mardi, 10 août 2010
Le minuscule
Au pied du mur. Une falaise de craie, une paroi droite. La route stoppé là, au pied.
Des jours.
La paroi reste. On devient plus léger.
A force, le mur ne surprend plus.
On se dit qu'il fallait bien s'attendre à quelque chose comme ça.
ANTOINE EMAZ in "Caisse claire", éditions Points Seuil, 2007.
L'âme atteinte, trop soudainement peut-être, au pied du mur, nous prend et nous sommes sidérés par les beautés anciennes. Il faudrait boire la pluie, il faudrait vivre sous la neige pour ne pas s'affamer, s'ensorceller de songes broutant le diamant en ces noces où l'image d'une trempe rituelle ne peut tout à fait s'effacer. La brutalité vient, après le dit de l'aime, une de la pire espèce, qui pousse à reculer, celle qui croit tout donner et reprend tout, prend l'aise, construit des bétaillères pour celles du genre de haine. La maladresse insiste jamais ne disparaît. On ne s'amende plus, l'avenir se délite peu à peu, à présent, plus vite que le passé. On porte la mort en bouquet façon dandy, rose ou pourpre. Fièrement, on se démet. Et les oeillets fanés dans les vases romantiques, n'inspirent plus le moindre regret. Après avoir chéri on s'étend tête froide sur la pierre polie des carrelages. Le son est celui de mille cloches briquées comme des casserole en cuivre qui résonnent en façade. Nous serons exhibés demain ou en Septembre.... Qu'il est doux de verser l'amour fou, ou la haine sous les yeux des indifférents ! fièrement on se pavane. On tire presque gloire de ses peines. Lamento affligeant déguisé en pure joie. Il suffirait pourtant, qu'un doux hasard, du genre humain lève le voile, et nous révèle inconsolables, cela serait moins désolant. On aimerait ce hasard. On plongerait à nouveau. On goûterait l'ornement, le velours, les emphases, celles qui visent plus haut, plus loin que l'insatiable. On se réchaufferait. On inviterait la lune, les étoiles dans les chambres. Elles nous lécheraient les pieds. Un jour, l'offense par accident, à nouveau viendrait nous reprendre. On serait consommé. On reconvoquerait les fantômes et puis on les rassemblerait tous sous la même chair exactement au même endroit. Eternel recommencement...
Photo : Visage humain candide ou effaré. Sculpture civile clunisoise, vue en façade d'une ancienne riche demeure. Cluny. Août 2010. © Frb
05:12 Publié dans Arts visuels, Balades, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
Commentaires
Un peu lugubre....non !!
Passes une belle journée avec du soleil !! ;-)
Écrit par : patriarch | jeudi, 19 août 2010
@Patriarch : Je fais de la résistance contre l'été ! (rires). J'avoue que j'y mets beaucoup de mauvaise volonté. Tous ces bermudas et ces cartes postales de plages, ça m'agresse. Mais j'ai quand même un chapeau de paille, je vous le sortirai un jour de Toussaint... Ce jour là vous me remercierez !
j'apprécie votre franc parler, Patriarch, ne changez rien surtout! je vous souhaite une très belle journée. Merci de votre visite.
ps: Le texte est un peu lugubre je vous l'accorde ;-) mais pour ce qui est de l'image les façades clunisoises, en vrai, elles ne le sont pas du tout, si vous passez là bas, je vous conseille d'aller voir, vous en reviendrez enchanté.
