samedi, 03 juillet 2010
Une nuit à la fenêtre...
J’ai élevé chez moi un petit cheval. Il galope dans ma chambre. C’est ma distraction.
HENRI MICHAUX "Lointain intérieur" in "Plume ; lointain intérieur" Gallimard, collection poésie 1985.
Les nuits d'été, sont lourdes irrespirables. Elles se succèdent toutes pareilles. Les nuits sont noires (pas autant que certains jours en nos villes mais tout de même ), les nuits sont blanches, et je les passe à la fenêtre qui m'offre une vue imprenable sur un ciel absolu, infini. Ma nature adorant le vide, je m'y noie à feuilleter mentalement "Le Grand Livre des Pourquoi" qui fit les délices de l'enfance et me revient régulièrement de mémoire, avec ses casse tête plus ou moins chinois d'une simplicité désarmante, enfin bref, c'est un ouvrage plein de ces questions pour les moins de huit ans, auquel nul ne pourrait répondre (pas même les tricentenaires ni madame Jesétou, éminente théoricienne du grantou devant l'Eternel, pour qui un jour ou l'autre il faudra bien composer un panégyrique)... Mais je m'égare. Ceci ne sera encore qu'une modeste nota/ notte à la fenêtre d'une chambre plus petite que l'esprit qui s'y perd (quoique...), et plus grande, (si j'en crois mon cheval), que mille fois l'univers entier. Et voilà aussitôt que je me demande pourquoi le ciel est noir la nuit alors que la lune qui m'éclaire et les étoiles qui entrent dans ma chambre sont si étincellantes. Mais au même moment quelqu'un frappe à ma porte : "Qui va là ?", Une grosse voix me répond : "N'ayez crainte, c'est monsieur Heinrich Wilhelm Matthaus OLBERS ! pour vous servir !". Je n'en crois pas mes yeux, l'astronome en personne ! ce grand découvreur d'astéroïdes est venu exprès de Göttingen, sur son alezan lacté, me visiter, afin de m'expliquer grosso modo le contenu de son paradoxe, si fascinant, que je ne pourrai (dans mon immense générosité), garder cela une seconde de plus pour moi seule, ainsi je me sens investie d'une mission toute nouvelle, celle de vous présenter (grosso modo) le paradoxe de OLBERS, si toutefois il vous est encore inconnu. Ames sensibles, s'abstenir ! c'est une histoire qui finit mal.
"Le paradoxe de OLBERS est une contradiction apparente entre le fait que le ciel est noir la nuit et le fait que l'Univers était supposé statique et infini à l'époque. Si on suppose un univers infini contenant une infinité d'étoiles uniformément réparties, alors chaque direction d'observation devrait aboutir à la surface d'une étoile. La luminosité de surface d'une étoile est indépendante de sa distance : ce qui fait qu'une étoile semblable au Soleil est moins brillante que celui-ci, c'est que l'éloignement de l'étoile fait que sa taille apparente est beaucoup plus faible. Donc, dans l'hypothèse où toute direction d'observation intercepte la surface d'une étoile, le ciel nocturne devrait être aussi brillant que la surface d'une étoile moyenne comme notre Soleil ou n'importe quelle autre étoile de notre Galaxie.
Une autre explication consiste à considérer que le milieu cosmique n'est pas parfaitement transparent, de sorte que la lumière provenant des étoiles distantes est bloquée par ce milieu non-transparent (des étoiles non-lumineuses, de la poussière ou des gaz), de sorte qu'un observateur ne peut percevoir que la lumière provenant d'une distance finie (comme dans un brouillard). Cette explication est incorrecte, car le milieu devrait s'échauffer en absorbant la lumière. Au final, il se retrouverait aussi chaud et aussi lumineux que la surface d'une étoile, ce qui pose à nouveau le paradoxe [...]
Ce paradoxe est important, une théorie cosmologique qui ne saurait pas le résoudre serait évidemment invalide. Cependant, une théorie qui résout le paradoxe n'est pas forcément valide. Après quoi tout ce qui brille nous laissera pantelants, affamés, à ras des cailloux, mais là n'est pas le plus le plus tragique.
