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lundi, 18 octobre 2010

Avalanche

La recherche de l'intensité veut que nous allions d'abord au delà du malaise.

GEORGES BATAILLE, extr. "La littérature et le mal" (à propos de "La sorcière" de Jules Michelet), éditions Gallimard 1957.

avalanche_0093.JPGTout t'épuise. C'est cela qui resplendit, le déplacement de toutes tes vies jusqu'au plus grand flou possible ; la confusion entre les joies dilapidées et le pic hormonal normal, comme si l'impression nette de toutes tes expériences avait nourri pendant longtemps un but sans fondement véritable. Le flou et tous ses avantages, abhorrant tes antécédents, les trouble, dénude un fil étrange qui menace à présent ton ouvrage. Tu vois pousser des tulipes au milieu de ta maison. Tu perds la boule puis tu pars en haillons marcher sur une plage et tu sens tout le sable et le sel ronger le cuir de tes souliers. Il te faudrait de l'imprudence pour allonger la dulcinée au milieu du salon, dans ce feuillage exubérant, la regarder s'étendre sur tes pieds nus réchauffés par l'amour, tes pieds tout neufs. Elle s'aveugle à tes pieds. Tu es une idole immortelle. Tu grandis. C'est cela qui réchauffe, elle resplendit en toi. Tu dis que les herbes sont plus hautes quand elles repoussent à l'intérieur, entre les murs ou aux plafonds, nul ne te contredit, oui, c'est logique tout ça. Et tu tapes en cadence, ta petite chanson. Une pelle, un rateau dans tes mains, sur ton ventre accroché, le jouet tient par un ruban aux couleurs de tes mondes, tu tapes sur un seau aussi rond qu'un tambour, et tu chantes à tue tête sans te soucier du faux. Les notes avenantes cristallisent tout ce qui reste à goûter de silence ; la dulcinée se couche dans l'herbe folle parmi les tulipes floues dessinées par les monstres qui pressent dans la nuit des tubes de couleurs chaudes. Les jaunes de cadmium coulent sur les végétaux leur conférant d'artificielles callosités en forme de pétales de rose. Les bulbeuses prolifèrent entre les lianes nouées de lierre, et toi tout enlacé d'amour, tu sens quelque chose comme une pierre qui te coule au fond, un point fondu dans ton système, une drôle de solitude. Il reste une question que tu n'arrives pas résoudre, cela ne finit jamais, ça te venait déjà quand tu vivais sous terre. Tu demandes à la dulcinée, elle qui ne t'écoute jamais, elle qui t'aime sans rien dire, qui te veut immortel, à la manière de ces rois embaumés, les pharaons. Tu la couvres d'énigmes puis tu fais voyager sur son corps l'excès fantômatique revenu des sables, tu tamises et verses grain par grain ton sel. L'évènement, tu le passeras sous silence, il se couchera sur ta chanson qui resplendit toujours et mutile constamment tes sens. Enfin, il y a ces gens qui reviennent chercher leur dû. Des montagnes de sel entourent la plage, tu entends. Quand elle respire c'est encore leur respiration, il remontent la pente où tu les as laissés pour morts, par négligence, parce que c'est humain d'oublier. Tu les vois, ils sont flous, ils sont là, ils s'amusent et remuent dans ta tête des flaques d'eau miraculeuse avec leurs doigts, leurs sales doigts qui se mêlent, à chaque fois, c'est pareil, plus tu les noies, plus ils remontent.

Photo : Flou urbain (et humain ?). Dans ma rue, quand la nuit tombe, toutes les fenêtres fondent, c'est ainsi. Photographié à Lyon, quelque part à Croix-Rousse, par un beau soir d'Octobre, (le nom de la rue restera sous scellés). Frb © 2010.

Commentaires

Flou urbain (et humain?)

