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samedi, 03 avril 2010

Le printemps est inadmissible

"When I am not this hunchback that you see,
I sleep beneath the golden hill"

LEONARD COHEN extr. "Avalanche" in "Songs of love and hate" (1971)

IMG_0012_3.JPG

Un rade plein de douceurs atteint de gigantisme, à la terrasse de la Manille, j'ordonne mon bazar de printemps. Le soleil, ce tyran, m'impose son accolade. Je suis bien obligée. Comme chacun, je souris, mais les efforts de cette joie me désincarnent. J'aurais préféré sous la pluie épouser tout le gris, que certains disent "inavouable", me coucher sous un chêne, hiberner pendant l'éclaircie. Ici, je fais semblant de ne pas rouler sous la table. j'enfouis ce plomb (inavouable aussi), dans la note minuscule d'un expresso servi à demi-tasse avec cette noisette enrobée d'un chocolat malade, de couleur marronnasse. Trop pâle pour être vrai. Je paye. Je dis merci.

Dehors, tous butinent. Les affiches sont gaies. L'emphatique propagande happe les plus hostiles ; des jupes fendues, aux produits bio, plantes d'amazonie, miraculeux bronzants à base de jojoba, fluides hydratants (hyper), effet jeunesse (bonne mine), qui s'étalent en vitrine dans les pharmacies (parapharm). Des tulipes prépensées, de tristes myosotis tremblent dans les rocades tels des nouveaux nés à têtes de vieillards bleus, s'accrocheraient aux barreaux d'un berceau d'hôpital, plantes à l'air comme en serre griffant les murs polyvalents de quelque autre antichambre. Le printemps draine ses allergies. Une vague odeur d'ambre flotte rue d'Algérie. J'aurais aimé cueillir l'iris, en planter tout l'exquis dans le coeur du promeneur comme on plante un couteau sur un gigot ami. Oserait-on ?

Pour tenir la saison je récite sans reprendre ma respiration tout l'alphabet de gauche à droite, cela me distrait de l'ennui. Je me suspends au W ce signe blanc, agité d'un éclair. Je coche quelques mots au hasard "givre", "bonnet, "chamois" ou "ski". Et ainsi, les heures passent. Le jour est long, jusqu'à 20H38. demain, 39. J'exile des fleurs sur un manège, et me souviens de ces amants à tête de bouquets garnis qui baguenaudaient la parenthèse, montés sur des escalators, comme sur des échasses, vérifiaient en vitesse, leurs charmes irrésistibles, dans les glaces des grands magasins, où chaque angle toujours renvoie des reflets, mille boules de boites de nuit effaçant ça et là les tourments de nos essayages, ou grossissent démesurément nos humanités ébaubies. La belle saison attendrirait, ces gens, un brin de muguet leur poussera dans la main. C'est écrit.

Bras dessus, bras dessous avec un gusse à l'abordage de la saison du blanc et des soldes à 50% sur l'osier et les chaises de jardin, madame Machin menant monsieur fait ses emplettes. Je gambade en robe champêtre sur une savonnette au citron. J'achète deux piles non-dégradables pour alimenter mes engins, je tire à coup de Pentax sur un tag très anti et à la verticale, entre deux filatures, j'embrasse le répit. Dans 15 télévisions d'un magasin (hyper) un ministre parle de travail. La retraite à soixante dix ans. Et pourquoi pas à quatre vingt ? Et qu'il ne reste pas un seul être inactif sur cette terre. Tout devient possible. Il me tarde...

Il me tarde de partir, d'élaguer ce dédain, de flâner entre Houlgate et Le Havre d'adorer Lambersart, de visiter Maubeuge, loin des collines travaillantes, tuer les courbatures qui hantent la poésie, m'extasier à Limoges devant une soupière en porcelaine, aborder dans les granges la candeur d'une tête de cabri, puis d'aller saluer mon âne qui broute à l'infini avec les yeux battus de l'ange, mi pur, mi crétin, fixant (hélas, je ne suis qu'empathie!), avec toujours le même amour, son brin de bouton d'or.

