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mercredi, 21 janvier 2015

Aimer le chétif

J'avais envie de dire quelque chose, de le rompre comme du pain, le silence.

CHRISTIAN DOTREMONT extr. "Les grandes choses" 

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Ogres et géants assistent à nos raclettes.

La petite dans sa cage tapotait sur le bec d’un oiseau et les cris déchirants de la bête nous arrachaient le coeur.

L'humain, noble chétif, apportait les z'oizelles et de juteuses mûres, des volailles à pieds d'ange, ce serait les dernières.

L’ogre savourait encore les orties dans sa grange. Il tombait une belle neige barbouillée de groseilles et le bonhomme fondait au milieu de la route avec son rire tenant le notre en hébétude.

Sur les murs de la chambre un vacherin couleur miel camouflait des moellons, c'était le bas de laine, une vie de pâquerettes à motif libertaire,

la petite tirait la langue à cette drôle de neige, le bonhomme dégorgeait, l’ogre dormait en ronflant, la mère faisait des crêpes, et l’ado, né-rebelle, un nid de faune dans l’oreille répétait à tue tête "on  y va ! on y go ! on y va ! on y go!".

Ogres et géants sifflent nos anisettes,

piquent dans nos sacs nos sucres, nos pétards et nos pêches, s'aspergent à nos pipettes puis embaument leur crête des arômes du grand musc d'Ovibos Moschatus.

L’un des derniers poètes sirotait sur son banc, l’hypocras et le ciel se couvrait doucement d’un grand voile écarlate, vu de l'escarpolette on aurait dit du sang.

La petite dans sa cage portait un jupon blanc qui flottait dans sa tête, elle martelait penchée, en arrière, en avant, le bâton de rouge à lèvres mélangé à la terre, farines et dissolvants

l’ogre sautait sur le banc de son frère et la terre s’en trouvait parée de brisements. Le bonhomme souriait sur ses mains grosses de neige, serrant l’air de l’hiver, la tempête et le vent.

Ogres et géants dévastent nos palettes,

un bras de mer roulé au pays des congères pour embraser la guerre, l’ogre mangeait un flan. La petite dans sa cage comptait les vers de terre sur les corps des amis par milliers, ruisselants,

et la chaleur humaine dans le bonhomme de neige devenait un cortège au grand air débonnaire, on ne sût pas pourquoi cet air était glaçant, une flaque dans nos gamelles.

Ogre et géant funestes retardaient les horaires.

Le benêt cajolait des cachous sous sa dent, le froid cloquait les ailes des bébés-cormorans.

La petite à genoux priait la Bernadette qu’on la sorte à présent du trou où les gisants se transforment en lichens, et les mourants reprennent des airs de bons vivants.

Une gondole échouée près d'un mur en coulisse s’était mise à rouler, la petite écoutait. Ces bruits lui rappelaient les chantiers de Dunkerke, caresses à l'océan,

le dadet retournait à ses mondes étonnants, l'américain suaire bouclerait ses bonnettes sur un vaste désert et des vues d'ouragan.

On dut voir l’encre sèche cacher les pansements. Quand l’ogre tremperait ses lèvres dans un grand bol de crème, il serait 5H30, l'aube s'ouvrirait violette à nos gigues mourantes, et le dernier candide sous le premier soleil, ne verrait pas les vrilles attachant la petite secouée dans sa cage qui riait mollement.

Ogres et géants étouffent nos chansonnettes.

Des croisés sur un rire barré de rouge ardent, la parole agrégeant un noeud sur sa ficelle, le géant décrétait. Sous un ciel apaisé, les pigeons communient dans le vin de bohême. Le nez devient complexe.

On voit les dieux-enfants suspendus à l'envers aux branches du pommier blanc, les bébés cormorans se ramassent à la pelle, une mémoire s'épanouit hors des lousses maraîchères, les femmes occupent l'hiver, les marins sont marrants. 

Ogres et géants boursouflent nos crapettes

Diable ! que les dieux sont bêtes ! à parquer les comètes dans l'osier des volières, où de grands fauconniers pleurent les joujoux d'antan.

La neige tombe en poussières, si les voeux sont troublants, les coeurs flanchent à travers.

Le rouquet boit son lait de jabot sous le lierre, on annonce pour demain, un peu de neige en plaine, l'ombre porte le gel. Les jours vont sans oreilles.

 

In situ: Jour de grâce à l'hôtel, les pigeons retombés sur un tapis de neige, vaguement allégorique, si on veut. Bien aussi malins que les pingouins, nos pigeons - Ce Qui Fut et Ne Fut Pas Démontré - juste vus de concert entre autres hybridations, parmi de nombreuses "curiosités", mues de l'époque épique.

Photo: à l'aube d'une ère nouvelle, la photo officielle, nous y étions, déguisés en Charlots, (bien partis à la faire, la guerre, la dure ! la vraie !) armés d'un stylo bille, dans la cour des petits, d'accord, mais assez dignes, engagés et lucides, droits dans nos bottes, et hop ! to hope is to live, hop ! et hop ! en doudoune sur la place des Terreaux, partis à la marche des Charlie qui se trouvait place Bellecour, en fait, bon, on n'est pas des héros,,"l'erreur est presque humaine" a dit l'ogre, tout là haut après avoir fouillé la bête et sa f(u)leur polétique, se fut fée, et enfin nous pûmes rationnellement rejoindre les camarades pour la photo, pis aller à l'after, voilà, un monde d'images, à suivre, peut-être, ou pas, une promesse intenable pour l'instant...

Moralité: y'en a pas, toujours pas, enfin, si, y'en a une, on la pigera après quand on sera très très vieux. On peut toujours sourire, et suivre de loin, chouïa, pour le temps qui nous reste, desfois qu'on anticipe, des feuilles mortes à la pelle qui se balayeraient elle mêmes, pour ne pas voir le vent... :((

 

Nids perliens : La vie des animals, une fantaisie pas méchante remixed © Frb, 2014 vs 2015.

dimanche, 11 janvier 2015

2015 : ça ne suffira pas, mais il faut essayer...

