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dimanche, 24 octobre 2010

Prélude à un gai désespoir

L'avenir ne mesure rien que ma faiblesse présente

ANDRE COMTE-SPONVILLE

gai desesp782.JPGQuand nous serons sortis de terre, nous irons dépenser nos deniers pour flotter dans des jonques. Nous prendrons conseil auprès des demoiselles du syndicat d'initiative, nous visiterons les jardins des châteaux ornant les calendriers de l'automne. Nous y séjournerons longtemps et nos nuits seront idylliques. Le temps s'allégera nous retrouverons ces enfances qui ne cessent de grandir en nous à mesure que nous vieillissons. Et la peur du temps passera. Notre mémoire deviendra  floue.

Nous serons assis sur les marches d'escalier de l'église d'Augustin rue Denfer, nous regarderons les damnés, traîner de lourdes chaînes et juste en dessous, un beau Christ en élévation sera (comme toujours) adoré par nos anges. Nous maudirons cet espoir qui nous met à genoux, nous entretue pour une louange si minuscule, par rapport à ce qu'elle promet. Nous cesserons d'y croire. Nous n'aurons plus un seul argument vérifiable pour aborder la terre promise. Nous n'aurons pas d'autre maison, pas même une petite arche ne saura fournir l'évasion nécessaire à nos échappées. Peu importe. Sans maison plus besoin d'échapper. Nos mondes nous fondront dans la main, s'amolliront dans nos chairs tendres à la manière des éponges  ou des étoiles de mer cela nous délivrera bien à la longue.

ll y aura des signes importants, des dilemmes contre lesquels nous lutterons encore, on ne sait quand s'amorceront les lendemains nouveaux. S'il y a de quoi espérer. Peut être, irons-nous à l'idée lumineuse de désespérer enfin totalement et gaiement de toutes choses ? Ou de ces espèces de choses soit-disant épatantes qui nous viennent d'on ne sait où...

(A suivre)

Photo : Le répit. Photographié à la croisée de Zola et Barbusse en plein coeur du très beau quartier des gratte-ciel à Villeurbanne.© Frb 2010

Commentaires

j'espère qu'il y en a encore pour 30 ans ? cela me suffira...... Rires !!

Écrit par : patriarch | jeudi, 04 novembre 2010

@patriarch : 30 ans ? Vous voulez rire ! c'est trop peu
Je serai à votre place je miserai 100 à 150 ans pour être tranquille
sait-t-on jamais , Avec les progrès de la science.
Commençons par aujourd'hui, déjà ! c'est un début, en attendant je vous la souhaite belle, votre journée ! à bientôt !

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

comme tout ne vaut

Écrit par : tant | jeudi, 04 novembre 2010

@tant : tout ne vaut et veau :-)

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

Peut-être que ce qu'il y a de bien avec le gai désespoir, c'est qu'on en est toujours au prélude. C'est-à-dire que les deux termes peuvent se moduler à l'infini. Ce n'est pas, il me semble, une posture réalisable dans l'absolu sinon qu'il doit y avoir, dans chaque moment, chaque événement, dans toutes vies, de façon constante et simultanée de la gaité et du désespoir. Impossible d'en déterminer l'ajustement idéal. Aujourd'hui une pincée de gaité pour une assiette bien pleine de désespoir. Demain, qui sait ?

http://www.youtube.com/watch?v=F5A4CkUAazI&feature=fvst

Écrit par : Marc | jeudi, 04 novembre 2010

@Marc : modulation, oui c'est un peu le maître mot, vous ne croyez pas ? :) une posture réalisable dans l'absolu, non, ça parait impossible nous ne sommes pas faits de ce moule là, du moins en occident, le christianisme fondé sur l'espoir nous a conditionnés à être des êtres "espérants",
et d'ailleurs ce genre de billet intéressera moins que si j'avais écrit un billet où le titre aurait contenu le mot "espoir"parce que d'entrée le mot "desespoir" sera mal compris, mal entendu, il aura une connotation affreuse, vide, noire
alors que c'est , enfin, en ces termes ci dessus, justement contraire, il y a dans le gai désespoir une grande ouverture, le mot gaieté et dé-sespoir ne seraient pas tant à l'opposé mais complèmentaires je n'inventerai rien vous savez bien (rires !), Spinoza avait déjà abordé cette idée, Cioran, Kierkegaard, et les anciens, même (surtout) le bouddhisme puis Comte-Sponville nous l'a remise au goût du jour, enfin bon. J'aimerais publier un billet moins abscons sur le sujet (je veux dire pas un texte fantaisiste, qui floute un peu trop son sujet:), disons, moduler mon embarcation :)) (ça me fait sourire ce mot embarcation, car il s'agit vraiment d'une barque encore là- ici- très minimale qui rejoint notre sujet de fragilité, là bas. En parlant d'embarcation et de "là bas" le prélude" que vous nous offrez est une caravelle, sublime version que je ne connaissais pas, on en sort renversés mais plutôt du côté céleste. Merci à vous !