Que cet étroit sillon couturé de bourgeons nous jette à l'inouï. Qu'un peu d'inattendu s'impose au lieu de cette peau de chagrin trop aimable, forçant le joug au spectacle de nos séductions. Légèreté dite de saison qu'une foule idôlatre cueille en son paradis et, fourrageant sans cesse au pays du soleil, s'en ride le sourire d'une joie grimaçante à en faire pleurer les pingouins. Tout le reste du temps, se cuivre dans les plis, sous ces écrans. Toto, nos hâles nous déterminent. Dans ces midis, préludes à quiches et à pizzas à moitiée croquées et laissées au milieu des pelouses, il nous est interdit tout autant de forniquer que de déposer des ordures. Toute cette solennité, indulgence pour qui renaît (A la ville et l'univers !). Etonnez moi Benoît, pardonnez les péchés et ouste ! qu'on en finisse !

Indulgentiam, absolutionem et remissionem omnium peccatorum vestrorum, spatium verae et fructuosae pænitentiæ, cor semper pænitens et emendationem vitæ, gratiam et consultationem sancti Spiritus et finalem perseverantiam in bonis operibus, tribuat vobis omnipotens et misericors Dominus...

Etonnez moi Benoît ! mais avec d'autres vers ! je sors vite, et m'en vais égayer l'avalanche, peut être y retrouverai-je, la piste des rois mages, le rameau bien caché élu des mondes d'Alceste, et que les franges étincellantes des emballages de papillottes me dispensent de ces saloperies qui nous obligent chaque printemps à devenir plus beaux que nous mêmes. Je me déguise en flou de coquelicot, vêtue de tulle, je crapahute avec des breloques aux oreilles devant les vitrines de sandales de la "halle à sandales", j'achète des bougies parfumées "fraîcheur d'Avril", un truc à fleurs et du senbon, une note de fond à base d'héliotropine, caricature d'un idéal, je ris en portant mes cabas. A la terrasse du Voxx, je croise Fifi, Riri,  bardés d'I.pod, de mp3. On se pète les bises et puis je m'assois. "Comment ça va ? Ché pas. Et toi ? Ca va ! et toi ? Ca va bien !". Le serveur apporte les bières. Les reflets de la "Mort subite" épousent le coucher du soleil. On parle d'allergies aux pollens : cyprès, bouleau, chêne, frêne, platane, du rôle déterminant du vent dans le transport des grains, des yeux rouges qui piquent et de l'action de l'histamine. La conversation bat son plein. Tout baigne apparemment, j'aime mon prochain, on m'aime. Je ne suis qu'amour, et lumière. Au grand secret, je traîne à Tignes, à Chamonix, à 2317 mètres d'altitude, un glacier coule lentement sur ma pente. Entre les Roches rouges et le dôme du Goûter, le glacier des Bossons m'appelle.

Photo : Le printemps n'est pas inadmissible sur la pelouse du Bordel-Opéra. Deux bienheureux en état de grâce photographiés dans la bonne ville. Une idée du centre du monde. Lyon, Avril 2009. © Frb.

Commentaires

1958. Brel au sacré-coeur de Montmartre : "Au printemps"...
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Écrit par : JEA | mercredi, 14 avril 2010

Après un premier échec pour déposer un lien, nouvel essai :
- http://www.youtube.com/watch?v=hrZgmbVTh6o

Écrit par : JEA | mercredi, 14 avril 2010

@JEA : Toujours aussi matinal JEA ? ;-) et en plus
Pour nous livrer les artichauts du Sacré Coeur ! Bien vu !
Je vous donne mon glacier, ma luge et mon bonnet
contre 1 Paris au printemps...

Écrit par : frasby | mercredi, 14 avril 2010

Entre Houlgate et Le Havre : le Marais Vernier. Hors des bousculades touristiques, des voies supposées rapides et des ponts-cifs. Pas de cheminées déclarant leur flamme aux hydrocarbures.
Mais la réserve naturelle des Mannevilles. Et Sainte-Opportune-la-Mare (ça ne s'invente pas). Des silences prolongés. Un phare planté en pleine terre. Des cimetières de guingois.
Pour la luge en temps neigeux sinon le vélo...