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Nota : Le street-art rend hommage en "free style" aux victimes des attentats du 7 Janvier 2015, aux dessinateurs, à ceux qui restent qui vont tenter de continuer, à défendre leur plus libre expression possible, aujourd'hui, mais aussi pour la suite du monde, j'aimerais (I have a dream) que le mouvement in situ de la rue, (re)donne un sens, si ce n'est à tous à quelques uns, (sans naïveté évidemment), je ne sais pas si "je suis Charlie", (je m'en fous un peu) mais je sais que je soutiens de tout coeur, les créateurs, ceux qui restent, je les admire, et j'espère que nous les soutiendrons, encore après, ainsi que toutes les formes d'expression, quand l'émotion spectaculaire, se délitera peu à peu, c'est là, que ça risque d'être "coton", mais bon... Foin du noirte horizon !

Merci à eux.

Merci à ceux du "Canard enchaîné" qui eux aussi ont subi, subissent encore à ce jour de très sérieuses menaces, ils ont désiré absolument, ne rien réduire de leur ligne éditoriale, un soutien aux confrères, like Libé, "terre d'asile", pas sans risque, et ce, sans la bénédiction du pape, (Flanchouai, mît bémol, ravi qui dans sa bulle... continue ses voyages, ajoutant à la bonne eau bénite, l'huile sur le feu sacré versée dans tous les encriers, ce qui ne va pas, (il me semble), apaiser, ni aider les forces communes et individuelles à se ré-accorder, (couac) ni la création déjà très fragile, et encore plus fragilisée, depuis ces infamies, ni l'expression encore libre, juste armée de pinceaux, d'instruments de musique ou de plumes (sur la commode, et plus ...) des créateurs chenapans, et des gens entrés en résistance, avec une grande tristesse, une immense détermination à ne rien lâcher, rien, nada, nothing, autant que nous le pourrons,  même si cela paraît naïveté, s'exprimer sans craindre pour sa vie et celle des gens qu'on aime, si possible, doit être, la moindre des choses, autant que nous vivrons...

J'ois, pleinement, ce jour la bonne chanson "mourir pour des idées", par la bénédiction universelle du mécréant frère Georges qui fuyait les cortèges. Un grand salut à Luz, à Riss, et tous leurs camarades pour la suite, et la une du Charlie, malicieuse, excellente, la bande des Charlie, vraiment très courageuse, puissent-ils vivre, longtemps et qu'un jour on arrive enfin à comprendre leur langage et à leur foutre la paix, tirer sur un canard avec des armes de guerre, ne peut guère être justifié, par "des limites" à imposer au rire, qu'il soit de "bon goût" ou non, la bien-pensance, la religion, les puissants personnages (réels ou s'imaginant tels) n'ont rien à limiter à personne sinon leurs propres craintes, leurs fantasmes de domination, ces violences intérieures passées à l'extérieur sont bien antérieures aux dessins des Charlie. Les caricatures ont toujours existé. Mon parti-pris vu d'une lorgnette, d'abord celle du dessin, puis, de l'expression, de la création en France, je précise, les enjeux politiques étant très complexes, là encore, il y a beaucoup trop d'inquiétudes, de langages de cultures que moi même je ne comprendrais pas. Mais je ne suis pas certaine que la censure pour quiconque, y compris des personnages qu'on exècre, soit le moyen le plus efficace pour défendre la démocratie, ses belles idées de liberté et tout ça. Ici, dans tel contexte il me semble que tout créateur, qu'il soit écrivain, poète, musicien, peintre, clown, etc ce jour et sans autres illusions, doit se tenir au plus près de ses camarades créateurs (de ceux qui désirent se rallier) pour défendre ce dernier rempart face à l'impuissance générale qui vient greffer sur nous, la peur, cette peur que nous n'éprouvions pas à l'origine, et qui n'est pas de notre désir, peur que l'horreur ne creuse en nous encore plus silencieusement le sentiment de voir gagner l'ignorance, la vengeance, la lâcheté, la sottise, la perfidie, nos failles personnelles également, ce jour en question, pire même que la censure : l'autocensure qui vient déjà, viendra, forcément, insidieuse si l'on se met à craindre pour son intégrité physique qu'une idée soit très mal comprise. 

Celui qui s'exprime met son univers au partage, une fois lâché son dessin, sa musique, ses écrits, etc... appartiennent aussi à qui les reçoit, celui qui livre l'expression de son imaginaire peut toujours s'expliquer, présenter des excuses si lui-même conçoit que cela est peut-être "trop", il accepte la contestation, ou bien il la refuse, ou l'offensé s'en remettra aux procédures, ultimes limites mais jamais, un individu qui s'exprime ne devrait craindre pour sa peau et mourir pour cela, toute forme d'expression reste libre aussi à celui qui va l'interpréter, en prolonger les idées, ou les dévoyer voir les anéantir, mille lectures seront possibles, on le sait, cela a toujours été, mille malentendus, c'est le risque inhérent à tout homme qui s'exprime, quel que soit ses idées, une idée se combat avec des idées, jamais avec un arsenal de guerre, foin de banalités, et phrases des plus naïves qui seront toujours à redire face au pire et au plus sordide des malentendus, jamais vu en France, ni concevable avant ces attentats, exaltation de la morgue, de l'obscurité qui ronge en dedans le coeur même du vivant, les créateurs et les gens, tous les gens ont le droit non seulement civique, mais le droit naturel de s'exprimer, les limites (et tant pis aujourd'hui pour le pape) c'est le droit d'en débattre et même de s'engueuler, mais si cela advient sous menace d'armement, ou quelque autre intimidation idéologique, l'homme mourra d'asphyxie dans son repli, sa peur de l'ouvrir parce que la peur, est la première et la plus vulnérable des émotions, et tous les prédateurs le savent. Si demain, comme aujourd'hui un individu pense qu'il va risquer sa vie en s'exprimant et cela, par malheur cela, est arrivé et si (avec des si) progressivement cette emprise devenait acceptable. Nous ne serions plus rien.

Je crains le pire, et comme chacun, sidéré, je manque de mots pertinents ou impertinents, je ne crains pas de m'exprimer, ce jour sans aucune éloquence, je crains juste qu'un jour la menace devienne plus prégnante que la libre expression de chacun, par là, que toutes ses intentions singulières se pervertissent sournoisement sous le poids de cette pression, ce qui existait larvé déjà, bon. Ces attentats laissent un peu pantelants sur le bord du chemin, mais il fût "consolant" un jour de pouvoir partager mille différences avec tous les êtres qui avaient décidé de marcher en respectant toutes les nuances, qu'on soit Charlie ou non, on pouvait n'être que soi, solidaire et vivant ce jour avec les autres, sans s'aveugler de tout, et c'est bien de se dire que cela un jour a pu exister puissamment sans autre embrasement dramatique, in situ. 

