novembre 2008

Solko oui le nom de Frédéric Chambe me dit quelque chose !
Je dois avoir un recueil de ses textes.
Vous connaissez Poésie-Rencontre ?

Frasby, St Symphorien d'Ozon comme St Symphorien sur Coise sont deux agglomérations de la région lyonnaise.
L'un est au sud, l'autre dans les Monts du lyonnais.

Poésie-Rencontre était un groupe d'auteurs, j'allais peu à leurs réunions mais j'achretais les recueils, ou plutôt les recevais en tant qu'abonnée.
Mais je me suis lassée...

Écrit par : Rosa | dimanche, 09 novembre 2008

Je ne veux pas que cette conversation finisse par la phrase « Mais je me suis lassée » (ce n'est certainement pas que Rosa ait écrit là quelque chose de répréhensible, ou d'incorrect, je comprends ce qu'elle veut dire) ; je voudrais cependant ajouter qu'il existe toujours une sortie de la lassitude. Je l'affirme à nouveau, être contre la poésie en tâchant d'être pour elle, si cela provoque une saine colère, un sursaut, un travail qui tinte au milieu du bruit, c'est un pas dans la bonne direction.

Trouver, en soi-même, l'endroit qui ne suscite que l'adversité, où tout est contre, là loge la poésie.

Je veux dire que la poésie, au contraire de la politique - Yes we can !, ne trouve pas d'adeptes. No, it can't ! Platon voulait exclure les poètes de la cité. Peut-être n'avait-il pas tort ?

...

Je ne veux pas que ce commentaire soit mal compris. Sur le plan politique je me réjouis vraiment, sincèrement, de l'élection de Barack Obama. Je dirais même qu'il s'agit d'un des événements de la vie politique le plus significatif de mon existence. La politique couvre un très large terrain. Mais je ne pense pas que « tout est politique ». Quelques choses échappent au politique. Celles qui font que je suis une personne bien que je demeure un citoyen.

Écrit par : Marc | mardi, 11 novembre 2008

@Rosa: Oui, je connais de nom, St symphorien d'Ozon (j'allais écrire d'Ozu (non ,ce n'est pas au japon), Merci de me situer un peu les lieux de l'agglomération de Lyon, que je connais si peu. je pensais à un autre lieu à Lyon, où des gens parfois se sont risqués à la poésie sans se prétendre "poètes" (parfois maladroitement, d'autres fois de manière assez simple, passionnée, réussie, c'était le carré 30 je crois... J'y avais vu des lectures autour de Tardieu, pas mal du tout. Tous les gens qui avaient mis au point ce spectacle publiaient de près ou de loin dans des revues... Ils faisaient de leur mieux pour ouvrir le public aux auteurs qu'ils aimaient et je crois que c'est eux qui se sont lassés ,(découragés)de se produire devant un public de 10 personnes à peine (souvent des amis) , sinon il y avait à Lyon le Horlieu sur les pentes,un endroit qui je crois n'existe plus hélas ! où j'ai vu des choses très poétiques mêlées d'improvisation, de musique et là le travail fait autour de la poésie était vraiment très inspiré... Il y a quelques revues à Lyon de poésie qui valent qu'on s'y arrête.. La librairie "a + d'un titre" dispose de ses revues , je crois qu'un de ces quatre, j'irai faire un petit tour d'effeuillage, qu'on ne reste pas sur ses impressions un peu déçues...
Merci , Rosa, de votre visite ici.

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

@Marc : Pardonnez moi, de me glisser dans cette conversation entre vous et Rosa, c'est juste pour vous dire que j'aime particulièrement cette idée de "sortie de la lassitude"...

Je glisse un lien d'un auteur peu connu (dont les romans ont une force poétique, et dont le "non" fait sens . Il s'agit de Philippe Muray...
un texte qui ne me paraît pas hors sujet.
http://www.philippe-muray.com/extraits-philippe-muray.php

Quand au rêve de Platon, peut être s'est il réalisé au delà de ses souhaits , avec la normalisation. la société du spectacle made in tout fnac. Tout n'est pas politique , mais tout dépend de la politique (y compris culturelle, on sait à quelle impuissance parfois réduit une masse). Il est tout de même assez regrettable qu'une personne (je ne dis pas citoyen exprès) qui désire faire aujourd'hui de la poésie son métier, ne puisse généralement pas en vivre (c'est à dire en bouffer), car c'est un divertissement culturel au mieux, une fantaisie au pire, mais sûrement pas un métier reconnu comme tel , je veux dire poésie ou artiste, on ne voit pas ça comme un travail or, c'est un choix,un travail ,une possibilité cette liberté se paie très cher, et peut inspirer comme vous dites de saines colères, un sursaut,une rage (sans être amère) , quelques fracas... L'art et la poésie ne se font pas à coup de bons sentiments...
.. no it can't ;-)

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

Marc, "je me suis lassée" s'adressait à une forme de poésie.
"Poésie-Rencontres" publiait tout et n'importe quoi.
Il ne suffit pas de gratouiller la poésie et de s'auto-proclamer poète pour en être un.
C'est ce qui m'a lassée.

Frasby n'est-ce pas une des raisons pour lesquelles on ne peut plus vivre de la poésie ?

En effet la Poésie peut se glisser ailleurs, là où on ne l'attend pas.
La chanson a pris le relais. Et parfois le roman comme vous le signalez.

Écrit par : Rosa | mardi, 11 novembre 2008

MORNING NAPALM SMELL

Exclus de la cité
Pour cause d'Apocalypse Now
Et de napalmisation outrancière
Peu veulent écouter Kurtz
Et sa vision étincelante de noirceur
La marche des Walkyries
Ne sied littéralement
Qu'à Kilgore et ses apaches
Dénués de toute urbanité
Dans le ruissellement du feu

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

@Rosa: Bien sûr , je suis complètement d'accord avec votre point de vue, la poésie à un moment a étouffé la poésie...
Celle ci s'est retrouvée confinée dans des petites chapelles des petites affaires paperassières c'est une des raisons entre autres,pour lesquelles on ne peut plus vivre de la poésie , je suppose, qu'on a fini par la rendre complètement rébarbative, j'aime bien votre expression "gratouiller la poésie", que soit dans l'académisme des cercles que vous citez ou dans les expériences free; le résultat a été le même, confinement, gratouillages,et autres pâtes indigestes.C'est très juste de préciser que la poésie se glisse ailleurs, Rimbaud avec ses voyelles avait tenté de le montrer, le fait d'avoir cloisonné les domaines est sans doute une voie de garage, on le sait la chanson a pris le relais, (pas seulement avec les "vaches sacrées " Brel Brassens Ferré Gainsbourg, Barbara, Frehel" mais aussi, dans le jazz (des exemples il y en a plein de pure poésie tant vécue que chantée, Billie Holiday,Miles Davis, Chet baker...au cinéma ( Melies , Tati , M Carné, Fellini, j'en oublie) dans le rock (Brian Jones, Jim Morrisson, Syd Barrett, ) dans le roman, la poésie (Henry Miller, Cendrars, kerouac, Maïakovsky, au hasard), la peinture etc... Tous ces gens là , on ne peut pas tous les citer n'ont pas seulement crée des oeuvres , ils ont vécu, corps et âme non de la poésie mais DANS la poésie, ils ont crée des mondes dans leur façon d'être au quotidien, je connais même des gens qui sont simplement poétiques, et n'ont jamais écrit une ligne, on entre dans leur maison, et leur maison c'est un poème et cela se transmet pourtant et transforme ceux qui ont accès à cela. cadeau! Je ne sais trop comment dire, c'est un mystère, la poésie . Rosa , je crois que Marc vous lira bien , et partagera ,comme il me semble, ce glissement de la poésie au plus près, du vivant... si ce n'est au coeur même...On peut relire Gaston Miron en l'attendant.. Marc vous avez carte blanche ici et vous aussi, bien sûr, Rosa... A tous les deux un grand merci.
A très bientôt...