Écrit par : Frasby | jeudi, 19 août 2010
Ta chariatide qui transpire l'air qui la ronge me plait. Sa forme me rappelle les premières sculptuure en Bas ou contre relief ? du jeune Michel ange ou l'image des personnages n'était plus du tout coulée dans une masse fermée, un volume,mais comme disait je ne sais plus qui: "une intersection de plans dans le quel même le vide à sa valeur". Ta chariatide semble avoir été conçue pour supporter une lourde charge. Sa forme est en relation , sans doute, entre le tout et ses parties, avec son espace qui la met en relief. L'artiste qui l'a sculptée semble s'être attaché a accorder la forme avec le volume tout en dissociation le volume pour la matière afin de mieux la déployer dans l'espace qui la met en relief. C'est sans doute pour ça que comme tu dis ces beautés anciennes continuent de nous sidérer ...de plaisir
Écrit par : alex | jeudi, 19 août 2010
@Alex : Si seulement ça pouvait être MA cariatide ! (sourires ) je la décollerais de son mur je me couperais la tête et me ferais visser celle ci à la place de la mienne, dans le simple but de pouvoir supporter de très très lourdes charges (et éventuellement de distraire mes lecteurs, ou amis, que ne ferait on pas... ?;) et cela serait vraiment sidérant ! marcher avec cette vieille tête, et donc cette vieille mémoire. Un vertige ! peut être inconfortable. Malheureusement je n'ai obtenu aucun renseignement sur la date précise de cette sculpture, et me suis abstenue pour une fois, de broder, ce qui est sûr c'est qu'on peut la situer grosso modo entre le XI em et le XVI e siècle, c'est ce que nous dit la sculpture civile clunisoise, (qui montre aussi des façades du XVIIIe, mais là, certes, c'est antérieur) et j'essayerai d'avoir + de précisions plus, si je peux, quand j'y retournerai. L'angle choisi pour cette photo ment assez, et contrairement à ce qu'on pourrait en déduire, ce n'est pas une cariatide, (eh non, sniff, sniff) elle semble soutenir une lourde charge, or elle ne soutient rien de si lourd, elle est juste là, décorative, semble-til témoignant d'une richesse passée, virtuelle et réelle car durant tout le Moyen Age, la façon de montrer ses richesses était de les exhiber en façade, et quand il y avait des passants dans la rue, de se mettre soi même à la fenêtre (claire-voie evidemment), afin d'être bien admiré (comme quoi le sarkozysme n'aura rien inventé mais je m'égare...). Quant à l'artiste qui l'a sculptée , et dont l'intention devait être beaucoup moins mystique qu'on pourrait le croire, il était peut être (là encore j'emets quelques réserves) un de ces sculpteurs qui oeuvrèrent à la décoration de l'abbaye de Cluny, magnifique ! quand on regarde bien (en vrai) on ressent une pénétration assez étrange du sacré dans la sculpture civile, et pourtant cette tête n'est pas sacrée,et certains historiens disent qu'il n'y a pas de fragments de sculptures extraites de l'abbaye qui ornent les maisons. Ou dans de rares demeures. Mais cette thèse fait encore objet de débats, je ne m'étendrai pas. Enfin , j'apprécie beaucoup tout ce que tu écris à propos de cette tête sidérante, de plaisir, oui, ça c'est évident ... L'air qui la ronge est encore plus léger que l'histoire. Merci à toi Alex pour le bon grain.
Écrit par : Frasby | jeudi, 19 août 2010
Magnifique texte, Frasby, en bel écho aux mots d'Emaz !
Vous qualifiez le visage de pierre de 'votre' sculpture civile clunisoise, de "candide ou effaré", je le vois aussi ouvert, serein et apaisé... Belle sculpture, Frasby, comme tout ce sur quoi vous posez les yeux.
Judicieux clin d'œil au texte de Jean, avec votre reconvocation de fantômes...
Écrit par : Michèle | dimanche, 22 août 2010
@ Michèle : Merci, vraiment ! je suis très heureuse de vous retrouver.- Je n'oublie pas que je vous dois la découverte (redécouverte), vraie découverte d'EMAZ que je n'avais que survolé, vous me l'avez "réveillé", révélé, son écriture est splendide. Jevous dois cet enchantement.