Il y a beaucoup de gens isolés, dans les villes, et partout beaucoup de gens qui n'ont pas la culture, encore moins la parole, ils se sont exprimé ce jour là, nous avons vu cela, émouvant et sans frime, sans exagération, ce n'est pas rien et ne peut se décrire, je crois qu'il ne faut pas mépriser le pas des hommes et des femmes qui se mettent en marche, même un seul jour, même si cela fût orchestré, comme l'émotion - dit-on - peut-être, ce mouvement est issu d'un paradoxe et de contradictions mais beaucoup in situ n'était pas dupe, je crois, en tout cas nous n'avons pas, avec mes amis, ressenti à Lyon, ce que nous ressentons d'ordinaire dans une foule, et qui nous met si mal à l'aise, cette espèce d'injonction béate, marcher suffisait, pas obligé de "suivre" tout et n'importe quoi, foule vivante, visages tristes, sourires éblouissants, et des mots d'un instant toutes raisons différentes, les pas étaient splendides, chacun prouva sans doute à sa façon que l'émotion personnelle n'était pas, seulement réductible à un réflexe conditionné, et cela fit une belle, une magnifique journée.

Le scepticisme de chacun s'est perçu, également, l'inquiétude de l'après, la tristesse mais aussi la fragile espérance d'un jour réconfortée par cette marche, lente, mesure de l'humain, de milliers d'êtres humains ensemble qui s'aident à se relever d'un choc épouvantable, c'est d'un monde trop sensible pour être traduit encore avec des mots, du moins pas pour l'instant.

Nous entrons dans l'après, dans le "rien ne sera comme avant", peu importe pour l'instant qui trame ceci cela, quel machins, quels salauds... avaient tramé cela avant, on lit déjà partout un tas d'insanités, l'hypocrisie des "grands" de ce monde, on la connaît, ok, c'est à ce point délicat de devoir, à présent défendre individuellement (et commencer par ça) ce qu'on est déjà soi, ensuite collectivement, défendre une liberté d'expression violemment touchée, désormais ensanglantée, ce n'est plus la même liberté, (déjà bien malmenée depuis pas mal de temps) mais nous savons que cela est possible pourtant de la défendre encore, on ne peut pas décider autre chose que tenter, comme on marche pour ne pas se coucher, l'expression nécessaire d'une respiration, telle la marche ouvre au souffle précieux de la chaleur humaine, des personnes profondément choquées, tristes et gaies, de toutes parts ont donné une réponse, sur l'instant, la plus intelligente qui soit, cette réponse ne peut-être réductible aux observations, à distance, ni aux analyses plus subtiles, elle concerne un instant, un bref passage du temps, même si nous resterons sur nos gardes, longtemps, moins nombreux, c'est certain, et sans trop d'illusions, pour la plupart, je crois, lucides là bas ou ici, face au choc terrifiant, devant un grand saccage de vies humaines, on sait que  la parole tournera un peu en rond, encore un temps, et qu'il ne sera pas possible d'oublier l'évènement, que l'éloquence ne masquera que ce très lourd malaise qui nous serre le coeur encore à cette heure, quand nous pensons aux attentats, aux victimes, à ceux qui restent, comme l'info, ne cesse pas depuis ces attentats, là bas et ici, elle tourne encore en boucle embrouillant l'acuité des petits nains que nous sommes, à tenter de s'informer écouter, regarder, et essayer de comprendre, pour rester dans le vif, sans autres considérations politiques H.O donc la tentative d'une marche nous réveille c'est un essai troublant, devenu inouï, qui ne suffira pas. La cohue devant les maisons de la presse, j'en discute souvent avec le marchand de journaux de mon quartier ces jours-ci, si ça nourrit les petits canards qui étaient boiteux avant, tant mieux, s'il faut du sang pour les nourrir ça reste sidérant.

J'aimerais (encore rêver, on peut ?) que la réalité de cette marche nous donne une force réelle pour porter preuve après, que cet imaginaire vive ainsi qu'il nous préserve encore, épargne, s'il se peut, les mômes qui gambadent insouciants, pour que nous préservions leurs rires, ce monde à eux, leurs rires cons comme on est, et leurs blagues à Toto, qui font les mômes radieux, comme ce pigeon de Dieu rejetant son pique-nique sur la veste du président, grain de sable, pure pralin, rire de Luz, poésie de l'instant, du mauvais goût peut-être ? Qu'un fou rire en plein coeur d'une cérémonie solennelle, soit aussi important, un détail disproportionné, face aux crimes monstrueux, oui, sûrement, c'est bien bête que de tenir encore à l'imagination qui galope librement et pour ce tout venant, respectueux de nous, en cette sale époque, où la vie peine rudement, (dit comme ça, ma bonne dame ! ouh ben !) ....

Comme je n'ai jamais eu trop le goût d'exalter le néant, ni ici ni ailleurs, malgré le doute, ni folie des grandeurs du paradis, ou de l'enfer, exalter juste la vie, comme elle vient, certains jours, d'expression singulière, qui se partage ou non, sans occulter ce qu'elle a de bizarre et fragile, espérer que la création paradant au travers s'y amuse et de temps en temps qu'elle vous amuse peut-être ou non, que les idées s'expriment sans vigiles ni cerbères, ce n'est pas un voeu pieux, mais un désir humain pour ne pas que toute âme  finisse dépossédée par ces valeurs autoritaires, les obscurantismes, leurs remèdes, à craindre des coups de bâton, mourir pour ça, mort physique ou mentale, qu'on soit croyant ou non, ça tue les forces vives, par avance, d'y songer. Ici, nous jouons, nous marchons, et nous rions de tout, des winners, des losers des détails, des horreurs, ainsi de nos échecs, rire de tout vaut toujours mieux qu'un cynique ricanement qui tourne encore à vide sur le vide, négation même de l'autre comme une mort en dedans que les gars de Charlie ne défendaient jamais, avec leurs dessins "gratinés", desfois cheap, desfois "trop" mais aussi très "chiadés", leur critique qui n'épargne personne, même pas eux, a poursuivi l'ouvrage d'une autre génération de l'après 68, portant l'expression d'une contestation sur une société qui n'en pouvait plus de ses frustrations.

