mardi, 14 avril 2009
L'origine s'oublie...
"Dire le nom c'est commencer une histoire"
SAMUEL MAKIDEMEWABE cité in "Partition rouge". "Poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord". Florence DELAY / Jacques ROUBAUD. Editions du Seuil 1988.
" 1872 : Dans la grande vision où Elan-Noir trouve son nom il y a le Grand-père de l'Ouest, le Grand-père du Nord, Le Grand-père de l'Est, le Grand-père du Sud, le Grand-père du Ciel, le Grand-Père de la Terre, douze chevaux noirs avec des colliers de sabots de bison, douze chevaux blancs entourés d'une troupe d'oies sauvages, douze chevaux alezans, avec des colliers de dents d'élan, douze chevaux fauves, un aigle tacheté, une coupe d'eau, un arc ,une baguette fleurie, une pipe sacrée ou calumet etc ...
1919: Dans la vision où Cerf-Boiteux trouve son nom il n'y a plus qu'un arrière Grand-père : le sien. Après quatre jours et quatre nuits passés seul sur la colline, sans eau, sans nourriture, dans la fosse de voyance, il entend certes la voix du peuple des Oiseaux mais il ne voit rien... Jusqu'à ce que, dans le brouillard tourbillonnant, une forme se dresse devant lui : "Je reconnus mon arrière Grand-père, Tahca Ushte, Cerf-Boiteux le vieux chef des Minniconjous. Je pouvais voir le sang s'écouler de sa poitrine, là où un soldat blanc l'avait tué. Je compris que mon arrière Grand-père souhaitait que je prenne son nom. J'en conçus une joie indicible."
Source : extr. de "dire le Nom" in "partition rouge".
Photo : Il y a un trésor dans la forêt d'à coté mais qui ne se voit pas. On le devine parfois juste après la pluie, quand au moment de l'éclaircie, on se trouve là, sur le petit chemin bordant le grand lac romantique où le canard colvert nargue son promeneur d'un mystérieux cancanement...
Parc de la tête d'Or. Lyon. Avril 2009. Frb ©
23:13 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Hugh!
(Excusez du peu, surtout n'y voyez aucune insolence, bien au contraire).
Écrit par : Balthazar | vendredi, 17 avril 2009
Jolie photo (sont-ce des cyprès chauves au premier plan ?) qui me ramène quelques années en arrière alors que j'effectuait ma première mission à Lyon. Les locaux étaient juste à côté du parc. J'étais un peu perdu dans ce nouvel environnement professionnel, au milieu d'inconnus, dans une ville inconnue. Alors, le midi, j'allais me ballader dans ce parc (on pourrait presque m'apercevoir, flou, au fond de votre photographie...) pour me ressourcer. Ca me faisait le plus grand bien !
Merci de faire remonter ces souvenirs !
Écrit par : uhsn | vendredi, 17 avril 2009
Il s'agit de quelque chose que bien peu d'êtres humains connaissent encore. Le nom donné lors de la Vision. Le nom pour soi. Non pas celui que les autres de notre entourage ou de notre lignée nous ont imposé. Non pas celui qui fait de nous quelqu'un dont les jours sur la terre se déroulent uniquement dans le présent. Mais le nom qui nous relie aux ancêtres, à la Terre, à la Vie immense. Pour les personnes qui éprouvent du respect pour l'expérience de la vision, c'est le seul nom possible une fois qu'il leur a été donné. Merci Frasby pour les extraits ci-hauts qui expriment bien plus clairement que moi, ce que je tente de dire ici.
Écrit par : Marc | vendredi, 17 avril 2009
@Balhazar : Pas de lézards !
Comme dirait un grand général français
"JE VOUS AI COMPRIS !"
ps:
"Oeil de boeuf, le chef Sioux, me fait dire que vous pouvez revenir quand vous voulez, mais avec vos facteurs, si possible, à qui il voudrait apprendre à grimper aux arbres...)
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
@uhsn : L'illustrissime botaniste Sioux "Corolle nacrée" confirme que si ce ne sont des cyprès chauves, ce sont des baobabs génétiquement modifiés.
Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait plaisir de raviver vos souvenirs... Et je vois très bien les affreux bureaux qui ne sont pas loin du parc -je vois même sortir à midi, quand je passe à vélo, les personnes qui travaillent dans ces bureaux avec leurs petits tuperwars de céleri râpé ...se depêcher de rejoindre "leur banc" sous les grands cyprés chauves ou BGM...
