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vendredi, 14 août 2009

Peindre

"Quand j’ai fait un beau tableau, je n’ai pas écrit une pensée. C’est ce qu’ils disent. Qu’ils sont simples ! Ils ôtent à la peinture tous ses avantages. L’écrivain dit presque tout pour être compris. Dans la peinture, il s’établit comme un pont mystérieux entre l’âme des personnages et celle du spectateur. Il voit des figures, de la nature extérieure ; mais il pense intérieurement, de la vraie pensée qui est commune à tous les hommes : à laquelle quelques-uns donnent corps en l’écrivant ; mais en altérant son essence déliée. Aussi les esprits grossiers sont plus émus des écrivains que des musiciens ou des peintres. L’art du peintre est d’autant plus intime au cœur de l’homme qu’il paraît plus matériel ; car chez lui, comme dans la nature extérieure, la part est faite franchement à ce qui est fini et à ce qui est infini, c’est-à-dire à ce que l’âme trouve qui la remue intérieurement dans les objets qui ne frappent que les sens. [...]"

EUGENE DELACROIX Journal mardi 8 octobre 1822.

trou027.JPG

Quelques années plus tard en 1956 exactement, Yves KLEIN dans son atelier, ouvre une page du journal de DELACROIX, il tombe sur quelques lignes :

"J’adore ce petit potager, ce soleil doux sur tout cela me pénètre d’une joie secrète, d’un bien-être comparable à celui qu’on éprouve quand le corps est parfaitement en santé. Mais que tout cela est fugitif, je me suis trouvé une multitude de fois dans cet état délicieux, depuis les vingt jours que je passe ici. Il semble qu’il faudrait une marque un souvenir particulier pour chacun de ces "moments". (E.D.)

Cette page du journal de DELACROIX imprègnera durablement l'univers d'Yves KLEIN, qui parlera à propos de sa recherche artistique, d'"états-moments". La marque de ces "états-moments" de la chair, il la tient par les empreintes arrachées aux corps de ses modèles, la marque de ces "états moments" spirituelle, il la tient aussi par ses monochromes, mais tient-il la marque des "états moments" de la nature ?

trous.JPG

Elément de réponse et conséquences de quelques notes du journal d'un vieux peintre se prolongeant quelques années plus tard, sur le carnet d'un autre peintre :

"Je bondis dehors et me voilà au bord de la rivière, dans les joncs et dans les roseaux. Je pulvérise de la couleur sur tout cela et le vent qui fait plier les fines tiges vient les appliquer avec précision et délicatesse sur ma toile que je présente ainsi à la nature frémissante, j’obtiens une marque végétale. Puis il se met à pleuvoir une pluie fine de printemps ; j’expose ma toile à la pluie et le tour est joué. J’ai la marque de la pluie ! une marque d’événement atmosphérique [...] Je travaillerai même, je crois, non plus avec des couleurs, mais avec la transpiration des modèles mêlée de poussière avec leur propre sang peut-être, la sève des plantes, la couleur de la terre, etc., et le temps fera tourner au bleu monochrome I. K. B. les résultats obtenus. Le feu est bien là, aussi, il me faut son empreinte !" (Y. K.)

Ainsi une ère anthropophagique s'approche, effrayante, en apparence seulement. Elle obéit à d'anciennes paroles (effrayantes, aussi, à la lecture seulement : "Prenez et mangez, ceci est mon corps ...". Il y a de la contraction (dans l'ère ?) et des passages où l'espace neutralise le temps. Dans sa recherche de la liberté de l'esprit et de la chair, Y. KLEIN écrit encore : "ll faut être comme le FEU en soi dans la NATURE ; savoir être doux et cruel à la fois, savoir se CONTREDIRE. Alors, alors seulement l’on est bien de la famille des PRINCIPES D’EXPLICATION UNIVERSELLE."

C'est à dire, (l'image est de KLEIN, lui même) : "se sentir proche de la famille du ver, tel ce ver qui fait des trous dans le gruyère, qui fait le vide autour de lui et qui avance, et mange mange, il rencontre aussi des trous qu'il contourne, parce qu'il faut bien vivre. Un jour il n'y a plus de gruyère parce qu'il a tout mangé il n’y a plus que le grand vide" :

trou CC.JPG

"Il est alors lévitant, libre, heureux dans l’espace, mais un instant seulement, puis il tombe tout naturellement sur un autre fromage" ...

