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samedi, 28 février 2009

L'enfer c'est "mon autre"...

"Il y a quelque chose en moi
Au fond de moi, au centre de moi
Quelque chose d'infiniment aride
Comme le sommet des plus hautes montagnes
Quelquechose de comparable au point mort de la
rétine
Et sans echo
Et qui pourtant voit et entend;
Un être ayant une vie propre, et qui, cependant
Vit toute ma vie et écoute, impassible,
Tous les bavardages de ma conscience"

VALERY LARBAUD . Extr " Le don de soi-même" in  "Les poésies de A.O BARNABOOTH". Editions Gallimard 1966.

 

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Mystificateur et démystifiant à la fois, Valery LARBAUD fût-il conscient de tout ce qu'il mettait du plus vrai de lui même en s'appliquant à créer un personnage qui lui fût dissemblable ? A.O. BARNABOOTH est le mystérieux narrateur de ses frasques, le milliardaire, enfant gâté mais c'est aussi Valery LARBAUD lui-même, héritier d'une famille aisée, le mystificateur, narrateur passionné de la vérité. Valery LARBAUD renonce à sa signature et feindra d'être aux ordres d'un capricieux nabab dont il écrira le portrait proche de la caricature. Ainsi pourra-t-il se laisser aller sans vergogne à ses désirs littéraires, dans le pastiche comme dans l'anarchie. "Rarement l'audace a su aussi bien user de la timidité" écrira Robert MALLET en 1966, dans sa préface aux "Poésies de A.O. BARNABOOTH"

L'idée du personnage A.O. BARNABOOTH semble avoir pris naissance dès son enfance à la lecture d'un livre de Louis- Henri BOUSSENARD "Les secrets de Monsieur synthèse". Ce "Monsieur Synthèse" est un homme si riche qu'il peut du jour au lerndemain acquérir "la propriété foncière du globe". V. LARBAUD, enfant, rêve (comme beaucoup d'enfants) de cette omnipotence., il en rêve aussi à la lecture de "L'histoire Romaine de Victor DURUY lorsqu'il découvre les empereurs de la décadence dont l'extrême jeunesse dispose du pouvoir absolu.

En 1902 BARNABOOTH prend vie réelle dans l'esprit de V. LARBAUD, lors d'un voyage à Londres avec un camarade très fortuné qui s'offre tous ses caprices. V. LARBAUD crée son personnage à l'aide d'une localité proche de Londres "Barnes" et du mot "Booth" enseigne des pharmacies anglaises à succursales multiples.

Le "BARNABOOTH" "réel" ne paraîtra qu'en 1908, après une première ébauche dès 1902 à la faveur d'un tour d'Europe et autres séjours à l'étranger. Les matériaux qui serviront à V. LARBAUD à composer les écrits de son personnage sont amorçés; le 4 juillet 1908, paraissent à ses frais 100 exemplaires d'un volume où sont réunies ce qu'il nomme "Les oeuvres françaises de M. BARNABOOTH". A savoir, un conte "Le pauvre chemisier" + les poèmes". Il fait précéder cette oeuvre d'une "Vie de BARNABOOTH" attribuée à X.M TOURNIER DE ZAMBLE. En 1913, après la spontanéité qui défoule, vient la réflexion qui épure, la suppression de la biographie est plus que compensée par "Le journal". 15 pièces sont éliminées et d'autres raccourcies".

BARNABOOTH est l'image même de la puissance que donne la fortune et des limites assignées à cette puissance par des réalités morales ou physiques sur lesquelles l'argent n'a pas de prise.

A.O. BARNABOOTH est lucide. Il ne changera pas le monde tout seul. Il sait qu'il faudrait que le monde fût transformé par les masses, mais il n'a  ni le courage ni les moyens de se faire l'apôtre de l'insurrrection alors il se laisse emporter par sa fantaisie.

Ainsi dira t-il de lui même :

" Vous voyez en moi  un homme que le sentiment de l'injustice sociale et de la misère du monde a rendu complètement fou".

Sources : " Les poésie de A.O BARNABOOTH - Préface  de Robert MALLET.

Photo: Une ouverture entre les murs; pas très loin de la "Chapelle des apparitions" vue à Paray le Monial. Février 2009. © Frb.