Je pense qu'on vous aperçoit, c'est fort vrai, sur la photo.Je voulais titrer 'Uhsn se promène" et puis je n'ai pas voulu lancer la polémique car il y aurait eu trop de jaloux ;-)
Merci à vous de nous livrer quelques souvenirs, encore plus vrais que nature (si j'ose dire) . Les ressourcés du petit chemin de Tête d'Or, sont mes amis ;-) A bientôt !
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
@Marc : Je trouve au contraire que ce que vous expliquez ici complète avec clarté, tout ce qui se trouve à l'étage. Et je vous en remercie
Dites moi,Marc ,(j'ai un gros doute depuis quelques temps)
Vous ne seriez pas un peu indien sur les bords ?
Vous n'êtes pas obligé de répondre; evidemment
;-))
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
@ Frasby : Comme vous dites : sur les bords... Mais surtout au milieu *_*
Écrit par : Marc | vendredi, 17 avril 2009
@Marc : Mais surtout au milieu (j'm'en doutais ! ;-)
(L'esprit de l'émouvante framboise aura encore frappé)
et puis la preuve sioux est là ? + que flagrante !
* *
0
C'est la tenancière du saloon, "Bouche tordue" = (blanche ignorante) qui me le chante...
Sans rire, grand chef Marc, comment faites vous pour être si tranquillement au milieu ???
Vous savez que ça m'épate... !!!
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
@ Frasby : Tenter de trouver au milieu est une belle aventure.
Écrit par : Marc | vendredi, 17 avril 2009
@Marc : Ah ! ça ...
J'imagine que c'est un assez lent cheminement
... Est ce pour autant la même chose que "la voie du milieu" extrême-orientale ?
Comme vous voyez, j'en suis loin
euh ...ça m'a l'air encore + moin que l'Amérique
et je ne suis pas encore rendue ;-)
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
@ Frasby : Comment savoir si on est encore loin ? Souvenez-vous... Par exemple de Cendrars « Dis Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ?... » Et cette question posée devient elle-même un lieu. Nous sommes toujours rendus (tic) et toujours en route (tac). Tic et tac et tic et tac et tic et tac...
Non, tenter de trouver le milieu dont je parle, n'est pas à proprement parler « La voie du milieu ». Il n'y a pas de système dans mon aventure. Parfois quelques repères. Grâce auxquels, le plus souvent, je suis perdu. Non. Toute la communauté humaine et toutes les sagesses, toutes les ruses et toutes les prières, toutes les histoires et les légendes peuvent contribuer à ma mission : me rendre jusqu'au coeur du volcan pour y jeter l'anneau...
Écrit par : Marc | vendredi, 17 avril 2009
@Marc : c'est drôle je pensais justement au poème du transsibérien en postant ce billet
au "Dis blaise... justement " !!!
cette question qui devient justement un lieu
voilà pourquoi un jour l'heure qu'il est nous échappera toujours un peu...
Tic... tac ... tic ... tac ... vous avez sûrement raison
(vous ne savez pas quel genre d'effet me fait votre commentaire, là...
(commentaire ci ! commentaire là ! ;-)
Parce que vous semblez lire dans mes pensées en plus de ça !
En vrai sioux que vous êtes
C'est magnifique de se rendre jusqu'au coeur du volcan pour y jeter l'anneau
Euh ... J'ai fait un truc comme ça avec la fontaine de Trevi et une pièce de un franc, mais c'était une toute autre histoire avec des voeux beaucoup plus terre à terre, bien que la pièce fût jetée au milieu.
la fontaine ne bouillonnait pas (enfin pas autant) (enfin pas si mentalement) que votre sublime volcan
Merci infiniment Marc pour ce passage éblouissant.
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
Mon nom à
l'origine s'oublie.
Puis
il revient
par des
milliers de voix.
Ma vie
pour apprendre
à le prononcer.
Merci Frasby d'avoir trouvé ce sujet intéressant. L'allusion à l'anneau et au volcan est une belle image et un beau souvenir de lecture. Je vois que vous n'avez pas encore passée une fin de semaine avec Tolkien...
