samedi, 25 décembre 2010
Quelques pas dans la neige...
Le plus bel arrangement est semblable à un tas d'ordures rassemblées au hasard.
HERACLITE : citation in "Les penseurs grecs avant Socrate", trad. Jean Voilquin, éditions, Garnier Flammarion, 1964.
Effacées les fadaises, sauteries et vies déplaisent, les neiges vont éternelles, sur le pur iris des narcisses. Un parfum de feuille morte brûle au cordage, ce noeud engrange des voeux tels des graines. La neige vient, nous protège de toutes sortes de chaleurs humaines. L'oeuvre pure a vécu ses heures de grâce. L'oeuvre au noir ne passera pas au blanc. L'alchimique ratage du subtil à l'épais allant à sa cime comme aux déserts ouvre un fossé rempli d'enfants qui jouent sur du papier brillant. L'un renait l'autre meurt, l'un n'est plus au souci de savoir comment renverser ses joujoux, il les range à nouveau bien à leur place, ne les prêtera pas aisément. L'autre s'en accommode tout comme du triste temps. Les ans se suivent, on les relie à peine. Une barque gèle au rivage percée de balles à blanc.
Sur les vaisseaux d'un monde retombé en enfance je me consacre au menuet, "une danse à trois temps gracieuse, et noble, à mouvements modérés".
"Le plus court qu'on peut le faire c'est le meilleur. Mais lorsque l'on est parvenu au point de le bien danser, on peut de temps à autre y faire quelque agrément" (1)
On pourrait préférer la gigue ou quelque sarabande qu'on danserait un ruban sur les yeux dans un jardin anglais, pour ne pas s'enflammer trop vite, mener l'hiver à l'apogée de quelque réchauffement pas plus intéressant qu'un saut de mésange à tête noire dans la neige blanche comme nos linges qui sèchent à la buanderie au fond d'une machine à sécher, autre cadeau du Père Noël, du beau père, ou d'une belle soeur qui dit "nous, cette année, on offre utile" comme on dit chez les grands. Nous pourrions apparaître soucieux du sentiment. "Mais ça ne risque pas mon pauvre vieux, nous sommes gelés depuis longtemps !", si portés à nous mêmes, effacés des romans, mais encore paradant devant la sarabande tout comme le mousquetaire héroïque nous agitons nos pieds n'importe comment, là, devant l'assemblée, dans la gloire de nous, le désir qu'on nous loue avec la générosité dans notre caractère, nous crions pour la sarabande "Pardieu, si je la sais !", déguisés comme un d'Artagnan, "lui qui ne savait rien du tout, mais qui voulait avoir l’air d’être au courant" (3) .
A peine signifiée l'illusion de nos fêtes réveille aux mesures de l'enfance le souvenir d'une carotte plantée dans un bonhomme de neige en guise de nez grossier ou fin, humant par la vitre d'une fenêtre fermée la truffe dans nos assiettes, ses arômes tout puissants et le sourire qui fuit déjà, nous serons hantés en dedans par l'an qui vient, ce spectre, nous couvrira de cotillons nous abolira d'estampies et nous battrons du pied gaiement par un mouvement d'aise oubliant un instant ce pli de rêveries, la tristesse, ces voeux vieux de l'année dernière qui ne sont jamais advenus. A l'oubli la maldonne, incompris, les joueurs tricheront pour retrouver leur fausse joie d'antan puis s'en iront jeter leurs souliers dans la sapinière, une dernière fois peut-être.
BASEMENT 5 : "Last White Christmas"
Références des citations : (1) et (2), extr "Le Maître à danser" de Pierre Rameau (Paris 1725) / (3): extr. Alexandre Dumas, in "Les Trois Mousquetaires", VIII (115).
Photo : Salut doux de l'hiver par la patte (du loup ou de l'agneau ?) qui vous souhaite bon Noël, (pas si joyeux, point trop n'en faut) photographié le 25em jour de December, quelque part sous un conifère dans les bois du Marquis de Montrouan © Frb 2010.