Vous me direz, quel rapport avec DELACROIX ?

Aucun. Apparemment... ;-)

Source : Texte de Yves KLEIN 1960.

Un autre bleu plus beau que bleu et que KLEIN ne réfuterait pas est à contempler au delà de ce lien (cliquez absolument ;-)

http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/2...

Photos : 1/ Paysage vu d'un chemin de terre, à quelques km du Mont St Cyr. 2/ Mont St Cyr vu d'un champ. 3/ Ciel doux. Nabirosina. Eté 2009. © Frb

Commentaires

Et que dire de celles et de ceux qui jouent aux dés pour peindre ?

Écrit par : Je, eux, hasards... | mercredi, 19 août 2009

@je, eux, hasards ... EUH ? euh... heu... que dire ?
Je vais commman-Dés un dés-mi, (bien touillé avec un pinceau)

aux dés comment ? 421 ? Petit chevaux ?

(Il doit bien exister toute une palette de réponses, ne me dites pas que nous sommes dans le vide ?)

PS : Avez vous remarqué que les initiales inversées de notre cher Eugène Delacroix pourraient donner du fil à retordre à nos jeux de société ?

Écrit par : Accoudé au hasard | mercredi, 19 août 2009

il est plus facile de lire les pensées d'un écrivain que de découvrir celles d'"un peintre dans ses tableaux !!
du moins pour moi !!

Écrit par : patriarch | mercredi, 19 août 2009

Passer du matériel au "spirituel" c'est tout l'art de la peinture. Dit comme ça, c'est porte ouverte au n'importe-quoi de l'art contemporain, qui confond allègrement les mots et leurs significations. Quand Delacroix parle du matériel, il parle du réel, de sa perception du réel, et de la façon qu'il a d'essayer de la reporter sur une toile à travers des codes de représentation et une sensibilité des couleurs. Son matériel, son réel c'est celui-là. Quand Klein parle de matériel, il parle concret, trace de la pluie, des corps, et tout ça ne représente rien d'autre que l'apparence des choses censées être "senties" chez Delacroix. Klein est creux picturalement, donc il écrit, ou on écrit pour lui, histoire de dissimuler ce vide sous des mots qui ne vont pas plus loin que son travail sur la toile. sans compter que tout cela s'inscrit dans une mouvance de galeries et de marchés internationaux où l'art est tributaire du "nouveau", de "produit", de "coup d'éclat", et d'argent. De beaucoup d'argent.

Écrit par : mon chien aussi | mercredi, 19 août 2009

Dépeindre...

Écrit par : Je, eux, hasards... | mercredi, 19 août 2009

J'aime KLEIN ! et pas tout de DELACROIX ; ton commentaire m'a fait plaisir ....
AMITIE

Écrit par : alex | mercredi, 19 août 2009

Beau parcours que vous nous proposez là, Frasby. D'une belle sensibilité. Sensualité aussi. Un régal que votre blogue où l'on entre comme dans un haut lieu de l'art (sérieux sans se prendre au sérieux, comme on accoutume de dire) et de l'amitié.

A l'instar de Patriarch, je dirai que je "comprends" mieux un texte, qu'un tableau ou une musique. Parce que peinture & musique demandent éducation et technique. Et que si c'est vrai aussi pour la littérature, bien sûr, il n'en reste pas moins que les mots nous constituent à quelque niveau qu'on puisse les appréhender. La musique, la peinture (j'avais écrit la peinturte), faut aller les chercher.
Dit autrement, je pourrai toujours répondre à un texte par un texte. Pas du tout à une peinture par de la peinture, à une musique par de la musique.


" Dans "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix, un drapeau ou une bouche qui crie ne sont jamais, in fine, que des rouges éclatant sur un gris."
In "Les mots de la peinture" d'Alain Georges Leduc
et
"L'œuvre fait apparaître ce qui disparaît dans l'objet. La statue glorifie le marbre, le tableau n'est pas fait à partir de la toile et avec des ingrédients matériels, il est la présence de cette matière qui sans lui nous resterait cachée."
Maurice Blanchot "La littérature et l'expérience originelle".

