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mardi, 24 mars 2009

Mon nom est personne (s)

"L'effarante réalité des choses
est ma découverte de tous les jours
Chaque jour elle est ce qu'elle est,
et il est difficile d'expliquer combien cela me réjouit
Et combien cela me suffit."

FERNANDO PESSOA. Extr. "poèmes désassemblés" in "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes d'ALBERTO CAEIRO". Traduction Armand GUILBERT. Editions Gallimard 1960.

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Fernando PESSOA, était un homme "riche d'humeur, tout à la fois obscur et rayonnant" (cf. Le biographe). Le poète se définit ainsi lui même :

"Je ne suis rien n'est pas une parole complice du pauvre Job mais un rappel de ce "Nada" ibérique, qui est au principe de l'être et à sa terminaison"

Trois vers après le "Je ne suis rien" survient une antithèse :

"Je porte en moi tous les rêves du monde"...

F. PESSOA est un nom qui dans sa langue se traduit par "personne", mais ce n'est pas le "Nemo" latin qui gomme toute identité, ce serait plutôt le "Personna" dans l'acceptation de "Masque"...

"Masque ?" drôle d'idée pour illuster des arbres nus ?... Mais pas tant. Car dans le recueil "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes", on découvre ces quelques mots, de DRIEU LA ROCHELLE, écrits en 1935, (année de la mort de F. PESSOA), limpides comme les bleus "suprakleiniens" du ciel de Mars et peut-être un brin "Alcestiens" :

"vous dites que je suis double, mais non, je suis immense...
J'ai toujours cru à tout. Dieu et le démon je les confonds
dans mon coeur...
Je ne suis pas dans la société, je suis dans la nature."

On est en droit de s'interroger... Et la nature ? si "authentiquement naturelle", elle avance peut-être masquée ? Admirez l'art de l'enchaînement ;-) → telle ces statues vaudous reprisées par GIACOMETTI, déguisées en arbres ordinaires posant au pied du Mont Blanc (4810,90 mètres), ce qui doit correspondre à la page du mois de janvier de l'almanach des PTT 1973 ayant appartenu à Madeleine Lacroix dont le vrai nom n'est pas Madeleine Lacroix. C'est comme ce cher Alceste, on le soupçonne vaguement de circuler en nos domaines sous un faux nom... Par conséquent, hormis, le biographe, et DRIEU LA ROCHELLE (qui n'était pas de LA ROCHELLE), tous auraient circulé sous de fausses identités dans ce billet, Frasby incluse... Mais que nenni. Nous sommes multiples n'est ce pas ? "Comment nous assurer que nous ne sommes pas dans l'imposture ?" (cf. J.LACAN "Le séminaire" 1973. "Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse") ...

VISIONNAGES : Autres multiples § camouflages : http://www.designboom.com/weblog/cat/10/view/3189/camoufl...

"PESSOA PESSOA ":http://www.youtube.com/watch?v=G4Ia1TYr61w&feature=re...

A VOIR : Une variation fluviale sur le même thème : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/06/20/la...

Photo: Les arbres nus, ou totems aux longs bras tachetés de neige (?) tourmentent le ciel d'un premier vrai jour de printemps. Vus cours Vitton, dans le sixième arrondissement de Lyon, en revenant du Pont Morand, pas très loin du café "Rive gauche. Mars 2009. © Frb.

A moins que ce ne soit qu'une reproduction de la photo du mois de Janvier de l'almanach des postes 1973 ayant appartenu à © Madeleine Lacroix. "Chamonix en hiver". Ce qui est également possible...

Commentaires

http://www.youtube.com/watch?v=18ZLCdo_LoE&feature=related#

Écrit par : gmc | vendredi, 27 mars 2009

klein disait qu'il n'aimait pas les oiseaux car ils faisaient des trous dans son bleu… "obscur et rayonnant", voilà comme on aimerait être parfois. Obscur, c'est facile, avec un air mystérieux et un discours sur la fin du monde. Rayonnant, c'est plus difficile…
Lacan revient au milieu des branches (est-ce un signe ?)
Nous avançons masqués et pourtant on dirait quelquefois qu'on est aussi nu que l'arbre tacheté…

Écrit par : ficelle | vendredi, 27 mars 2009

@gmc : Je ne vous cache pas que ça m'a follement démangée (et puis je n'ai pas osé, ça faisait beaucoup tout de même)
J'adore Sergio , Ennio et les spaghettis dans la poussière... gracie mille !