Commentaires

Hélas, tout ce que j'ai lu de Larbaud fut la traduction qu'il fit de l'Ulysse de Joyce. Maigre pour en penser ou en dire quoi que ce soit ! Bonne soirée quand même.

Écrit par : solko | dimanche, 01 mars 2009

@Solko : J'ai une tendresse pour Valery Larbaud parce que c'est un des premiers livres de poésie que j'ai trainé dans mon cartable
du CM2 à la 3em et que je lisais pendant les cours de calcul et de maths. Et qui m'a donc aussi valu quelques tours de cour (avec les mains sur la tête) -ça se passe comme ça chez les curés-
Et j'ai une circonstance atténuante qui risque d'aggraver mon cas à vos yeux
JE N'AI JAMAIS LU L'ULYSSE DE JOYCE.
Voilà c'est dit ...
J'ai l'impression que je viens de prononcer ma mise à mort ;-)
(à vos yeux ... )
Mais c'est une mise à mort quand même)

Écrit par : frasby | dimanche, 01 mars 2009

Ah ce n'est pas bien Frasby ! Joyce, c'est comme Béraud, mais pour une autre raison. Il faut mettre votre nez dans tous ces papiers-là, vous n'en serez jamais au regret. Remarquez, d'ici 2099, vous avez bien le temps ! Sinon, je vais me muer en vilain instituteur, vêtu d'une blouse grise comme au temps de la quatrième république, quand je viendrais ici, avec ma règle de bois jaune. Et je vous donnerai comme punition de le recopier trois fois. Mefiez-vous : il vaut mieux le lire une fois, "Ulysse", que le recopier trois.
Mais puisque, pour ce qui est de disparaitre ou d'encombrer, vous me laissez le temps de la réflexion, je ne puis rien faire de moins que vous laisser celui de la lecture pour Ulysse. Après tout, lire et réfléchir, que pouvons faire de mieux, pour traverser vaillamment et heureusement les années démentes qui s'annoncent ?

Écrit par : solko | dimanche, 01 mars 2009

@Solko:oui, j'ai honte, punissez moi car c'est très mal :-)
Béraud je vais m'y mettre mais après Joyce. Parce que les extraits D'Ulysse de Joyce que j'ai lus m'ont encore plus stupéfiée que Béraud (quoi ? c'est mal, encore mal ?)
à un point tel que je voulais attendre d'être à la retraite pour le lire. Mais comme j'ai choisi de ne pas faire apparaître le mot "retraite" dans mon univers symbolique (sinon retraite "alcestienne" cad "dans les bois") ça change tout. et je me donne donc 90 ans pour lire ce livre merveilleux, ensuite , j'irai avec ma canne et mon manteau à col de ragondin lire "gerbe d'or" courbée sur un banc place Tabareau pendant 9 ans, jusqu'au 31 décembre où je vous retrouverai à minuit avec votre réponse, cochée dans le catalogue,j'aurai un I. pod sur les oreilles et mes sabots (oui, les mêmes !)(et j'imagine que vous porterez le teeshirt brodé des mains de Sophie LL "I love Beraud") nous serons faciement identifiables à nos mines renfrognés, car bien de l'eau aura coulé sous le pont morand et tout cela nous aura tant désespérés que cela finira par se voir.
J'ai hâte de vous voir en blouse grise. Et je tendrai des petites mains tremblantes devant votre redoutable règle en bois jaune
Parce que j'aurais pas compris le "Ulysse" du coup j'aurai pas pu finir Béraud et vous m'admonesterez très sévèrement. en me livrant ma pénitence. il faudra donc demander une rallonge de 99 ans pour que je recopie 3 fois le Ulysse. Lire c'est bien joli , après il faut "comprendre ce qu'on lit" (comme dirait Pierre Guyotat.) (et michel Rocard aussi )
Et entre les deux (la lecture § la compréhension) il faut réflechir (+ faire la vaisselle, se laver , se vêtir, aller au monoprisx et tout)... Et, je crois 2099 ça ne va pas suffire
que diriez vous d'un petit ajustement jusqu'à l'an 3099 ? pour nos affaires toujours...

Écrit par : frasby | dimanche, 01 mars 2009

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