Bonne suite d'après-midi caniculaire Frasby.

Écrit par : Michèle | mercredi, 19 août 2009

J'ai oublié de dire que j'aimais beaucoup les photos.

Écrit par : mon chien aussi | mercredi, 19 août 2009

@Michèle Pambrun :"La peinturte" ! Oh ! c'est magnifique...!
on pourrait même penser au cri de Munch (La peinthurle ?).
Michèle vous êtes une novatrictre ! Je serai toujours épatée par les inventions qui se nichent dans les commentaires. (sans rire, la peinturte c'est une belle voutraille !) : "La peinturte à l'huitre bien plus rigolaurte, et bien plus salaudtre que la peinturte à l'eautre". Un jour et avec votre autorisation, je vous piquerai le conceptre... Et tout cela remontera en titre avec dédicace qui rend à Cesar (Brumpan) . (si vous me le permettez, beni rûs !) Comme quoi, parfois, il suffit de déplacer quelques lettres, (Perectre l'avait comprirts) pour éblouir le coup de dé. Je suis très touchée par tout ce que vous nous transmettez ici, de votre perception et de ce grain à moudre. A.G LEDUC, Maurice BLANCHOT, surtout pourraient susciter accords et désaccords. Avec BLANCHOT , je m'entends assez bien ;-), je connais moins le premier. Oui, la présence de cette matière (ce vivier de micro-organismes capables de défier , on ne sait comment, les décryptages théoriques) J'ai toujours eu cette impression que les théoriciens de l'art qui souvent nous éclairent, et se font brillants médiateurs (même, en ne se trompant pas sur leur sujet d'étude), seront toujours un petit peu à côté de la toile, du parchemin, ou des silences qui composent la musique... (Je ne sais pas si je suis claire, le feu du ciel rongeant cruellement la bête ;-). Mais je veux dire par là, que peinture se fait peut être, pour échapper aux fadaises (ou pour les dépasser ?). La peinture libère le geste, tout comme le musicien recrée du temps, quand aux lettres il faut bien qu'elles pèsent un peu ;-) sur tout cela... Personnellement (pour ma pratique), mon parti pris subjectif, il en faut bien, un peu, ne lisez pas là une généralité) je ne vois pas tant de différence dans l'intention, entre peinture, musique et littérature... (photographie ? etc) même... Il s'agît toujours de réassembler ces choses qui nous ont précédés, et de s'approprier par un coup de plume, de pinceau Etc... + 1% de coup de dé, des univers, c'est alchimique, voyez !. Seuls les supports changent. Suivra qui aime ;-) Depuis Lascaux (les grottes hein ! pas Gilbert !) on n'a pas inventé le fil ... . Je vois déjà sous mes fenêtres bruire la controverse... Ensuite il y a tout ce qui vient à la compréhension et ce serait un autre débat... Le grand dommage de nos éducations c'est que l'on étudie souvent les arts séparément... Il est un sens encore qui nous échappe, le plus fin , c'est l'olfactif qui fût rêvé par les artistes et qui attend son heure ;-). Puissions nous vivre assez longtemps, pour en reparler. Merci infiniment à vous d'apprécier. Ma réponse est très longue, sorry chimèle, mais votre intervention invite à ramifier, nuancer, et ouvre quelques fenêtres que j'aime beaucoup. Bien chaleureusement, (si j'ose dire !). Voilà l'orage, je coupe ma boîte à gruyère (ou à camembert ;)-)

Écrit par : Frasby | mercredi, 19 août 2009

@Patriarch : Je ne suis pas peintre (enfin... pas peintre stricto sensu) mais il me semble que le peintre a cet avantage, de ne pas avoir l'ambition qu'on lise parfaitement sa pensée. Je crois qu'il préfère que son visiteur se plonge dans les volumes et la couleur et élabore sa rêverie d'après ce qui est donné à voir...
Que le peintre me jette la première pierre, si je dis une grosse sottise (ce qui ne serait pas impossible)
Bonne journée à vous, (pas trop caniculaire)

Écrit par : Frasby | mercredi, 19 août 2009

Ah Gilbert Lascaux ! Je ne connais de lui que "Ecrits timides sur le visible"; cela me ramène un quart de siècle en arrière où nous causions, nous causions... qu'est-ce qu'on avait pu discuter entre copains, autour de ce livre.

