jeudi, 23 octobre 2008
Perplexus
"À quel prix et pourquoi préserver le chant, lorsque la voix humaine rend un son de "cloche fêlée" (Baudelaire), semble tout près de se taire (Verlaine), fait entendre son dernier "couac"(Rimbaud), ou s’étrangle d’un spasme (Mallarmé) ? Comment se rapporter encore à l’Idéal, quand celui-ci n’est plus l’horizon vers lequel on court, mais un "instinct de ciel" désaffecté, lorsque s’estompent les arrière-mondes, cédant la place au creusement de "l’espace du dedans" (Michaux) ? Mais de quoi parlons-nous, lorsque nous écrivons ?"
Source notes de lecture: "Le poète perplexe" essai de critique de Jean-Michel MAULPOIX paru aux Editions José Corti, en février 2001
Perplexus, en latin, signifie "enlacé, enchevêtré, confondu", puis, au figuré, "embrouillé, embarrassé, obscur"
Photo: Au dessus des vieilles portes, trois sortes d'anges lascifs nous regardent passer, rue de la République à Lyon. Octobre 2008.
05:42 Publié dans A tribute to, Arts visuels, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
Commentaires
De quoi parlons-nous, lorsque nous écrivons ?
Ma petite théorie là-dessus est que nous parlons du bâillon qui nous empêche d'être entendu, mais par périphrase : le fer rouge est parfois décidément trop proche de nos yeux.
Écrit par : delest | samedi, 25 octobre 2008
@Delest: Votre petite théorie me fait d'abord penser à une phrase du poème de Baudelaire:
"Le navire glissant sur des gouffres amers"
et aussi à Jacques Brault:
qui se décrit lui même sous la forme d'un arbre, mais d'un arbre d'automne dépouillé de ses ramures:
"Quand je n'étais pas mort
j'allais de bon matin
balayer les ravines d'ombre
maintenant poussière de poussière
je prends soin de mes ombres."...
Votre petite théorie tient la page... J'aime assez l'image du fer rouge.
Peut être comme la révolte impuissante (baillon) tient sur un fil la vie de l'écrivain ... De périphrase et périphrase...
Peut être faudrait il par contraste lui opposer ce qui essaye de s'éloigner du fer et du baillon ? 'Albert Chekanov écrivait ici à propos de ses haikus :
"In this sense the difference between writing a haiku and reading it doesn't exist... Tout cela à belle distance.
Merci à vous pour ce superbe commentaire ....
Écrit par : frasby | samedi, 25 octobre 2008
Petit salut en passant suite à ton commentaire et à moi de te lire maintenant ... ;=)
Écrit par : Marc | samedi, 25 octobre 2008
@Marc : Ravie de ta visite ... En espérant que tu glaneras ici ou là, quelques éléments de correspondances...
Et quand bien même ce ne serait pas le cas, je retournerai te lire sur ton site que j'ai eu plaisir à découvrir récemment.
Écrit par : frasby | samedi, 25 octobre 2008
Un jour, il n'y a pas si longtemps, j'ai trouvé sur une copie d'étudiant cette phrase-là en guise de dernière phrase d'une conclusion d'une synthèse de documents :
"Les anges sont consentants. C'est pourquoi il faut que je me retire".
Inutile de vous dire que ça m'a laissé perplexe...
Écrit par : solko | samedi, 25 octobre 2008
@Solko... Perplexe vraiment ? mais c'est très étonnant... Un étudiant qui sort ainsi du cadre mérite toute l'admiration de ses professeurs quelque soit l'énoncé du document.
Un étudiant z'ailé ? un ange bien culotté ?
Ni l'un ni l'autre sans doute... ou les deux à la fois
Et surtout n'allez pas le traiter "d'atypique" je trouve cet adjectif affreux (mais je suis sûre que vous aussi ;-))
Écrit par : frasby | samedi, 25 octobre 2008
Pour tout vous dire, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une réminiscence d'un texte de slam. Vous voyez : cet étudiant n'avait au fond rien d'atypique ( terme en effet qu'on oublie aussitôt après l'avoir écrit).