Nous avons, mes amis et moi-même, de la génération de Charb, bénéficié de ce vent de liberté, nous l'avons beaucoup contesté, et nous l'avons aimé, sans être des inconditionnels, de tous les opus de Charlie Hebdo, nous sommes les enfants des pionniers de cette mouvance libertaire, un souvenir dilettante de la contre-culture en France plutôt rare de trouver cette presse-là avant eux, qui pût parfois nous concerner, nous étions vers les 12 à 15 ans égarés dans les années-fric, la petite province encore poujadiste s'épouvantait à nous voir lire, Reiser, Cabu, sans oublier le feu prof Choron qui traînait dans les chambres des grands frères des copines, Hara kiri mort Charlie Hebdo occupa cycliquement les cours ennuyeux, glissé sous les bureaux, acheté par un et lu par tous, à pouffer de rire sur des dessins qui passaient de main en main (sous le bureau, sous le manteau) et faisaient grinçer joyeusement les chaises austères de notre respectable école, lors des cours de dessin catholique, enseignés par la polyvalente Melle Pugeolles, au collège St Marie, les enfants pré-ados bécassons que nous étions (et vieux bécassons, nous restons) payèrent cher en interminables heures de colle (vous me copierez 100 fois - "je ne dois pas lire Charlie Hebdo" ou du genre, tours de cour les mains sur la tête, confisqués, les revue "cochonnes", j'exagère à peine c'est pour dire : Charlie Hebdo n'était pas du goût de tout le monde, ces lectures engagées, rigolotes émancipèrent sans qu'on s'en rende trop compte, notre créativité fulgurante, et nous dessinâmes à notre tour, (les revues confisquées, il fallait bien essayer autre chose), nous avons compris bien plus tard que les contestataires d'une époque à nos yeux révolue, nous avaient ouvert l'esprit et libéré de pas mal de trucs, un terrain fertile s'est ouvert en mille autres différents, pas banals pour les voies de la création, et surtout l'expression qui s'y développait en roue libre.

Bon, jusque là, dit, à chaud on serait presque tous d'accord. Anecdote très compassionnelle. Alors que nous marchions. Grosse surprise de croiser place Bellecour notre bonne Melle Pugeolles, complètement amnésique, épanouie, rayonnante dans son nouveau tee-shirt "Je suis Charlie" enfilé à la vrac sur sa même robe chasuble (beige-grenat) accompagnée par le redoutable Monsieur Bouchard, responsable du martinet et du fouet à l'école "Notre Dame" en 1976, revenu lui aussi en tee-shirt XXL "je suis Charlie", super-sympa. Moralité : y'en a pas. Que ceci reste une belle histoire, de bravoure hyper-love et sans rancune of course. A part ça...

Nous sommes des êtres doux, vulnérables, nous sommes beaux et grotesques, nous sommes petits et fiers, nous sommes faiblesse de notre époque, nous sommes forts de notre naïveté, de nos défauts de nos lâchetés, de nos questions, de notre maladresse à ne savoir nous exprimer mieux, nous sommes les gens du siècle munis de notre intelligence, (relative) de nos lacunes (champs inexplorés), de notre liberté de pensée, de nos erreurs, de notre langage fourbu de culture, d'inculture, de nos inspirations irrégulières, d'un savoir faire très libre, nous précis, nous gentils, nous très approximatifs, nous multiples, identiques, nous, nous, nous...  Comme disait un monsieur dans la rue : "on bricole, on n'a que ça pour vivre", Vivre, ouais, ouais  pas mourir. Nous ne mesurons qu'à court terme, toutes les conséquences de nos gigues*- ["Sous toutes ses formes, la gigue exerce une fascination peu commune sur la population locale; par sa virtuosité, son accord parfait à la musique, la finesse de ses mouvements et l’énergie qu’elle déploie*"] ; la violence, les hybridations de nos drôles de machines qui permet de mondialiser le Charlie, avec tous les drapeaux en berne, n'est pas le moindre de nos soucis, le spectre effrayant d'un monde sécuritaire (pour notre bien) nous fait, froid dans le dos, l'administration de la peur vient comme une hantise au coeur de la vie brève, nous tentons quelque chose sans promettre, parce qu'on ne peut pas ne rien tenter un peu à notre échelle, et nous aurons encore besoin de réconfort.

Ce billet a été corrigé (pas très bien mais tant pis) signé et approuvé de tout coeur par Melle Pugeolles, qui nous a présenté ses excuses, lors d'un très beau discours, elle nous a demandé pardon de nous avoir injustement infligé - bien à tort- des heures de colle pour avoir lu Charlie Hebdo, qu'elle trouve aujourd'hui formidable, bien autant que ses créateurs. Acte de contrition, à coeur, espérance, forcément sublime.  Amen.

   

Photo: Tant que...

Tant que les murs ne seront pas muets. Un signe fort, en pochoir, saisi le lendemain du choc, sur la Montée de Grande Côte  à  Lyon.

dimanche, 01 juin 2014

H/ombres (I)

Il faut parler de la création comme traçant son chemin entre des impossibilités... C’est Kafka qui expliquait l’impossibilité pour un écrivain juif de parler allemand, l’impossibilité de parler tchèque, l’impossibilité de ne pas parler. Pierre Perrault retrouve le problème : impossibilité de ne pas parler, de parler anglais, de parler français. La création se fait dans des goulots d’étranglement. Même dans une langue donnée, même en français par exemple, une nouvelle syntaxe est une langue étrangère dans la langue. Si un créateur n’est pas pris à la gorge par un ensemble d’impossibilités, ce n’est pas un créateur.

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Un créateur est quelqu’un qui crée ses propres impossibilités, et qui crée du possible en même temps. Comme Mac Enroe, c’est en se cognant la tête qu’on trouvera. Il faut limer le mur parce que, si l’on n’a pas un ensemble d’impossibilités, on n’aura pas cette ligne de fuite, cette sortie qui constitue la création, cette puissance du faux qui constitue la vérité. Il faut écrire liquide ou gazeux, justement parce que la perception et l’opinion ordinaires sont solides, géométriques. C’est ce que Bergson faisait pour la philosophie, Virginia Woolf ou James pour le roman, Renoir pour le cinéma (et le cinéma expérimental qui est allé très loin dans l’exploration des états de matière). Non pas du tout quitter la terre. Mais devenir d’autant plus terrestre qu’on invente des lois de liquide et de gaz dont la terre dépend.

