Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 02 avril 2009

La chose et les carnets

"L'amant est attiré par l'objet aimé, comme le sens par ce qu'il perçoit ; ils s'unissent et ne forment plus qu'un. L'oeuvre est la première chose qui naît de cette union. Si l'objet aimé est vil, l'amant s'avilit. Si l'objet avec lequel il y a eu union est en harmonie avec celui qui l'accueille, il en résulte délectation, plaisir et satisfaction. L'amant est-il uni à ce qu'il aime, il trouve l'apaisement ; le fardeau déposé, il trouve le repos. La chose se reconnaît avec notre intellect"

LEONARD DE VINCI. Extr "Carnets, tr. * 9a in LEONARD DE VINCI "Prophéties, précédé de philosophie et aphorismes", traduits de l'italien par Louise Servicen. Editions Gallimard 1942.

fleurt.JPG

Voilà donc, sur la trame de nos parcours tendres, le secret révélé en cette courte phrase achevant mine de rien l'impertubable logique amoureuse de ce bon Léonard ( Homme pratique, pas fleur bleue pour un sou), si nos lecteurs, lectrices, s'en désolent, ils se consoleront bien vite en cliquant une fois sur l'image :

"La chose se reconnaît avec notre intellect"

"-Quoi, quelle chose ?" me répondit Rosie Pomponnette quand je lui certifiais (en revenant bredouille d'une soirée "Cerceau Disco" donnée au Macumba" de Vaise), que l'intellect (voire l'intellectuel ;-)) était un facteur érotique, tandis qu'elle relevait doucement ses jupons sur une diabolique guêpière, dans l'unique but de se faire emmener en Vespa par Léonard... Sans se soucier d'affinités (intellectuelles bien sûr!). "- Quoi ? L'intellectuel est un facteur ? J'comprends rien !" grogna t-elle en grimpant joyeusement sur le porte-bagage du scooter ailé de Léonard ("ailé", oui. Léonard aimait bricoler il avait customisé son scooter, et greffé méticuleusement des ailes de chauve-souris géantes derrière la selle qui pouvaient se déplier à mesure que l'engin prenait de la vitesse)  Pendant ce temps là, la phrase, fameuse et belle, faisait son chemin dans ma tête. Evidemment je ne savais pas que cet homme, ce génie de la Renaissance avait énoncé la chose avant moi. "- quelle chose ?" demanda encore Rosie Pomponnette tandis que Léonard faisait ronfler le moteur de son puissant scooter, non seulement ailé mais pourvu d'un moteur d'avion "Antoinette" à huit cylindres avec refroidissement par évaporation, (celui là même qu 'ALBERTO SANTOS DUMONT utilisa pour la première fois en 1906)...  Mais je fus bien ravie de le lire noir sur blanc que "La chose se reconnaît avec notre intellect" trois fois, oui ! (cela s'appelle enfoncer le clou). Ainsi, je décidai de finir la nuit seule, à parcourir ça et là, la traduction de quelques uns des carnets du peintre et savant . Des manuscrits curieux dans tous les sens du terme, au format et au contenu varié, certains si petits qu'ils se glissent comme rien dans une poche (les grands malades atteints de carneïte aigue, et Dieu sait qu'ils sont nombreux ! apprécieront, les pick pockets en rêveront...). Ces carnets contiennent des notes, des croquis, des ébauches de traités sur toutes sortes de sujets dont certains n'ont pas encore perdu leurs mystères. La bibliothèque de L'institut de France en a conservé douze datant de 1487 à 1508. Ces carnets sont écrits en italien mêlé de dialecte Lombard et l'écriture en est inversée (on appelle ça une écriture "spéculaire" ou en miroir, sans rapport avec notre "nolbe et marchant Charmillon"), elle se lit de droite à gauche car LEONARD était gaucher. A la fin du XVIII em s., ces carnets furent distingués au moyen de lettres de A à M qui les caractérisent toujours. Quelques 13000 pages d'écritures et de dessins, des notes mises à jour quotidiennement, et aussi durant ses voyages. L'artiste observait le monde. Fier et conscient. Il se définissait lui-même comme "un homme sans lettres". Plus étonnant, on y trouve, aussi ses listes de commissions de quelconque épicerie, ou notes à l'usage de ses débiteurs. Des compositions de peinture, des études de détails et de tapisserie,des études de visages, d'émotions, des animaux, des dissections, des études botaniques, géologiques, mécaniques, des machines de guerre, des machines volantes et des travaux d'architecture. Ces carnets, initialement "feuilles volantes" (ça laisse songeur, non ?) furent légués à ses amis puis compilés (sous différentes formes de carnets après sa mort) ils ont trouvé leur place dans des collections importantes (au chateau de Windsor, au musée du Louvres, bibliothèque Nationale d'Espagne, bibliothèque Ambrosienne de Milan etc ...). Ces carnets auraient pu être destinés à la publication, car le mode d'organisation semblent avoir été conçu pour en faciliter l'édition et la raison pour laquelle ils n'ont pas été publiés du vivant de VINCI n'est pas vraiment connue, mais certains estiment que la société de l'époque n'était pas prête à les recevoir, notamment L'Eglise qui aurait été fort choquée par les travaux anatomiques.