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

@gmc: Beaucoup trop de kurtz et de kilgore en ce bas monde mais à choisir, personnellement je préfère la noire sueur de kurtz aux feux de camps de kilgore... (Sauve et comprend qui peut...)
Merci pour cette matinale du 11 nov 2008.

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

WINTER IN SIAM

Pas de choix à faire
Entre le même
Stade après stade
La remontée des fleuves noirs
Sortie du bush
Entrée de jungle
Tête-bêche pour lire
Ce que tracent les machettes
Dans le merveilleux génocide
Qui dépeuple les soleils

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

@gmc: "merveilleux génocides" sonne bien mais passe mal , fantaisie musicale invivable, plan des miracles, misérables, il y a génocides, ou merveilles, ou miracles ou misères...Tête bêche pour lire le même bruit de train, barques sales sur le fleuve noir, Bush en odorama sur un menhir eteint (mais ni retinw(www) la vague du temps des assassins .wwwwwwwwwwwwwwwwwwww

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

LE TRIDENT DE SHIVA

Tout se détruit
Mais rien ne meurt
Les assassins s'amusent
Devant les valses
Et les hésitations
De la tiédeur
Rien que la destruction
Pas d'échafaudage lacustre
Sur des planches pourries
Par le sel et le vinaigre
Et leurs échelles de valeurs
Aux couleurs enivrantes

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

@gmc: un monde nouveau, sa muse aux percussions,
calme l'embarcation, après les heurts, ça danse là haut.
Les salauds ont raison.
Nuits saintes, processions, et grandeur, que diable !
à l'échafaud, pas très haut,
on joue Rammstein.
seeman,
rien ne meurt,
à coup de copies-samplées
on recycle sept danses
costumées.
les dieux
sans nuit, vont se coucher.

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

koka kola wunderbar!

http://fr.youtube.com/watch?v=4w9EksAo5hY#

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

@gmc : it's a beautiful world !!! welcome koka kola !

http://fr.youtube.com/watch?v=yHWf74kg2cc&feature=related

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

http://fr.youtube.com/watch?v=cFlzIi4gJOA#

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

@gmc- je ne suis pas inscrite dans la grande communauté, pour l'instant,message illisible...

Écrit par : frasby | mardi, 11 novembre 2008

tapez "desperado santiago" sur youtube, c'est le premier morceau, un titre de loreena mckennitt d'après un traditionnel galicien

Écrit par : gmc | mardi, 11 novembre 2008

« Le poème est le nom trouvé. Le faire-corps avec la langue est le poème. Pour procurer une définition précise du poème, il faut peut-être convenir de dire simplement : le poème est l'exact opposé du nom sur le bout de la langue.

...

« La poésie, le mot retrouvé, c'est le langage qui redonne à voir le monde, qui fait réapparaître l'image intransmissible qui se dissimule derrière n'importe quelle image [...] Les images ont besoins de mots retrouvés comme les hommes, chez qui le langage est second, tombent perpétuellement sous la nécessité d'être réagencés par le langage - d'être de nouveau acquis à l'idée de langage, doivent retrouver le langage ; c'est-à-dire le vrai langage où le réel est défaillant, où l'enfer remonte en même temps qu'Euridyce [...] ».

Pascal Quignard, Le mot sur le bout de la langue, P.O.L., autour de la page 77.

Faire de ceci un métier ? Attendre de la société un salaire, une pension (alimentaire) à faire de la poésie ? Attendre du monde qu'on puisse y faire une carrière de poète. Être moderne ? Post-moderne ? Post, post, pré, pré ? Je suis pour Arvö Pärt, contre Pierre Boulez. Pour Pascal Quignard contre Philippe Murray. Ce qui ne veut certainement pas dire que j'aimerais mieux passer une heure en compagnie de ceux que je préfère plutôt que les autres.

J'ai un penchant pour les classiques comme dit Rosa.

Écrit par : Marc | mercredi, 12 novembre 2008

@Marc: Merci pour Pascal Quignard et cet ouvrage incomparable -"le mot sur le bout de la langue"...
Pour ma part j'aime beaucoup Pascal Quignard et j'aime aussi beaucoup Philippe Muray. Ce n'est pas ainsi qu'il m'est donné d'essayer de saisir le monde (donc les mots;-) dirai-je comme des blocs compacts qui se dresseraient les uns contre les autres ( même si nous nous sommes amusés avec Leopold, dans un autre billet à dresser Mallarmé contre Lamartine,c'était, par jeu contr'académique ). Dans le cas de Quignard/ Muray) ,ils font partie (à mon sens relatif certes) d'une belle necessité dont nous pourrions avoir besoin à tout moment . (Ca me fait penser à Beatles contre Rolling Stones, Bach contre Mozart , pourquoi CONTRE ?) nos vies n'étant pas non plus des blocs massifs faits d'un seul materiau ,d'un seul évènement , d'un seul état d'âme.Nous sommes multiples , je ne vous apprends rien ;-) changeants (ce qui ne fait pas nous des girouettes au contraire mais des parties d'un tout que nous n'embrasserons jamais totalement hélas, oserais je dire,parce que nous sommes incomplets, fragmentaires (ce n'est pas un scoop non plus;- ) mais je ne crois pas qu'opposer Quignard et Muray qui sont deux auteurs qui ont la rareté de nous offrir de la qualité, l'engagement de leur personne (des mots écrits dans un risque où la personne entière est livrée) soit, (pour moi ),une façon d'aborder ce domaine de littérature... Surtout aujourd'hui où tout un fatras nous est vendu comme de la lessive dans les librairies, j'aurais du mal (mais je comprends Marc, votre façon de vous situer très personnellement intimement même), j'aurais du mal à opposer deux personnes qui ont encore la littérature ,vissée au corps et partent d'un mouvement presque similaire :écrire par NECESSITE ! les mots en eux d'une façon absolue et irrévocable sont devenus des corps en eux (qu'importe ancien moderne, l'intention est idem (j'opposerai plus certainement, puisque nous parlions à propos des poètes, de poses et d'impostures,Quignard-Muray à Picouly-Delerm , Quignard -Muray à Levy- et autres truismes bref !etc... etc ...) Après sur des vues très personnelles ,tel jour Quignard m'est essentiel ,tel autre sans le délaisser, j'ai besoin de la rage de Muray. Pas envie de me poser sur des échelles de casier de valeurs ancien moderne ça ne veut rien dire : classiques modernes/ cela me parait encombrant pour ce qui est de la littérature, de la musique , de l'art en général, nous n'inventons rien, Boileau l'avait dit avant nous, nous réinventons et toujours à des sources assez classiques...la modernité n'est qu'un remixage ou l'utilisation d'outils qui n'existaient pas avant, c'est pourquoi je n'ai jamais relevé les notes de Rosa, qui parfois, ne comprend pas ce que je présente ici, Rosa, se trouvant très' classique" (sic), non, il n'y a pas de classique il y a des chemins par lesquels certaines choses peuvent émerger, pourvu qu'ils n'imposent pas, la littérature, la poésie, c'est aussi ,la curiosité, l'ouverture aux surprises,à l'étrangeté (l'étrange à soi, l'altérité) J'en viens à Boulez , Arvo Part, cela me tient à coeur je fais partie de ceux qui se disent volontiers contre Boulez( GRM contre IRCAM) Et oui ! je préfère et défendrai toujours la clique à Pierre schaeffer (et son solfège experimental) méprisé par Boulez, parce que Boulez ne me parle pas , mais surtout que c'est un homme de pouvoir, qui a un peu empêché de par son statut prestigieux que des musiques bien aussi interessantes que la sienne se developpent parallèlement à son oeuvre... Ensuite Boulez dirigeant Varèse , "Le marteau sans maître" sont des apports incontestables .Contre Arvo part cela me parait different comme si j'opposais à Rosa Les musiques folks d'amérique du sud,et le rock electronique car si l'on fouille dans les mondes sonores inouis on trouvera un musicien electronique qui aura puisé dans le répertoire folk ... Là encore cessons de dire classiques /modernes...parce que nous ne nous en sortirons pas.
Aimer Giono ET Marinetti , n'est pas incompatible, et ce n'est pas non plus entrer dans le consensuel , ni manger à tous les rateliers , pour que les choses avancent ,il faut des experiences, il faut aussi des experiences ratées, il faut bousculer les classiques et s'en nourrir .Pourvu que tout cela parte d'un engagement, d'un pari fort avec soi même, je dirai presque d'un risque . J'aime Quignard, et j'aime Henry Miller, oui, ça ne va pas. J'aime Guillaume de Machaut et j'aime Kraftwerk, de ces éloignements esthétiques,idéologiques, et je les opposerai plutôt à toute la daube musak dite musik qui nous est versée de force à l'oreille partout où nous allons hors de chez nous.
Je dirai qu'aujourd'hui bien au delà des positionnements à coeur et culturels, sensitifs, intimement sensuel,il n'est plus temps de jouer des petites batailles d'écoles ou d'influence,mais si nous voulons ne pas mourir étouffés par un trop plein de culture de masse bêtifiante et regressive, peu importe nos classicisme nos modernités, je dirai que la position idéale serait pour Muray, pour Quignard, pour Arvo part, pour Boulez, pour la musique de Théodorakis, pour la musique techno electronique industrielle,et Pour les chercheurs de tout bords mais surtout CONTRE la daube calibrée ambiante qui finira bien à force d'insister par nous réduire à l'impuissance,à la tristesse. J'ai été un peu longue, pardonnez moi,je ferai + court la prochaine fois.