Quant à être claire vous l'êtes. Vous êtes Frasby mais vous êtes Claire aussi. Le soleil n'a fait aucun dégât sur la bête. Et je suis bien d'accord avec cette idée que c'est un non-sens de l'éducation que d'étudier les arts séparément. Dans certaines classes sociales, le milieu familial compense, pour les autres...

Bonne soirée, au frais, si vous pouvez.

Écrit par : Michèle | mercredi, 19 août 2009

Un petit clin d'œil ici :
http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/20/monochrome-bleu.html

Beau billet… mais certaines assertions se discutent.

Écrit par : kl loth | jeudi, 20 août 2009

@kl-loth : Merci pour le lien je le colle à l'étage, justement il me semblait bien que tu avais fait quelquechose sur le bleu de Klein. Mais l'orage ne m'a pas autorisée à me connecter... et à chercher. Et oh surprise quel bleu !!!"le bleu de Loth, il est vraiment très beau.
Assertions ??? ouhla Non !!! SURTOUT PAS ! bien trop mathématique pour moi !!! Il me semble que ce mot se trouve aux antipodes des intentions de ce blog (nous en avons déjà parlé très souvent, désolée mais j'insiste...C.J ne fait que proposer, donner à voir mais n'affirme pas tant que cela des vérités présentées comme VRAIES ! encore moins des jugements. Si la référence théologique te choque, ce n'est nullement une assertion. La seule chose qui est vraie ici ce sont les citations (je me documente un tout petit peu parfois;-) Yves KLEIN a bien lu le journal de DELACROIX de 1822 et ce journal lui a inspiré quelques notes en 1956/ 1960. C'est une proposition elle est vraie. Que le lecteur soit libre d'ébaucher à partir de ces deux époques et de ces deux peintres, d'autres propositions...Sinon,tout ce que je donne à lire ici et qui n'est pas stricto sensu cité par DELACROIX ou par YVES KLEIN, est du domaine de la proposition, de la possibilité (donc incertaine), de la subjectivité, et de la "broderie". Voire du doute...Tout cela peut se discuter
tout autant que les goûts ou les couleurs. Tout autant qu'on peut critiquer le billet. Mais discuter à propos de certaines assertions . Ce serait un malentendu ...

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

Je, eux, hasard : Dévider ;-)

Écrit par : Accoudé au hasard | jeudi, 20 août 2009

@Mon chien aussi : Il y a une part de "vrai" (?), de sens ( c'est mieux ;-) dans votre commentaire. Mais je n'irai pas sur le terrain de la querelle des anciens contre les modernes.
L'art conceptuel a son sens, l'art contemporain n'est pas tout à jeter. "Le grand n'importe quoi de l'art contemporain", oui, j'entends bien ce que vous voulez dire par là... Mais peut être qu'il ne faut pas trop radicaliser. Je me confronte à cette idée chaque jour avec désespoir souvent et parfois quelques belles surprises. J'aime (dans le désordre) Delacroix, j'aime Opalka, Beuys, Boltanski etc... (Klein,pas toujours, mais son bleu est une belle dinguerie, tout comme certains de ses textes). e, tout cela est encore affaire de goûts.(Mais qu'est ce que le goût ? bon ou mauvais ;-). pour en revenir à vos propos
Je suis parfois très en colère en allant aux expos d'art contemporain (une discussion que j'ai souvent eu avec Kl-loth
qui est spécialiste en cette matière et qui visite beaucoup d'expos) j'ai résolu ce problème (de colère ;-) en allant de moins en moins aux expos (d'art contemporain), pour éviter d'être attérée voire dégoûtée : évitement idiot. car je je suis passée aussi à côté d'oeuvres magnifiques. Et comme je suis sensée par ailleurs évoluer dans un domaine qui est celui de la musique contemporaine je me sens carrément en décalage car je défends (avec rage ;-) un art qui depuis 1947 en France n'est toujours pas considéré et s'est trouvé renié par son précurseur même... Et parfois cet art là, je ne le défends pas car il s'y trouve aussi dans ce domaine quelques artistes qui prennent leur public pour un tas de crétins en leur fourguant fumeusement du concept estampillé sous le label "Art contemporain"... quant aux arts plastiques (art contemporain), je ne suis loin d'être spécialiste,mais vous avez sûrement raison d'évoquer ce contexte désolant où l'art est tributaire du nouveau, oui, là... Hélas je vous rejoins. "coups d'éclats, "argent", promotion d'un certain vide. C'est un terrain envahissant hélas !