Le style, alors, a besoin de beaucoup de silence et de travail pour faire un tourbillon sur place, puis s’élance comme une allumette que les enfants suivent dans l’eau du caniveau. Car certainement ce n’est pas en composant des mots, en combinant des phrases, en utilisant des idées qu’un style se fait. Il faut ouvrir les mots, fendre les choses, pour que se dégagent des vecteurs qui sont ceux de la terre. Tout écrivain, tout créateur est une ombre. Comment faire la biographie de Proust ou de Kafka ? Dès qu’on l’écrit, l’ombre est première par rapport au corps. La vérité c’est de la production d’existence. Ce n’est pas dans la tête, c’est quelque chose qui existe. L’écrivain envoie des corps réels. Dans le cas de Pessoa, ce sont des personnages imaginaires, imaginaires pas tellement, parce qu’il leur donne une écriture, une fonction. Mais il ne fait surtout pas, lui, ce que les personnages font. On ne peut pas aller loin dans la littérature avec le système "On a beaucoup vu, voyagé" où l’auteur fait d’abord les choses et relate ensuite. Le narcissisme des auteurs est odieux parce qu’il ne peut pas y avoir de narcissisme d’une ombre. Alors l’interview est finie. Ce qui est grave, ce n’est pas pour quelqu’un de traverser le désert, il en a l’âge et la patience, c’est pour les jeunes écrivains qui naissent dans le désert, parce qu’ils risquent de voir leur entreprise annulée avant même qu’elle ne se fasse. Et pourtant, et pourtant, il est impossible que ne naisse pas la nouvelle race d’écrivains qui sont déjà là pour des travaux et des styles.

GILLES DELEUZE : extr. "Les intercesseurs" in "Pourparlers", éditions de Minuit (1990/2003).

 

Photo : Tout ce qu'on imagine a des chance d'être faux, restent les feuilles volantes, qui ressemblent vues de loin à des jets de cailloux, ou de plumes, (va savoir !) c'est peut-être les deux, peut-être pas grand chose, qui retomberaient très lents sur d'autres vérités nuancées, comme le vent qui tourne, claque des portes ou les ouvre comme les mots cachés à l'intérieur, ou des mots qui se frottent à d’autres, ici, des bris, en apparence...

 

Ciel de Lyon © Frb 2012. Lyon.

vendredi, 07 septembre 2012

Chauve et rude

En 1956 dans "Les cocus du vieil art moderne" Salvador Dali dont l'admiration pour Gaudi ne s'est jamais démentie annonçait la venue d'une architecture "molle et poilue"...

Extr. du "Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugements suivi du livre des bizarres" par Guy BECHTEL et J.C. CARRIERE, éditions Robert Laffont 1981.

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Molle et poilue ?

Une seconde entrevue en rêve...

Point de bâtisses poilutes ni barbutes (ou moustachutes) en nos contrées hélas ! dans nos rues pleines de grues nous attendrons encore...

La preuve est un peu là, baladée par l'image. Comme tout se clique en ce bas monde et que c'est jour de travaux pratiques, je me suis bêtement amusée avec l'aide de notre architecte patenté Jean-Pierre Disagne® (concepting in postcards § home-graphism and Cie) à essayer d'agrémenter ces modestes propositions de quelques aménagements "tendance" (la tendance-attitude) paraissant épouser au plus près la forme de l'habitacle, vous trouverez donc des intérieurs à notre collection (peu maline et chouïa arbitraire, je l'admets) en cliquant sur les échantillons de cet échafaudage rien que du fonctionnel, propre sur lui, uniformément glabre.

 Avertissement: ce billet partant du réel, il peut se situer parallèlement dans un monde de fiction, comme l'écrivait Martin Winckler : "Si les événements décrits dans ces pages semblent plus vrais que nature, c’est parce qu’ils le sont : dans la réalité, tout est moins simple. Cela dit, même lorsqu’elles ne sont pas délibérées, les ressemblances avec des personnes ou des événements réels sont, probablement, inévitables" par mesure de prudence je rajouterai qu'elles ne sont pas si mal intentionnées qu'on pourrait le supposer. Sur ce sujet, nous battons les barres et les blocs, comme on dit battre la campagne, pour le reste, nous ne sommes pas de taille. Amen ! 

 

Lignes directes  :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/08/20/l-...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/09/22/pr...

Propositions d'ailleurs :

http://fr.academic.ru/pictures/frwiki/78/Newark-ohio-long...

http://www.bienchezsoi.net/diaporama/images/maisons-bizar...

http://laouilfaitbonvivre.l.a.pic.centerblog.net/ck9x355p...

Propositions d'ici:

Malhonnête: http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/09/28/le-duplex-de-malevitch.html

ou honnête: http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/08/16/on-rentre-a-la-maison.html

 

Photos : Lyon rive gauche + Villeurbanne quartier Charpennes, une balade où l'espace déjà rempli se remplit à vue d'oeil un peu partout ici ou là, extrait en forme d'échafaud d'échafaudage des (plus ou moins) nouveaux habitacles urbains...

 

Lyon § + © J.P.Disagne® / frb 2012.

jeudi, 06 septembre 2012

Toujours plus

C’est en tant que cinéaste que s’élabore mon travail critique, et non pas en tant que critique de cinéma. En tant que critique, je suis essentiellement un laudateur. La critique peut fonctionner avec des mots, mais le mot est toujours plus discutable que l’image. L’image, elle, tord un peu la réalité mais peut frapper visuellement. Un distributeur automatique de baguettes de pain, c’est plus visuel à l’image qu’à l’écrit, n’est-ce pas ? Et bien, voilà, c’est ce que je filme !

LUC MOULLET, extr. de propos recueillis par Katia Bayer et Mathieu Lericq que vous pouvez retrouver en intégralité sur le site "Format Court", ICI.

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"Toujours plus", essai de présentation :

"Aujourd’hui, les supermarchés se construisent sur l’emplacement des cinémas ou des églises. Évolution normale, puisque le consumérisme était la religion du vingtième siècle"

Cet extrait datant du milieu des années 90, présentait succintement le  film "Toujours Plus" de Luc Moullet, montrant cette évolution dite "normale" (ou "normative") de notre société, ainsi qu'une  certaine entreprise de séparation généralisée, pour ne pas dire de sape (définitive ?) du vivant, de l'humain en particulier.