Écrit par : frasby | mercredi, 12 novembre 2008

@ Frasby : J'aurais du mettre « classique » entre guillemets. Je voulais dire que je suis contre certaines démarches poétiques ou musicales qui me semblent s'articuler autour du « pouvoir » (qu'il soit politique, universitaire, critique ou populaire, cela revient au même pour moi). Votre point de vue est intéressant et je le partage presqu'entièrement. Il reste à me démontrer que j'ai mal lu certains auteurs. Ce qui est évidemment fort possible. Que j'ai été sourd à certaines musiques.

Car toutes les étiquettes me laissent froid. « Classique » autant que les autres. Ne m'intéressent que la poésie, la musique. Toute la poésie, toute la musique. Mais rien que la poésie. Rien que la musique.

Je crois que j'avais utilisé le mot classique ailleurs pour exprimer, en un mot pas trop dévalorisant, la limite de ce que moi je suis prêt à lire, ou capable d'entendre.

Je veux ajouter que je reconnais dans votre dernier commentaire ce que votre blog donne aussi à voir. Votre curiosité, votre disposition intelligente, ouverte et généreuse envers des gestes créatifs, sinon créateurs qui font des murs et des fenêtres et des portes de Lyon - et de vos complices, volontaires et involontaires, une forêt habitée, mixte, enchantée souvent. Et parfois sidérante à mes yeux. Pour tout cela merci.

Écrit par : Marc | mercredi, 12 novembre 2008

@ marc: Merci mille fois...
je vous ai répondu et le commentaire s'est perdu ...
Alors je reviendrai et comme je n'ai plus le temps
et que je voulais vous faire une réponse pour la musique, la poésie
Rien que la Poésie quand tout est musique et réciproquement
je vous envoie cela pour patienter
Puisque vous aimez comme moi les forêts (les fruits des bois ;-)
si vous aimez A. Part , je me dis vous aimerez peut être cela:
http://fr.youtube.com/watch?v=eCI6z0mU__0&feature=related

Écrit par : frasby | mercredi, 12 novembre 2008

Je n'ai pas le temps de lire tous ces commentaires.
Juste pour vous rapporter un clin d'oeil du destin.
Aujourd'hui je me suis laissée entraîner à un club d lecture : j'avais résisté jusqu'à ce jour.
Or je me suis trouvée avec l'une des présidentes de Poésie-Rencontre, quelqu'un de connu dans le milieu des poètes lyonnais.
Curieux j'avais oublié Poésie-Rencontre depuis des années...c'est votre billet qui me l'a remis en tête.

Bonjour Marc !

Écrit par : Rosa | mercredi, 12 novembre 2008

@Rosa : Pour les commentaires, c'est vrai que là il y en a beaucoup, beaucoup , et parfois Marc, s'adresse à vous mais normalement il y a un petit @rosa- repérable... donc prenez votre temps, tout est ici facultatif. C'est étonnant votre histoire et vous savez que ça me plaît bien quand la virtualité re- glisse doucement dans la vie réelle, par liens ou curiosité ou hasards ,Mais votre petit clin d'oeil d'aujourd'hui, je le trouve vraiment cocasse... (on va bien rire le jour où par hasard la présidente lira cet espace de commentaires , où les clubs de poètes sont quand même un petit peu dans le colimateur (je plaisante mais à peine ;-) le hasard nous le dira>...Alors ? finalement est ce que les cercles de poésie vous paraissent avec le recul et le temps avoir un peu retrouvé un sens ? un peu dérouillé leur col blanc ?
En tout cas , croyez bien Rosa, que si vous vous êtes laissée entraînée ce n'est sûrement pas à l'insu de votre plein gré ;-)
donc ,c'est un vrai beau clin d'oeil du destin ...Merci , d'être venue nous le relater. Bonne soirée.

Écrit par : frasby | mercredi, 12 novembre 2008

Pour le simple bonheur de partager avec vous un moment de poésie (qui joue sa propre musique) que je connais par cœur :

...

« Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne

Le ciel est plein ce soir de sabres, d'éperons
Les canonniers s'en vont dans l'ombre lourds et prompts

Mais près de moi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardent du courage

Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi

Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d'un obus qui éclate au nord

Je t'aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles

*

Au lac de tes yeux très profond
Mon pauvre cœur se noie et fond
Là le défont
dans l'eau d'amour et de folie
Souvenir et Mélancolie »

G. Apollinaire

Écrit par : Marc | jeudi, 13 novembre 2008

Merci Marc, j'adore Apllinaire
avec Verlaine et Baudelaire mes grandes amours.
Je sais je suis trop classique.

Frasby : j'ai pensé à la lecture de votre blogue par cette dame qui est un nom connu du monde de la poésie lyonnaise,
au demeurant charmante, sympathique et intéressante.
Surtout quand elle parle de ses voyages.
Mais je n'aime pas ses textes.
Je doute qu'elle vienne ici car si elle a un site elle n'aime pas les blogues.
http://www.genevieve-vidal.com/

Écrit par : Rosa | jeudi, 13 novembre 2008

Marc et Frasby
un site que j'ai hélas découvert après la mort de son auteur mais qui heureusement reste ouvert
un tombeau magnifique où il fait bon se recueillir et où je découvre peu à peu un très bau testament.

http://blog-dominique.autie.intexte.net/blogs/index.php/all?cat=38

Écrit par : Rosa | jeudi, 13 novembre 2008

@Rosa , merci du lien .. de cette dame, je prendrai le temps de le lire, par contre pour dire franchement (franchise = un peu goujaterie;-) je n'apprécie pas les gens qui déterminent leur choix à l'avance (j'aime/ j'aime pas) ça dénote, ou note un manque d'ouverture qui me refroidit d'avance mais z'enfin j'irai lire, parce que c'est sur VOS conseils et que je vous sais très ouverte justement... A bientôt et à suivre ici même , Nous en reparlerons peut être ...

