samedi, 01 août 2009
Billet d'août
L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c’est l’heure.
PAUL VERLAINE. Extr : "La lune blanche" in "La bonne chanson".
Si vous avez loupé l’épisode précédent...
Les vingt et une pièces qui composent "la bonne chanson" ont été spécialement composées pour Mathilde MAUTE DE FLEURVILLE avec laquelle VERLAINE vient juste de se fiancer. Une jeune fille âgée de seize ans, bourgeoise, naïve, pas spécialement attirée par la poésie, mais qui lit les poèmes de son bien-aimé avec les yeux de l’Amour. Aussi déclare-t-elle : "qu’ils sont peut-être... Trop forts pour elle". De crainte de ne pas être bien compris par sa jeune fiancée, le poète va amener tout son style à une plus grande simplicité. Certains critiques ne liront dans "la bonne chanson", qu’une simplification, un art de la rime banale, très "en deça", sur le plan strictement poètique, des recueils précédents. Il faut dire que "La bonne chanson" paraît en 1870 , après "les Poèmes Saturniens" ( 1866) : des "eaux fortes" ou tableaux, dans le goût du Parnasse, et les "Fêtes galantes" (1869) : vingt deux poèmes inspirés de WATTEAU évoquant les plaisirs élégants d'une société frivole. Mais dans "La bonne chanson" le message est sincère, l’Amour vient... Ce n’est pas un rêve ! VERLAINE, clame tout son bonheur, imagine une vie conjugale rien que tranquille :
Le foyer, la lueur étroite de la lampe ;
La rêverie avec le doigt contre la tempe
Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ;
L’heure du thé fumant et les livres fermés ;
La douceur de sentir la fin de la soirée [...]
VERLAINE souhaite ardemment chasser les forces maléfiques qui tentent sa chair, tourmentent son âme (l’alcool, son attirance pour les jeunes garçons). La destinée maudite l’emportera sur cette simple vie d'homme, sur l'harmonie d'un couple si tendrement rêvé . La trop jeune et fraîche Mathilde, dans l’innocence de ses seize ans ne saura pas apaiser les tourments de son fiancé, ni le protéger. L'illusion se délitera. Mais "La bonne chanson" joue encore les sons de la balade. L' Amour se voue à l’heure exquise, porte son chant à l'élément. Tandis que, pas très loin, la silhouette sombre d'un saule annonce le déclin. La belle saison s'étire encore un peu dans les reflets. Quelquechose doute...
Photo : Fin d'après-midi aux reflets de l'étang des clefs, à l'ombre d'un arbre (plus ou moins saule) qui augure majestueusement premier billet d'Août 2009. © Frb.
18:08 Publié dans A tribute to, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Les clefs d'un étang, qui y songe ?
Écrit par : JEA | vendredi, 07 août 2009
@JEA : Pourtant !!! vous y songez...
Un sésame beaucoup moins ordinaire que la clef des champs, à ce qu'il paraît...
Écrit par : Frasby | vendredi, 07 août 2009
Moi j'ai tout suivi Frasby !
La saga romantique de Verlaine dont on ne connaît que l'épisode tragique de sa "liaison" sulfureuse avec Rimbaud.
beau mois d'août !
Écrit par : Rosa | vendredi, 07 août 2009
@ Rosa : Merci !!! Verlaine appréciera ;-)
c'est assez agaçant devoir toujours entendre ces rengaines qui ne semblent définir certains artistes qu'en leurs aspects les + maudits, ou douloureux. Le classique épisode avec Rimbaud, le revolver la prison; Comme ce que j'entendais l'autre jour à la tv (téfin) , la définition de Van Gogh :"Le type qui s'est coupé l'oreille". (sic !) Comme si cela effaçait tout le reste.
(Ne parlons pas de Camille Claudel ! ...)
Verlaine pouvait être un homme ordinaire, aspirant à la paix
(extraordinairement ordinaire, certes !)
Puisque vous évoquez Rimbaud, Verlaine n'aima pas seulement ce jeune homme...JEA, a posté un lien que j'aurais aimé faire remonter ici, mais hautetfort refuse ma requête, vous le trouverez caché sous la plume de "l'ange au mûrier", il pourrait vous interesser peut être...
Merci aussi de votre visite, Rosa.
Écrit par : Frasby | vendredi, 07 août 2009
@ (Ne parlons pas de Camille Claudel ! ...)
