dimanche, 15 mars 2009
Comme un dimanche
" Je n'ai rêvé du ciel que comme
d'un lieu de repos,
Car j'ai tant pleuré que je n'y vois qu'à peine.
L'enfer n'est qu'une étincelle à côté
de ce qu'a subi mon âme
Et je ne crois au paradis que lorsque je goûte
un instant de paix. "
OMAR KHAYYAM : Extr "Quatrains - XXXII - editions Mille et une nuits 1995- Traduit du persan sur le manuscrit de la Bodleian Library d'Oxford par Charles Golleau.
Les portes du ciel sont de ce monde surtout pour Omar KHAYYAM qui ne croit pas aux revenants. A ses yeux, l'Homme n'a pas besoin de lieu dédié pour vénérer son Dieu, et la fréquentation des sanctuaires religieux, n'est pas une garantie du contact avec Dieu, ni un indicateur du respect des disciplines intérieures. Il écrit. (CLIX) :
"Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées,
où l'ombre est propice au sommeil."
Ses poèmes sont appelés "Rubaïyat" (ce qui signifie "quatrains" en persan). Le "roba'i" (au pluriel "roba'iyat") est un genre poètique typiquement persan. Toujours Omar KHAYYAM y fait l'éloge de la liberté individuelle, de l'individualité face au destin. Le vin, coule à flot tout au long de ses poèmes, la compagnie d'agréables jeunes femmes n'est pas boudée, la fréquentation des tavernes fort appréciée. Pendant des siècles, Omar KHAYYAM fût considéré comme un paiën qui s'adonnait à la boisson, se perdait dans les jouissances les plus diverses. Libre penseur, proche de "l'hérétisme" aux yeux des religieux, des occidentaux et du reste du monde, les profanes n'ont sans doute pas vraiment compris que les termes de "vin", "taverne" ou "ivresse", pouvaient cacher un sens mystique très éloigné du sens premier, mais les esprits cotoyant la mystique soufie ont toujours considéré KHAYYAM comme un maître. Les traductions furent délicates à entreprendre, et souvent contestées. Car pour traduire au plus près, Omar KHAYYAM, il faut d'abord maîtriser le persan dans sa forme ancienne, et aussi, peut-être, connaître bien la symbolique soufie. OMAR ALI SHAH avait livré une traduction nouvelle en anglais de 111 quatrains dont la paternité est attestée et surtout qui fût appréciée pour son inspiration nettement soufie. Les images, les comparaisons temporelles d'état mystique rappelle celle employée par les grands mystiques chrétiens, tels St JEAN de la CROIX, Ste THERESE D'AVILA, (qui, avait eu connaissance de la mystique soufie par les écrits de Raymond LULLE). Le vin et l'ivresse chantés par KHAYYAM dans la traduction de OMAR ALI SHAH, retrouvent une signification mystique, plus proche semble-t-il de l'esprit du poète. A noter que certaines traductions tombent dans le moralisme et les quatrains prennent des allures de "donneurs de conseils" ou pire, posent un esthétisme de bazar du style "la rose et les épines" et j'en oublie (!) qui éloignent le lecteur de l'esprit de O.KHAYYAM. J'espère que nous pourrons disposer bientôt de cette traduction de OMAR ALI SHAH (éditions Albin Michel), pour vous livrer d'autres "rubaïyat", afin que vous puissiez comparer, apprécier par vous mêmes. Et, qui sait ? plus tard (un certain jour) passerons-nous un peu de temps avec Thérèse D'AVILA, St JEAN de la CROIX ou les Soufis; afin de contempler les textes et les pensées qui manquent tant à nos jours (et nos nuits). Comme c'est dimanche et que le Seigneur m'ordonne de ne point trop en faire ;-) je vais aller me promener, trouver l'ombre et la paix sous les voûtes en anse de panier de l'église ST Bruno, puisque je n'aime pas le soleil. Et quand la nuit viendra, j'irai dans un café aux allures de taverne. Le peuple des collines y vénère le St Jo, et le boit dit-on, jusqu'à l'aube, à même le tonneau...
Photo: Lieu de repos, hâvre céleste, ou boiseries de la "jungle anglaise", (terme sur mesure inspirée par l'auteur de Vaste blogue). Ou encore comme dirait Alceste hibernant, (on attend son retour au printemps) : "Voici des branches, des branches et des branches et puis voici mon coeur qui ne bat que pour elles"... Vues à deux pas de l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or à Lyon en Février 2009.© Frb
23:39 Publié dans A tribute to, Balades, Certains jours ..., De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
"Ses poèmes sont appelés "Rubaïyat" (ce qui signifie "quatrains" en persan)" : voilà un mot que je connaissais sans vraiment savoir… Merci de m'apprendre cette petite chose inutile, donc essentielle ;-)
Écrit par : ficelle | mardi, 17 mars 2009
ADORE D'ABORD
Un triste sire est décédé
Au jour d'aujourd'hui un sépulcre
Atypique charogne au clito volage
Dont les ovaires d'électrophone
Font une raclette en jabot
Qu'une candide icône laisse délirer
En mandorle de poétesse
Aux hyérogliphes alambiqués
Pour supérieur hiérarchique
Muni d'un sceau de draisienne
A entuber les cubes du bordel
Dans un hysope échevelé
De métropolitain bercail
Écrit par : gmc | mardi, 17 mars 2009
très jolie cette photo, avec plusieurs coups de griffes, et une association de texte magnifique !!!
Écrit par : Thomas P | mercredi, 18 mars 2009
@Ficelle :Voyez comme on s'instruit sur les blogs ! Mais juste avant de vérifier, je ne savais pas non plus ce que ça voulait dire EXACTEMENT ... C'est vos colis chinois où j'aurais bien besoin de m'instruire , un vrai mystère pour moi ;-)
Vous dites INUTILE donc ESSENTIELLE : Vous nous invitez là, à méditer.et je partage assez cette philosophie de gai savoir,
Merci !
Écrit par : frasby | mercredi, 18 mars 2009
@Thomas P : Merci, vous me faites vraiment plaisir. Vous avez vu les griffes ? (quel oeil !)
Entre, nous je suis encore sous le charme de vos 2 dernières portes
Écrit par : frasby | mercredi, 18 mars 2009
@gmc
ABHORRE ADORA
Cube au sépulcre alambiqué
Fait une raclette d'électrophones
Muni du sceau des dancers
Atypiques aux ovaires hierarchiques
Charognes en mandorles
Sur volages draisiennes
Au jour d'aujourd'hui leur supérieur
Entube le métropolitain
Sur l'icône du bercail
Le clito d'une poétesse est décédé
Au bordel de l'Hysope
Ainsi le triste Sire délire
Sur des hiéroglyphes à jabots ...
Écrit par : frasby | mercredi, 18 mars 2009
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