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

@Alex : Au risque de te décevoir, je n'ai pas mis KLEIN en valeur au détriment de DELACROIX , ni mis DELACROIX en valeur au détriment de KLEIN.
Juste deux textes en parallèle. Une pâture ?
Un rapprochement très improbable, certes ;)

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

@Michèle Pambrun : Oui !!! "Ecrits timides sur le visible" ouvrage superbe. J'ai planché des années sur cet ouvrage, et une phrase tirée de ce livre se promène avec moi toujours, elle pourrait même préfacer "certains jours" (du moins en ce qui concerne les glanages d'images) :
"L'oeil dispersé parvient parfois à de folles précisions".

On en a bien causé aussi avec les copains de ce livre qui me fît découvrir Pol Bury et quelques autres... l'art contemporain éphèmère comestible ;-).
Hummm les sculptures en sucre !
Merci de rassurer Claire Asbryf. Le manque de recul surtout invitent au doute quasi quotidien. Me voilà bien reconfortée ;-)
Quant au soleil, 37 ° sous les pins calcinés du Nabirosina, on en appelle aux Dieux de la pluie. Claire Asbryf ne passera pas l'été. Quant à l'éducation des arts surtout cette séparation désole,mais parfois il se trouve certains profs qui remédient meveilleusement... et ailleurs quelques autodidactes assez lumineux. Merci pour vos interventions, Chimèle, Que le Soleil vous épargne. Bonne journée à vous.

Écrit par : Claire Asbryf | jeudi, 20 août 2009

@mon chien aussi : Vous avez bien fait de revenir le dire, ça me fait vraiment plaisir ;-)

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

Cette fois, j'ai tout lu, jusqu'au tag. Et, voyez-vous, je ne le regrette pas une seconde !
J'ai souvent essayé de mettre des mots sur ces instants, ces moments qu'on croirait touché par la grâce (ou quelque-chose qui y ressemble en tout cas) avec un lien comme ça, au reste du monde, comme la perception instantané du Vrai qui s'évapore aussitôt. On a vu, on a senti, et plus que tout on a su. Et puis on oublie aussi sec.
Reste cette impression, comme un rêve qui s'étiole rageusement au réveil...
Non ? :p
Bonne journée à vous !

Écrit par : liam | jeudi, 20 août 2009

@Liam : Merci , vue la chaleur, lire TOUT !!! et ben moi je trouve que c'est très courageux ;-) (sans rire)
"Le bleu de Loth" est un contrepoint superbe et bienvenu je l'en remercie!
Me plaît beaucoup votre perception de ces instants ici et partout. Avec quelle élégance vos mots peuvent encore faire le petit bout de chemin bien après nos balades. Mettre des mots sur ces instants comme si l'on désirait les vêtir (eux qui vont nus ;-)). J'ai assez l'impression que le "vrai" s'évapore et c'est peut être notre planche (évaporée ?) de salut
(éphémère ?), juste avant le sommeil.
Quant au réveil 36° déjà, (je vous livre cet instantané, il vient de sortir!) rageusement, c'est le soleil qui étiole tout ... (mes petites capucines en crèvent)
Reste cette impression comme un rêve ...
Oui !!! oui !!! oui !!! Bien sûr ! 100000 oui !
Merci Liam pour votre commentaire
tout voué à nos errances supraterrestre ;-)
Vous ne trouvez pas ? ;-››

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

Si ! (court, sobre, concis)

Écrit par : liam | jeudi, 20 août 2009

Les assertions auxquelles je fais allusion sont au sein des citations, par exemple "L’écrivain dit presque tout pour être compris", car on peut aussi procéder par retrait, ellipse, agencement de réalités disparates… (mais on n'était peut être encore sensible à cela au XIXe siècle).