16:54 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De la musique avant toute chose, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
La neige ne m'attire plus du tout.... Belle journée
Écrit par : patriarch | mercredi, 29 décembre 2010
@Patriarch : Ce qu'il y a de bien avec la neige c'est qu'elle finit toujours par fondre (Lapalisse n'aurait pas dit mieux)
mais je comprends que cette année beaucoup de gens attirés par la neige (surtout à la campagne) puissent saturer un peu. Il ne me reste qu'à vous souhaiter le retour du soleil et de belles fêtes de fin d'année :) ; amicalement.
Écrit par : Frasby | mercredi, 29 décembre 2010
oui le hasard j'adore cette phrase d'Artür Harfaux "car seule compte la création mais pas celle de l'individu, celle du hasard du merveilleux hasard qui transmets le pouvoir hallucinatoire des images..."je l'ai découvert à l'expo "la subversion des images "à Beaubourg l'an dernier je n'en étais pas sortie intacte!!!
bonne fin d'année Frasby et si vous voulez des idées pour prendre de bonnes résolutions pour 2011 venez donc faire un petit tour ...je vais nvoyer un mail à ce cher Christophe B il me manque beaucoup...
Écrit par : catherine L | mercredi, 29 décembre 2010
"La neige vient, nous protège de toutes sortes de chaleurs humaines."
J'aime cette phrase. Je ne sais pas (ou ne veux pas savoir) pourquoi :)
Écrit par : Michèle | jeudi, 30 décembre 2010
@Catherine L : C'est vrai qu'elle est très belle cette phrase, "le pouvoir hallucinatoire des images... " et pourquoi pas des sons, et des mots ? Je veux tout (sourires) tout pouvoir hallucinatoire. D'ailleurs je regrette bien de ne pas avoir visité cette expo à Beaubourg mais je viens d'en voir une très hallucinatoire de Allan Mc Collum à Lyon "Each and every one of you" (eh oui) à la salle de bains (c'est une petite galerie très bien) on n'en sort pas pareils il faudrait que je prenne le temps d'emettre une petite note à ce sujet mais je ne vais trop promettre pour l'instant... Bonne fin d'année à vous aussi, et merci pour vos attentions, je passerai faire un petit tour par chez vous, c'est écrit :) et toujours un plaisir quant à ce cher Christophe son style inimitable manque à la blogo, je trouve et puis il manque tout court à nous, tout comme mon cher ami JEA, ami de Christophe également, dont l'arrêt de l'excellent blog mo(t)saïques date du 26 Juillet, Je crois que cette fin d'année sera tout à fait bienvenue pour l'envoi de petits mails persos, en général je n'ose pas trop écrire des mails persos mais c'est idiot, comme s'il y avait 2 mondes, la vivraie avec des vrais gens et le virtuel avec des gens qui n'existent que par la grâce des connexions, enfin je ne pense pas comme cela, mais parfois j'ai cette impression... Il faudrait y opposer un démenti réel, à ce genre d'impression(qui n'est parfois pas fausse aussi hélas hélas), c'est vrai qu'envoyer un petit mail à Christophe c'est une très bonne idée ,à JEA aussi... Il y a des manques ici et là...
Écrit par : Frasby | jeudi, 30 décembre 2010
@Michèle : Merci. Surtout ne cherchez pas pourquoi :) je crois que je serai incapable moi même, d'expliquer pourquoi j'ai écrit ça (enfin, je veux dire écrit cela comme ça), il y a des choses il ne vaut mieux pas les questionner, une question amenant une autre question, non pas que je sois contre le pourquoi mais desfois il n'y a pas de blâme à se laisser glisser lascivement dans la neige, même avec des mots pourquoi pas ?...
Belle fin d'année et le meilleur à vous, si je ne vous croise pas avant ici là... Et quelques pensées au plus près.