Écrit par : frasby | vendredi, 14 novembre 2008

@Marc , Comme Rosa , m'offrir Apollinaire, Verlaine , Baudelaire sera toujours d' une douceur extraordinaire... J'adore Apollinaire et ce poème là précisément , à le publier ici même, vous nous mettez aux anges ... MERCI .

Écrit par : frasby | vendredi, 14 novembre 2008

@Rosa : Le blog de Dominique Autié, c'est étrange , j'étais tombée dessus par hasard, j'avais aimé sans prendre assez de temps pour m'y plonger... Je vous remercie de nous le redonner là. Par contre c'est toujours triste bien sûr ... d'apprendre que l'auteur n'est plus... idée de trace.
Nous le lirons et le relirons mieux ... A suivre encore ...

Écrit par : frasby | vendredi, 14 novembre 2008

C'est dimanche. Il y a encore un peu de monde ici, chez "Contre les poètes", petit café luxueux, bavard, lumineux - il y a une verrière au fond de la salle... Voici un autre extrait que je sais par cœur et que je traduis en français (pardonnez-moi la trahison). Merci.

« O choisir d'aller au large sur un navire !
Quitter le sol, stable, immuable,
Quitter la fatigue des avenues semblables,
des trottoirs identiques et des maisons,
Te quitter, toi, terre immobile ; monter sur ce navire,
Pour aller, aller, aller !

Obtenir une vie désormais, un poème, des joies neuves !
Danser, applaudir, exulter, crier, sauter, aller, voguer vers ce qui doit venir !
Être marin du monde, atteindre tous les ports,
Être navire aussi (voyez comme mes voiles sont ouvertes au soleil, au vent )
Rapide et considérable, jusqu'à raz bord de mots et de joies. »

Walt Whitman, A Sonf of Joys, (1860)

Écrit par : Marc | dimanche, 16 novembre 2008

walt whitman et la mer somptueuse:


O Captain! My Captain!

O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring

But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.


O Captain! My Captain! rise up and hear the bells;
Rise up-for you the flag is flung-for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths-for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning

Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.


My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse or will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won

Exult, O shores, and ring, O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.


O Capitaine ! Mon Capitaine !

O Capitaine ! Mon Capitaine ! Finie notre effrayante traversée !
Le navire a tous écueils franchi, le trophée que nous cherchions est conquis
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte,
En suivant la stable carène des yeux, le vaisseau brave et farouche.

Mais ô cœur ! cœur ! cœur !
O les gouttes rouges qui saignent
Sur le pont où gît mon Capitaine,
Étendu, froid et sans vie.


O Capitaine ! Mon Capitaine ! Dresse-toi, entends les cloches.
Dresse-toi - pour toi le drapeau est hissé - pour toi le clairon vibre,
Pour toi bouquets et couronnes enrubannées - pour toi les rives noires de monde,
Vers toi qu'elle réclame, la masse mouvante tourne ses faces ardentes.

Tiens, Capitaine ! Père chéri !
Ce bras passé sous ta tête,
C'est un rêve que sur le pont
Tu es étendu, froid et sans vie.


Mon Capitaine ne répond pas, ses lèvres sont livides et immobiles;
Mon père ne sent pas mon bras, il n'a plus pouls ni volonté.
Le navire est ancré sain et sauf, son périple clos et conclu.
De l'effrayante traversée le navire rentre victorieux avec son trophée.

O rives, exultez, et sonnez, ô cloches !
Mais moi d'un pas accablé,
j'arpente le pont où gît mon capitaine,
Étendu, froid et sans vie.

Écrit par : gmc | dimanche, 16 novembre 2008

@Marc : Il y aura toujours un peu de monde chez "Contre les poètes", si la porte est fermée, passez par la fenêtre
Ce qui est très étonnant c'est que je viens de glisser à l'instant, Walt whitman, dans mon sac avant de mettre les voiles ...
Enfin , je m'apprêtais à mettre les voiles...
Et puis j'ai vu cette lumière.... et quelqu'un par coeur récitant sans trébucher
j'avoue que c'est assez troublant...

@Gmc: Walt whitman et la mer somptueuse ! qu'en dire ?
j'en perds mes rames.
ping ponguez sur le fleuve , c'est à mourir, à devenir de plus en plus contre les poètes ;-)

Merci à tous les deux ....

Écrit par : frasby | dimanche, 16 novembre 2008

@ gmc : Merci beaucoup.

Écrit par : Marc | lundi, 17 novembre 2008

http://lebleuduciel.net/
La citation de Susan Sontag. Ensuite le reste.

Je crois avoir saisi enfin, sur mon propre compte, que je suis contre les poètes dont je ne retiens rien par cœur. Qui ne me donnent pas envie de retenir ce qu'ils ont écrit. Ou dont les pages, les gestes, ne provoquent pas en moi cette petite stupeur : «... comme j'aurais voulu (ou aimé, ou pu) écrire (faire) ceci ». Idem pour la musique.

Écrit par : Marc | lundi, 17 novembre 2008

@Marc : Magnifique citation (ô suzanne ! suzan)
Je crois que je pense un peu la même chose que vous ...
(sans vouloir copier)

Merci pour la citation , plus je la relis plus je la trouve ...hummm
extra bien...
Poésie du lieu : je vous réponds d'un pub irlandais (un bar qui a une très grande bibliothèque et des bouquins ancien tout en anglais (hors temps), à la table d'à côté des filles parlent de voyage ... et du canada ! c'est étrange non ?)
Complètement hors sujet en plus ! Just une pensée . A bientôt !

Écrit par : frasby | lundi, 17 novembre 2008

@gmc: "Dealers de merveilles":
bars las de la pluie et des vents en terres basses livrées à l'expansion du verbe sot, là bas, sur le bois chaud du banc, la bière se répand,l'auguste geste du houblonneur intercepte l'enfant de 50 ans qui fanfaronne sur la chevelure grise bleutée d'une patronne prête à livrer, son peu d'amitié rapprochée Pauvre comme Job, et s'excusant, le passant prend et donne, et la température devient irrespirable, renverse la monnaie roulant de table en table. Jeunes glorieux d'une heure futurs notables,directeurs des usines thermoformées ou rois de l'emballage, gourous, pasteurs de la ressource, tous rédacteurs d'humanité. L'un porte dans son sac un furet , l'autre a mis à son porte clef , un ours de metal et le troisième a sur le cou un collier en forme d'oreille d'âne .Ils inventent ensemble la poudre à escamper, à transformer en rien celui qui perd la main. Ils vont à l'incendie à l'auberge des rois nains. L'Absolu Masculin ,au 421, se joue sur l'air paillard des trognes rougies au fer rosé .Les dernières guerres, c'est une valse de Vienne ,un violon grésillé, pris dans le beat du shake your body babe, d'un shame on you,baby, où de éternel nid d'été file la ritournelle, vingt ans à peine, et sur la plage de la côte suave,Brigitte et son petit panier, drague le loup dans ses dentelles avec des pots de miel de bleuet, il tissent le rétro comme la laine,fument la gauloise au narguilet ,passé minuit, on en voit même tremper leur cul dans la fontaine,d'autres se creusent les méninges pour canarder voltaire, à la sortie du cabaret , et les derniers sortent gaiement en se prenant pour des goélands ,on les entend même dans la ville brailler "cui cui cui cui' jusqu'au petit matin.