Photoshop propose un choix de flous (ah tous ces flous c'est fou!)
directionnel
gaussien
optimisé
radial
plus flou


et tous, classés dans l'onglet "filtres/atténuation"

Le flou n'atténue pourtant rien , n'est ce pas ? bien au contraire

Écrit par : hozan kebo | jeudi, 28 octobre 2010

@Hozan Kebo : Ah pardon ! vous êtes dans le flou artistique mon ami. Je n'ai pas photoshop, je l'ai eu, j'ai changé d'ordi, je ne l'ai plus, la photo ne procède d'aucun trucage particulier.
(extraordinaire non ? :)) sans les mains sur le fil de l'accident
point de direction ni de gausserie,ni d'optimisation, point de radions ni radis plus flous. Tout à l'ancienne et même pas avec une manivelle. Juste l'accident fortapropo on va dire, pour mon propos serponnel, j'ai bien quelque part gimp mais que nenni, il n'y eût pointan de déploiements de philtres (sinon d'amour :)
ni d'atténuations. du coup le flou ci dessus et autour atténuera encore moins rien que ce que vous croyez, c'est fou mais on s'en fout, n'est ce pas ?
Bien au contraire = ah oui, là, je suis d'accord, plus on est de flou plus on ... (oh ben zut alors ! j'ai perdu la suite, oh ben ça alors ! où cela peut-il bien être ? :-))

Ps: Pour les zazars et coïncidences d'hier je vous répondrai incessamment (fl)oupeu, si vous me draponnez mon retard évidemment
Et pour le reste, je dis au diable le flou fotochopé ! (pourquoi utiliser des bidules et des machins quand un incident zazardeux ou coïncidant ma foi pas mal, nous offre tout le petit nécessaire à bricoles sur un plateau comme dans la lune (ou sur ou avec) et cela sans le moindre effort, à l'insu de notre plein gré ? On est en droit se le demander ... :))

Écrit par : frasby | jeudi, 28 octobre 2010

Cette avalanche, c'est pour la Toussaint ? J'ai peut-être mal lu. Mais j'ai le sentiment que c'est en moi, en ces jours de fin-octobre, que les souvenirs remontent et insistent et s'accrochent, avec leurs sales doigts, aux rebords de ma vie éveillée... « plus je les noie ». Je pense que c'est vrai que l'intensité se trouve au-delà du malaise.

Écrit par : Marc | vendredi, 29 octobre 2010

@Marc : Non, non ! vous ne lisez pas mal du tout (sourires) puis je vous rassurer ? Disons qu'il y a une atmosphère terre de bruyère, chrystanthème un peu partout qui pourrait nous dire que cette saison est exactement celle des fantômes, en plus cette saison est celle où la lumière baisse considérablement, moi ça me plait, mais cette chose a un effet redoutable sur certaines personnes, en plus, en ville les magasins et vitrines présentent très prématurément et de plus en plus, des articles de Noël (Noël convoquant entre les guirlandes pas mal de fantômes aussi) alors par digression, j'ai eu ce désir (tout à fait tordu :)) d'anticiper une Toussaint d'un point de vue personnel et bien sûr très imaginaire, puisque paradoxalement cette saison me convient par ces couleurs automnales magnifiques, mais tout comme vous, ces festivités (Toussaint d'abord ensuite tout un enchaînement désolant de fêtes obligatoires...) et ces chrysanthèmes sur les trottoires des fleuristes et sur les marchés évoquent "au rebord de ma vie éveillée" (belle formulation), un certain malaise, certains jours, et il me semble qu'en énonçant le malaise d'une façon ou d'une autre, en le regardant pour ce qu'il est, ou en l'imaginant, partant d'une réalité, on le traverse aussi.(? ) Enfin je ne sais pas, peut être pourriez vous m'en apprendre davantage sur ce sujet assez délicat en définitive. Ce petit texte n'étant qu'une tentative expérimentale parmi d'autres... Merci pour votre visite Marc, il m'est toujours très agréable de vous lire... A bientôt ici ou là

Écrit par : frasby | vendredi, 29 octobre 2010

Si on regarde, si on imagine, les choses se présentent les unes à la suite des autres ; et défile au moins la moitié du monde, comme en avalanche.
http://www.youtube.com/watch?v=COMDaYKJCWs&p=95E2380EEDBC4BAA&index=3&feature=BF

Écrit par : Marc | vendredi, 29 octobre 2010

@Marc : Très bien "vu" ! j'aime assez le choix judicieux de cette chanson les paroles de votre lien, peut être n'est ce que la moitié d'un de "nos" mondes parmi des milliers qui chute ainsi comme en avalanche. (Je suppose que vous comprenez l'anglais, sinon l'espagnol ? L'un des plus beaux poèmes de Léonard Cohen justement s'intitule "Avalanche"...
http://www.youtube.com/watch?v=g-oLmOm9vk0

Écrit par : frasby | vendredi, 29 octobre 2010

Oui bien sûr, Cohen. Et l'expérience d'entrer dans « to step into » l'avalanche. Merci. Je me doutais bien que vous alliez me relancer en musique. Cette chanson est encore plus proche de votre texte que celle où je vous faisais dévier. Car j'étais resté devant. Un peu à côté, me demandant quoi faire de Dulcinée qui a, qui a... Mais qu'est-ce qu'elle a au juste ? Tachycardie ventriculaire. Une avalanche de battements de cœur.