[...] Il est clair que dans sa formulation initiale, on faisait implicitement l'hypothèse que les étoiles pouvaient briller indéfiniment. Or on sait aujourd'hui que c'est faux et que les étoiles ont une durée de vie finie."
Grand livre du pourquoi et autre liens utiles, sûrement complèmentaires :
http://www.astrosurf.com/nezenlair/nel3/olbers.htm
http://oncle.dom.pagesperso-orange.fr/astronomie/histoire...
http://tice.education.fr/meteo/rayonn/jour_nui/html/jn01....
http://fr.wikipedia.org/wiki/Univers_observable
Photo: La nuit à ma fenêtre, ornée d'une charmante bimbeloterie lumineuse, à en frôler le haïku, mais bon cette fois ci je vous l'épargne. Lyon by night. Juillet 2010.© Frb.
05:42 Publié dans ???????????, A tribute to, Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Ah ça, voilà qui m'enchante ! Et vous citez Michaux, une autre raison de sourire !
Voilà tout à fait le genre de questionnement qui me ravit, moi qui ne suis ni scientifique ni quoi que ce soit qui m'autoriserait à penser que je sois capable de résoudre aucun problème déterminant pour nous autres, fascinés par le ciel et ses dimensions insoupçonnées.
Mais passer son temps les yeux sur cette immensité mystérieuse, de jour comme de nuit, restera toujours une de mes activités "naturelles" préférées.
Michaux, ciel, étoile, paradoxe, nuit et lumière... tout cela va très bien ensemble !
Jean :)
Écrit par : Jean | mercredi, 21 juillet 2010
@Jean : Ah ! mais je vois une autre chose qui m'enchante, c'est le nom de votre domaine, vous avez des dons de voyance, (ça c'est moi qui rajoute) mais sur ce coup là je me sens pour une fois assez fiable en plus vous avez pris le temps de poser un très beau commentaire ici et vos appréciations me plaisent beaucoup. Vous avez sans doute bien compris que je n'étais pas du tout scientifique non plus, raison de plus pour aborder sans scrupule l'astronomie, n'est ce pas ? ;-) Quant à résoudre surtout pas. J'ai horreur qu'il n'y ait qu'une explication à tout, sur cette immensité où il est bon de rester un peu ingénu, je préfère mille explications ou aucune, car le jour où nous saurons tout de source sûre, que nous restera t-il ? C'est ainsi que Michaux est grand ! "ciel, etoile, lumière", oui vous avez raison, mystères, et n'oublions pas les gouffres... même si tendre est la nuit, à contempler pour des observateurs légers comme Plume. Merci infiniment à vous, revenez quand vous voulez !
Écrit par : frasby | mercredi, 21 juillet 2010
je crois comprendre l'intérêt du paradoxe d'Olbers en tout cas pour moi ! essayer de le reformuler pour ainsi trouver le sommeil quand l les nuits nous étouffent !!merci de cette délicate attention Frasby!
Écrit par : catherine L | mercredi, 21 juillet 2010
@ Catherine L : Oui, c'est une méthode qui pourrait faire merveille, un peu comme compter les moutons si j'ai bien compris ? mais vous savez pour la délicatesse, je n'y suis pour rien (oui, vous savez !!! ;-)), à cette chaleur, (ici chez les quenelles) on se traîne et c'est déjà une sorte d'exploit, un gros boulot physiquement éprouvant que de regardez la nuit par une fenêtre, un si gros boulot qu'on devrait nous payer très cher pour ça. Quant à dormir, par 75 ° la nuit, même pas en rêve ! et j'avoue que je n'avais pas pensé à votre "méthode Olbers" détournée de son paradoxe pour devenir d'utilité publique, c'est plein de malice tout ça ! je vais donc essayer cette nuit même, (qui s'annonce à Lyon suffocante) et je vous en donnerai des nouvelles, si je ne suis pas couic !zigouilled avant l'aube. A très bientôt ici ou là, (I will survive !)
Écrit par : frasby | mercredi, 21 juillet 2010
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