Le XXIem siècle (après Luc Moullet), persiste à affermir cette "nouvelle religion" alors que l'humain y semble plus réduit que jamais, ciblé et noyé de contradictions assiégé par un tas de nouveaux besoins, que des stratégies ultra-séductrices savent lui suggérer, bardé d'outils merveilleux, de sollicitations ininterrompues, il paraît malgré tout rendu au constat désolant de ne pouvoir lutter contre son sentiment de frustration, de clivages et d'inanité, à mesure que l'espace vital et le temps s'emplissent de denrées et  d'objets multicolores initialement prévus pour le bonheur de tous.

Le faix existentiel n'ayant pas été allégé, il devient délicat de montrer le sujet à distance ironique, sans que cela soit immédiatement estampillé via toutes sortes de connotations souvent consternantes, on pourra encore admirer avec quelle malice enfantine Luc Moullet aura eu le don d'échapper...

Le film "Toujours plus" (1993), précédant "Toujours moins" (2010), autre film qui évoquait en 13mn environ, l'évolution et l'accroissement des disposititifs fondés sur l'informatique, automates, bornes et autres)... appréhende avec un regard et une intuition époustouflante son temps aussi bien que les temps où nous nous trouvons, puisqu'en nos courses  sans grande alternative, nous sommes d'ores et déjà passés de plus à moins, obligés à réduire nos précieuses perspectives d'avenir, les médias ne cessant de le marteller, avec toutes sortes d'information inclus quelques messages paradoxaux, du genre "méthodes de vie" gaiement "sponsorisées", pour combattre le consumérisme, tandis que la voix humaine singulière se trouve peu à peu submergée, certes, tout ça on le sait...

Nous publierons peut-être ici un jour, le film "toujours moins", puisqu'à ce moins nous avons déjà cédé notre part, n'ayant pu éviter la logique de cet ordre prompt à nous intégrer dans une forme ou une autre de catégorie, le modèle du genre devenu intenable incontournable ; c'est dans "l'ordre", pour une fois, que je vous présenterai les balises du chemin et ses envolées conçues par le regard génial de Luc MOULLET ; parcours où tout abonde, avant que le plat de résistance ou d'épuisement des résistances (?) nous fasse entrer à l'insu de notre plein gré dans un monde pas si loin de la schizophrénie. Cette contradiction devenue "notre" lot, surprend ses créatures en flagrant délit d'impuissance mais au nom des vertus d'un (re)tour à la normale qui n'est jamais partie, quels efforts ne ferait-on pas ? 

Voilà pourquoi, déjouant cette question lamentable afin de favoriser un message utile et agréable que m'enseigna ironiquement feu mon père cinéphile et cycliste né à la même époque que Luc Moullet, (je délivre le message : "Le cinéma, y'a que ça de vrai") je glisserai aujourd'hui "Toujours plus", en tête de ma gondole. Un billet doublement dédié, (profitez ! c'est la semaine de la dédicace).

Nota : Si le côté foutraque, doux dingue, et la poétique hilarante de Luc MOULLET sont d'un style qui régale, n'oublions pas que le cinéaste est aussi l'un des plus grands (très modeste d'ailleurs) théoricien français du cinéma vivant et qu'il est fin connaisseur en matière de cinéma hollywoodien bien que ses films soient à l'opposé esthétiquement. 

Enfin, pour terminer, après la publication sur ce blog des films "Barres" (1984), "Prestige de la Mort" surtout, récemment de "L'homme des Roubines", l'oeuvre de Luc Moullet a suscité une vive curiosité auprès de nos lecteurs, dont certains m'ont demandé d'y revenir et je les remercie, étant inconditionnelle de l'oeuvre de Moullet, je ne me ferai donc pas prier pour vous présenter "Toujours plus" réalisé en 1993/94, tourné en 16mm et en short. A noter que les conditions de travail intenables des caissières et employés des grandes surfaces y étaient déjà finement saisies au vif, bien avant l'ouverture des débats de société sur le monde du travail, le harcélement et autres intolérables, le film laissant à voir, et entendre subtilement l'espace où nous sommes embarqués... 

Sur ce coup exceptionnellement, je tenterai une démo de force de vente en ciblant sans vergogne le lecteur adoré, que je sais par ailleurs fort sollicité, et je l'encouragerai vigoureusement à visionner ce petit film hénaurme, peaufiné jusqu'au moindre détail. Je serai prête à parier un caddy de DVD que vous ne le regretterez pas. Les insatisfaits ne seront pas remboursés.

 

 

Bonus : http://www.dailymotion.com/video/xgw9r5_regard-082-luc-mo...

Remerciements : à mon ami Jacques, artiste du son et de l'image, doux dingue et  lui-même réalisateur, pour bon nombre d'artistes hauts en couleurs qui m'a amplement initiée à l'univers de Luc Moullet par de savants détours (en)cyclopédiques et montagnards, en espérant qu'il nous délivre "son" prochain film (en short, évidemment).

Photo : Ceci n'est pas un autoportrait mais ça pourrait être "notre" autoportrait (?) /(que celui qui n'a jamais éprouvé son corps dans un hyper pour s'absenter rêveur, entre deux marques de yaourts me jette la première pierre )/ Photographié à l'Hyperion de ma zup au rayon laitages, ("on se lève tous pour..."), on pourrait appeler ça si on en était sûr, de la poésie du quotidien. Un exercice plus périlleux qu'il n'y paraît (louez-moi ! :) puisqu'il est strictement défendu de prendre des photos dans les supermarchés et que le vigile sur ce coup là, a dû très gentiment fermer les yeux, sur le contenu de mon baluchon ce qui est rare, d'habitude ils ouvrent les sacs, parfois vident les cabas et les appareils photo non sans violence, (sachez qu'ils n'en n'ont aucun droit), ceci fera peut-être le sujet d'un autre billet dans notre série "nature et découverte", ou certains jours à l'abordage d'un monde de brutes"...

Zup © Frb 2012

mardi, 28 août 2012

On rentre à la maison

Si la maison vous déplaît, en un clic dans l'image tout peut se remplacer.

 

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About the obsolescence :

On ne va pas éternellement s'encombrer de rêvasseries. J'efface donc le trait d'irréalité  et ni vu ni connu le remplace, biffant du même coup la vacance, le courant de rentrée ne s'y prête pas.

A noter qu'il y a peut-être une certaine audace dans l'architecture aiguepersironne qui saura naître, demeurer, disparaître sans l'assentiment de notre regard.

