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Ian Monk : "Plouk Town"

Ian Monk : "Plouk Town"

Auteur : Ian Monk

Éditeur : Editions Cambourakis

Année : 2007



Ian Monk est né en 1960 près de Londres.


Après une licence en Lettres Classiques, il s’installe en France et vit aujourd’hui à de Lille, où il traduit – Georges Perec, Daniel Pennac, Marie Darrieussecq, Raymond Roussel, etc. –, anime des ateliers d’écriture et écrit. Membre de l’Oulipo depuis 1998, il a publié six fascicules dans la Bibliothèque Oulipienne, a largement contribué à l’anthologie Oulipo Compendium (Atlas Press, 1998), a publié une traduction du roman collectif de l’Oulipo Winter
Journeys (Atlas Press) et des poésies dans diverses anthologies. Ian Monk a aussi publié L’inconnu du Sambre Express (TEC-CRIAC), Family Archaeology (Make Now), Histoires parallèles (La Nuit Myrtide), N/S (avec Frédéric Forte, Éditions de l’Attente), Stoned at Bourges (les mille univers), et Plouk Town aux éditions Cambourakis en 2007.



Extrait:



à quatorze la pause chez toi une insomnie télé
à seize marre du plafond tu récupères les mômes
à dix-huit encore la caisse encore les chariots
à vingt la fermeture au revoir patron à demain
à vingt-deux tu roupilles déjà sur la table
près de moi y a quoi ce vague vide
ici y a quoi les mêmes connards que moi
loin y a quoi eux les bourges les flics
là-bas une étoile sur le parking la lune
ailleurs une moto bruyante passe avec jeune con dessus
nulle part une raison une rime le comment pourquoi
au milieu encore la longue queue de caddies puis
à côté la poubelle bourrée de sachets de listes
partout marqué PQ pinard jambon beurre pain bière pizzas
partout les tac au tacs millionnaires zodiaques morpions perdants
près de toi tiens regarde par terre là juste
à côté de ton tabouret comme tes cendres tombent
ici-bas de ta clope qui se fume seule
au milieu des verres des mains et des cendriers
loin de ton regard qui se fuit vers un
nulle part caché derrière le mur et ses miroirs
là-bas tiens on peut presque le toucher cet
ailleurs cette multiplication de faux-semblants de toi-même
ailleurs il pleut comme chatte qui pisse ça mouille
partout les larves les lézards les cancrelats les éponges
là-bas il les voit en train de picoler
près de lui demande une gorgée juste une ce
nulle part lui fout la trouille on se retourne

à côté de lui des visages écarlates rigolent gueulent
loin dans le froid vide dans le pas d’
ici où les lumières des bagnoles clignotent et scintillent
au milieu du périph ou de la rue shaisplus
au milieu de la rue denis du péage son
ailleurs est l’amas considérable d’une crotte brunâtre
ici devant ses yeux en penchant de sa fenêtre
partout les lignes de bagnoles garées qui s’étirent
loin jusqu’au terrain vague au parking du supermarché
là-bas la maison qu’un jeune couple retape
à côté la maison vidée par embrouilles de famille
près d’elle les vendeurs de bagnoles venues de
nulle part je mets ma main au feu madame
nulle part un resto sympa ici on est vraiment
au milieu des prolos pour ainsi dire tu sais
près de nous rien sauf les frites les fricandelles
ailleurs on rigole un peu enfin dans le quartier
à côté on se paie les baraques presque comme
ici sauf que c’est pas un quartier déshérité
là-bas non franchement pas on peut pas tomber
partout bien sur ses mocassins c’est vrai et
loin de moi de faire la gueule mais là
loin c’est vraiment très mais très mais très
nulle part c’est le trou béant du grand
partout de la mort anticipée les plouks les vrais
au milieu desquels que faire non mais que faire
là-bas y a les maisons jolies les Renault
près de vous y a que les moches maisons
ici y a les BMV vous comprenez mal d’
ailleurs les prix inversés des choses mobiles et immobiles


Ian Monk : "Plouk Town"

Ecouter ICI, the sound of "Plouk Town" (extrait)

Publié dans Tête de lecture | Lien permanent