Écrit par : frasby | jeudi, 20 novembre 2008

@Marc .... Que cette langue me parle oui ,+ que cela ...
Je me demande comment j'ai fait pour vivre toutes ces années sans connaître Gaston Miron ... Il n'est pas très connu en France. Et là, c'est un choc .quelle langue!
Un peu comme quand j'ai découvert Maiakovski , qui est d'ailleurs un poète que je n'ose toucher de trop près c'est un peu comme poser les deux mains sur un volcan , on n'en sort pas indemne.
Il a chez G. Miron , un surgissement des éléments , l'être au plus loin (au plus proche ?)inspiré (ou se "faisant voyant" ) semble s'inclure lui même dans totalité de la matière mais je l'explique très mal . ce long poème ( posté plus haut par vous) est bouleversant.. Tant par le sens que par la réinvention du langage . J'espère que d'autres lecteurs partageront cette découverte aussi intensément.
La semaine commence bien ...
Merci pour le lien ... et tout ce que vous savez ,et nous offrez.
Encore ! ;-)

Écrit par : frasby | jeudi, 20 novembre 2008

DOUCE ALERTE

L'ouragan commence plein gaz sur une highway ronde, de nuit de préférence, des sunlights plein la bouche dans le désert qui avance sur les vagues de confettis. Un instant plus tard, le même en fait, une caresse remonte le long des hanches d'une tempête outrée par tant d'insolence, non-respect des pouvoirs apparents, étonnée d'apprécier le talent des gnomes farfelus, séduite par l'opportunisme situationniste que dévergondent les korrigans d'outre-rien. Des torchères brûlent dans Hassi Messaoud et les pétroliers grecs embarquent sur one way ticket vers nowhere, easy rider au volant, le loup des steppes en embuscade sur les tranchées qui défilent sur des sambas arythmiques, carnaval de voluptés en osmose apnéique, bains de minuit en mode petit déjeuner, technicolor monochrome de l'invention des arômes.
Il suffit d'un clic ou d'une claque pour traverser la sérénissime d'un revers de cil, la déshabiller lentement du regard tandis qu'un doigt de vitriol s'infiltre langoureusement dans les échancrures où niche le venin insensible de l'overdrive. Langueur subtile de la cyprine, un filet de soie descend les marches du palais, effleurant l'espace offert à la main ouverte, temps suspendu du vol à l'étalage, sieste en mode lévitation, rien dans les yeux que l'humide saison des pluies torrides. Un souffle plus loin, l'hiver fige le plaisir en ses cristaux de douceur dans le feulement du tigre, lieu sans lieu où n'advient que la distribution des castings de la poudreuse sur les cascades soyeuses qui ricochent joyeuses sur le lac de toutes les tranquillités.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@gmc :Raide Alerte
Vieilles guerres alanguies aux langues déliées, les hypomanes broutent à la chair des mémoires de colonie, mousson ,grigris du lion à la steppe endormie jusqu'à l'hélico blanc rongé de walkyrie. Le chancre mou, la malaria, en buvard, un bain de minuit dans les marées salants, soldats rasant le sable à genoux dans la mer , les plaies saignées à blanc , piquées d'oursins. Rien dans les yeux que ce goût délétère; mousse rare au dessus des flancs ,et trèfles aux couplets rares.les femmes vont à la sève dans leurs jupes à volants...
Soldats camouflés comme un monde , rien n'existe au devant, plus rien à voir derrière, Il pleut de la limaille et des flocons de pierre, sur la tête des survivants...

Écrit par : frasby | vendredi, 21 novembre 2008

A SILENT BARK

A l'incendie rafraîchissant comme le dernier cabaret à la mode, les indiens du solstice nimbent les courroies de strangulation d'un revêtement inoxydable qui laisse le vent parfumer leur gosier de tranches de napalm et d'oligo-éléments à la sauce pur cambouis. Festin du poil à gratter les muqueuses endolories avec une lime, histoire de ragaillardir les donzelles qui auraient oublié de déposer quelque contrebande d'oraisons pillées dans le grand bréviaire des supermarchés de l'antiquité moderniste. La transparence reste de loin le meilleur des camouflages que l'imagination ait jamais inventés, c'est pourquoi la nitro et les solvants sont de redoutables partenaires dans ce bal-musette avec lequel la cocaïne déflore les narines des otaries californiennes, ode barbaresque aux pithécanthropisme et autres néologismes à la sauce romantique, faena des favelas, potage velouté aux asperges irradiantes. Tout se déroule toujours dans le meilleur des mondes possibles pour les adeptes du contrepoids et les franchisés du lest que seules, des griffes élastiques peuvent raccorder aux rochers hurlants qui peuplent le détroit de Messine.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@gmc ::En barquette...
potage velouté aux asperges, soupe de tortue,rôti d’éléphanteau servis à même les planches du radeau immobile,fixé là, depuis les origines sur une mer d’huile et d’or noir, festin pour la mutine que des hommes redoutables troussent à la nuit tombée en agitant les voiles, un drapeau de la paix orné d’étoiles que la lune amollit et dessous des promesses sont chaque jour déposées sous forme de fruits frais. Le mardi l’antiquaire vend des calices aux insensés, et des vins frelatés,des portraits de Robespierre, le parfum de Charlotte Corday et les poudres de la Sévigné etc etc... Ces vieilles fragrances d’oranges amères, les notes de tête vanillées, chauffent le sang, brûlent l’atmosphère de ces hommes cernés par l’outrage des plaisirs et des peines , ils cherchent tout l’amour de la terre vêtus comme des nains qu'on déguise en pierrot lunaires ils titubent et se pendent au cou d’une tourterelle amenée par le marchand , ronde comme une bonbonne et portant l’ enfant d’un salaud romantique, qu’elle crût quelquepart son fiancé de Tucson préparant une cabane pour l’épouser, et vivre avec elle 100 ans. Pauvre belle! Au loin sur le rivage , on voit des otaries , des girafes au cou scié , des iguanes secs comme le gosier de ces pirates aux yeux exorbitant un stupide vert strié de liquide marronnasse. Tout se déroule ainsi dans ces mondes finis, marchandés de l’aurore à la nuit, l’oiselle émoustillée goûte son eau de vie sous le poids d’un rameur. Si elle s’exauce bien, on lui a promis de la glace avec des pailles d’or et peut être une aubaine , le commandant lui même, revenu de la mort, mangera sur son corps, l’organe vocal d’une baleine.

Écrit par : frasby | dimanche, 23 novembre 2008

VENIN DES GLACES

Et dans le chant des furias galiciennes, l'océan celte ondule des saveurs fruitières que d'intenses odalisques peignent sur la boutonnière des pixels d'harmonie. Sous les manteaux de guerre, les armes luisent hors des fourreaux de pierre, claymores et sabres, rapières et glaives, poignards et stilettos, qui s'enthousiasment du traçage des lignes de ballet dans les tribunes d'où s'élèvent des montagnes de trésors, vapeurs sensuelles des gouttes de cristal qui envoûtent les confins de la splendeur. Les ajoncs bourdonnent au faîte des crématoriums de fortune, le bois mort réhabilite les couleurs de coriandre que le chanvre tresse autour du cou des gibiers que des potences hallucinés maintiennent la tête à l'endroit, enfoncée dans la mer, respirant par la fontanelle du pur jus de kérosène aux essences aromatiques. Place des lavandières, la rosée s'effiloche en nuées de quartz aurifère, évidant les tombereaux de préciosité dans le sort commun des exploiteurs d'enfants, le linge sale s'octroie un bonus que l'assurance maladie ne rembourse pas et les contours du vent s'arrêtent scarifiés dans le dessin qu'un berger trace au fusain sur le mur rupestre des cavernes du son.