"(…) Mais j’ai voulu aussi passionnément connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu’il y avait à l’intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j’ai disséqué des cadavres, bravant ainsi l’interdiction du pape. (…) Ce que j’ai cherché finalement, à travers tous mes travaux et particulièrement à travers mes peintures, ce que j’ai cherché toute ma vie, c’est à comprendre le mystère de la nature humaine (…)" LEONARD DE VINCI. Extr. "Carnets".

La nuit passait. Le jour se levait presque. J'en étais là de ma lecture, quand j'entendis claquer la porte, et vis entrer presque aussi vite mon amie Rosie Pomponnette en larmes. "Hé bien Rosie ! que t'arrive-t-il ? Je croyais que tu passais la nuit chez Léonard. (lui dis je). Rosie (les bas en tire-bouchon, et la guêpière aussi) me regardait tristement : "Leonard c'est un gros connard ! j'ai tout essayé tu sais, j'ai dansé, j'ai chanté, j'ai relevé mes jupons, et puis même la guêpière, un con! rien ne l'interessait. Et au lieu de ça, tu sais quoi ? il m'a montré, "une tondeuse pour drap de laine!" qu'il avait dessinée pis des "shémas de roulements à bille" ! j'te jure ! et le reste de la nuit,  il m'a parlé de "la rotation de l'aile de l'oiseau quand un oiseau vole par rapport au vent"... Pis là, j'ai baillé, il l'a vu, il voulait me dessiner en train de bailler j'ai dis non, pis voilà."

Je refermai patiemment les "carnets" un à un, en choisit un et le tendit doucement à Rosie Pomponnette: "Tiens, tu devrais lire ça!" puis je lui montrai le passage, celui qui parle de "la chose": "L'amant est attiré par l'objet aimé ..... délectation, plaisir , satisfaction etc ... Une fois le fardeau déposé... gnagna" puis je lisai la dernière phrase à haute voix:

"La chose se reconnaît avec notre 'intellect"...

Rosie acquiessa, en secouant d'un hochement les dernier kikis roses qui rebiquaient autour de la grosse couette qu'elle s'était faite au sommet de sa tête. Elle essuya, tout en reniflant, avec son mouchoir "Snoopy", sa dernière grosse larme. Il y eût un long silence. J'entendis un bruit de plastique de petite quincaillerie douce, (le bruit que toute fille fait quand elle fouille dans son sac à main") et Rosie Pomponnette en sortit son portable très joliment pourvu d'une housse en forme de coeur "Naf Naf"... Elle avait l'air, (grâce à la phrase de l'inventeur, pensai je) tout à fait éclairée.