Le Petit Robert propose cette citation : "C'est que le langage est ellipse" (Sartre).

Je ne remets rien en cause dans ton billet.

Écrit par : kl loth | jeudi, 20 août 2009

"Le grand n'importe quoi de l'art contemporain"

com/com : sans entrer à fond dans cette polémique sans fin lancée par les détracteurs de l'art contemporain, je souhaite préciser que l'art contemporain est un immense champ d'expérimentation, qui peut en tant que tel être passionnant, même si un certain nombre d'œuvres (beaucoup) ne sont pas convaincantes. Le mode de présentation des œuvres n'aide pas, car souvent on ne voit qu'une seule œuvre d'un artiste, parmi beaucoup d'autres, et l'on ne sait rien de l'ensemble de ses recherches, de sa documentation, son contexte etc.

Il y a aussi des biais qui créent des distorsions, dûs à diverses contraintes, comme la pression des élus (nombre d'entrées aux expos pour justifier l'usage de l'argent du contribuable), les problèmes de budget trop étroit, la distorsion due aux opérations financières au sein du marché de l'art, qui amènent à privilégier des œuvres spectaculaires (mais superficielles), au détriment d'œuvres plus réfléchies, ardues ou intimistes.

Il faut "travailler" pour profiter pleinement des œuvres d'art, beaucoup lire, se documenter, confronter, comparer, réfléchir… au minimum suivre les visites guidées si l'on est novice.

Et il faut accepter d'être au sein d'un monde qui change, qui se remet sans cesse en cause. L'art contemporain est justement un lieu où s'élabore une pensée critique, un lieu de résistance. S'en détourner au prétexte que beaucoup d'œuvres ne sont pas convaincantes risque d'être préjudiciable. Et de faire le jeu des conservateurs.

Écrit par : kl loth | jeudi, 20 août 2009

@kl loth. Bon, je vais dire tout de suite une chose— je ne plaide pas pour un art anti-contemporain. Tout art qui se fait aujourd'hui est contemporain. C'est comme ça. Je ne suis pas non plus pour les Anciens contre les Modernes. Le problème posé de cette façon est un problème de Critiques Contemporains. Et je m'en fous. Moi, j'aime bien l'art et les artistes. Beaucoup moins les raisonneurs de l'art, sauf quand ils savent de quoi ils parlent, ce qui est rarement le cas, et qu'ils sont humbles devant le phénomène artistique, et non bourrés de principes et de dogmes sur la contemporanéité de l'art.
Or, l'art contemporain est un terrain d'expérimentations est une formule définitive qui ne dit rien d'autre que la "recherche" (autre mot de la "modernité" stérile) d'un nouveau champ d'action commercial (au sens large— les Autorités culturelles sont une belle cible depuis 5O ans). L'art "contemporain" est un art officiel, c'est un genre défini, c'est un pompiérisme triomphant. Et pour couper court à toute tentative de me placer parmi les Conservateurs (ce qui est marrant parce que les Révolutionnaires vivent tout de même des prébendes de l'Etat et des Sponsorings du Capital), je veux dire que j'adore e.e. cummings (poète amerloque) mais que je trouve ridicules ceux qui essaient d'écrire comme lui sous prétexte que sa démarche est "moderne". D'ailleurs, il ne se revendiquait pas "moderne"— il voulait juste écrire comme il sentait devoir écrire.
Pour ne pas être trop long, je vais terminer sur une anecdote vécue par moi : J'ai "fait" les Beaux-Arts, je travaille dans l'image, et à ce titre j'étais amené à participer à des jurys de fin d'année de certaines grandes écoles d'art. Je me suis retrouvé devant des tas de sable avec deux bouts de bois, des morceaux de grillage recouverts de plâtre, des madriers... bref, j'en passe, sans oublier les "tags" peints sur l'instant dans un couloir étroit. Bref. Pourquoi pas ? Le fait est que ces "étudiants" en art, quand je les questionnais sur le but de leur démarche me ressortaient uniment cette phrase : "C'est l'art d'aujourd'hui..." L'art d'aujourd'hui ! L'art décrit avec des critères extérieurs et normé par le marché actuel.
Rothko, j'aime bien. Il était discret. Certains travaux demandent la discrétion. Quand il y a trop de bruits, je n'y crois pas. Et l'art "contemporain" est trop bruyant. C'est la Foire. La FIAC ! Comme aux bestiaux. Moi, ça me gêne. Et je ne suis pas un Ancien. Ni un Moderne. Ces segmentations sont faites par le Marché et les Critiques.
@Frasby. Je voulais vous écrire tout cela, en privé, pour ne pas occuper toute la place ici, mais les circonstances en ont décidé autrement. Désolé.

