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mercredi, 01 juillet 2009

Juillet

Elle a, ta chair, le charme sombre
Des maturités estivales,
Elle en l’ambre, elle en a l’ombre ...

PAUL VERLAINE, extr. "Eté" in "Parallèlement", "Chansons pour elle" et "Autres poèmes érotiques". Editions Gallimard 2002.

juillet palvif.jpg

Le soleil trottait devant moi sur des talons légers, une femme mûre, d'un autre siècle, se rendait au musée. Elle tenait sous son bras un minuscule châle confectionné tout au crochet et son sac de jeune fille, faisait un bruit de petite quincaillerie, de verroterie ancienne. L'été harmonisait sa dame, d'une lumière éblouissante. Ca sentait bon la Guerlinade, le rendez-vous discret. La dame s'arrêta à deux pas de l'entrée du musée. Elle sortit sa poudre précieuse, une houpette, et doucement se para, tout en surveillant qu'il n'y ait pas de personnes trop curieuses pour surprendre ce moment d'intimité qui relèguait la rue à quelquechose d'infiniment superficiel. Des notes d'iris, de tubéreuse glissaient dans mes volutes et pendant que la dame sortait de son trousseau, un petit vaporisateur, moi je jouais, la bouche en coeur avec ma cigarette à faire des ronds parfaits qui flotteraient dans le ciel pour retomber dans la poussière. La dame rangea son attirail, ne gardant que l'ombre à paupières qu'elle appliqua presque à tâtons, en touches irrégulières. Puis elle se parfuma, je connaissais par coeur ces notes de fond : Vanille, Iris et Cuir. La plénitude et le plaisir des premières vies amoureuses, la peau douce que l'on respire quand l'amant, le premier, s'immisce, passionnement, captive l'imprudence, et que l'univers entier fond comme une friandise sous sept ciels, au tout premier été du monde. Après cette première fois, il faudrait tout de suite en mourir, pour ne plus craindre la récidive... Cet Amour, cet inachevé, je le respire encore, l'éclatante émeraude, votre pâleur, ce sourire qui s'illuminait sur les mélodies de Fauré. Mille de vos poèmes qu'on lisait à voix haute et qu'on envoyait valdinguer dans la chambre embrasée de senteurs. "Vanille, Iris et Cuir", le parfum s'appelle "L'attrape-Coeur" ...

A ce moment du récit, j'ai vu arriver un monsieur brun, aux tempes grisonnantes, d'âge mur et très bien mis. Il souriait tout seul, en marchant et tenait des roses rouges à la main, dans mon esprit (aujourd'hui corrompu ;-) je me suis dit que c'était peut-être un de ces rendez-vous charmants du genre "rendez-vous minitel", du romanesque post-moderne de premiers rendez-vous, par la grâce de toutes ces sortes de machineries actuelles, un point précis dans une ville, deux signes particuliers, assez particuliers, (parfois cocasses), pour bien se reconnaître. Elle aurait dit qu'elle porterait une longue jupe couleur soleil, qu'il ne pourrait la louper,(ah ça !). Il lui aurait répondu, sans doute, qu'il viendrait là, avec des fleurs... Ensuite ils iraient s'asseoir sur un banc au jardin du Palais St pierre et cela s'appellerait toujours "L'attrape-Coeur".

 

Gabriel FAURE: "Chanson d'Amour" opus 27 n°1
podcast

 

Photo: Filature étoffée pas très loin du Palais St Pierre dit "Musée des Beaux Arts". Une dame en jupe-soleil. Vue à Lyon. Juillet 2009.© Frb.

Commentaires

Vous racontez si bien qu'un moment j'ai cru que le monsieur, devinez quoi, que le monsieur c'était moi. Vous alors, quand vous partez en filature.

Écrit par : balthazar | lundi, 13 juillet 2009

Ah Frasby! comme j'ai une adoration pour les mélodies de Fauré, merci beaucoup.

Écrit par : Sophie L.L | lundi, 13 juillet 2009

Une bien belle histoire !

Mais un défi m'intéresse : réinventer le présent sans la nostalgie.

Écrit par : kl loth | lundi, 13 juillet 2009

Salingerement vôtre, FrB.

Écrit par : Christophe Borhen | lundi, 13 juillet 2009

@Balthazar : Merci . Vous voulez que je vous dise ? (Je le sais mieux que personne ;-)

Le monsieur, c'était vous .

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

Fauré , oui peut être (je n'aime pas beaucoup )
mais j'entends surtout du flamenco en regardant ta photo (la robe à volants , même si elle n'est pas rouge, les talons noirs , le châle etc ...)
s'est elle mise soudain à danser sur le trottoir la dame à la robe soleil ?

