Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 11 juin 2010

Une semaine de catas (thema part I)

"Quelle force, quelle cuirasse faut-il avoir pour encaisser tous les coups de griffes que l'on va recevoir ?"

HENRY MILLER, extr de "Henry Miller, rocher heureux", par Brassaï.

Si vous n'avez pas de feu sur vous, vous pouvez cliquer sur l'imagecataclysme.png

Lundi.

La nature ment. L'aise émerveille. Le monde est là, l'outrage nous charme. L'effort s'y heurte puis la voix se promène sur les heures, les balaye. Elles se dévident sans cesse. Est ce lui qui vient ? Craque des allumettes, s'enfuit devant le feu qui dévore l'envoilure puis essaye à pas lent de chiffonner les toits ? Dans l'ennui passe l'ennui. Les œuvres tombent en ruine, nous exilent loin des Dieux. Au premier jour qui vient tous les coeurs s'illuminent, le lendemain un autre se lamente en regardant l'anthère d'une fleur arrachée sous la touche du piano secoué d'impatiences et raconte à qui veut bien l'entendre, que sa bonté fût flouée par indifférence. Les rôles sont inversés si aisément ! toute cruauté bien travestie et convulsée de pleurs restera émouvante, un vibrato chéri envoûtera la littérature. Plus tard, en effeuillant un livre qui parle de bombe atomique (au Japon, ou ailleurs), on tombera sur une page si blanche où la méprise à ce jour impossible, paraîtra demain évidente. Tant de gâchis pour rien. Avec quoi pourrions nous l'effacer ?

L'inexorable excite un venin malséant. Tu le vois, le moineau-migrateur à ta porte ? Soufflé par de minuscules guerres, et frissonnant à l'aube ? Quand l'éboueur dépose la tête de ton aimée, sur un paillasson impeccable, lèvres closes. Enfin muette. La voie est libre. Le temps dévore l'acier, soulage un four incandescent, hameçonne au désert à lent terme le dépassement et d'autres choses effritent l'âme terrienne. Les beaux débats secoués d'infâmie, la trahison qui prend de jolis airs de fête et mille faux semblants épuisent la splendeur des épithalames. Tout gêne. Il y a ces toits chiffonnés que j'essore dans la mer où pullulent des petites algues mortes. Il y a des reniement si laids, que l'alphabet entier refuserait d'y prêter les angles (obtus) ou les courbes (qu'on dit sensuelles), d'une seule lettre, pour leur donner un nom, (ne prêterait ni A, ni E, ni N, ni I ni U et encore moins le M) ...  Il y a des parenthèses qui se referment à l'envers sur six milliards virgule sept cent quatre vingt treize créatures humaines parmi lesquelles il est impossible de retrouver sa moitié. Tout blesse. Je suis à l'ouest. Des margraves veillent sur mon sommeil, ils portent d'azur, à l'aigle échiquetée d'argent et de gueules, becquée, languée, membrée, couronnée d'or. Quand je ferme les yeux tout s'empresse, pleure, ou disparaît. Je suis dans le Grand Nord, sur une presqu'île presque déserte, assise à la terrasse d'un café somptueux. Et maintenant par dépit, je regarde un garçon danser.

Comme il est beau ce fêtard triste et chevelu !

Est ce lui qui broute sur de secrètes bestioles ? Damne son poulpe étourdi d'amusettes, jette des tubéreuses sur la méchante époque et les mêle à l'acide qui va en ce jardin, saccager les beaux entretiens. Demain nous serre, tristement sous son aile, barde le monsieur qui se rince au bar. Sa déroute amusera. Est-ce lui qui vient ? Administre à pas lourds des châtiments encore pour rien ? Les enclos minent la providence, de belles paronomases arrêtent l'été, hélas ! "amantes sunt amentes", les amants sont ils fous ? Se piquent de vanités près desquelles on s'endort, tandis que le pas se poursuit hantant les anciens parallèles. Est ce lui qui étreint les fadaises et se crève les yeux à toujours vouloir surplomber l'humain ? Lui qui se vante encore de glisser à la fosse, l'élégant baise-main ? Lui que l'ennui a jeté dans l'adoration tant des étoiles que des ténèbres, de l'exaltation au dédain, abhorrant aujourd'hui, son amie de la veille. A tant rapiner les émois, chassés dans les jungles éphémères, on se noierait à marée basse. L'extase est vil, l'humus est là. Il étouffera tous les mignons. Dans l'ennui, j'aime ce monstre et l'ange qui porte le sommeil au milieu de l'après-midi. Le jour nous pare de muselières. La nuit nous ferons mijoter des amanites solitaires avec les amanites blanches mortelles. Il n'y aura peut-être aucun survivant. Des éléphants sommeillent sur des cadavres tièdes.

Ici les biquets se déhanchent.

CATACLYSME.

http://www.deezer.com/listen-3848070

Photo : Image extr du film de Anton Corbijn: "Control", (2007).

Commentaires

j'ai envie de vous surnommer Apolline R. qu'en dites vous?