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

"... désespérer enfin gaiement de toutes choses..."

Voilà exactement à quoi je m'exerce depuis toujours, sans le succès que j'avais pourtant espéré d'un entraînement forcené qui, décidément, ne m'a toujours pas fait avancer d'un pouce sur la voie imaginée !
Le détachement ne doit pas avoir été programmé dans mes gènes - gênes ? -, aussi me vois-je contraint de m'intéresser, voire même d'aimer - je veux dire : me coller contre et, souvent, les "comprendre", les "entendre" (tout ceci sous caution, évidemment, nous pouvons nous tromper) -, toutes choses de ce monde quand bien même, dans l'absolu, certaines ou peut-être beaucoup, ne mériteraient-elles pas d'être seulement regardées, approchées, caressées ou tout ce qu'on voudra que je ne peux m'empêcher par curiosité naturelle d'entreprendre avec cette naïveté inchangée depuis des décennies dont j'avais aussi prédit, seconde erreur, qu'elle s'assècherait assez vite devant le désolant spectacle général que ne sauveront jamais les belles étincelles qu'il peut aussi étonnamment produire sans qu'on en comprenne la logique d'irruption au milieu du bourbier ambiant.
Il n'y a pas de sagesse, cette dernière n'est qu'un artifice pour
besogneux du plaisir incapable de vibrer devant la magie colorée de l'automne dont il dira qu'elle n'est qu'un cliché, que l'ayant vue autant de fois que le nombre de ses printemps il s'en est lassé.
Pauvre homme qui se trompe : c'est la vie qui s'est lassée de lui...
Je préfèrerai toujours espérer à son contraire, même tristement :)

Bon ben voilà, pardon pour la longueur mais une fois parti faut aller au bout. Je ne relis pas sinon je vais effacer.
J'aime bien venir chez vous, ça m'inspire "n'importe quoi" (je sais que vous me comprenez, Frasby)
:)

Écrit par : Jean | jeudi, 04 novembre 2010

@Jean : bien sûr ! je partage tout à fait ! votre texte est superbe, merci, il apporte une nuance essentielle, dont nous avons besoin ;je partage comme vous cette impuissance à désespérer gaiement, c'est bien pour cela que je viens chatouiller un peu le thème et le mettre en commun tout en tâchant (tant bien que mal, de l'éloigner du sens commun que nous n'avons peut être pas si "naturellement" que cela) de desespoir stricto sensu et de tristesse stricto idem) vous parlez de gènes, il s'agirait plutôt de la "gêne" toute chrétienne, qui comme je le disais à Marc nous a conditionnés à ne vivre que dans l'espérance et nous aura fourbi en plus de notre joug d'avoir été chassés du paradis :) l'acharnement d'espérer en une vie meilleure que l'on n'a pas, que l'on n'aura sans doute jamais (quoique, mais bon, je noircis exprès :-) et dont nul ne sait à cette heure si elle existe car j'ose cette banalité de révéler à la planète (rires !!!) qu'en matière de paradis retrouvé, nous en sommes depuis 2000 ans et des poussières à peu près au même point (d'espoir) et tout cela malgré nos présumés athéismes, n'aura pas changé d'un iota nos volontés nos caractères qui font que nous avons besoin d'espérer à peu près autant que l'on respire et surtout d'espérer en des mondes dont on sait qu'ils ne peuvent advenir, en tout cas pas tels que nous les rêvons, (to hope is to live) alors oui, "je préférerai toujours espérer, même tristement" bien sûr, je serai bien malhonnête, de prétendre que je suis au dessus de ça et j'aime beaucoup- parmi d'autres- votre réflexion sur l'automne, qui m'est très proche, dans cette perspective là, très ouverte au tout venant, au surgissement, et à ses infimes ou grandes modifications oui, l'espoir se tient sur la note d'ouverture à toutes formes de "surprises, qui nous mettent en état de grâce presque enfantine et requalifie notre sens d'être au monde , mais combien d'êtres humains se sont empêchés de vivre parce qu'ils nourrissaient par ailleurs un espoir insensé ou quelque attente jamais comblée ? C'est bien pour cela aussi que je viens ou tente d'en demêler ici. Tenter d'en demêler signifierait que je m'y perds un peu moi même donc aucune leçon de sagesse ici ne viendra avec outrecuidance dire aux autres la bonne parole du Gai désespoir ,(j'en suis loin de la bonne sagesse, je m'éprouve à zéro chaque jour :) et si je vis par emerveillement de ces choses qui emergent toutes imprévisibles, n'est ce pas encore une forme d'espoir à très court terme ? Je tente de n'espérer que des choses qui sont à ma portée, certes! c'est une sagesse (si on veut) qui pourrait n'avoir de valeur que très personnelle, délaissant toute forme d'espoir inaccessible par défaut (ou tristesse) peut être plus que par présomption philosophique, vous avez tout à fait raison d'insister sur ce point de sagesse disons impuissante voire même entravante (si vous cliquez sur mon "dépit" (rires) l'image de mon dépit, (al magie ed nom pétdi, drapon), vous tomberez sans doute à la croisée, sur quelque chose qui se partagera d'assez loin mais aussi de très près (j'emprunte encore à Marc)
Votre texte est vraiment magnifique, je vais encore le relire pour en humer toutes les lignes et ce qui se cache bien entre les lignes. Il aurait été dommage d'effacer,, j'aime bien quand vous venez ici, ça m'inspire également "n'importe quoi" oui ! oui ! oui! Jean, je crois bien que je comprends :)