Écrit par : JEA | mercredi, 14 avril 2010

@JEA : Voilà du grain Jeassien des grands jours !
Le Marais Vernier on dirait un personnage de Balzac
Vous savez que j'adore parler de ce que je ne connais pas.
Houlgate, j'ai vu, mais le Havre ! franchement, qu'irai je faire au Havre ? Je ne suis jamais montée si haut !
Par contre, la leçon de géo-poétique matinale, risque de donner des idées folles à mon petit vélo.
La réserve naturelle des Mannevilles encore une Saga et des drames (où il y aurait des animaux ?) (question)...
Sainte Opportune-la-Mare : Vous êtes sûr que ça ne s'invente pas ? Les silences prolongés , un phare, et des cimetières de guingois: vous me prenez par les sentiments là. Va pour Sainte opportune-la Mare !
sans luge ni vélo,dans le plus grand dépouillement ...
pieds nus au bord des tombes.
Et qui est ce Guingois ? Le propriétaire du cimetière ? (;-O!)

Écrit par : frasby | mercredi, 14 avril 2010

faites très attention Frasby quand vous parlez de Madame Machin c'est une amie, avant qu'on me la présente je disais souvent mais vous pourriez quand même l'appelez par son nom au moins! C'est une histoire vraie comme toutes les histoires que je raconte d'ailleurs!! Madame Machin a un prénom c'est Monique....et à nouveau je vous tire mon chapeau...là où vous savez....

Écrit par : catherine L | mercredi, 14 avril 2010

De cette profusion je retiens l'âne beatnick, parce que j'aime les ânes (un penchant que nous partageons je crois comprendre) mais aussi parce que votre billet entier me semble beatnick avec ses errances d'un café l'autre, d'un souvenir l'autre, d'un désir d'ailleurs à une apologie du présent dans cette photographie à rendre jaloux tout individu qui n'a pas oublié ce temps bienheureux où on pouvait se rouler sur les pelouses en s'embrassant (ce que je ne saurais plus, même si je trouvais un amoureux pour m'y inviter, ce sont des ébats réservés aux tourtereaux nés de la dernière pluie, celle juste avant le retour du soleil). Bien à vous chère Frasby

Écrit par : Zoë Lucider | mercredi, 14 avril 2010

Belle butinerie de printemps sur fond d'allergies... Le pire est toujours à venir, Frasby.

Écrit par : gballand | jeudi, 15 avril 2010

J'ai toujours été fasciné, et je le demeure, et je le demeurerai sans doute jusqu'à mon dernier souffle par la déclaration du Roi Arthur, Prince des Ardennes (bonjour JEA), et pour tout dire Thaumaturge éternel : "J'ai embrassé l'aube d'été."

Mais comme la rimbaldienne révélation est trop forte, trop fracassante, plus justement pas encore de saison, fût-elle en enfer, et pour tout (vous) dire pas assez "fluide", en tout cas pour le moment - et Dieu sait si j'envie et je jalouse actuellement la fluidité et la bonne circulation des choses et des êtres... -, ce matin, je suis le plus heureux des hommes. En effet, viennent de s'afficher sur l'écran des mots qu'avec ou sans votre consentement je garde en captivité, jusqu'à nouvel ordre s'entend : "J'embrasse le répit".

(Grand texte Frasby.)

(Ah oui, j'ai l'impression que la "cruci-rousse" que vous devez être, forcément, lorsqu'elle descend de sa colline pour appréhender - et parfois apprécier - la ville en ses commerces (et en ses transports) débarque de l'autre côté du monde qui, paradoxalement mais fort logiquement, figure bien de ce côté-ci du monde.)

(Ah oui, est-ce qu'en mon absence on a fait un sort à la poussière et ouvert les fenêtres à "La Quiétude" ?)

Amen.

Écrit par : Chr. Borhen | jeudi, 15 avril 2010

Quand je vous lis, j'ai parfois envie de pleurer, mais je ne sais pas toujours de quoi. De tout un peu à la fois, je crois.

