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dimanche, 09 août 2009

Comme un dimanche

"Un peu après l'an Mil, il arriva que les basiliques furent reconstruites dans presque tout l'univers, et principalement en Italie et en Gaule. Bien que la plupart fussent très convenables et n'eussent à peu près besoin de rien, une grande émulation saisît chaque peuple chrétien de l'emporter sur l'autre en magnificence. On eût dit que le monde secouant et rejetant sa vieillesse, revêtait partout, la blanche parure (1) des églises"

RAOUL GLABER : Chroniqueur clunisien, XI em siècle.

romane 2.JPG

Sur la route des églises romanes en Nabirosina, se trouve une petite merveille dont la beauté (nul besoin d'être croyant), invite au recueillement. Personnellement, dès que je quitte la ville, c'est là que je retourne à pieds, pas les chemins buissonniers jusqu'au village de Bois Ste Marie, dont l'ancien nom "Sanctua Maria de Bosco", rappelle que ce petit bourg se trouvait autrefois dans une zone fortement boisée. Le nom de Bois Ste Marie, apparaît pour la première fois en 998 dans une charte du cartulaire de Cluny. A l'origine, il avait eu un prieuré de moines bénédictins, qui fût détruit au XVI em siècle lors des guerres de religions. A l'époque médiévale cette petite ville était entourée d'un rempart percé de trois portes. Bois Ste Marie, dont la population était plus importante qu'aujourd'hui était alors le siège d'une châtellenie royale et le centre d'un archiprêtré de 32 paroisses. Elle possédait une prévôté et un hôtel des monnaies (dont je vous montrerai le bâtiment un jour, puisque l'hôtel même, aujourd'hui ne se visite plus, hélas!).  L'endroit fût affecté par les ravages terribles de la part des Armagnacs en 1420, et des calvinistes en 1567. Concurrencée par le bourg voisin de La Clayette, à partir du XV em siècle, son rayonnement déclina peu à peu, seule l'église subsista, témoin de cette ancienne prospérité. Et quelle église ! (un véritable petit bijou), finement restaurée, une des plus belles églises de la région. Elle fût sauvée in extremis de la ruine au XIXem siècle, et restaurée de fond en comble par les soins de l'architecte MILLET disciple de VIOLLET-LE-DUC. Elle est classée monument historique depuis 1862.

L'été dernier déjà, et plus tard, hors saison je vous avais montré quelques vues de ce lieu admirable qui se trouve à moins de 100km de Lyon. Si vous passez par là, n'hésitez pas à visiter ce minuscule village qui n'a pas encore subi les affres du tourisme de masse. Les derniers commerces ont fermé, de même que le dernier bistrot. Ici, on ne rencontre presque personne. Il n'y pas de boulangerie, ni épicerie, pas de bureau de tabac, juste des vieux, des vieux partout qu'on ne voit pas... Et des pierres, vieilles aussi, qui semblent raconter toujours la même histoire, celle d'un Moyen-Age et de ses légendes, peuplées de chevaliers, d'anges et de démons. J'espère rester encore quelques jours dans cette région pour vous montrer l'intérieur de l'église, (s'il est possible), la lumière y est splendide mais difficile à saisir fidélement, au moins, vous montrer le déambulatoire ou les chapiteaux de la nef dont l'un cruel est fascinant (et je ne cesse d'en parler, c'est un comble !)  il a pour nom "Le châtiment du bavard".

A suivre peut être un certain jour...

(1) :Cette métaphore "cultissime" a subi au cours du temps quelques variations toujours liées à l'habit voire l'ornement, ici l'on traduit en "blanches parures des églises" ailleurs on trouve "la blanche robe", mais la métaphore la plus connue toujours attribuée au contesté Raoul GLABER est le fameux "blanc manteau d'églises". Si vous connaissez d'autres versions ayant trait à cette métaphore, n'hésitez pas à nous faire signe. Qui sait si certains jours ne fera pas un petit  nuancier autour de la phrase Glaberienne...

