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mercredi, 21 janvier 2015

Aimer le chétif

J'avais envie de dire quelque chose, de le rompre comme du pain, le silence.

CHRISTIAN DOTREMONT extr. "Les grandes choses" 

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Ogres et géants assistent à nos raclettes.

La petite dans sa cage tapotait sur le bec d’un oiseau et les cris déchirants de la bête nous arrachaient le coeur.

L'humain, noble chétif, apportait les z'oizelles et de juteuses mûres, des volailles à pieds d'ange, ce serait les dernières.

L’ogre savourait encore les orties dans sa grange. Il tombait une belle neige barbouillée de groseilles et le bonhomme fondait au milieu de la route avec son rire tenant le notre en hébétude.

Sur les murs de la chambre un vacherin couleur miel camouflait des moellons, c'était le bas de laine, une vie de pâquerettes à motif libertaire,

la petite tirait la langue à cette drôle de neige, le bonhomme dégorgeait, l’ogre dormait en ronflant, la mère faisait des crêpes, et l’ado, né-rebelle, un nid de faune dans l’oreille répétait à tue tête "on  y va ! on y go ! on y va ! on y go!".

Ogres et géants sifflent nos anisettes,

piquent dans nos sacs nos sucres, nos pétards et nos pêches, s'aspergent à nos pipettes puis embaument leur crête des arômes du grand musc d'Ovibos Moschatus.

L’un des derniers poètes sirotait sur son banc, l’hypocras et le ciel se couvrait doucement d’un grand voile écarlate, vu de l'escarpolette on aurait dit du sang.

La petite dans sa cage portait un jupon blanc qui flottait dans sa tête, elle martelait penchée, en arrière, en avant, le bâton de rouge à lèvres mélangé à la terre, farines et dissolvants

l’ogre sautait sur le banc de son frère et la terre s’en trouvait parée de brisements. Le bonhomme souriait sur ses mains grosses de neige, serrant l’air de l’hiver, la tempête et le vent.

Ogres et géants dévastent nos palettes,

un bras de mer roulé au pays des congères pour embraser la guerre, l’ogre mangeait un flan. La petite dans sa cage comptait les vers de terre sur les corps des amis par milliers, ruisselants,

et la chaleur humaine dans le bonhomme de neige devenait un cortège au grand air débonnaire, on ne sût pas pourquoi cet air était glaçant, une flaque dans nos gamelles.

Ogre et géant funestes retardaient les horaires.

Le benêt cajolait des cachous sous sa dent, le froid cloquait les ailes des bébés-cormorans.

La petite à genoux priait la Bernadette qu’on la sorte à présent du trou où les gisants se transforment en lichens, et les mourants reprennent des airs de bons vivants.

Une gondole échouée près d'un mur en coulisse s’était mise à rouler, la petite écoutait. Ces bruits lui rappelaient les chantiers de Dunkerke, caresses à l'océan,

le dadet retournait à ses mondes étonnants, l'américain suaire bouclerait ses bonnettes sur un vaste désert et des vues d'ouragan.

On dut voir l’encre sèche cacher les pansements. Quand l’ogre tremperait ses lèvres dans un grand bol de crème, il serait 5H30, l'aube s'ouvrirait violette à nos gigues mourantes, et le dernier candide sous le premier soleil, ne verrait pas les vrilles attachant la petite secouée dans sa cage qui riait mollement.

Ogres et géants étouffent nos chansonnettes.

Des croisés sur un rire barré de rouge ardent, la parole agrégeant un noeud sur sa ficelle, le géant décrétait. Sous un ciel apaisé, les pigeons communient dans le vin de bohême. Le nez devient complexe.

On voit les dieux-enfants suspendus à l'envers aux branches du pommier blanc, les bébés cormorans se ramassent à la pelle, une mémoire s'épanouit hors des lousses maraîchères, les femmes occupent l'hiver, les marins sont marrants. 

Ogres et géants boursouflent nos crapettes

Diable ! que les dieux sont bêtes ! à parquer les comètes dans l'osier des volières, où de grands fauconniers pleurent les joujoux d'antan.

La neige tombe en poussières, si les voeux sont troublants, les coeurs flanchent à travers.

Le rouquet boit son lait de jabot sous le lierre, on annonce pour demain, un peu de neige en plaine, l'ombre porte le gel. Les jours vont sans oreilles.

 

In situ: Jour de grâce à l'hôtel, les pigeons retombés sur un tapis de neige, vaguement allégorique, si on veut. Bien aussi malins que les pingouins, nos pigeons - Ce Qui Fut et Ne Fut Pas Démontré - juste vus de concert entre autres hybridations, parmi de nombreuses "curiosités", mues de l'époque épique.

Photo: à l'aube d'une ère nouvelle, la photo officielle, nous y étions, déguisés en Charlots, (bien partis à la faire, la guerre, la dure ! la vraie !) armés d'un stylo bille, dans la cour des petits, d'accord, mais assez dignes, engagés et lucides, droits dans nos bottes, et hop ! to hope is to live, hop ! et hop ! en doudoune sur la place des Terreaux, partis à la marche des Charlie qui se trouvait place Bellecour, en fait, bon, on n'est pas des héros,,"l'erreur est presque humaine" a dit l'ogre, tout là haut après avoir fouillé la bête et sa f(u)leur polétique, se fut fée, et enfin nous pûmes rationnellement rejoindre les camarades pour la photo, pis aller à l'after, voilà, un monde d'images, à suivre, peut-être, ou pas, une promesse intenable pour l'instant...