Écrit par : Anna de Sandre | jeudi, 15 avril 2010

Bonjour Frasby.
Beau billet, billet de saison. Merci de me rappeler que rien ne ressemble plus au printemps que l'automne et vice-versa. C'est encore du bon sens.
Vous savez, je vous le dit à vous, à propos de Jean Paul, Benoit et les autres, pour que vous ne vous étonniez pas de l'indulgence que j'ai l'air de ressentir -et que je ressens à leur égard - il me semble qu'ils sont les seuls à maintenir encore une théâtralité essentielle dans ce monde dé-théâtralisé à l'exrême, qu'importe ce qu'ils disent puisque personne n'est obligé de les suivre : je crois cette théâtralité essentielle dans le monde où nous sommes : voilà pourquoi je m'abstiens de taper sur eux comme il est de mise en ce moment.
Cette parenthèse mise à part (j'ai senti de le faire), vous savez comme le beau diapason d'Alceste résonne entre nos textes.
Amicalement

Écrit par : solko | jeudi, 15 avril 2010

de - vague- mémoire , une chanson d'un groupe irlandais "the wolfe tones"

"and the four seasons come
and the four seasons go
in a cycle that spins our life away..."

et une question : existe-t-il (ce serait pure merveille) un vieux blues intitulé : "springtime blues" ?

Écrit par : hozan kebo | jeudi, 15 avril 2010

@Hozan Kebo : Je connais mal "the wolfe tones"... N'est ce pas un de ces groupes avec des chtis flutiaux celtiques ?

Enfin, à lire, ils sont très beaux ces vers...
juste essentiels

"Spingtime blues" mais bien sûr que cela existe !
Vous connaissez, je suis sûre !
Allez ! on fait péter le mange-disque, just pour vous, c'est roots pas frelaté, du bon du vrai
"Springtime blues" par Sonny Boy Williamson, pour vous distraire !
http://www.deezer.com/listen-274170

Écrit par : frasby | vendredi, 16 avril 2010

@Anna de Sandre : Je ne sais quoi répondre à cela, c'est un sujet si personnel...
L' envie de pleurer, d'ordinaire, c'est un peu quand on regarde le monde, non ? Enfin,, j'crois comprendre "un peu tout à la fois"
On voudrait l'expliquer qu'on ne le pourrait pas.

Écrit par : Frasby | vendredi, 16 avril 2010

@Zoë Lucider : Je lis avec grand plaisir (ah ! c'est bien chouette!) que votre amour des ânes est toujours aussi vif, j'aime que l'amour soit à ce point aimé. Surtout que l'âne a son "gros caractère" il est gentil, docile, (certes, dans cette imagerie idéale qu'en fait l'homme) mais contrairement à ce que l'on croit, l'animal n'est pas si docile, ni si imbécile, il faut le comprendre, le choyer, mais le "dresser" est impossible. Doué d'une mémoire sélective très fine, le côté rebelle ou beatnik de l'âne est grandiose !. Ainsi l'âne gardera toujours, (si par malheur cela arrive) une rancune féroce en face d'un maître un petit peu trop despote, ce maître ne pourra alors plus rien tirer de l'âne, cela est bien ainsi. Je vous avoue, que ce petit trait de "gros caractère" cachant son jeu sous une apparence que tendre, me charme au plus haut point. Le billet "beatnik" c'est euh.. (?) comme si monsieur Jourdain était beatnik sans le savoir (?) (qu'est ce que je raconte ?;-) c'est bien chouette aussi, allez, je prends! je n'ai pas du tout connu cette époque, en fait, mais l'errance (et ses dérivés) me semble le seul kit (bigkit) de survie possible dans un monde où le mouvement se conçoit en terme d'adaptation" (ah!ah!) ! Avec des injonctions du genre "se réaliser, être soi". Se construire son avenir (pouah !). Sommes nous si intéressants que ça ? Non, vraiment, même si ce n'est pas réaliste, je préfère me vouer entièrement au présent. Et même qu'il me ravisse dans tous les sens du terme (comme sur cette photo, une vie entière sur une pelouse pourquoi pas ?, avec un tendre aimant, un peu contorsionniste (;-O) même à mon âge ça me va !), Si possible loin des regards, quoique les regards, dans ce cas de figure, on oublie vite! jalouse ? ah ça non ! je m'y refuse ! tant qu'on n'est pas perclus d'arthrose de rhumatismes, ou d'aigreurs d'estomac, il me semble que les tourtereaux n'ont pas d'âge, et qu'ils ont tous le droit (même le devoir ! même à 98 ans ! ) de se rouler n'importe où (pourvu que ce ne soit pas dans la farine) allons Zoë ! ne vous privez pas ! la dernière pluie n'aura jamais tout dit roulons nous dans l'herbe les uns les autres, (oui, c'est un appel d'offre (;-O!). Comme le disait le roi Arthur du haut de la plus haute tour " etc... :
http://www.deezer.com/listen-2425763
Ps: Cela dit ma naïveté est si confondante que même les oies se moquent de moi... "L'appel de la pelouse", comprenez... Roulez vous sans chichis, Ozë Zoë ! C'est mon conseil, il ne vaut pas un clou c'est bien pour ça que je me permets... Merci pour vos précieuses visites ici.