Écrit par : gmc | dimanche, 23 novembre 2008

@gmc :
du son de la caverne
La glace a pris le pouls du coeur des frondes.une forêt saignée à blanc, peuplée d’exploiteurs d’enfants est sauvée par ce point qui mène à la caverne où le berger trace des lignes, qu'il incurve sans cesse. Dans sa main, un fusain. dans l’autre une palette, il sème des pigments verts où murissent des fruits à tête de paon .il chrome les parterres d’ellipses et de serpents et peint une matrice pour cacher les îlots sur lesquels survivent des convives obsolètes . Aux vapeurs capiteuses des peintures, s’emmêlent les cheveux d’or des lianes ,de frêles osselets d'argile, des coquillages empoisonnés et quelques bambous jaunes haut de plus de trente ans. On ne rembourse rien et on ne revient pas , le voyage est gratuit pour chaque volontaire : on le couche dans la ménagerie , on le nourrit à la rizière. La seule chose qu’on lui demande est qu’il ne parle pas. On l’emmène place des lavandières , lécher les gouttes de rosée sur les draps qui sèchent; embaumés des étreintes d’hier : vanilles,préciosités, ylang ylang, notes plus claires. De ces brassements tièdes parvient un son flûté comme celui d’une vanité fondue à blanc sur l’épiderme.
On le nourrit à la rizière de ce genre de volupté. Et son corps n’y résiste pas , puis on le jette sur des parois juste à l'entrée de la caverne pour le nettoyer des émois. Il y a pourtant en ce lieu qui résonne, là où l’avalanche déconstruit patiemment le silence, un requiem dansé sur la trame du bleu de cyan, un oiseau tracé d’or balance une trille sur une partition de Messiaen,tandis que les partisans hissent le drapeau du” libera me” .

Écrit par : frasby | lundi, 24 novembre 2008

IMPUDEUR NOTOIRE

"Chauffe, Monique" dit le forain aux éléphants volants qui décorent les manèges de la Foire du trône, les ragoûts sont à point, aromatisés aux brimbelles, voluptés des cireurs de pompe du coeur des oueds où rien ne change quand tout change dès lors qu'un essaim de vents y pond son rayon de miel. Souvent, lors des pillages institutionnels, les volutes désertiques se recomposent, sculptés par l'air du temps, toujours différentes, histoire de correspondre aux velléités que les modes entretiennent dans les palais sensibles des affreux gourmets. Les salaisons d'amertume sucrière diffusent leurs arômes faisandés que des narines opiniâtres brûlent sans circonspection, se rappelant les vieux proverbes canadiens qui racontent la couleur du noir après combustion ou les multiples phosphorescences de la môme cannelle dans les bouillons d'intraveineuses épidermiques. Plus besoin d'asepsie dans la désintox permanente, les rafales de poudreuse s'écroulent d'elles-mêmes dès que les barbouzes font mine de lever le cul de leurs sièges ampoulés, provoquant rires et sourires dans les mondes jaunes comme une glace à la vache folle d'où un prion sans foi ni loi s'évapore en arpèges d'auriculaires amputés, élucidant les ellusions fantasmagoriques comme un puzzle d'une seule pièce en vingt mille dimensions, abrogeant les décrets et ardoises affichés au menu des cantines de la malbouffe, dissipation sans disparition des spectres invalides, remise à niveau des dessins animés qu'un arc-en-ciel imperturbable dévisage sans vergogne.

Écrit par : gmc | lundi, 24 novembre 2008

Vingt mille francs de puzzle
Ils pillent ce qui se dévisage,torpillent le dépôt des armées, fumant le hareng aux hangars , des revues de pornographie cachées sous le siège de l'aronde en fausse peau de tigre acrylon, ils vont fondre la couleur noire et surchauffent de beugleries le moteur d'une vieille loco renversée dans une prairie à la frontière de ces pays où l'on fait sécher sans vergogne le linge souillé aux lendemains des mariages. La neige recouvre cette fonderie et la sueur sur les visage se fixe en goutelettes étranges, d'une translucide pureté, il leur pousse des ailes d'ange et les boutons de leurs complets tombent comme de gros boulons de grêles dans des boîtes en fer blanc qui s'ouvrent et se referment en poussant des gémissements. On dirait un verrou qu'on claque, à la veille d'un châtiment. Leurs femmes ne valent pas mieux qu'eux , matronnes, souillonnant le cloaque; elles jurent comme des larrons et voudraient s'instruire au sommet de la très grande bibliothèque, la plus sale a volé Sénèque, la plus vilaine cite Montaigne comme on lit la revue télé et la dernière, une folle, agitant la selle d'un mini vélo blanc, prend son clou pour un alezan, voudrait qu'on l'appelle mademoiselle à plus de 50ans. Il y a cachés derrière les ormes, des balayeurs aux mains puant toute l'ordure du monde,matant d'un oeil inerte, les trois tristesses. leurs coeur en tambour agonisent de ne pouvoir mordre à pleine dents dans cette chair sotte pour en extraire tout le pédant, en percer tout l'amer. A l'horizon des champs de blé, comme un puzzle de vingt mille francs, sur lequel on construit pas cher des pavillons pour les muets... On équipe la colline de cierges et plus tard on mettra la vierge branchée sur l'électricité du village où meurent des êtres fumés de harengs, beuglés de petits lapins chauds dont les femmes infidèles courtisent les torses et les crânes du très haut comité chargé de la culture et de la communication.
C'est ainsi qu'elles font pénitence et conjurent les panthéons. Des bicornes font les avances, à celle qui sera la plus souillon, les balayeurs mènent la danse. Le mouvement perpétuel des siéges renversables et des petites corbeilles prend la mesure de la vitesse tandis qu'à l'arrière des DS ,on vend de petites choses roses.

Écrit par : frasby | mercredi, 26 novembre 2008

« Les trois tristesses... »

Frasby, je suis un peu sans voix. Je vais relire. Encore une fois.

(En silence, petit coup de chapeau.)

Écrit par : Marc | jeudi, 27 novembre 2008

MONTEE DES LILAS

L'art se tranche à La Villette comme un vulgaire et commun entonnoir, cône turgescent des facilités mondaines à faire passer des lanternes pour des vessies, urticaire galopant des amputés tétras-lyres dont les missiles sont des suppositoires vaso-dilatateurs ou des boas constrictors, suivant qu'il s'agisse de ventiler les bronches ou de presser la purée. Employés aux écritures, un détartreur, subversif élégiaque, inonde de venin ou de sperme les cultures lénifiantes de la volupté en dentelles, un équarisseur égrène des osselets dans des runes sans mystère, un éclairagiste joue aux tarots sous des néons qui s'ensauvagent dans la douce clarté des petits matins crépusculaires. Le patron, un vieillard chenu comme un cep de vigne, compte jusqu'à un, juste le temps de voir venir en un éclair l'héritière de sa fructueuse affaire de négoce de carcasses, véritable amazone du charity-business, et sa répugnante progéniture, un ver à soie sans fil, montreur de marionnettes paraplégique dont les prestations de mime sont de nature à réjouir les facultés jésuites dans leurs enseignes fluorescentes. Famille de sept comme les points cardinaux, l'entreprise de fruits et légumes de la psychédélie prospère dans les transformations par irradiation, implosion ou salaison, suivant en cela les désirs de son auguste clientèle, troupes de zéro positif en conserve, salaisons coutumières de l'habitude, énucléées au monocle tombant sur la poitrine incendiée, de juteux profits dégoulinant le long des moustaches et babines des ces amateurs de viande carnée réconciliés avec les facteurs bios et environnementaux.