Écrit par : Marc | vendredi, 17 avril 2009
@Marc :Merci pour le beau poème de ..... ????????????????????????????
J'aime beaucoup cette idée d'origine couplée au thème du nommer ... J'ai remarqué que ceux qui n'aiment pas leur nom semblent traîner un lourd fardeau, pourtant ce ne sont que des mots (des lettres)
Salvador Dali a beaucoup écrit (divagué même, très intelligemment ) à propos du nom de René Crevel et combien ce nom colla exactement au type d'existence de ce poète.
tantôt exalté tantôt suicidaire (existence bipolaire contenue dans un prénom /nom: René Crevel)
Et le nom hélas l'emporta...
Rien à voir avec Tolkien qui est ma grande lagune.
LACUNE ! pardon ! ;-)
c'est tout à fait inavouable... Il faudra bien un jour que je rende visite à ce grand Seigneur et votre précédent commentaire ravive cette tentation.
Encore merci à vous , Marc ...
A bientôt !
Écrit par : Frasby | vendredi, 17 avril 2009
René Crevel.... En effet !
À bientôt.
Écrit par : Marc | samedi, 18 avril 2009
@Marc : c'est très loin de Tolkien, René Crevel mais très près du volcan (en dessous peut-être ?) et du thème du nom...
Je crois que les divagations intelligentes de Dali sur le thème de René Crevel se trouvent dans "Oui" ou l'archangélisme scientifique" De Salvador Dali (que je préfère à la plume qu'au pinceau...) Cela tout à faire subjectivement...
Votre prénom n'est pas mal non plus... Si c'est le vrai (?) il a comme une gouleyante connotation, quelquechose du fruit sauvage, poire , pomme, prune... délicate framboise
un écho de distillation.
c'est étrange non ?
Si c'est le vrai bien sûr ! ;-)
Écrit par : Frasby | samedi, 18 avril 2009
@ Frasby : C'est le vrai. Mon prénom. Distillation.... Merci. Je pense souvent au dieu de la guerre.
Écrit par : Marc | samedi, 18 avril 2009
@marc : Mars ??? Diable... Martius, martial. Mais dites moi vous voyez les choses en grand ;-) très grand même !
Vous me faites peur Marc...
Je verrai plutôt cette petite friandise en chocolat avec des noisettes et du caramel, vous savez: (qui ne manque pas de force non plus mais, infiniment plus humaine ;-)
http://www.memory-pub.com/images/thumbnails/Divers_Chocolat_P1030175_300x300.JPG
Écrit par : Frasby | samedi, 18 avril 2009
@ Frasby : Mars... http://www.dicoperso.com/term/adb0aeb1acaba75a,,xhtml
Ouais... N'ayez pas peur.
Écrit par : Marc | samedi, 18 avril 2009
@Marc : Je désarmais le prénom c'est tout , mais j'en resterai plus sincèrement au verbe distiller qui convient mieux à vos domaines
J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop d'avoir mêlé votre prenom à cette affreuse affaire de chocolats...
c'était un interlude (mais je ne vous referais plus jamais une chose pareille, (promis)d'autant qu'elle nous éloigne beaucoup des signaux de fumée originels.
Voilà que je commence déjà à regretter...
Écrit par : Frasby | samedi, 18 avril 2009
ps: Envisagé sous l'angle de votre lien ... Mars bien sûr ! que ça convient
Tout à fait magnifique...
Je suis tout à fait rassurée. Merci !
Écrit par : Frasby | samedi, 18 avril 2009
Mais c'est simplement très joli ce billet...
"Je compris que mon arrière Grand-père souhaitait que je prenne son nom. J'en conçus une joie indicible."
Ah, c'est terrible en fait... Je retrouve une inspiration de Rick Bass très certainement, ce paganisme indien si sauvage qui irrigue ses nouvelles... et curieusement dans le style même s'observe une parenté...
Merci.
Écrit par : tanguy | dimanche, 19 avril 2009
@Tanguy : Oui c'est à la fois joli, et terrible... c'est tout à fait ça!
RIck Bass ??? cet écrivain du Montana ???
Je ne le connais pas, mais j'ai lu des extraits sublimes
Je suis sûre que vous pourriez me convaincre...
Merci à vous...
Je répondrai à vos rouciers de mon pays lointain
Écrit par : Frasby | dimanche, 19 avril 2009
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