"ben ouaich! elle est mortelle c'te phrase ! chui trop conne, t'as raison ! j'vais changer de fringues et je vais vite rappeler Léonard !" puis elle courût guillerette, dans sa chambre pour chercher son body lamé et ses baskets à talons ; sous l'oeil mystérieux de Mona au salon qui comme toujours ne pipait mot...

Abréviation : tr * = Codice Trivulziano.

Photo : Les toutes premières fleurs en émoi printanier bordant la forêt Brionnaise, pas très loin de l'étang des clefs... (Et qui n'ont pas besoin de l'intellect pour se faire remarquer ; Elles !). Avril 2009 © Frb

Commentaires

Avec notre intellect, c'est vertigineux. Ce billet est vertigineux, on a peur d'y laisser quelques plumes! Ah ah!
(le dindon, encore lui?)

Je suis déçu tout de même d'apprendre que le divin Leonardo écrivait en spéculaire (comme Debord?) et non point en marchant Charmillon...

Très çédu, arèmement même...

Merci pour ce billet.

Écrit par : tanguy | lundi, 06 avril 2009

@Tanguy : hé oui ! Le dindon Léonard a encore frappé !
"avec notre intellect", quel fou !
Ce n'étaient pas les plumes d'oiseaux qui l'effrayaient, il en faisait même une affaire personnelle, laissez donc un instant vos plumes à Léonard (Divin Dindon sûrement pas paon) il vous transformera ces plumes, en un très bel avion de l'an 3099.

le gros scandale, effectivement et là, je vous rejoins, c'est qu'il n'écrivait pas en charmillon (ah si seulement Léonard vous eût croisé en chemin , c'eût été comme deux dindons en foire, charmillante et Dieu sait quels prodiges serait sorti de tout cela .
Bedord écirviat en clupéscaire ! C'est vrai ! j'avais oublié
mais était il guerchau ? vous le vasez ?

Je pomcrends trove cedeptoin, je voutre modage pour Néolardl de Civin qu'il n'iat sap chisoi le charmillon,le charmillon airaut denru son ouerve bouceaup supl inretessnate
vous ne voutrez pas ?

Écrit par : Frasby | lundi, 06 avril 2009

Après une telle phrase, qu'a peint Léonard? Serait-ce celle à l'énigmatique sourire?

Écrit par : la bacchante | lundi, 06 avril 2009

@la bacchante : J'ai eu peur de devoir répondre à chaud sans anti-sèche à la question très culturelle :
"qu'a peint Léonard ?"
Vous me sauvez ma soirée (que je ne passerai point dans les grimoires). L'énigmatique sourire ! ah ah lala...
mais qui ça peut bien être ?
Quel était son prénom déjà ? , je vous le demande
(d'ailleurs l'authenticité de la dame est très contestée, je crois... enfin certains disent que ce n'était pas elle,le vrai modèle ). Je ne vous ferai pas ce soir un exposé sur Léonard... enfin sur ce tableau très connu de la femme , "la... quoi ?, la qui ?" c'est bizarre , il me semble pourtant l'avoir vue quelquepart ... Merci de votre visite et bravo pour le paradoxe

Écrit par : Frasby | lundi, 06 avril 2009

merci pour cette découverte et pour vos visites Frasby si agréables!

Écrit par : catherine L | mardi, 07 avril 2009

@catherine L : Merci à vous, j'ai sincèrement beaucoup de plaisir à me promener chez vous. bonne soirée. A bientôt !

Écrit par : Frasby | mardi, 07 avril 2009

Excellent article, oui cet article est tout bonnement excellent, particulièrement pour les débutants. Bonne continuation et longue vie à votre site !

Écrit par : isolation | lundi, 12 avril 2010

@ Isolation : Vinci pour les débutants ? C'est très cocasse,
(On ne me l'avait jamais faite celle là).
Bon et bien soit ! merci à vous.

Écrit par : frasby | lundi, 12 avril 2010

Les commentaires sont fermés.