Écrit par : frasby | samedi, 17 avril 2010

@g balland : ravie de vous relire ici. Les butineries l'emportent sur les allergies, un bras de fer avec le pollen (a-ton déjà vu chose pareille ?) .
Le pire reste à venir ? Diable ! vous me faites peur. C'est la seule chose à laquelle je n'osais penser. Au pire. Je croyais bien bêtement, aux vues des pelouse chétives et des fleurs maladives du printemps en nos villes que ça ne pouvait que s'atténuer. Vous me faites peur.... Impossible de fuir tout cela au loin, il y a grève de trains. L'été sera t-il celui des plus grands chagrins ? Ne dites pas oui , même s'il vous faut mentir. Je vous souhaite quand même un beau samedi (et avec le sourire ! on y croit très fort ! ;-)

Écrit par : frasby | samedi, 17 avril 2010

"La vie est là, toute simple" mais blasonnée par nos connaissances, mise à distance par nos références, éclairée par elles aussi, cernée, discernée par nos mots, donc accessible et inaccessible... Tout ça se déroule en dehors de nous.
Sinon, Maubeuge, c'est moche, c'est petit et labyrinthique, une ville dans laquelle on peut tourner en rond, comme si on tournait en rond dans un panier— invraisemblable et vrai en même temps. La seule raison d'être de Maubeuge est qu'elle ouvre la route vers Charleville et Rethel... Charleville pour Follain (non, je n' parl'rai plus de l'Autre qui n'est pas moi), et Rethel pour Dhôtel. Et par là, on peut aussi atteindre Laon qui abrite dans sa bibliothèque des Incunables, le plus vieux manuscrit de notation musicale que j'ai eu l'occasion de regarder avec une émotion inexplicable qui abolissait l'espace/temps, comme dans certains récits de science-fiction. C'était sans manière, beau et direct, épuré à l'extrême, cette façon de noter la musique, sans doute pas très précis, mais l'imprécision a ses charmes, parfois...
Sinon, y a pas que le printemps qui soit inadmissible.