Écrit par : Frasby | jeudi, 30 décembre 2010
Belle fin d'année à vous aussi Frasby et pi que tous vos vœux se réalisent en 2011, si si des fois ça arrive :)
" nous serons hantés en dedans par l'an qui vient, ce spectre, nous couvrira de cotillons nous abolira d'estampies et nous battrons du pied gaiement par un mouvement d'aise oubliant un instant ce pli de rêveries, la tristesse, ces vœux vieux de l'année dernière qui ne sont jamais advenus. "
Vous écrivez de très belles choses.
JEA, oui, mille fois j'ai voulu vous demander de ses nouvelles. Il nous manque.
Cette vie des blogs est une vraie vie, et les mails souvent n'ajoutent rien :)
La seule chose c'est qu'il faut gérer (non pas le temps, quésaco le tepms) mais tout cet ensemble qui fait une vie et ne pas être partout à la fois. L'ubiquité ça n'existe pas et on est bien là où on est, il suffit d'habiter l'instant et l'endroit (l'envers aussi bien sûr). Je vous embrasse, Frasby.
Écrit par : Michèle | jeudi, 30 décembre 2010
@Michèle : Vous alors ! vous êtes vraiment encourageante (pour l'an qui fût celui qui vient, ce n'est pas rien ), et je vous re-souhaite qu'advienne le meilleur, pour vous, votre enthousiasme est si beau, votre adhésion au monde si entière c'est si rare que j'aimerais vous souhaiter des retours renversants (evrantrsens, drapon, dru à porconer c'est du vornegine marchillon mais good very good) des retours qui vous emmènent vers tout le surprenant, le bel inattendu, le vermeilleux qui détourne -on dirait par hasard- le petit train (train), et décuple le sens de tout.Vous le remitez même si ce n'est pas qu'une farefia de rémite/...
Pour JEA J'ai eu, il y a un mois par Christophe, de ses nouvelles, il avait des soucis, d'où l'arrêt de son blog, je crois qu'il n'avait plus d'accès internet car mes mails ne semblent jamais être arrivés, ensuite je n'ai pas osé le déranger, JEA est de ces êtres magnifiquement secrets... Je tenterai encore de lui écrire cette fin d'année, via mail, (parfois un mail ôte l'impressionde zapping que parfois la toile peut susciter, et "rajoute" parfois, tout dépend, j'apprécie d'en recevoir, ça a du sens) Gérer tout cet ensemble, non, ce n'est pas aussi simple vous avez raison, la gestion n'est pas mon fort (celle du temps n'en parlons pas) et l'ensemble s'y colle un peu, non ? (je glinege vousnte les gnes because le tsmpe av tive, cela m'ifflega) est ce que les mondes virtuels ne nous donnent pas cette illusion d'être ubiques justement ? c'est effrayant, il me semble que dans le réel on se cogne beaucoup plus, même si le virtuel est une part de ce réel, il est très fort en illusions, il lisse nos plumes, on s'y pavane, serait il (parfois) notre partie de vie de paon ? (Oui, oui, l'oiseau, Fée chimèle, ) je pensais à ce billet de Tanguy (Tanygu) "mieux vaut dindon que paon" disait il et à relire les "Contrerimes" qui ne connaissaient pas Dame internette je ne sais pourquoi me viennent en le lisant quelques associations d'idées absurdes, avec le bon instant, mais je m'égare (comme d'hab) sans doute :) ... les nobs pocians snots nobs à rereli :
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2009/04/09/paul-jean-toulet-contrerimes-xiv.html
Habiter l'instant et l'endroit, Lao tseu vous épousera en 2011, Chimèle! c'est écrit dans le ciel, vous savez comme on l'aime celui là, avec vous, on revient de l'envers sans avoir à renier l'endroit, et les bulles de champagne sont fines, on ne versera pas le vin dedans, on se le gardera pour les rois mages, il n'en sera que bien meilleur. Je couche une bouteille à la cave, peut être un jour la boirons nous dans vivraie ; à mon tour je vous embrasse, Fée Chimèle. Merci à vous.
Écrit par : Frasby | jeudi, 30 décembre 2010
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