Écrit par : mon chien aussi | jeudi, 20 août 2009

Lorsque je dis que l'art contemporain est un terrain d'expérimentations, c'est parce que je le vis ainsi. Et ce n'est nullement en ce qui me concerne dans un but mercantile.
Je ne touche d'ailleurs pas un euro de mon travail et ce depuis des années, qu'il s'agisse du marché ou des institutions.
Au contraire, cela me coûte de l'argent (comme une toxicomanie ?), quoique je me débrouille pour limiter les dégâts financiers en adaptant ma pratique à mes moyens.
Mon travail est consultable gratuitement sur internet.

À l'époque où j'ai fait mes études aux Beaux-Arts j'ai dû me battre pour utiliser les objets, faire des installations, utiliser le langage… mais j'avais découvert le travail d'Annette Messager et Marcel Duchamp, et c'était là ma voie. Le début d'un questionnement qui ne s'est pas tari à ce jour (quoique maintenant éloigné de ces influences).
L'aventure a failli s'arrêter dès la fin de la première année. J'ai eu heureusement le soutien de quelques uns des enseignants.
Je remercie au passage Richard Meier (l'éditeur), Luis Da Rocha, Christian Fouquet et Tony Cragg.

Que maintenant ce type de pratique soit devenu une quasi obligation pour les actuels étudiants des Beaux-Arts, je m'en rends bien compte, ne serait-ce que parce que cela se répercute sur la qualité des travaux qui ne correspondent plus à une nécessité intérieure. Mais je zappe et je m'intéresse à ce qui me semble en valoir la peine, et je découvre de temps en temps des travaux qui en valent la peine !
Sinon, je m'intéresse et m'inspire aussi de la littérature, des sciences humaines et de la musique… (où là aussi il y a beaucoup de déchets).

P.S. : les tas de sable, c'est vraiment dépassé !

Écrit par : kl loth | jeudi, 20 août 2009

@kl loth. Ben oui, le tas de sable, c'est dépassé ! Et vous venez d'illustrer sur le vif tout ce que j'essayais d'expliquer dans mon commentaire.
Je suis allé sur votre site. Y a des choses qui me plaisent.