Oh si si si, s'il vous plaît évidemment, parlez-en nagra à l'épaule. Que le triste sire auteur d'une ode à Pétain puis de la suivante à de Gaulle, se retourne encore dans sa tombe
Écrit par : Camile Claudel | vendredi, 07 août 2009
Frasby je suis très sensible à cet espect et je partage votre point de vue.
En tant qu'enseignante (ex !) je peux dire que la lutte contre les clichés réducteurs a été le combat de toute une vie...professionnelle.
Écrit par : Rosa | vendredi, 07 août 2009
@Camille Claudel : Le triste, (pourquoi sire ? c'est encore trop d'honneur ! pourquoi pas le triste cireux ?) ce dernier était (tel le camarade Nagra) un authentique PTT (poète tout terrain) mais je n'ose les comparer ... L'âme du poète Nagra paraît infiniment + noble que celle de votre frère. Et je préfère avoir le Nagra à l'épaule que le triste cireux sous les yeux, même en soulier délicat. Merci de nous le rappeler, Justement, parlons en, puisque c'est grave !: Je cite un extrait de "l'ode au maréchal " :
"Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras qui n'a que vous et qui ressucite à voix basse et toute la France gna gna [...] il y a un devoir pour les morts qui est de ressusciter"
Ah oui ? Un devoir ? Puisse le Bon Dieu, ( qui est, paraît-il, juste et bon) vous ressuciter au plus vite, chère Camille ! et laisser le vieux là où il est.
Si ce dindon ressucitait je le vois d'ici en ministre de la culture avec son "Ode à Sarkozy," placardé dans toutes nos écoles, mairies. Et vous pauvre et géniale Camille, il vous aurait sans doute trouvé une jolie petite institution bien chère et bien cachée où l'on vous aurait appris à faire gentiment des paniers. ... Mais je n'ose y penser, par crainte que Le poète Nagra ne se brise ...
Écrit par : Nagra ! nous voilà ! | samedi, 08 août 2009
@Rosa : C'est tout à votre honneur. Il y a très peu d'enseignants qui laissent des souvenirs mémorables. voire qui influencent complètement l'existence d'un enfant, (ou adolescent) en général le programme est plombé d'idées reçues mais il suffit d'un ou deux profs, instituteurs. Des maîtres au sens le plus noble du terme (comme on le dit d'un maître chinois). J'aime beaucoup cette idée de combat. Même si je ne connais pas du tout ce métier d'enseignant qui paraît il s'avère de + en + difficile. Mais "combat de toute une vie", c'est très beau. Ce qui est étrange c'est que ce sujet (Verlaine) je le dois à une instutrice passionnée d'éveiller ses élèves. Elle nous apprît (sous son bonnet) "Dame souris trotte..." un poème que Verlaine écrivit en prison. Elle n'évoqua pas un instant le côté "dépravé" de Verlaine, mais son enfermement, le poète enfermé, malheureux qui écrivait quand même... Ca m'a fascinée tout ce qu'elle disait sur l'enfermement alors que nous étions nous même enfermés, elle ouvrait des fenêtres !
Merci à vous Rosa et à tous les enseignants de "combat" !
Écrit par : Frasby | samedi, 08 août 2009
Quel décor, quelle chlorophyle - On dit que Verlaine, aurait sois-disant vu Baudelaire avec Rimbaud, et que Verlaine aurait dit :
Rimbaud de l' air, mais je ne connais pas la réponse de Baudelaire, et puis ont dit tant de choses...
Salut Frasby
Jack NYC
Écrit par : Jack NYC | samedi, 08 août 2009
@Jack NYC : un décor à la Chlorophylle , j'avais oublié ce mot qui est toujours précédé de chewing gum (ah! l'Amérique !)
Mais oui c'est ça ... ! la chlorophylle ! on ne manque de rien.
J'aime beaucoup les répliques littéraires tirées du livre de ONDIT (auteur plus puissant que Wiki)
Baudelaire aurait répondu (car il venait de se faire opérer de l'appendicite, et rire d'un bon mot le faisait souffrir)
-J'ai mal, Verlaine (pouf pouf)
(On coiffe Vermot)
Merci de votre venue, JackNYC et à bientôt chez vous. (Dans les hauteurs sans chlorophylle... ;-)
Écrit par : Frasby | samedi, 08 août 2009
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