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lundi, 21 septembre 2009

Haute voltige

"Mais le jugement du vulgaire ne comprend pas grand chose au désespoir..."

SOREN KIERKEGAARD (1813-1855) in "Traité du désespoir". Editions Galimard 2006

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On dit souvent que S. KIERKEGARD, est le "père de l'existentialisme", (cette idée a été vivement contestée par Asger JORN, dans un excellent texte intitulé "Sur la situation singulière qu'occupent dans l'humanité les mâles", livre dont je vous reparlerai un - certain - jour...), mais au delà du commun des on-dit, (père de... ou non), KIERKEGAARD, (Soren Aabye), (écrivain et philosophe danois), a écrit des oeuvres importantes dans un laps de temps de quelques années. Le "Traité du désespoir" est le dernier ouvrage majeur, qui regroupe aussi les grands thèmes "kierkegaardiens" évoqués dans les précédents livres. Fervent chrétien, théologien, il s'oppose à l'église danoise, (église luthérienne d'état), au nom d'une foi individuelle et concrète. KIERKEGAARD, écrivain, déroute. Ses premières oeuvres sont rédigées sous divers pseudonymes, qui sont autant de personnages inventés et souvent, ces pseudos-auteurs commentent les travaux de pseudos-auteurs précédents (Ex : Johannes Climacus, et l'excellent Anti-Climax). Gilles DELEUZE s'en souviendra lorsqu'il développera sa notion de "personnage conceptuel", désignant des personnages fictifs ou semi-fictifs crées par un ou plusieurs auteurs, afin de véhiculer une ou plusieurs idées.

Pour en revenir au philosophe, plus spécifiquement à "l'angoisse", KIERKEGAARD la considère comme un "vertige du possible". Je résume parce que sinon, il faudrait épuiser une bonne dizaine de blogs, et quelques vies, (c'est angoissant ;-) "vertige du possible", donc (mais ce n'est pas aussi simple que ça !). L'angoisse contrairement à la peur n'a pas d'objet déterminé, si on a peur de quelquechose, il est plus difficile d'angoisser de quelquechose" et quand bien même "le quelquechose angoisserait" cela serait encore pour quelque(s) raison(s) indéterminée(s). L'angoisse met en question l'ensemble de l'existence et nous fait entrevoir le néant. L'homme doit donc se risquer à choisir (vertige ?) et à agir sans pouvoir maîtriser totalement l'avenir. C'est le sens "du saut dans l'absurde" augurant parfois cette entrée dans "le désespoir" (autre thème Kierkegaardien), mais qu'on ne s'y trompe pas, angoisse et désespoir ne sont pas des notions négatives aux yeux de KIERKEGAARD, le "traité du désespoir" malgré son autre titre moins connu "La maladie à la mort", n'a rien d'une lamentation sur la détresse humaine, et paraît même davantage une exploration du rapport à soi. Ensuite libre au lecteur d'affirmer ou de contester l'idée que les plus profonds tourments peuvent élever l'humain à une sorte de joie supérieure... A vrai dire je ne souhaite pas soulever ce lièvre là ;-) disons que ce n'est pas exactement l'objet de notre billet. Je préfère vous livrer un extrait de ce livre, superbe d'acuité. Puisse son lecteur (ou sa lectrice) ne pas trop s'y retrouver ...

"Traité du désespoir", extrait :

"Désespérer d'une chose n'est donc pas encore du véritable désespoir. C'en est le début, il couve comme disent d'un mal les médecins. Puis le désespoir se déclare : on désespère de soi. Regardez une jeune fille désespérée d'amour, c'est à dire la perte de son ami, mort ou volage. Cette perte n'est pas du désespoir déclaré, mais c'est d'elle-même qu'elle désespère. Ce moi, dont elle se fût défait, qu'elle eût perdu sur le mode le plus délicieux s'il était devenu le bien de l'autre, maintenant ce moi fait son ennui puisqu'il doit être un moi sans "l'autre". Ce moi qui eût désespéré - d'ailleurs en un autre sens aussi désespéré - pour elle, son trésor maintenant lui est un vide abominable quand "l'autre" est mort ou comme une répugnance, puisqu'il lui rappelle l'abandon. Essayez donc d'aller lui dire : "Ma fille, tu te détruis" et vous entendrez sa réponse : "hélas  ! non, ma douleur, justement, c'est de n'y parvenir".