Écrit par : mon chien aussi | dimanche, 18 avril 2010

@Mon chien aussi : votre commentaire est superbe! il ouvre des chemins là où des portes claquent. Vous savez bien, que je n'éprouve aucun plaisir à tant les claquer, disons que je m'y cogne et ne tient pas tant à en rester, aux voies de garage ou à l'inadmissible qui pourrait entraver une certaine façon d'être au monde, ("le coeur du monde", comme dit Cendrars), l'obscurité devrait bien nous éclaircir quelque part, l'inaccessible il faut l'admettre ou juste accessible par endroit, éclats, voire par extinction du feu même, "tout cela se déroule en dehors de nous", j'aime assez cette phrase. Pour ne pas confiner l'humain (notre humain! of course) de sa géographie disons petitement saisonnière (ou multi je ne sais quoi), je préfère épuiser les lieux, juste là où je me trouve, pour me réaccorder (comme en musique) et mener le lecteur là où je ne suis pas (Franchement, il sera libre d'y trouver ce qu'il veut, quelle mauvaise foi ! Maubeuge, quand même ! rires), ensuite je serai assez contente (voire soulagée) de vous passer la main, et qu'avec votre coup de crayon attentif (est ce un fusain pur anthracite ?) vous ouvriez sur Dhotel et Follain (dont je me souviens avoir justement lu le portrait qu'en fît Dhôtel (chez Seghers, il me semble) pas grand chose d'autre -j'avoue - (;-O) (shame on me!) je connais mal Follain. Donc je veux bien (ah oui, je veux !) que ce printemps me le révèle (!) votre commentaire passe les murailles haut la main, nous décale d'un bon cran (j'aime ! Charleville-sans l'autre- Rethel. Ensuite Laon fascinera, (une cerise sur le grand nord). Le plus vieux manuscrit de notation musicale, rien qu'à lire ça = pure sensation, (entre nous ,ça me donne des frissons.
D'un monde inadmissible jusqu'aux mondes qui nous prolongent Les sons ! les sons ! je pensais à ces mots que vous aviez déposé ici un jour :
"M'illumino/ D'immenso "

Écrit par : frasby | dimanche, 18 avril 2010

@Catherine L : Vous connaissez Madame Machin ? Ben bon sang ! Le monde est encore plus petit que je croyais ! Monique Machin je ne connais qu'elle... C'est bien sûr ma meilleure amie (n'est ce pas votre meilleure amie aussi ?). ah que c'est épuisant de n'enoncer que des vérités (!!!) D'ailleurs, dites lui si vous la voyez, qu'elle me rende mon chapeau de paille, (celui avec des plumes de paon et des cerises dessus), je ne vais pas passer le printemps avec un passe montagne, j'ai l'ai de quoi ? non mais elle est gonflée ! Pour qui elle se prend ? Quand je pense que je vous ai tiré mon chapeau sur vos escaliers avec un passe montagne, j'en viens à détester Monique Machin, avoir ça pour amie ! quel toupet !
(en plus, vous ne trouvez pas qu'elle a un peu grossi ?)

Écrit par : frasby | dimanche, 18 avril 2010

@Chr. Borhen : Chaque fois que je vous lis (là bas chez vous, ou ici, je suis comme Anna, ou comme la terre
chez "l'autre"= (sic Monch') mais je préfère dire "Roi Arthur", comme la terre du roi, donc ! (en vous lisant) je fonds. D'ailleurs il n'est pas écrit dans les biographies, que le roi Arthur n'aurait pas fondu en vous lisant, n'empêche que ça ferait une sacrée "bonne bouche" (et sans flagornerie)... J'aime y songer (mais je m'égare) . Revenons à "nos propriétés".
Une grève de train et autres navrants cailloux m'empêchent pour l'heure d'aller mettre une option sur "La quiétude", "La quiétude", on ne l'achète pas, on la prend ! donc j'y retourne là, ces temps, dès que je peux et je penserai à vous, quitte à user de quelques ruses pour que cet endroit vous revienne. La quiétude est donc à Vareilles à 380 mètres d'altitude. L'aube d'été s'y embrasse à en faire pâlir, de jalousie, le roi même. Quant au répit, je n'ose vous dire, mais là bas, il s'étreint. Et toute cette démesure ne sera ni trop ni mal ("qui trop embrasse manque mal le train") bref, tout ça pour vous dire que votre commentaire me touche beaucoup. Que la révélation rimbaldienne vous prenne tout entier, pourvu que l'aube de printemps ne se sente pas en reste de toutes ces ardeurs que notre âme (bonne et belle, comme toujours) ne saurait garder pour elle même. Enfin, toutes ces ardeurs je vous les souhaite, avant (je l'espère), de pouvoir vous livrer clefs en mains "la quiétude". (Des promesses, toujours des promesses !). De l'autre côté du monde et bien de ce côté ci vous avez raison de l'écrire, ainsi nous ne pourrons nous perdre, ni nous faire valdinguer. L'inquiétude enfin abolie ! (c'est mon programme)
Merci à vous Chrisbor pour vos attentions, et vos lectures ici qui me sont si chères. Gardez tout en captivité vous avez mon accord . Si d'aventure, vous trouviez que c'est trop de compliments pour un seul homme, je vous autorise la joie de quelques ratures, mais je ne renierai rien. Il me tarde, de me dégager d'autres cruci bidules, pour aller rattraper chez vous, tout un temps qu'il me reste à lire...