Écrit par : mon chien aussi | jeudi, 20 août 2009

@Kl-loth : Ta réponse est un manifeste. Et tu as raison d'insister sur ce thème du terrain d'expérimentation de l'art contemporain. Il est vrai aussi que la façon dont on présente les oeuvres est très importante. Et souvent le pédantisme (ou l'obscurantisme) de certains textes de présentation nous font passer à côté d'artistes qui sont aux antipodes de la présentation qu'on fait d'eux et qui sont dépassés aussi par tous ces modes qui appartiennent à l'enrobage de la culture et (donc hélas) à la culture même et qu'on appelle la communication. Un mot trouble à double triple etc... sens (+ les effets pervers ), l'art est sans doute toujours communication (ce mot étant assez galvaudé, j'ai du mal à poser cette phrase sans grincer un peu des dents, je vais en assumer le sens où je l'écris quitte à préciser par la suite) mais la communication n'est pas toujours artistique (phrase bateau certes ...) l'art ,la culture, le divertissement, il y a parmi tout cela tant d'amalgames, normal société du spectacle oblige ! J'espère, kl-loth que tu n'as pas mal pris , ce que je dis de l'aspect mercantile de certaines façettes de l'art contemporain. (Enfin, que tu n'as pas pris ça pour toi ;-), Ah non vraiment, je connais ton travail et ta manière de travailler, je suis même indignée que tu ne puisse pas être payée en fonction de cette recherche et ces élaborations qui constituent ton oeuvre , il n'y a pas de souci de ce côté là. Je cite un exemple personnel. Je n'ai pas envie de généraliser ce qui est art contemporain (bien / pas bien) , l'art contemporain est surement, + simplement ce qui se fait aujourd'hui. tu as raison (mon chien aussi) de nous le rappeler. Une expression et recherche, reflet de notre époque. Pas seulement une marque officielle. L'art contemporain (pas dans son ensemble certes) a aussi montré les limites de la pensée critique, mais je vais arrêter là. Je t'invite à relire ce billet sur RANCIERE et son analyse d'une expo telle celle de Jeff Koons :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/05/16/le-corps-de-la-poesie.html
Je partage assez l'avis de Rancière... Où se situe la critique dans l'art aujourd'hui ? Terminer par une question, tiens c'est moderne ça !!! Ah ah.
Merci à toi pour cette intervention.
Je ne developpe volontairement pas le sujet, il me tient pourtant très à coeur, trop sans doute... Evoluant moi-même dans les eaux plus ou moins troublées, (plus ou moins limpides) de l'art contemporain... Je préfère retourner sur mon établi à douter de ce qu'il en sortira ;-) Je me souviens du type de débat qu'il y avait eu ici , "pour qui vous prenez vous, vous les artistes ?" me disait on .. "reprochant aux artistes de se proclamer artistes"...
Un comble !!!
Et pour finir ci joint un lien de quelqu'un que j'aime bien, pour l'ironie du thème et le plaisir du titre...
Ce n'est pas adressé à toi , mais une illustration pour le thème abordé talentueusement par Kl-loth et mon chien aussi

http://www.festival-avignon.com/index.php?r=21&pid=1145

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

@Mon chien aussi : Vous occupez la place à votre guise puisqu'elle vous est réservée, et je ne regrette certainement pas de vous lire ici, il aurait été dommage que je soit seule à profiter de cet autre manifeste qui entre résonance avec le texte de kl-loth. Je ne vais pas répondre à votre commentaire qui est adressé à kl-loth mais juste vous dire combien je me délecte (et fait mienne votre phrase ah ah la voleuse!) :

"Et je m'en fous, moi j'aime bien l'art et les artistes !"

Tout est là.

Et;, bien sûr, j'adhère de bout en bout , totalement (tragiquement ;-) à votre texte (kl-loth, mon chien aussi, à ce niveau là, on est dans le texte au delà (ou doublé) de commentaire, mais c'est du texte. Merci à tous les 2 )

Ah ! oui, mon chien aussi, j'oubliais... Quand je vous ai répondu à VOUS, ne pas vouloir developper ici la "querelle des modernes contre les anciens", vos fréquents commentaires ici et ailleurs m'ont toujours dit que vous étiez au delà de ce genre de diatribe, de jugement manichéen, et de petites gueguerres désolantes, j'aurais dû préciser , que votre commentaire précédent, pouvait inviter d'autres commentateurs à venir deviser sur ce thème là, (c'est déjà arrivé, voilà pourquoi) anciens -contre modernes, un débat dont il ne sort généralement pas grand chose, je me suis maladroitement prémunie contre d'éventuels discussions stériles, ou du type : " j'aime / j'aime pas/ oui mais quand même /"
qui ne vous concernaient vraiment pas. (j'insiste !) J'ose espérer que vous me pardonnerez cette maladresse. Vraiment , vraiment, je ne craignais pas de vous, que vous déterriez ce genre de hâche de guerre. loin s'en faut !

Ne soyez pas désolé. Votre intervention est superbe. Je vous en remercie encore.

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

@Liam : ET bien alors, nous sommes d'accord !!! (le bon sens près de chez vous ;-)

Écrit par : Frasby | jeudi, 20 août 2009

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