En fait nous sommes d'accord, (quelquepart ;-))
histoire de mots toujours : quand j'écris candide je pense à sérénité, une forme d'innocence peut être si sereine qu'elle devient introuvable, enfin le candide a toujours pour moi quelque chose de pur et d'apaisé, une espèce de curiosité un peu euh... "planante" je ne sais pas très bien l'expliquer
Une curiosité angélique, si ça se dit ...
C'est vrai, j'y connote un sens peut être mélancolique que vous ne mettez pas (vous me direz). Merci pour ce commentaire qui me touche beaucoup. Le texte de Jean est absolument magnifique ... !
ps: Dites moi, c'était beau, la Golsone ? ;-)
Écrit par : Frasby | dimanche, 22 août 2010
La Golsone ? si c'était beau ? difficile de charmillonner avec un palindrome de trois lettres. Non c non. Alors je dirai qu'il y eut des pemts leilmeurs, et que l'inrocrigible iptomiste que je suis a été pattrarée par la léarité. Ce fut rdu, très urd. Mais rien que la poésie ne puisse sauver. Et je suis ici au bon endroit. Le Grand Meaulnes n'a qu'à bien se tenir :)
Écrit par : Chimèle de Golsone | lundi, 23 août 2010
@Chimèle de Golsone : Je vous l'avez dit, Chimèle . Il fallait pas y aller ! C'est pas bon la Golsone ! mauvaise Golsone ! Vilaine Golsone. Et j'en suis triste pour vous , czr vous auriez pu être la seule (en tant que fée Chimèle) à la réenchanter (la Golsone) Serponnellement, j'en grade un vousenir beni euffrax mis à part les hérons que j'ai vroisé à l'aube. Et les petits lapins croiés la nuit sur des routes pire que traquenards désolants... Enfin bref tout idem rien que la poésie ne puisse sauver. C'est où le bon endroit ? Le Bryre ? désolée. Je manque de crutule glanérée. La prochaine fois envisagez un Août au Nabirosina, je serai votre guide, c'est beau le Nabirosina , il s'y trouve douceur de vivre et les gens sont gentils. Parfois on a aussi besoin de ça.
Merci infiniment à vous, Chimèle.
ps: Je chèse rus la léarité (et ne peux mettre la main sur mon Trillé de Charmillon ;-)
Écrit par : Frasby | lundi, 23 août 2010
La réalité, pattrarée par la réalité. Pas toujours sore la léarité, malgré tous les offerts(=efforts), la bonne lovonté. Et oui, c'est des gens gentils que je voudrais, on a aussi ceauboup besoin de ça, oh que ouiche. Oui oui oui.
Mais rien, que la pouaisie ne puisse vauser, ouiche et le bon endroit c'est ici, pas rien que Certains jours, Tous les jours. Tous les jours ici à CJ, hi hi.
Merci à vous Frasby. Vive le Nabirosina, à bas la Golsone !
Écrit par : Chimèle de Golsone | lundi, 23 août 2010
@Chimèle de Golsone: Venez quand vous voulez au Nabirosina cela vous consolera de l'horrible (affreuse, méchante, noirte Golsone). ah ! la léarité merde alors ! (rires) La léarité ne tiaf supl trapie
ed mon (Edmond ?) vuniers bysomlique, la léarité ste nu somentr ravoce, trusout ne l'opprachez sap de trop sèpr, elle est comme la Golsone, méchante ! méchante méchante léarité. Oui, venez au Nabirosina, vn'ez ! vn'ez l'été prochain, je vous présenterai des gens gentils (pas bien gentils, juste gentils comme ça pour rien), on n'a besoin que de cela. Votre enthousiasme m'émeut (comme l'oiseau du même nom , nom de non ! oui de oui !)
Vous êtes incroyable, Chimèle !
Vive Chimèle du Nabirosina ! )
Fuck la Golsone !
Écrit par : Frasby | lundi, 23 août 2010
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