ps : n'empêche que le titre même de votre glob, a quand même un petit quelque chose qui procéde ici ou là, du "gia pésesdiro", j'ai bien dit -" un petit quelque chose"- , vous comprendrez, j'ne susi (Q ? :)) tuto fiat rûse ! (Ecorne cremi à vuso céprieux Naje :-)

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

Boudiou Jean, quel texte ! Heureusement que vous n'avez pas effacé, je n'aurais même pas su qu'il m'aurait fallu vous en vouloir.

Attrapé au fil de la pelote qui se déroulait :

"avec cette naïveté inchangée depuis des décennies dont j'avais aussi prédit, seconde erreur, qu'elle s'assècherait"

"Il n'y a pas de sagesse, cette dernière n'est qu'un artifice pour besogneux du plaisir incapable de vibrer devant (...)"

Écrit par : Michèle | jeudi, 04 novembre 2010

@Michèle : Et si nous avions su, c'est la première fois que nous aurions pu lui en vouloir (reni use y'd senper tse nue soche euffrase :), nous savourons la présence...

@Jean (re) : surtout, ne craignez pas les longueurs, je ne saurais vous pardonner quelque chose que j'accueille volontiers et avec grand plaisir, (dont j'abuse impunément moi même ici) j'ai conscience (au fil de votre pelote) que j'ai beaucoup de chance (et ceux vous liront ici, aussi, n'est ce pas chimèle que j'ai raison ?) Hélas, j'ai moins de chance en votre domaine, où nul accès d'intervention ne m'est permis, Les cerbères ont encore attaqué cette nuit (dois je espérer (gaiement) en
(les ?) démordre un jour ? puisque je n'oserai vous déranger sans cesse serponnellement pour vous dire combien vos textes et images au domaine me ravissent ...

Écrit par : frasby | jeudi, 04 novembre 2010

Je lis ce billet trop tard. J'aurai dû le lire avant le suivant... Peut-être alors aurais-je aussi "supprimé" ce que j'avais écrit car, en effet, je n'ai vu que le "noir" du désespoir. Mais à vrai dire je n'en connais pas de bien coloré (°_°)

Écrit par : Ambre | vendredi, 05 novembre 2010

@ Ambre : Je me réjouis que vous ayez lu ce billet trop tard, car vous auriez "supprimé" quelque chose de précieux (cf. votre commentaire à l'étage), certes, nous n'en n'aurions rien su :)
Le desespoir peut-il être gris ?
Je repense en vous lisant à ce "gris inavouable" qu'évoqua notre ami Solko, lors de sa dernière "causerie au cinéma St Denis...
"Le gris inavouable" tel les brumes...
Bien que j'ai lu quelque part(et je l'ai déjà noté ici, cet été, que le gris n'était pas ne couleur mais une valeur d'intensité lumineuse:O!)`mais en peinture, "selon la proportion des pigments cyan, magenta et jaune qui les composent, on obtient une infinité de gris, appelés « gris colorés ", qui tendent plus ou moins vers l'une de ces trois couleurs. De même que le gris obtenu avec du noir et du blanc a quelque chose d'un peu bleuté
A supposer que le désespoir ne soit pas que noir mais gris
Ensuite il resterait à inventer le désespoir Fuschia, le désespoir rose bonbon :-), il suffit d'essayer :-)
Dites-moi, il est drôlement joli votre petit bonhomme, comment faites vous cela ? :-))

Écrit par : frasby | vendredi, 05 novembre 2010

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