Écrit par : frasby | dimanche, 18 avril 2010

@Solko : Bonjour Solko ! Ravie de vous vous lire ici. Il me tarde d'ailleurs de jeter au loin quelques sac (les obligations) pour retrouver mes blogs amis (je sens que prochainement j'irai passer quelques nuits à vous lire, je retarde ou j'avance, c'est si grave que je ne sais plus trop !) donc vous disiez... ?
Un billet de saison et je peux deviner (ou je peux lire parfois entre les lignes de vos billets) qu'au printemps, à l'été, (ces affreux moments obligés de joie et de festivités) , vous n'êtes pas le premier à agiter des clochettes ni à vous revêtir d'une chemise hawaïenne fluo, et je m'en réjouis, (je n'oublierai jamais "le gris inavouable" de votre causerie, que je vous ai impunément piqué, vous me choisirez mon blâme (pourvu que ce ne soit pas de participer à la fête de la m... (;-O!) je préfèrerai aller à la messe, à Fourvière, s'il le faut) Bon bref...
Le printemps et l'automne se reversent l'un dans l'autre, c'est un fondamental de certains jours, d'autres les appellent même des demi-saisons, on devrait donc créer une 5eme saison, où printemps et automne fusionneraient, comme
une vraie entreprise, ce ne serait pas du bon sens mais l'autemps ou le printomne nous vendraient des bourgeons enrobés de feuilles mortes, on aurait deux en un, comme avec la lessive, une fausse vraie joie enrobée du roussi des mélancolies, seuls les oiseaux migrateurs y perdraient sans doute leur latin. En parlant latin ( lisez' z'y l'art de enchaînement fin z'et habile. Allez hop !)= papotons papauté ! Vous savez que je ne connais rien en théatre donc rien en théâtralité, et encore moins en"théâtralité essentielle". Autant, "les gars du ts'arrolais" me paraissent theâtralement sympathiques, autant Paul ,Jean Paul, Benoît et les autres me semblent dépasser les bornes de l'antipathique, jusqu'à l'histrionnisme (est il essentiel >?) je viens à ce propos de voir Benoît 16 à la télé, et il faudrait que vous m'expliquiez, un truc pourquoi croyez vouscette théâtralité essentielle ? Quelque chose de votre pensée m'échappe, je ne désire donc pas vous contester sur ce coup là . Avant tout je voudrais comprendre! Parce que le benoît 16 theâtralité ou pas, desfois on dirait qu' il se rend pas bien compte (sur des idées comme le sida, par exemple, enfin moi, je ne peux pas m'attendrir mais peut-être suis dans l'amalgame, et vous tarauderai un jour pour que vous m'expliquiez... En attendant, je note très agréablement, avec quelle belle et tendre fidélité Alceste veille à notre ultime grain (fût il grain de folie essentielle, qui sait ?) en résonnant entre nos textes. Ce beau diapason, n'est pas rien. Je vous remercie pour ce chouette commentaire, + cette parenthèse, si vous l'avez sentie comme ça, ne vous privez pas, je vous souhaite une très belle soirée. A très bientôt chez vous, j'espère !

Écrit par : Frasby | dimanche, 18 avril 2010

Beau billet, Frasby, je lui trouve des rythmes céliniens. Mais je conteste un point : toutes prépensées qu'elles soient, des tulipes défieront toujours la médiocrité. Et ainsi de suite.
Mais c'est vrai aussi, ce que dit Solko, que rien ne ressemble plus à l'automne que le printemps. Je ne m'en étais pas avisé avec des mots. D'une floraison l'autre.

