jeudi, 03 octobre 2013
Autumn shade
Je suis comme quelqu’un qui creuse dans la brume
A la recherche de ce qui échappe à la brume
Pour avoir entendu un peu plus loin des pas
Et des paroles entre les passants échangées.
PHILIPPE JACCOTTET : Extr : "Le mot joie" in "Pensées sous les nuages", éditions Gallimard 1977
Les nuages au dessus de l'enclos des biches vont à vitesse lente changer les couleurs d'une ville. Mais c'est seulement ici, qu'un ciel, enfin, débarrassé de son bleu monochrome, tente par touches indécises, d'ajuster les couleurs à la saison qui vient. L'été indien absurde, berce encore les joggers cherchant à dépasser leur record coutumier dans les allées jusqu'aux serres blanches où l'on perçoit déjà les lueurs des bureaux éclairés nuit et jour. Encore plus bas, un tremblement d'autos stoppées aux feux, laisse traverser des grappes de silhouettes insoucieuses de tout ce qui se trame dans les hauteurs. Traverser, oui, sans lassitude, sans un mot contre un autre, sans cible et sans défi. C'est la grâce lumineuse qui porte les créatures à leur dissolution. Puis la vision faiblit et le parc se vide. Ceux qui arriveront, parleront à voix basse jusqu'à l'heure de la fermeture. Ces tardifs ne savent pas, n'ont jamais su courir. Ils fumeront à l'air libre et mêleront la fumée des cigarettes blondes à l'abondance des cieux, jusqu'à l'heure où la ligne entre les mondes du haut, ceux du bas, par les brumes retrouvées confonde un court instant notre réalité. Cherchant une ouverture en ce hors-lieu, ou, quêtant l'ombre, seul, au milieu d'un champ de graminées, le promeneur se baissera, cherchera un bâton et creusera.
Lien : Philippe Jaccottet "Entre cristal et fumée" (ci-dessous) :
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/jaccottet/j...
Photo : Des nuages. Jamais les mêmes nuages. Vus au Parc de la tête d'Or à Lyon, au milieu de la grande allée, un soir d'automne en 2009, ce billet ayant été supprimé des archives par un hasard (on dirait "hasardeux"), c'est par une autre soirée d'automne, quelques années plus tard (Octobre 2013), un soir presque pareil, que je re-publie ce billet, légèrement retouché. Les commentaires d'époque, tous demeurés intacts, porteront à vos yeux la touche intemporelle - et bien d'autres couleurs - à la ronde des saisons, encore assez fidèle...
Parc de la Tête d'Or, Lyon © Frb 2009-2013.
09:17 Publié dans Actualité, Arts visuels, Balades, Ciels, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Tous ces nuages, péris en ciel.
Écrit par : JEA | dimanche, 04 octobre 2009
Quel ciel !
Écrit par : ficelle/sauf | dimanche, 04 octobre 2009
Ces gens là ne savent pas courir. Ils fumeront à l'air libre et mêleront la fumée des cigarettes blondes à l'abondance des cieux, jusqu'à l'heure où la ligne entre les mondes du haut, du bas, se trouvera codée par quelque brume
voila des humanoïdes de bon aloi ! de lents passants selon mon coeur .
Écrit par : hozan kebo | dimanche, 04 octobre 2009
Ce Jaccottet, ça alors ! et bien sûr, je ne le connaissais pas.
Quant aux joggers, mouahaha ! les c...
Écrit par : Anna de Sandre | lundi, 05 octobre 2009
Y a du GOYA dans ces couleurs ( les sorcieres, le colosse...)
ça éclaire bien le texte !
Écrit par : alex | lundi, 05 octobre 2009
@JEA : Votre phrase me fascine.
Écrit par : Frasby | lundi, 05 octobre 2009
@Ficelle / sauf : Oui, n'est ce pas hein ?
Et contrairement à Sharon Stone dans Paris match (Diable !quel rapport ? Aucun justement !)
Il n'y a pas de relifting au photoshop derrière tout ça !
(Je tenais à le dire)...
Tout 100% nature et découverte ;-)
Chaque soir, imprévisible, le Parc de la Tête d'Or !
Écrit par : Frasby | lundi, 05 octobre 2009
@Anna de sandre : Sans rire ? Vous ne connaissiez pas "ce" Jaccottet ? Ah ben... ça ! alors ! les bras m'en tombent !
Quant au joggers !!! malédiction !
(Puisqu'on est dans le sérial killer autant faire un pack, allez hop!)
A votre avis : On les tue ou on les épargne ?
Écrit par : Frasby | lundi, 05 octobre 2009
@Hozan Kebo : Pas l'ombre d'un survêtement ou d'une basket fluo dans votre commentaire...
Hozan vous êtes un cas perdu et pour le sport
et pour La France qui bouge.
Les lents passants selon votre coeur (et selon le mien) un jour vous le rendront...
Merci !
Écrit par : Frasby | lundi, 05 octobre 2009
@Alex : Du Goya, carrément !!! Comme tu y vas!
(Goya tétanisé dans sa tombe ;-))
Allez ! Goya ! adjugé vendu, je prends ce grain et je le mouds gaiement ;-)
Les sorcières, le colosse ! tu commences la semaine en super-visionnaire, quelle forme !
Aurais tu mangé du Lion ce dimanche ?
Merci, c'est trop !
Et c'est ainsi qu'Alex est grand !
Écrit par : Frasby | lundi, 05 octobre 2009
en mouvance émouvance j'écoute le vet de votre ciel.
B.
Écrit par : passantepensante | mardi, 06 octobre 2009
@Passantepensante... Le vet ? c'est peut être le vent... ? Qu'importe au fond ! j'aime beaucoup votre notion d'écoute
Merci Passante pensante et sans soucis, j'espère ;-)
Écrit par : Frasby | mercredi, 07 octobre 2009
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