Photo: L'église romane de Bois Ste Marie du moins, une des façades que l'on peut apercevoir juste en arrivant dans le village. Vue d'une petite place qui sert à garer les autos, (celles-ci confiées à la garde indulgente d'une discrète Sainte Vierge cachée dans la verdure). Dimanche 09 Aôut 2009. © Frb.

Commentaires

Une précision intéressante sur le sujet :

"Les monastères ont connu, à différentes époques, une richesse inouïe.
Ceci n’était pas prévu par saint Benoît.
D’autant que là où il séjournait, au mont Cassin, la bourse et les caves de l’abbaye pouvaient se trouver à peu près vides.
La Règle au surplus prévoit que l’on ne cherche point à s’enrichir par des gains excessifs sur les produits du travail monastique.
Mais il s’est trouvé que la foi des riches de ce monde, dans le haut Moyen Age surtout, a voulu doter les monastères.
Fallait-il refuser ce don périlleux ?
Les monastères préfèrent appliquer une autre règle traditionnelle de la pauvreté et du travail chrétien, que saint Benoit avait lui-même pratiquée et prescrite : le surplus, qu’one le donne aux pauvres, c'est-à-dire cette fois aux mendiants.
On se scandaliserait facilement de la fabuleuse richesse des grandes abbayes au Xè ou au XIIè siècle ; mais sait-on assez que Cluny nourrit en une seule année jusqu’à dix-sept mille pauvres, et qu'il n’y eut guère de monastère qui n’entretînt chaque jour les indigents par centaines ?
En un temps, de surcroît, où l’assistance sociale de l’Etat restait, et pour cause, à peu près nulle, les moines eurent non seulement à secourir indigents, orphelins, vieillards ou réfugiés, mais aussi à remplir les tâches couteuses dont se charge désormais l’administration publique.
Si bien que, malgré leurs immenses ressources, on vit des abbés – en particulier saint Odilon de Cluny lui-même – aller jusqu’à vendre les pièces du trésor de la sacristie pour faire face aux besoins de leurs frères les pauvres, afin que « tout soit partagé à chacun selon ses besoins »."

Claude Jean-Nesmy,
"Saint Benoit et la vie monastique"

Écrit par : Joanny | vendredi, 14 août 2009

"Les derniers commerces ont fermé, de même que le dernier bistrot. Ici, on ne rencontre presque personne. Il n'y pas de boulangerie, ni épicerie, pas de bureau de tabac, juste des vieux, des vieux partout qu'on ne voit pas... Et des pierres, vieilles aussi..."
Il y a des jumelages dans l'air, avec des villages à beuquettes.

Écrit par : Comité de jumelage | vendredi, 14 août 2009

Je vois celle du village où ma mère est née, mais elle est cistercienne, complètement rénovée à partir de 1937 et quelles splendeurs !!!

Écrit par : patriarch | vendredi, 14 août 2009

Dites Frasby, à quand un week-end en amoureux à Vézelay ?

Écrit par : Chr. Borhen | vendredi, 14 août 2009

@Joanny : Cet extr. de texte de C.J. Nesmy est un éclairage , très interessant, parmi d'autres. qui inviterait sans doute à se replonger dans les récits des conflits qui opposèrent Cluny et Vezelay... Pour mieux imaginer ce que fût cette époque peut être faudrait il se pencher aussi sur les textes de Bernard de Clairvaux ??? ou l'histoire des Benédictins blancs (Cisterciens) contre Bénédictins noirs (clunisiens).... Une histoire ni toute blanche ni toute noire semble-t-il ,mais que l'architecture révèle assez clairement.
Merci de votre visite et pour ce document.