Écrit par : tanguy | mardi, 20 avril 2010

@Tanguy : Merci Tanguy. des rythmes céliniens (diable!) je n'y aurais pas pensé toute seule (C'est hénaurme, non ?, rhaunéme, drapon). Enfin... Je suis ravie de lire ici que vous défendez (mordicus) les tulipes. Car voyez vous, ayant changé de lieu, entre l'instant où j'ai écrit ce billet et l'instant où vous avez posé ce beau commentaire, j'avoue, (bêtement mais sincèrement) que j'ai éprouvé, ce matin à l'aube dans un jardin caché très loin du monde, une tendresse infinie pour la première tulipe rouge émergeant d'un parterre de myosotis à se damner, une tulipe qu'on attendait pas, à cet endroit, alors je vous accorde sans peine cette légitime contestation et penserai à vous en admirant ma tulipe mon unique, qui c'est bien vrai, défie toute les médiocrités.
Quand à ce que dit l'ami Solko sur l'automne et le printemps, nous sommes absolument en phase, cela incontestable s'éprouve et semble difficile à décrire, peut être même qu'à trop vouloir expliquer l'étrange et logique point de convergence
on en détruirait un petit peu le charme. Enfin voilà, je suis bien heureuse de vous lire, mon ami, j'espère que le printemps vous inspire créterius et aroums.(Doucement je raccorde les wagons lasse de tout délaisser, je prévois pour les semaines à venir de rattraper l'heure qu'il est, c'est pas gagné, mais j'aimerais bien y arriver...) A très bientôt, ici ou là, et j'espère sur le blue VB...

Écrit par : frasby | mercredi, 21 avril 2010

Oh Frasby, quel beau billet. Éblouissant, comme lorsque le soleil frappe l'eau...
(Pour ma part, j'ai tiré les persiennes pour rester dans la quiétude et préserver la folie poétique et créative, mais c'est un combat qu'il faut reprendre tous les jours, face aux machines sans âme et à leurs marionnettes jacassantes...)

Écrit par : Sophie K. | jeudi, 22 avril 2010

@Sophie K. Ah mais vraiment merci ! pour le baume au coeur, votre visite me fait plaisir, et je suis touchée que ce billet vous plaise. D'ailleurs j'aime beaucoup l'image.
Si seulement l'eau pouvait refroidir le soleil et le glacer qu'on puisse se le boire bien frappé (rien de moins !).
J'ai aussi tiré les persiennes, pour que la folie (toutes sortes de folies douces) ne vire pas à l'insolation.
Donc, je reprends ce bras de fer avec les machines sans âme après deux jours d'un black out salutaire, et puis ça me happe c'est plus fort, que toute volonté, le doigt sur le bouton de pouvoir du biniou en métal, juste avant que les lumières (jacassantes) ne m'absorbent, je vois bien que la main entière tremble, il me faudrait un truc pour l'oreille, je crois que ça me délasserait genre un blue de Johnny Hiver et du bon Docteur Jean , vous auriez ça en magasin ? (question de candide) ;-)

Écrit par : frasby | vendredi, 23 avril 2010

:-)

Le blues de Johnny Hiver est un soin particulièrement recommandé...

Écrit par : Sophie K. | vendredi, 23 avril 2010

@Sophie K : Mais oui ! Ah ! mais c'est que je découvre le gugusse ... Je vous imaginais pas en accointance avec Johnny Hiver .Je vous aurais plus imaginée dans les bras (explosifs) du Jean lit au Coeur (l'aimerez vous ?) :
http://www.youtube.com/watch?v=3-KbxEXF1ws
Johnny Hiver est une suprise, une bonne, une belle et une sacrée! vous m'avez convaincue chère doctoresse, et c'était pas gagné,
"I got the blue", c'est encore plus simple que "bonjour"
je vous en remercie, c'est bien requinquant ! ;-)

Écrit par : frasby | vendredi, 23 avril 2010

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