Écrit par : frasby | vendredi, 27 mars 2009

@Ficelle : Je ne savais pas que Klein n'aimait pas les oiseaux, mais sa raison en est excellente. je trouve ça très drôle et très vrai !
"Obscur et rayonnant" mais nous le sommes tout le temps voyons ! (surtout obscurs !) c'est bien pour cela que votre réflexion n'est pas fausse (quoique vous évoquez "la posture obscure" si la vraie obscurité de l'être humain était de prendre un air mystérieux et de faire des discours sur la fin du monde ça serait trop beau, mais je crois qu'il est effectivement très difficile d'être rayonnant, pas rayonnants comme les gens qu'on voit sur les affiches pour la pub france télecom, ni ceux qui mangent des danettes en dansant
Mais rayonnant à la René Char voilà !,là, c'est très difficile comme vous dites. je suis d'accord. Quant à LACAN ce n'est pas un signe non , c'est logique ;-) (bah , je ne suis pas une spécialiste de Lacan, il est là pour dédramatiser PESSOA, disons ...) A Votre dernière phrase va toute mon admiration. Merci !

Écrit par : frasby | vendredi, 27 mars 2009

Waw, chouette article, merci pour les conseils, et notez en premier lieu que je suis d'accord avec vous. J'insiste, oui votre blog est réellement bien bon, particulièrement pour les néophytes... NB : Ca fait du bien de vous lire, oui oui !

Écrit par : faire part en ligne | lundi, 13 septembre 2010

@Faire part en ligne : Ca fait du bien ?
Mouaich...

Écrit par : frasby | lundi, 13 septembre 2010

À propos de :
"L'effarante réalité des choses
est ma découverte de tous les jours
Chaque jour elle est ce qu'elle est,
et il est difficile d'expliquer combien cela me réjouit
Et combien cela me suffit."
(Traduction Armand Guilbert)
Le texte original est :
"A espantosa realidade das coisas
É a minha descoberta de todos os dias.
Cada coisa é o que é,
E é difficil explicar a algem quanto isso me alegra,
E quanto isso me basta."
Traduit autrement en français :
"L'extraordinaire réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu'elle est,
Et il est difficile d'expliquer combien cela me réjouit
Et combien cela me suffit."
(Traduction Dominique Touati, Éditions de la Différence)
La différence est justement que l'un écrit "Chaque jour elle est..." (c'est-à-dire "ma découverte est ce qu'elle est"), quand l'autre écrit "Chaque chose est ce qu'elle est", ce qui n'est pas du tout la même chose.

Écrit par : OMaclac | mardi, 08 février 2011

@OMaclac : Evidemment c'est très différent j'avoue préférer la traduction de Dominique Touati que vous nous livrez et que je ne connaissais pas, à celle d'Armand Guilbert, on apprend au fil des jours, on ne peut pas embrasser toute la totalité des connaissances, n'est ce pas ? (Dirai je à mes choix défendants) c'est une banalité mais je veux dire par là qu'il est difficile d'entourer les traducteurs d'un voile systématique de doute, on devrait sans doute + souvent procéder à des vérifications, peut être, en étudiant les traductions comparativement/ ma pratique de cette langue étant un peu "oubliée" il me semblait par ailleurs qu'Armand Guilbert était digne de confiance, c'est hélas le peu que je donnerai en guise de d'argument, en vous remerciant de nous porter ici cet art de la nuance que j'apprécie beaucoup en toutes circonstances et que j'accueille volontiers concernant ce problème délicat de la traduction des textes ou poèmes, c'est vrai que dans ce cas il n'y a rien à contester : ça change tout !
http://vimeo.com/2535498

Écrit par : Frasby | mardi, 08 février 2011

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