Photo: Feuille jaune à bords roussis, isolée dans l'espace. Vue juste à quelques mètres d'une multitude de rousses virevoltant gaiement sur la mythique Tabareau. Lyon, colline, Septembre 2009. © Frb

Commentaires

Votre billet, bien "troussé", me donnerait presque envie de lire "traité du désespoir". Mais peut-être l'ai-je déjà et ne l'ai- je pas lu ?Je vais vérifier.

Écrit par : gballand | samedi, 03 octobre 2009

@g balland : C'est vrai ? Merci !
pourtant mon billet c'est de l'édulcoré de chez édulcoré superlight. On a beau ne pas être d'accord avec tout Kierkegaard, c'est quand même de la très belle pensée. Ca se lit merveilleusement... Vérifiez ! vérifiez!
Si vous lisez ce petit traité, n'hésitez pas à nous faire part de vos impressions.
Bonne journée !

Écrit par : Frasby | samedi, 03 octobre 2009

Et me voilà, à 8h du matin, à me dire "tiens, tiens, et si je lisais Kierkegaard…" : frasby, vous êtes dangereuse ;-)

Écrit par : ficelle/sauf | samedi, 03 octobre 2009

@Ficelle/ sauf : (sourires) Bonjour vous !
Buvez un petit café avant d'attaquer "la falaise Kierkegaard", lire Kierkegaard sans un petit kawa au préalable, c'est ça qui serait dangereux.
Face à un tel succès (ah ! ah! tout de suite le melon )
Je me demande si je ne vais pas ouvrir un petit kiosque itinérant, plein de bouquins de Kierkegaard et j'irai de ville en ville vendre à la criée le petit "traité du désespoir"... Lisez ! lisez bonnes gens ! Enfin une situation stable !
Bonne journée alors ! et bon pied danois ;-)
Merci pour le commentaire très marrant.

Écrit par : Frasby | samedi, 03 octobre 2009

- "L'espoir ? Le voici : que nous soyons fidèles toujours à une promesse jusqu'ici pourtant jamais tenue à une aurore imprévisible, mais dont la lueur imaginée nous tient debout sur le tranchant des heures."
J-M Barnaud

Écrit par : JEA | samedi, 03 octobre 2009

@ frasby

Si dans votre kiosque, vous vendiez également quelques chapeaux... ce serait original (si vous le désirez, je puis lui aménager une "beuquette" à ce kiosque).

Écrit par : JEA | samedi, 03 octobre 2009

@JEA :" Etre fidèle à une promesse"... Voilà qui m'a toujours paru presque surhumain, supra-humain et le sens le plus fin, le plus absolu d'être au monde. D'un point de vue individuel, je déplore souvent de ne l'être pas,( fidèle !) manque d'envergure, de constance, pour tenir le grand(s) fond(s) de cette "ligne" pure, une promesse qui tiendrait sur la durée de toute une vie. Tandis que j'en rêve, j'admire profondément les 2 ou 3 personnes rencontrées en une vie (certes trop courte) qui sont restés "fidèles à une- une seule- promesse", et bizarrement ce sont ceux qui ne se présentent pas comme tels, êtres discrets qui ne se sont jamais risqués à prononcés la phrase "je te promets"...
Merci pour cette profonde phrase de J.M Barnaud ... "Debout sur le tranchant des heure"...Beau fil des jours et des ans sous nos corps funambules ?

Écrit par : Frasby | samedi, 03 octobre 2009

@JEA( bis) : C'est que j'y avais bien pensé, mais je n'osais pas vous demander, (enfin pour la Beuquette... Hein !)
Mais oui, j'ai fait tous les calculs, le comptable m'a dit
"Non, non, vendre que des "traités du désespoir" vous n'arriverez jamais à joindre les 2 bouts (les debouts ?) vendez des drapeaux, des ballons, des chapeaux, là oui ! vous ren-ta-bi- li-se-rez". Alors c'est comme si c'était fait. J'ai déjà un bon lot de casquettes à visières, melons, bérets, tricornes.
Merci, JEA je vous attendrai demain à 6H00, devant la mo(t)saïque, là où vous savez... Dites à la Beuquette d'être à l'heure. Votre idée va faire un malheur... Euh un bonheur vous dis -je ! Merci pour votre précieuse collaboration ;-)

Écrit par : Frasby | samedi, 03 octobre 2009

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