C’est ainsi que, selon l’opinion, ces choses se sont formées et qu’elles sont maintenant et que plus tard elles cesseront, n’étant plus entretenues.

 

Eclairages : http://www.fabula.org/actualites/parmenide-le-poeme-fragm...

Repérages : merci à Paul et Raidi pour.

Photoon the Aigueperse's road, made in Nabirosina.

 

Aigueperse © Paul-Raidi pour-Frb 2012

lundi, 30 juillet 2012

La fenêtre à Doucy-les-Meurs

Vivre le monde en tant qu'un immense musée d'étrangetés.

GIORGIO DE CHIRICO

 

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Allez savoir pourquoi la fenêtre à Doucy les Meurs fait un bruit de casseroles quand on s'assoit au bord...  Est-ce de l'art ? 

 

Nota : Pour voir distinctement les instruments de l'orchestre vous pouvez cliquer sur l'image.

Photo :  La musique adoucit la fenêtre à Doucy les meurs et vice versa, et vi.se vɛʁ.sa ou vis vɛʁ.sa vaɪsɪ,ˈvɜːsəˈvaɪsə ˈvɜːsə ...

 

Doucy-les-Meurs © Frb 2012

mardi, 24 juillet 2012

Sur un air d'accordéon

 

Tout affrontement ne procéderait-il pas d’un malentendu ?

Celui-ci ne résiderait-il pas dans le sujet lui-même,

dans ses drames intérieurs ?

  

 

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podcast


 

 

Photo : jalousie(s)/ vue d'en face.

 

Villeurbanne./ © Frb 2012

vendredi, 20 juillet 2012

Aux blues des volets clos

 Images de ceux qui sont partis dédiées à ceux qui restent...

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Premier volet à l'ancienne, store à lattes, jalousies, sur fond de façade cacao. Les Robbe Grillet sont partis en vacances à Marienbad (comme l'an passé, elle ne se souvient plus, il faut qu'il l'y emmène), je tente un raccord littéraire avec des bouts de ficelle, nous qui restons sans vacances, cloîtrés devant les jalousies, (d'habitude c'est derrière), nous ne savons pas avec ce genre de matériel, si quelqu'un ne surveille pas la rue, peut voir sans être vu. Puis arrive un moment où tout semble pareil, à guetter les premières feuilles de September, à retrouver l'amant ? Qui fût dedans, s'en va dehors. Que fait-il ? Lui dont l'aspect broussailleux noircit le cacao et frappe à ce volet. Une bouche suppliante mange le mur. L'ombre porte le feu et le sombre amoureux se cogne aux volets clos d'une pauvre femme sans coeur...

 


podcast
 

 

 

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Volets jumeaux, vilains volets, un modèle pour les temps à venir, pas question de rigueur, et pas d'austérité ah mais ! ah mais ! (mots bannis), on aimera ces volets tristes avant de les retrouver furieusement à la mode. On s'exerce à perdre peu à peu, le goût de rire, de vivre, l'envie d'avoir envie,  à trop les regarder, ces volets, on se dit qu'ils sont d'un genre doué d'insignifiance, d'une façon si modeste d'insister sur l'absence, même ouverts, une présence, même la plus enjouée, n'y pourrait rien changer. Juillet en plein hiver, c'est la couleur des rues en retrait de la ville, loin d'elle et de ses jeux de lumière florentine. Ici, ça deviendrait une qualité hybride vue dans les coloris vus, revus, de saumon qui s'échoue sur la crasse, ces teints malmènent encore la mémoire du local sanitaire et social, on n'a pas oublié certaines vieilles salles de classe. La rentrée de rigueur, on y pense, en passant par ces rues parallèles près du cours Emile Z. à deux pas des Charpennes, ça ne rime plus mais ça pleure au delà du soleil qui dore un peu les murs des habitations collectives, masquant l'immense fêlures du vieux monde, à regret, il tient on ne sait comment entre les trouées des chantiers derrière les palissades. Un sans faute, pour la touche de neurasthénie estivale, le psychiatre a aimé, et moi, (moi, moi, moi on s'en fiche) j'émets (pour les "quand même") la réserve furtive avec un petit fond sonore (comme on dirait "un petit fond de Bartissol") pour remonter le moral (des troupes ?)  hommage à ceux qui restent ? S'ils n'ont pas peur de passer au volet suivant, plus classique et sérieux...

 


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Sérieux, fraîchement refait. "C'est Volet blanc § blanc volet", dit l'adage du poète ivre de Tao. C'est aussi la devise du peintre (en bâtiment) féru de Yop à la vanille. Monsieur Maurice Leblanc réside ici, lui qui fût sans volets semble-t-il, il est passé avec son héros, puis il est reparti, emportant l'argenterie, envolée ! gros voyou !  nous laissant devant un carré blanc sur fond blanc d'une netteté tellement net(te) qu'on se passe de commentaires, sauf que non, parce qu'il faut la ramener, et que le père Kazimir, il va encore gueuler qu'on lui a volé son volet, volet tagué ô vol du blankvoléchpoutnick pièce maîtresse de l'exposition bien sûr, je saute sur l'occasion pour glisser un petit lien commercial, pour le plaisir d'offrir à mes lecteurs chéris une page de publicité locative, pas bien maline, je sais, je sais, (pour une fois, je reconnais :)

 


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Après qu'on nous zute rebattu, (rabattu ?) les oreilles avec la fumante maison bleue, devenue respectable musée du koala ex. chevelu, on s'est aperçu que non seulement la maison bleue n'était pas bleue mais aussi c'est plus grave, qu'elle n'avait pas de volets, hérésie, pur scandale pour la culture hippie, le paradoxe séduit mais on ne saura jamais comment ils s'envolaient sans volets, les zipis quand ils tiraient (sur) la Marie-Johanna, alors qu'on sait qu'ils cherchaient la planante... Plus philosophiquement, je tiens à rajouter une bonne pensée volée aux gars du bar tabac "chez Marinette", qu'une maison sans volets "c'est comme un vélo sans guidon" ou (un spécial, pour les dames ou les demoiselles) "comme un baiser sans moustaches"(ça, c'est de Clarck, il (me) l'a prouvé si souvent). Pour les analogies, je vous laisse à l'infini, compléter... Après la détente c'est Hector, maître du chant d'été qui vous présente la maison rose aux volets bleus un peu grisés presque fermés, (mais la maison d'Hektor avait des volets verts très beaux et bien ouverts), les volets bleus ont été vus, photographiés aux alentours de Wilson Place, entre deux rues en pleine déconstruction. Sinon, Les Berlioz sont à l'Alpe d'Huez. Voilà pour les nouvelles. Que voulez-vous savoir d'autre sur les couleurs des closeries à nos volets clos ? Que c'est beau le bleu grisé sur une façade hâlée sans un soleil, quand tous les volets sont ouverts ce qui s'avère, si on y pense, un grand mystère presque aussi difficile à résoudre que le Rubycube de Kandinsky...