Écrit par : gmc | jeudi, 27 novembre 2008

Bon ton.
De l'entonnoir pousse l'amairde ramassée par d'honnêtes gens, ronds de serviette peints par Duchamp sur les nappes de la banale, on râpe des bananes à la peine d'Andy au wiki store des champs, on drogue l'appât de la banette à l'opium coupé de ziban, une purée dans chaque assiette greffée sur la corne d'Orlan, et les mirettes de la madone enchattent les mondes talibans. Aux écritures, Kafka se traîne pour quelques sous on le rebrade, des manuscrits dans la charrette de la fnac, rayon "Albator", venin venus vaincus au temps où Guy debordant sur Geneviève cassait la pipe des courtisés et des papes inexistants ,sainte Rita couvre la plaine d'un linceul blanc plus blanc que blanc. Venus va laver sa vaisselle au bras de Cendrars le sanglant. sur le canal on plume la seine, de copa cabats- panamas, et Molinard joue unplugged un meringué de l'arbalète.Aux tarots la maison Dieu brûle.Entre un diable et le jugement, pour Alexandrie , il postule le pauvre libraire carossu, ramassant des notes à la pelle pour qui les mangera plus tard une fable de Jean de la Fontaine, entre deux cuillères de caviar.une louche polie par Cesar, dans ma case façonnée Buren,un string système leopard,et sept gants de toilettes à Ben Le grand secret, zero partout gît aux conserves des casse-graines, le grand secret du plat zoulou s'assaisonne sur des grosses bedaines,les déodorants fous de choux aux crèmes nient la reine des zen, sur un cristal d'accordéon ,les perles d'André Verchuren.
Montée des lys je claque mon book, un carton pour vernir Tokyo, de la paille bio dans mes sabots, des sacs de fraises haribo, je sucre et resucre à gogo. La boite du capitaine cook furieusement" in "sur mon petit maillot, donnera le thon.
http://fr.youtube.com/watch?v=Rb77R-BSylY&feature=related

Écrit par : frasby | vendredi, 28 novembre 2008

BRUTE DE DECOFFRAGE AERIEN

Chevaucher les dragons à cru est affaire d'instantanéité, la Factory peut produire des divisions de la joie à tout instant, sans les usiner, juste en laissant faire le vent sur sa paume d'amazone aux mains ensanglantées par les coloris pirates qui détournent les cargos ventrus sur de précieux brisants. Philosophie d'équitation pour amateurs de pluie, la chevauchée fantastique est une poursuite impitoyable, rendez-vous where eagles dare, en solitaire comme il se doit sous les parapluies d'où émerge à grand-peine Cherbourg et son arsenal obsolète. Ouragans et tempêtes, écorchures et cris, les naufrages sculptent des caryatides aux seins lourds de conséquences dans les affres volatils qui embuscadent les noix de jade perlière dont raffolent les outardes dans les jardins suspendus aux lèvres du temps, légèreté intrinsèque des fumées indiennes sur les torrents du tsunami admirable qui perche là où Nemo lui-même n'a pas mis l'ombre d'une mâchoire, ni même un plombage, fut-il de poudre d'escampette.


http://fr.youtube.com/watch?v=0F8FP2RFhb8#

Écrit par : gmc | vendredi, 28 novembre 2008

Et voici le 100e commentaire. Ce n'est pas que 100 vaille plus que 99, 67 ou 33. Bien sûr que non. Mais il y a tant à dire contre les poètes ; encore tant à faire pour séparer le bon grain, le tout sottement, le râle, le cri. Ici, partout ailleurs en ce blog, le va et vient de l'esprit, avance puis se retire, avance à nouveau. Se déroule. J'aime aussi que cela se produise sur cette longue bande étroite avec (entres autres) du Frasby, du solko, du Rosa, du Miron, de l'Apollon, du gmc, de l'Aude, du gballand, et s'il reste du marc, laissez-le au tonneau qu'il ajoute du capiteux au vin prochain. Contre les poètes, vraiment, quelle agréable façon de se tenir. Merci.

Écrit par : Marc | samedi, 29 novembre 2008

@Marc , le cent du "contre les poètes" est à vous et cela me ravit au plus haut point ...Je ferai le cent un (une !), pourtant j'aimais ce chiffre rond ,pair, porté par vous , ce n'est pas qu'il ait une valeur( + ),c'est juste le seul cent, le premier , le dernier, pour toujours et à jamais, à l'heure où ce billet passe visuellement à la cave ou au grenier , la cuvée "contre" est excellence,pas vaine, et je ne doute pas que l'on goûte grâce à vos fruits lointains (et proches) , au vin prochain, ou sur sa robe , l'arôme délicat d'émouvantes framboises ....
En attendant , je ne boude pas votre tonneau . Merci.

Écrit par : frasby | samedi, 29 novembre 2008

@marc : pardon , je ne vous avais pas lu "sans voix" ... aux" trois tristesses " et de 102 ! un chiffre pair pour aller avec votre 100...Encore merci !

Écrit par : frasby | samedi, 29 novembre 2008

@gmc : 103 Choux :
out ô ! outardes montent au nez de la muse, jouer un peu n’est pas souffler sur les nuages, jouer l’image n’est pas démonter l’assemblage, ce que feront les supernez des arts tristes, ne regarde pas l’île de l’artiste né, qu’il soit cornu au front ou mange des bananes, c’est bien ce qu’ils en font et non l’épée tranchant le ton des buses d’Ubu , qui monte au nez comme l’amour tarde... c’est bien les néo-vieilles barbes et non la factory qui montent au nez, quand Zanzibar est aussi pluvieux que Paris. Les vicomtes nous savent prudents , nos cargaisons ventripotentes d’azur et autres” suspendus”, après les baleines vendus aux marchands de pluie à Cherbourg, après les ponts neufs attachés aux brocantes de Clignancourt, après les âmes vieilles et blasées des Nemo devenus grands noms, un sonnet soudain tourne à vide. Le berger rentre son mouton.
Un grand fauteuil pour le vicomte qui regarde les cieux, ému. Le fondement des autres mondes tient dans le trou d’une serrure, qu’on broie avec le noir brisant, qu’on lie un peu avec le blanc et qui se grise à la fêlure quand sa seigneurerie se prend à tater le sang du poète. la mue brûle au dessus des flancs ouverts à la guerre invisible, la vague emporte l’océan , le contraire deviendrait risible. Plombé Nemo, plombé Ulysse, tout se plombe ,se plante et se lisse. Les barbares de la bohème, les fleurs gonflées de précipices, les spleen de la tarte à la crème ouvrent le jardin des délices, les fortunes où le livre échoue dans les grandes bibliothèques, décarcassent la ritournelle, et le vicomte, plante ses choux .

Écrit par : frasby | dimanche, 30 novembre 2008

HAVE A DRINK

Le vent rit sans cape, archer à l'épaule, monté sur roulettes comme un patin à glace aérodynamique équipé de torchères sculptées au laser dans d'épouvantables convulsions de saveur sans couleur. Loin dans la nuit, des formes mouvementent le paysage paisible de leurs reflets attractifs qui ne font qu'effleurer un court instant de désinvolture, ébauche d'épure sans origine connue en-dehors des étourneaux galactiques qu'on peut trouver sous la chemise effervescente des principautés andalouses dont le flamenco est une résurgence des canaux d'irrigation à l'adrénaline de synthèse. Ailleurs, juste au-delà, pas plus loin qu'ici, un récital carthaginois écosse des petits pois sans hormones, fruits de délictueuses octaves de carbone 14, bols de corn-flakes délicieusement mûris, musaraignes de salons pour divertissements écoliers. Dans les échelles d'éclisses, des scarifications sans âge bousculent d'un va-et-vient de l'épaule la délicate aile de titane dont la dentelle s'irradie sous l'effluve totalement sensibilisé à l'insensé quadrilatère circulaire qui lui masse les neurones synoptiques et les synapses intégrales bercées par la torréfaction artisanale d'un vermoulant en nuisette transparente.