Écrit par : hozan kebobo | lundi, 13 juillet 2009

@Christophe Borhen
Ca va légèrement et vous ? ;-)

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

@Sophie L.L : Ah ? Vous aussi ? vous succombez au charme des mélodies de Fauré ... ? Elles sont toutes admirables.
Merci de votre passage ici.
Bonne journée .

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

>Fra,
Alors me voilà définitivement conquis.

Écrit par : Balthazar | lundi, 13 juillet 2009

@kl-loth :Merci d'apprécier. Réinventer le présent sans la nostalgie. Oui. Très beau défi artistiquement réalisable
mais dans la vie réelle, je ne sais pas si l'on peut faire table rase... Difficile de repartir d'un point où rien avant n'aurait existé, Le passé nous constitue et le présent n'est plus chaque seconde (pour ne pas sombrer dans les poncifs je citerai BOILEAU qui écrit "Le moment où je parle est déjà loin de moi" et me voici donc déjà nostalgique de la seconde qui vient de s'écouler ;-))) Pour ma part je déteste la nostalgie (et tout ce qu'on en a fait) La nostalgie est devenue cette regression obligatoire (le bon temps des yéyés, de Casimir et de Claude François) Je préfère le terme de "mélancolie" .

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

@hozan kebobo : Oui le flamenco , j'y ai pensé bien sûr, mais la dame n'avait pas trop ce port de tête flamenco, ni ce piquant de braise ;-), (je ne vous montre pas tout eh ! eh! ) . Si la robe avait été rouge evidemment... Je n'aurais pas brodé d'histoire, le flamenco m'ennuie souvent, je ne connais pas l'Espagne. Par contre la dame aurait pu se mettre à danser sur le trottoir. Et j'aime beaucoup votre idée qu'en regardant une photo vous entendiez ...Joli oeil musical ! Vous auriez pu écrire un tout autre récit voire même une vraie comédiemusicale espagnole. Pensez y ! ;-)

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

@Baltha : Dites nous, vous qui savez ? Au fait ...

Qui est cette dame ?

Écrit par : Frasby | lundi, 13 juillet 2009

Très beau billet Frasby. Et la "mélodie" de Fauré aussi est très belle. Je ne trouve pas les paroles niaises puisque c'est dit on le reproche qu'on leur fait parfois.
Merci. Et je le redis - ce n'est pas dans mes habitudes, tout le monde vous le dira! - très beau billet vraiment.

A entittbo

Écrit par : tanguy | lundi, 13 juillet 2009

@Tanguy :Bonjour ! C'est gentil à vous d'apprécier (si tout le monde ne me le dit pas, quelques uns, pour moi c'est déjà beaucoup, et je trouve cela beni-choutant)
(Je fais "ma modeste", mais, je n'en espérais pas tant)
A propos de la niaiserie des paroles des mélodies du Fauré (Rapoles des médioles du Fareu, drapon). C'est comme la valse aroumeuse voyez vous, certains trouveront cela ridicule, libre à eux de passer à côté de ces plaisirs là, et nous aurons bien + d'espace pour en jouir tout notre content ;-)
En mérusé : la vabe du pracaud n'eintat toinp la chanble molonce ,oyons, slavons, tant qu'il est encore temps ;-)
Cremi ropu trove tivise. Abniteto.

Écrit par : frasby | lundi, 13 juillet 2009

j'aime ton attrape histoire et attraper les pieds passants, j'ai photographié des petites filles un peu comme cela...
mystére des femmes qui passent...
B.

Écrit par : passantepensante | mardi, 14 juillet 2009

@Passantepensante : Comment attraper les passants sans leur voler quelquechose ? (cela va au delà du simple droit à l'image) enfin, c'était de les prendre par les pieds (ah ! ah!, pas de les pendre hein !) une solution qui finalement , je l'espère, ne fera de mal personne. Les petites filles, l'enfance, c'est un sujet qui est délicat à traiter (du point de vue de l'image)
Mystère des femmes qui passent oui...
Et des messieurs !...

Merci pour vos appréciations.

Écrit par : Frasby | mardi, 14 juillet 2009

Je suov en irep. A entiottb.

Écrit par : tanguy | mercredi, 15 juillet 2009

@Tanguy : Arpès vuso ! ej n'ne refias neri ;-)

Écrit par : frasby | jeudi, 16 juillet 2009

Nice story!
I'm so glad I was dropped in your blog:)

Écrit par : Biology Essays | vendredi, 22 juillet 2011

@biology Essays : thank you (i'm very glad itou) but (oops ! )
I don't link your publicity, 'Im very very sorry (on va le dire comme ça :)

Écrit par : frasby | vendredi, 22 juillet 2011

;)

Écrit par : Marc | samedi, 23 juillet 2011

@Marc : ah mais ! :))

http://www.youtube.com/watch?v=l02m6cePHAU&feature=related

Écrit par : frasby | samedi, 23 juillet 2011

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