Écrit par : solko | dimanche, 26 octobre 2008
@Solko :"Atypique" est le terme fourre tout" employé par les gens qui manquent de curiosité et veulent faire croire qu'ils sont curieux... Parce que "Vivons curieux" c'est un peu l'injonction de nos urbanités (d'ailleurs je n'ai jamais entendu prononcer ce mot à la campagne)/ alors on a fourgué ce casier au tout venant, histoire que rien n'échappe à personne ... (Enfin, j'ai une petite dent contre "atypique" que j'entends employé à toutes les sauces... "atypique" étant devenu un adjectif typiquement typique;-)), figurez vous que je suis assez perplexe côté slam car si je trouvais le mouvement particulièrement interessant à ses débuts, le peu que j'en ai vu (côté textes) ne m'a pas convaincue, en même temps c'est une forme d'expression spontanée qu'il faut peut être prendre en claquant l'instant "in the mood"; une poésie instantanée aussi vive qu'un feu d'artifice. L'impro c'est toujours du funambulisme. Alors si le slam n'est que de l'impro votre élève
s'est un peu amusé d'un effet de style qui devrait s'oublier aussitôt après l'avoir lu...
(En fait je ne connais rien au slam qui a été sans doute inventé + tôt qu'on ne le dit, fin des années 60's(sans que le terme soit clairement posé) dans les rues de NY avec notamment les "Last poets"/ (la slam c'est la claque) to slam a door = claquer une porte)... Ce que votre étudiant a fait sous votre nez (Il faudra demander à Melle Pugeolles de coller un avertissement à ce petit insolent ;-)
Excellente fin de journée à vous.
Écrit par : frasby | dimanche, 26 octobre 2008
on peut tourner la question d'une autre manière: "à qui s'adresse le poème?"
Écrit par : gmc | mercredi, 29 octobre 2008
Le slam c'est de la poésie de consommation au sens propre : ça s'invente et ça se jette. Moi non plus je n'y connais pas grand chose. La poésie n'a pas besoin de marques, d'étiquettes, ni d'être trop "typique" ou "typée" (atypique ou atypée) . C'est vrai, à la campagne, on ne trouve pas des choses pareilles. Alors, que vive la campagne.
Écrit par : solko | mercredi, 29 octobre 2008
@gmc: oui, tout à fait, ou peut être rajouter à la question une autre question...(qui forcément en amènera une autre encore;-)
Merci de votre visite.
Écrit par : frasby | mercredi, 29 octobre 2008
@Solko : Ce qui a perverti le slam c'est qu'il ait été récupéré par la culture de masse (qui a décidé que,lorsque que les jeunes faisaient des textes spontanés dans les cités, au moins ils ne brûlaient pas les voitures ), quelquechose de politiquement caricatural, et puis il y a eu une sorte d'opportunité aussi puisque le slam est arrivé au moment où la chanson française n'avait plus grande nouveauté à se mettre sous la dent .Le mouvement au départ est sans doute poétique et puis c'est devenu officiel donc forcément il a perdu son sens . Ce qu'on nous a servi de slam grand public est assez pauvre, d'ailleurs c'est une étrangeté que le slam sorte en CD (genre "grand corps malade" (bof) ou diam's (pur produit de masse) le slam c'est la claque de l'instant pure impro le mouvement spontané a quelquechose d'interessant , j'étais allée à Paris dans un petit bar , où une impro de slam avait eu lieu c'était superbe, les textes s'envolaient à mesure qu'il étaient récités , ça claquait dans l'instant ,et les types ne se prétendaient pas poètes, ils slamaient tout comme des musiciens de jazz à une époque, jouaient l'impro pour le plaisir, au milieu d'un fatras de textes il y avait quelques petites merveilles et ce ne sont pas celles qu'on a choisi pour le grand public. De toute façon la poésie ça disparaît dès qu'on lui colle cette étiquette, la poésie ne peut être que quelquechose qui échappe, les poètes proclamés tuent la poésie... (je sens, qu'avec cette dernière phrase , je ne vais pas me faire que des amis) tant pis ! Bonne journée à vous.
Écrit par : frasby | mercredi, 29 octobre 2008
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