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dimanche, 05 avril 2009

Before my birth

COMME UN DIMANCHE AU XV em SIECLE ET AILLEURS...

"Enfin je puis quitter ce pays plein de bruit.
D'innombrables fouets claquent, parfois seuls, parfois tous ensembles. Ils claquent jour et nuit.
Un vent furieux souffle sans cesse et fait battre la grandiloquence des drapeaux et des fanions du pays qui portent des crécelles.
A tout cela s'ajoute encore l'étrange habitude de faire éclater constamment d'énormes sacs gonflés d'air à craquer. Avec des borborygmes incongrus le vent se décharge des sacs qui se déchirent en chiffons
Comment suis-je donc venu dans ce pays niais, tapageur ?
Je franchis la frontière, accompagné de chants stupides, déclamatoires.

Je cours. Enfin je pénètre dans le loin, dans l'insonore bleu des nostalgies."

JEAN ARP (1886-1966) in "Jours effeuillés" 1938. Editions Gallimard 1966

insonore bl.JPG

Effeuillage des jours au bleu de science silencieuse. Tel est le paradoxe de Jean dont le nom fait encore écho aux couleurs qui se pincent du bout des doigts.

Et l'insonore des nostalgies se glissera dans le bruit... Tel le "Lux Aeterna" du "Requiem" de Michel CHION ...

Blues éternel des esplanades vides, fondu sur les maisons où jadis, de bruyantes machines remontaient le temps à coups de manivelle...

Photo : Des ombres noires du XVem siècle coupent et collent les "ciels", pas très loin de la tour de Charles le Téméraire où le silence, pèse encore de sa terrible histoire. Tapage qui ne se dit. Quand le bleu qui revient nous mène après la course, au seuil de l'horizon, où commence l'endroit, qu'ARP nomme : "dans le loin"...

Et sur la balustrade, comme une peau de chagrin, je reconnais, plus près, (mais toujours "dans le loin"), cette chose oubliée  il y a tant d'années : mon petit sac à main dont j'ai perdu le son.

Vu à Charolles. En avril 2008.© Frb

Commentaires

j'aime le petit sac oublié, disparu, silencieux… connu et reconnu de vous seulement, au milieu d'une mémoire bleue au-dessus du monde…

Écrit par : ficelle | jeudi, 09 avril 2009

J'avoue que j'ai beaucoup de mal à faire un lien entre ta citation et ce qui me reste en mémoire des oeuvres de cet artiste surréaliste mais peut être que la réponse se trouve dans ton sac oublié ( on est content car au moins on sait qu'il n'y a pas de voleur sur cette ballustrade dans son environnement effeuillé !)
amitié et bonne promenade

Écrit par : alex | jeudi, 09 avril 2009

@ficelle :Vu par vos yeux tout d'un coup ça prend une dimension tout à tout à fait admirable
et même assez vertigineuse , "au milieu d'une mémoire bleue au dessus du monde" je sens que cette phrase va bigrement booster ma journée ;-) MERCI !

Écrit par : Frasby | jeudi, 09 avril 2009

@Alex : Bonjour ! Le lien il est tout bête, tu sais, quoique tiré par les cheveux (Parfois je les coupe même en 4 , les cheveux mais je suis une piètre coiffeuse et ce n'est plus un
secret ;-).Je reconnais que c'est tarabiscoté tout ça, et un peu trop crypté sans doute (nous nous serons disons, pris les pieds dans la balustrade ;-) mais juste en impromptus, je ne prétends pas là, faire un hommage en belle et dûe forme à Arp c'est donc par chemin de traverses en zigzaguant (comme le veut cette rubrique dite "impromptus")
Comme tu le sais, Jean Arp avait plusieurs chapeaux, la citation elle, est vraiment dans ses "jours effeuillées" et le titre "before my birth" se retrouve dans la dernière oeuvre qui se nomme ainsi et apparaît ici si tu cliques"dans le loin" où il y a un découpage en quinconce qui n'est pas sans rapport de résonance (disons euh...mouaich... vaguement ;-) avec le découpage de mon image (carrément ! mais ne t'inquiète pas, j'ai encore la place pour douter de mes propres tergiversations , parfois en suivant une idée un peu trop personnelle on touche à l'hermétisme le plus euh... hermétique, même à soi-même ;-)
En fait Il y a chez Jean Arp une diversité des chemins par rapport aux disciplines , c'est peut être pour cela que j'ai lié son "insonore" à Michel Chion ="Lux Aeterna" assez chaotique. Paradoxal. Tel ce texte posé au dessus. Les Dadas furent les premiers après les bruitistes italiens à concevoir des concerts de bruits , c'est un clin (de cheveu coupé en 8 ;-)(Arp fût co fondateur de Dada) et je n'étais pas finalement trop penchée sur les oeuvres connues chez Arp, comme les sculptures par exemples, que je n'apprécie pas spécialement où le rapport ici n'est pas...Plus interessée par la diversité de ses partis pris hétéroclites surtout période Dada. Arp fut un hétérozygoto.
Quant aux machines à remonter le temps, elles m'évoquent vaguement les collages dadas (notamment collectifs, que Arp ne reniait pas je crois) qui faisaient feu des vieilles images et s'amusaient du mouvement des mécaniques modernes, enfin
Quand à mon sac à main, rien à voir avec Arp, c'est toujours le bazar dans le sac à main d'une fille (c'était peut être déjà une forme déguisée de mea culpa ?)
Et Plus ! Alex , j'ai l'impression de répondre complètement à côté de ta question du lien ... Tu ne m'en voudras pas trop j'espère... ?
Bonne journée à toi... Au soleil printanier
ps:
Peut-être aurais je quelque marge tranquille bientôt pour t'envoyer plus personnellement un petit mot (je n'en reviens toujours pas de tes envois ! et souhaite encore t'en remercier)

Écrit par : Frasby | jeudi, 09 avril 2009

«... Il réalisait des accouplements impossibles où la bactérie se mettait à avoir un nez et l'univers tout entier des possibilités nouvelles. Nous étions enfin les fils des étoiles, les frères du blé, du granit, de la vapeur d'eau. Le Big-Bang n'était pas fini. »

Pierre Descargues - 1992

Copié-collé d'un site très accessible consacré à Jean Arp sur la toile. Je trouvais ces phrases belles et j'ai pensé qu'elles auraient également leur place ici.

Frasby, la dernière phrase du billet chante en moi ce matin.Peut-être est-ce le son de votre petit sac qui s'est éloigné jusqu'à nous ? Merci.

Écrit par : Marc | jeudi, 09 avril 2009

@Marc : Les bras m'en tombent ! c'est sublime !
En plein dans le mille . dans le mille milliards même ;-)
Mais qui est Pierre Descargues ?
Très beau passage, très beau vraiment.
Belles phrases, fulgurant copier-coller que j'accueille avec un étonnement absolu
On appelle ça un passage n'est ce pas ?
Figurez vous , que moi, ce qui chante en moi ce matin c'est ce
vermeilleux commentaire. Merci c'est trop peu dire et Mille mercis pas assez ;-)

Écrit par : Frasby | jeudi, 09 avril 2009

Les commentaires sont fermés.