Écrit par : Marc | vendredi, 29 octobre 2010

@Marc : Cette chanson n'est pas forcément plus proche de mon texte, ,ne croyez pas tant cela, votre lien et les paroles réecoutées plusieurs fois (car je ne connaissais pas Pauline Julien) m'ont guidée sur une piste que je trouve même plus intéressante que la mienne, c'est vrai que j'ai laissé un peu de marge pour l'interprétation du texte, le thème de l'avalanche étant porté à s'étendre :) (sans trop se répandre j'espère... Disons que l'avalanche déborde toujours et franchit les limites pénètre là où elle n'est pas forcément souhaitée...C'est vrai qu'Avalanche de Léonard Cohen m'a un peu inspiré le titre mais peut être que le texte si peu réaliste soit il peut faire dévier tout cela vers quelque chose d'assez anonyme, c'est evidemment souhaitable aussi. Tachychardie ventriculaire my god ! bien sûr que non ! Dulcinée n'a pas. C'est bien le problème :) Dulcinée comme Rodrigue a t-elle seulement du coeur ? Elle n'a pas la réponse attendue, est ce que vous me suivez un petit peu ? Dulcinée n'a pas et n'est pas la réponse, ensuite on peu broder à loisir dans la neige en attendant les secours :)) ...

Écrit par : frasby | samedi, 30 octobre 2010

Je vous suis bien sûr. Je vis l'expérience de l'avalanche aussi. Et Dulcinée, bien entendu, n'a pas la réponse. Mais c'est peut-être moi ça. Durant l'attente... L'impression d'entendre les pas de l'ange et désirer qu'elle me regarde, qu'elle me touche. Pour que le silence survienne.

Écrit par : Marc | samedi, 30 octobre 2010

@Marc : Je ne sais pas si un seul être humain sur terre a été exempté d'avalanche :) celui ci serait alors un Dieu, un démon ou un ange, voire un monstre ou tout simplement un "chanceux" ? "Dulcinée" c'est un peu l'appelation absurde de "la dame" chez Don Quichotte (je pensais aussi à cet opéra en carton pâte qu'en fit Brel très interessant et qui ne fût pas très bien reçu par le public et pour cause, peut être que ce qu'il renvoyait était trop inhabituel et donc un peu gênant. L'amoureux est amoureux du cadre (un peu comme le photographe ou le cinéaste), il aime le cadre qu'il a inventé pour "Dulcinée" avant d'aimer "Dulcinée" pour elle même, alors il se raconte une histoire et il demande à Dulcinée des réponses, (ou des contes ?) si Dulcinée n'a pas la réponse, ne sait pas, n'apporte aucune forme de certitude elle n'est plus qu'une intruse dans le système du cadreur, (ou du rêveur), et qu'elle soit amoureuse ou non, en redevenant intruse elle ouvre une boîte maléfique qui provoque une sorte d'avalanche, l'avalanche est aussi l'intrusion par excellence, en redevenant intruse, "Dulcinée reconvoque toutes les intrusions possibles, passées ou futures, mais d'abord passées mais bien evidemment, cela pourrait être tout autre chose aussi, comme l'histoire de l'ange désireux d'être regardé comme un ange, et qui attend comme un homme (?) en quête d'un silence surhumain ou peu endurable à l'humain (?) Le silence est toujours un peu angélique- du moins, quand il convoque le désir (il me semble...) Comme vous pouvez le constater je n'ai pas la réponse :)

Écrit par : frasby | samedi, 30 octobre 2010

prête à d'autres parmi

Écrit par : inter | jeudi, 04 novembre 2010

@inter : et écoutons la différence (ah ! ah!) je suis intoxiquée par les... (euh, non pas de pub, on a dit)

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

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