Moralité: y'en a pas, toujours pas, enfin, si, y'en a une, on la pigera après quand on sera très très vieux. On peut toujours sourire, et suivre de loin, chouïa, pour le temps qui nous reste, desfois qu'on anticipe, des feuilles mortes à la pelle qui se balayeraient elle mêmes, pour ne pas voir le vent... :((

 

Nids perliens : La vie des animals, une fantaisie pas méchante remixed © Frb, 2014 vs 2015.

Commentaires

Étrange hiver ! On est émerveillés (et un peu épuisés, il faut bien le dire). Le nid de faune dans l’oreille aura au moins permis de moderniser le conte tout en gardant l'esprit norvégien - avec des oiseaux (pivert, qu'as-tu fait à tes cheveux ?). Non, ce qui me chagrine, c'est que les ogres assistent à mes raclettes. Ils se sont déjà tapé des orties et un flan. J'imagine bien la brioche qu'ils doivent avoir. S'ils continuent à se baffrer comme ça, il va leur falloir un vacherin couleur miel pour camoufler les moellons ou un tablier à motif libertaire avec des pâquerettes (un article pas facile à trouver chez Cache-Cache).

Écrit par : Fernand Chocapic | samedi, 23 février 2013

@ Fernand Chocapic : Moi aussi ça me chagrine que l'ogre assiste à nos raclettes, vous savez tout comme moi que lorsqu'on se met à faire des raclettes c'est vraiment qu'on ne sait plus quoi faire de sa vie, et en général on refourgue ça à ses amis, en faisant croire que c'est pour leur bien mais il faut vraiment ne pas aimer ses amis pour leur faire des raclettes, alors autant que l'ogre n'assiste pas à ça. Sinon, oui, je me lance dans une carrière qui consiste à moderniser le conte, j'ai signé un contrat avec une importante fabrique de contreplaqués, norvégienne qui fait des meubles pour les couples avec enfant, comme ça, ceux qui achètent des lits superposés à leurs enfants pourront leur lire mes histoires d'ogre le soir au lieu de s'ennuyer à gratter le plat à raclette en se disputant comme tous les couples qui achètent des lits superposés à la Norvège. Enfin pour finir ne croyez pas que j'écris tout ce que je veux, le cahier des charges est drastique, par exemple j'aurais aimé que le pivert aille dire ses quatre vérités à l'ogre et on m'a répondu qu'il n'était pas possible d'intégrer le pivert dans un conte merveilleux avec ce qu'il a fait à ses cheveux, mais c'est parce qu'on lui a installé son nid au grenier et qu'il a retrouvé un 45 tours de plastic Bertrand enfin celui (le fameux) que l'ogre n'a pas mangé et après il me pique mon gel, le pivert, quand l'ogre n'a pas le nez dedans, en plus de la brioche, tenez, pour tout vous dire même le pivert a de la brioche, aujourd'hui, c'est à croire qu'ils le font exprès !

Écrit par : frasby | samedi, 23 février 2013

Diable ! que les dieux sont bêtes !
oh que oui ! la preuve : ils ne font même plus semblant d'exister
ne nous restent que deux pigeons remontant le tapis rouge d'une cérémonie sans oscars (même chétifs)
mais qui sait ? l'un est peut être Zeus et l'autre Thor ? garons fissa nos fesses de crainte de les avoir courroucés !!!!

Écrit par : hozan kebo | mardi, 26 février 2013

@hozan kebo : Garons fissa ! je retiens.
Les dieux ont frappé, se sont offert un lancer de frisbie (qui sème le vent...) bon, c'était mal ;
promis, je ne recommencerai plus. Les Dieux (les vrais) sont en courroux - ("courroux coucou" disait Desproges qui ne l'a pas emporté au paradis !) - voilà ce jour que je n'y ai retrouvé plus que du blanc ici - t'avoueras !" comme dit le lyonnais du café de la soierie, il dit aussi "bougre d'âne", mais il ne s'adresse qu'à lui le lyonnais du café de la soierie, il ne va pas se prendre pour Thor ni Zeus ni Odin ni Ponar, ni Hull (fils de Sif adopté par Thor comme vous savez), ni même Onkr et encore moins pour Hulk (qui a affronté Thor sur la planete Sakaar, ne l'oublions pas ) et pourtant t'avoueras que c'est troublant, sans vouloir me vanter j'ajoute que j'ai trois grands navigateurs barbus, beaux comme les dieux (et les barbus) qui ont ramé toute la soirée pour me ramener votre message à la surface du grand courroux: googoltha chrome à la pagaie (pagaille), me réduit au néant, pendant que je me dorais au Carlton le matelot feu-fox terrier lui, m'a mangé les musiques ("et si y'a plus de musique, y'a plus nothing" chante Neil Young dans "stupid girl" ou "old things" je sais plus ), les dieux sont rudes (rude boys) et pour bien me punir ils ont croqué les rectangles de commentaires, pis achevé le tutti en sucette - une idée à creuser, les carrés de commentaires au bout d'un bâton pour faire des eskimos à ses lecteurs chéris, voyez que je fais mon possible, (voire l'impossible)- pour me faire pardonner, réparer, tenter d'adoucir les dieux, (le puis je ?) l'avenir de CJ pour l'instant compromis dans ce courroux techno-mystique, reste le navigateur Don Camino, miséricordieux qui vous ramène ici sain et sauf, sur une page rescapée une seconde
avec Zeus et Thor ???
Malheureux ! que dites vous là ? Vous êtes sûr que c'est eux ???

Écrit par : frasby | mardi, 26 février 2013

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