Écrit par : catherine L | lundi, 19 juillet 2010

@catherine L : Oh lala ben vinzou ! c'est ti pas un pti peu exagéré ? Si notre cher Guillaume apprend ça, (le pauvre homme!) il vous fera la peau (l'appeau ? ;-)
Adieu, dos , hérons, becs fins et vinaigrette de paonne ;-)
Soyez prudente, je tiens à vous !

Écrit par : frasby | lundi, 19 juillet 2010

Un garçon qui danse, un soupçon de Cockcroft grimpant l'Aconcagua , Control Corbijn sur intérieur nuit et déhanchement de chèvre, dandisme baroque...
De l'air parfois nous manque dans ce feuillages équatorial !
D'accord avec Catherine L pour louer fort cette prose échevelée qui frise avec l'anthracite bulgare et le rose cramoisi des jungles amanites.

Écrit par : Lola | mardi, 20 juillet 2010

@Chère Lola : "L'air nous manque", oui ! c'est tout à fait ça ! ce qui advient, qu'on ne peut énoncer si directement tant les neiges de l'Aconcagua nous ébouillanteraient. Enfin c'est bien cela, l'irrespirable, la puissance du malaise qui vient après le poison, L'être humain, entre en collision avec l'absurdité même d'une situation, et tous les appels d'airs s'en trouvent sans raison sectionnés. Reste la fée électricité, pour l'illusion, les entrechats de chèvre (;-O!) etc... Je ne renierai pas votre petite allusion au baroque, un style qui me plaît beaucoup pour ces emphases qui sont comme autant de camouflages et de béances. Plus il y a de détails, plus ce qui manque paraît presque scandaleux. Enfin, vos jungles amanites sont parfaites... Dans la forêt amanite, quelques tribus sauvages ou adeptes de la Déesse de l'Équinoxe y vivent aux côtés de créatures gigantesques et monstrueuses. C'est un des endroits non-habités les plus dangereux car les terrains sont extrêmement difficiles et il est presque impossible d'y retrouver son chemin. Merci à vous Lola,je vous souhaite une bonne nuit (dans la sueur de la nuit tropicale de la ville de tous les mystères, dit on...)

Écrit par : frasby | mardi, 20 juillet 2010

Oh mon Dieu il va me falloir des heures pour lire ici tout ce que j'ai envie de lire!
"Dépenser sa vie en aimant"... voir ici
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/08/comme-un-dimanche.html

Je veux bien être ruinée!

Écrit par : Ambre | lundi, 25 octobre 2010

@Ambre : Vous me faites drôlement plaisir vous ! quand je serai découragée, je viendrai me ressourcer au coeur de vos commentaires, votre enthousiasme est revigorant !
Dépenser sa vie en aimant... Oui, j'approuve ! avez vous lu le très beau billet assez récent, gulfurant, aroumeux et terviguinex de Christophe Bohren ? Ca décoiffe, n'est ce pas ?

Moi aussi je veux bien être ruinée par la grâce et soutenue par tous les pouêts du genre et d'ailleurs je le suis, ruinée (rires)
mais je veux bien être trop ruinée et plus encore, trop ou rien, c'est une bonne démesure, qu'en dites vous ?

Écrit par : frasby | lundi, 25 octobre 2010

Vous me faites rire Frasby. Bien sûr que j'ai lu le billet "gulfurant, aroumeux et terviguinex" de Ch. Borhen. Suis naf;-)
Et la photo de ce billet est aussi très belle. Elles pourraient illustrer - avec celle de Brassaï (Suzie) - le billet en question.
Ah! je m'égare. A bientôt...

Écrit par : Ambre | lundi, 25 octobre 2010

@Ambre : Egarez vous ! egarez vous ! ce genre d'état (l'égarement du lecteur (trice) commentateur -trice) me met aux anges (ainsi puis je m'égarer, aussi, très solidairement :) et le txt de Chrisbor aussi, je veux dire qu'il nous met aux anges. En toute exaltation aroumeuse même passée se trouve une éternelle présence qui nous transmet son feu pour peu que ces instants là ne soient reniés (suis je bêtement lyrique ?), Peut être bien, mais je suis aussi dans un contentement non dissimulé de vous faire rire sous un billet aussi tragiquement autobiographique (on ne rit plus :), qui serait une sorte d'anti-bellit de Thriscophe Hobren, bellit non aroumeux, comme une torembée épras le tergive. C'est vrai qu'elle est bien belle la photo de Brassaï , (Suzie), Jean, (qui est des bon notres et dont je suis comme de Thriscophe B. assez naf = blog "on est là mais ça ne durera pas") et que vous connaissez peut être, à Suzie ne peut s'empêcher d'ajouter la lettre Q. Mais ce n'est pas ce que vous croyez, je m'égare ? Ah non non non !
jamais de la vie ! :))
http://listen.grooveshark.com/s/Suzie+Q/2kmJDa

Écrit par : frasby | mardi, 26 octobre 2010

Les commentaires sont fermés.