Écrit par : Frasby | vendredi, 14 août 2009

@Comité de jumelage : Je comprends que vos intentions soient nobles et humanistes... Mais je vous vois venir (la beuquette, surtout fine stratège, (mine de rien, assez redoutable ;-)) ébaucherait-elle sous appellation de "jumelage"
(un euphémisme ?), un rachat pur et simple (pour une berthe de lait symbolique), du village de bois Ste Marie ?...
voire une fusion ??? Bois Ste Marie annexée aux Ardennes ?
Ah mais c'est que nos vieux y sont méfiants ici et méchants dès qu'ils voient poindre le bout du nez de l'étranger !
Moi je suis pas contre. Je trouve que c'est une très belle idée. Mais le mari de Blanquette... Ouhla ! doucement ! faudrait point venir marcher sur les platebandes des boscomariens. Vinzeux de vinzou !

Écrit par : Comité du farouche (avec une fourche) | vendredi, 14 août 2009

@Patriarch : J'ai vu ! sur votre blog les splendeurs de vos abbayes. L'architecture cistercienne est assez sidérante. J'ai vu chez vous Une vaste crypte et une lumière à couper le souffle... des lignes d'une pureté incomparable
Et c'est encore Viollet Le Duc qui restaura il me semble la basilique de Vezelay...
Merci pour ce commentaire en écho... (Vezelay vs Cluny)

Écrit par : Frasby | vendredi, 14 août 2009

@Chr Bohren : O mon dieu ! Me voilà sur le point de céder à la tentation ! Mais à une condition, promettez moi de venir dans votre petite robe de bure, (ceinturée de ronces à la taille... Hummm !!!)
Je vous attendrai Dimanche prochain à l'aube derrière la crypte.
A dimanche ! ;-))
Bien fébrilement...

Écrit par : Frasby | vendredi, 14 août 2009

Mais qu'attendez-vous pour vous lancer dans la rédaction de feuillets touristique ? Ainsi, la population, charmée par vos propos passionnés et passionnants, s'empresserait d'aller battre la campagne (la pauvre ne méritant peut-être pas un tel châtiment...:o)) redécouvrir ce qui fait toute la beauté de notre patrimoine !

De ces lieux magique !

Un bien bon we à vous, profitez-en pleinement !

Écrit par : liam | vendredi, 14 août 2009

et l'on peut, si l'on veut, ajouter à "touristique" et à "magique" un "s" chacun, sans quoi ils pourraient aller s'en plaindre à je ne sais quelle administration compétente et je me retrouverais alors bien embêté !

Écrit par : liam | vendredi, 14 août 2009

@Liam : C'est gentil ! Voilà un commentaire very choutant
vous me donnez d'ailleurs une idée pour la rentrée, les temps sont durs (je veux dire par les temps qui courent ce n'est pas le ministère de la culture à la botte de je ne sais quelle "exception culturelle" qui va faire bouillir la marmite de nos artistes. Les feuillets touristiques s'avèreront donc un kit de survie très envisageable. Sauf que je ne les ai pas sortis de mon chapeau, pour tout dire, (rendons à Cesar) je n'ai fait que synthétiser (pas copier coller hein !) les recherches de nos historiens, il y en d'excellents penchés sur l'art roman , et je n'aurais pas, je crois l'envergure d'étudier aussi bien l'histoire qu'eux , ni l'indélicatesse d'aller marcher sur leurs plate-bandes et puis l'essentiel : les touristes viennent par toutes petites fournées dans ce village, il sont encore respectueux du lieu. Dieu merci, C.J. ne fera pas le buzz sur Bois Ste Marie, sinon ce serait une vraie cata, imaginez les camping car, les boîtes de cocas, des files indiennes de bermudas sous "le châtiment du bavard"... Comme vous dites grosso modo il ne faut pas battre trop brutalement la campagne. Nous y veillerons... Mon attachement est très loin de tout ce bazar
et comme je me fiche des administrations (surtout des dites "compétentes") je peux vous assurer que vous ne serez jamais embêté. Je suis touchée de la façon dont vous appréciez ce petit village. Si vous passez là bas, un jour, et que le hasard me met sur votre route je serai ravie de vous servir (officieusement) de guide. (satisfait ou remboursé ;-)
Excellent Week end à vous aussi !

Écrit par : Frasby | vendredi, 14 août 2009

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