Écrit par : gmc | dimanche, 30 novembre 2008

Au sommet, le zéphyr attaque l'esprit du gueux, qui claque sur le givre son rêve de musaraignes, un court instant lové dans le doux des soleils et des voiles violets glissant dans les vallons. Ca convulse là haut quand un vol d'étourneaux se mêle à la chaleur improbable des sons, il y a dans ce bleu le roi d'une saison et un vassal aigri brouté de méthylène qui remue sous ses pieds le poil du paillasson fait de grives empaillées d'écailles de sirènes.
Et des saules chétifs poussent dans son salon.
ça brûle aussi son âme au foyer malheureux, du pêcheur énivré des frais de ses délits, ça coupe un peu le grain de sa peau; dans ses veines, coule une liqueur bleue dévorée d'ambroisie. Bleu de l'adrénaline, des fruits délictueux, bleu des tulles mouillées sous les feux d'artifice, bleu d'une nuit d'éclipse et d'amour attisé par l'étoffe frôlée et les feuillues hélices d'une molle perfide cherchant dans la flanelle, un époux, gueux de nom qui vermoulant l'émoi de la cuisse modèle, s'offrirait sous le joug des cris de la guenon la plus belle nuit d'amour, et le vermouth sec brûlerait son gosier, jusqu'à la déraison... A l'insensé tenu, sous les cris de la molle, synapsée des extases qu'éclipse met en tête, lui viendrait à l'idée un rêve viticole, boire jusqu'au matin, l'étrange note de tête, et dévorer ce sein, grisé sous la nuisette qu'un geste désespère et dont la transparence rend à moitié zinzin.

Écrit par : frasby | vendredi, 05 décembre 2008

VEGETALICE

On allume bien les charniers au pays de la mort par infusion, catalepsie notoire que des brancardiers sans scrupules regardent flâner le long des barquettes en plastic qui essaiment dans les torrents du napalm érotique que déverse des barrages ouverts dans le vide des svastikas poudrées par les noces des fils de la strangulation. Les fedayins de Pancho Villa réinventent l'hydrocution de la panacée universelle à toute nouvelle escale d'apoplexie dans chaque port ensablé par des fumigènes insomniaques, l'été d'un printemps où la poudre fait causer les narines, langoureux penthotal qui démembre les chapiteaux et rehausse les lignes de mire sur les écrans solaires des boréalités primaires. D'un revers de fortune, les transmutations parallèles inventent les cruciverbistes du chiffre, indécodage en overdrive manuelle, transgalaxie des profondeurs du vice où les clefs à molette tournent leurs rotondités postérieures vers les pigments à poil dur comme le pinceau qui reluque les cheminées d'usine sur les rebords des fondrières, borderline sans bordure et sans ligne hors les rails que sniffent les pogroms de la déréliction. Tambour-major qui entend plus, une gare sans chef siffle les départs des trains qui par trois fois enguirlandent les petits matins chagrins comme Tintin au Tibet ou Objectif Nul et, dans la caresse des ventilateurs éteints, s'étend une merveille de gangrène constellée de ruines magnifiques, de poubelles de diamants et d'autres parures délétères dont se couvrent les orties chaudes des systèmes acrobates des univers mathématiques.

Écrit par : gmc | dimanche, 14 décembre 2008

VERS LES GENS DES TALUS
On achève bien les mémoires du dernier soldat vivant oublié sur la dune, parlant seul aux étoiles. Cherchant Orion et la grandeur de l'ourse quand tout finit à l'horizon et qu'il n'a plus assez de munitions pour en finir. On lui envoie bien le poison par signaux de fumée qui montent du fond de la vallée en un souffle invisible peut être une intention pieusement collective qu'il attrape de son regard mort aux choses qui persistent dans la gaieté et l'insultant désir de communion. La poudre a brûlé son cerveau. Il en a vu tant et tant eu dans la ligne de mire que l'écran diffusant soit disant son histoire sous les grands chapiteaux soit disant financés par des constructeurs d'Algéco, ne lui parait au fond que piteux aphorismes nés des chiffres ignorant la marge claire des derniers vigilants ceux là au visages pâles en ont tant vu aussi, que leurs yeux noirs roulant des braises, ne peuvent plus supporter l'idée même que la lumière pourrait vaincre l'obscurité . Cheminant désormais dans la poussière de talus grossiers, ils embrassent les veines aux poignets des jeunes filles comme si chaque baiser avant de mourir aux épaules, perpétuait le crime, vouait aux enfers l'âme des créatures, livraient leurs corps aux trafics d'échafaud. Sur ce gibier doux à mourir, ils folâtrent seulement, recueillent le surplus des vallées, où désormais ils ne pourront rejoindre leurs" régulières " sans cet indicible regret . C'est rester là intacts, sans renommée, ou se trahir et devenir héros, condamnés à transposer le crime en livres d'images préfacés par des stars de télé ou par des animateurs fous, qui deviennent les seules solutions. Le pays natal diminue, leurs enfants collectionnent les livres de Tintin, des photos de Martiens, et la panoplie du banquier en papier crêpon et lycra made in china. Les femmes, elles ont le souvenir. Jeune soldat, dans l'ovale sépia cloué sur une tapisserie imitation crêpi. Soldat dans son costume de guerre, tandis que meurent dans les talus des bougres aux cheveux gris comme les brouillards du couchant, ce sont les même qui jadis emmenaient tout le monde manger sur les chevaux de bois, juste chevaliers, servant, la France et le dimanche parfois la messe. Les mêmes qui leur tournaient la tête jusqu'à les renverser pieds nus dans des talus plus convenants Ils leur faisait conversation, comptant fleurette, poèmes, compliment et même parfois la leçon de morale... Aux talus verts de gris atomisés, tout ça revient de temps en temps. Et tout retourne à la vallée où s'ânonnent maintenant par coeur les chiffres alignés des nouvelles numérotations. Dehors sur les bancs des marchés, dehors c'est partout la vallée où des bâtisseurs carnivores roulent d'un doigt discret le plan d'un énorme projet qui détruira le Nombre d'Or.

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

CUISINE LIGHT

Aujourd'hui c'est mercredi, jours des chevaux et des cheveux, qu'on tresse en étoiles d'harmonie ou en toile de Jouy suivant les désirs cocasses de la lubricité en bottes de douze lieues ou en solde d'hiver sur les comptoirs enjoués de la libération des femmes, réduites aux langueurs d'esclavage à grand feu, ne pas réduire surtout, que ça mijote comme savent le faire les omelettes norvégiennes quand elles font du ski à rebours sur le granit de neige qui décore les oeufs à la coque décapités en le charme torride de petites cuillères trouées par l'émotion sanguinaire des colchiques qui pâturent sur les alpages où se nourrissent les coussins paraplégiques de leurs empathies transversales dans les moussons d'avoine qui s'abattent sur les vallées de fer dans lesquelles d'humbles dynamiteurs étudient la métallurgie d'arc-en-ciel en scrutant le fond sans fond des brocantes, des cimetières ou des parcs de traction. Le petit train tortille ses colifichets sur des galaxies de mercure, peignant des clitoris en feu sur le revers des rêves, caressant des seins tranchés en rondelles d'ananas transgénique, élaborant de nouvelles cyprines dans des alambics en forme de cônes de glace ou de carottes transpolaire, pur vice de pervers au regard émincé par les cécités bouillantes des sexualités de l'iridescence qui transpalent le velours des pelouses monastiques pour créer de la pulpe d'artichaut qu'un curry d'oxygène à faible densité transmute en bijouterie fantaisie ou en maquillage transparent.

Écrit par : gmc | samedi, 20 décembre 2008

oui cet article est tout bonnement excellent, particulièrement pour les débutants. J'vais quand même avoir besoin d'un peu de temps pour bien assimiler le tout.

Écrit par : Transpiration excessive | dimanche, 04 avril 2010

@Transpiration excessive : Merci pour votre commentaire.
Les poètes qui transpirent à la versification trouveront une bonne adresse. Et pour assimiler Prenez votre temps...
Nous avons la vie devant nous.

Écrit par : frasby | lundi, 05 avril 2010

@smiley : Merci ! quand vous voulez !

Écrit par : frasby | vendredi, 16 avril 2010

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