 


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La vie ferraille vers la rue de l'Hector, (encore lui), volets fermés en rez-de-chaussée, avec les fils de la machine à coudre branchés sur la chevillette de l'entrée, autant vous dire que l'endroit est déjà frappé de servitude, (on dit d'alignement, ça dit ce que ça veut dire), il en sera fini dans un futur très proche, des volets crades sur fond pisseux d'art brut, (on appelle ça une "peinture au torchon" dans les milieux "brico" ceci est devenu "très-tendance" chez les bobos huchuyéyés qui vous confirmeront qu'on intitule aussi cette pratique, la "peinture essuyée", mais enfin bon, comme disait Melle Pugeolle en rendant les copies de d'instruction civique aux enfants poétiques et précoces suicidés de l'institution (que nous fûmes), je cite notre vécha maîtresse : "y'a torchon et torchon", dans notre cas de figure, nous offrirons la version que vous choisirez, toujours en forme de clos des Dugris partis chercher du bleu à l'Ouessant, volet à chagriner les cieux en façade de pur style dépressionnisme urbain. Une image qui ne pourra arranger le moral de ceux qui restent. On les a vu partir les Dugris, chargeant de bon matin le coffre de la Mégane : serpillières et mouchoirs, et la série des pots, des bacs à géraniums, avec les tuperwars, les casseroles en Téflon + cactus moribonds qui habillent d'ordinaire les rebords des fenêtres. L'été, tout s'en irait, adieu ! bassines, serviettes, torchons pour mettre ses mains, torchons pour la vaisselle, guenilles et gants de toilette ! des choses mises à sécher, avec les petites affaires qui quelquefois s'échappent des rebords pour flotter en plein ciel,s'écraser  tomber à nos pieds, quand les yeux visent plus haut, un sacré matériel de nuages embarqués, qu'un vent léger promène, caressant nos paupières battant comme des volet... etc... etc 

 

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Rose c'est la vie, les volets roses tagués, ça c'est du  rez de chaussée ! vu du côté du très beau quartier des Chartreux, avec hors-champ, mais quel panneau ! un parking à vélos, ouvert l'été, la critique a aimé le regard gamin de la bête qui dit "ok", (on suppose qu'elle le dit) un air de la vacance sur du clos  pas fermé, la bête est sympathique, signée d'un blaze dont je ne sais rien... la prochaine fois en exclusivité estivale, j'ouvrirai les prévisibles volets de ceux qui restent.

 

 


podcast



 

Lien : Si vous avez loupé le début, tant que juillet sera chez nous, le mois du volet vous pourrez cliquer ci-dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/09/07/pr...

 

Playlist des gens partis : 1/  Chenard Walcker : "Blues" 2/ Mississipi Fred McDowell : "You got to move" 3/ The Kinks : "Holiday"  4/ Charles Patton : "Green river blues" 5 / John Cage : "the seasons "(Summer)  6/ Scott Walker: "The windows of the world".

 

Nota : pour les passionnés de volets, un coup de souris (ou de traque-pattes) sur les images et vous aurez le privilège de retrouver nos volets grandeur nature sans même vous lever de votre chaise-longue.

 

Photos : Enfin, pour en finir, juste avant de sortir de l'étuve intenable d'un Lyon merveilleusement désert, c'est pas mal, entre deux trains, de s'amuser ici et là, à glaner du banal estival à la périphérie, comme je pensais bêtement qu'en sortant de Lyon il ferait plus frais, c'est idiot... (là aussi je reconnais), j'ai testé pour vous les volets de banlieue (disons de la banlieue mitoyenne,) à Villeurbanne exactement ; images volées  et repérage en volés lov' entre les stations de métro, Charpennes et République, sauf pour la dernière image saisie en remontant les pentes vers les rues de Flesselles, Ornano, qui mènent aux fraîcheurs des terrasses arborées du Mont Croix-Rousse. Un billet sous le signe de la clôture, c'est déjà un présage, ou disons un sujet... Ouvrir/ fermer/  Que peut-on peut faire d'autre ? Avec si peu, et de la volonté, on parviendrait à ouvrir fermer : sa vie, ses portes, ses yeux, sa bouche, les flux, les fûts, les dossiers, les boîtes, les  coeurs, les livres, les robinets, les fenêtres... et surtout ses volets !) j'ajoute au babillage, une petite dédicace pour celui qui ne s'est jamais battu contre un ou deux bons battants de volet à l'ancienne, (puisse-t-il connaître un jour cette joie formatrice), quand triste hélas ! il se retrouve (et moi aussi) à tourner, de nos jours, la manivelle ou plus exactement à pousser un bouton de science fiction de la collection PVC enclenchant l'ouverture ou la fermeture automatique de ses volets roulants, plus un effort à faire pour gagner ou perdre son bout de ciel, alors que rien au monde n'est plus émouvant, vu d'en face, qu'un homme ou une femme ouvrant et fermant ses volets (qui grincent de préférence) de l'aube à la nuit et réciproquement. Mais voilà, bonnes gens, on l'a dit, on ne le dira jamais assez : on n'arrête pas le regret.

A suivre, peut-être....

 

 

Villeurbanne/Lyon © Frb 2012

 

mardi, 08 mai 2012

Pink parade

Les éléphants peuvent dormir debout, mais le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus... (et nous aussi).

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Juste une image saisie à la volée sur le mur de l'école de la rue Jacquard à Lyon, transformée, un jour ou deux en bureau de vote. Un indice, bien évidemment, on ne se fiera pas aux sondages, ce blog n'étant ni de son temps ni à la page. Si vous voulez connaître tout, par exemple, sur l'éléphant debout, vous pouvez cliquer sur l'image. Merci à Léopold pour le dessin très relaxant.

Histoire à suivre, bien sûr...

Lien instructif : http://www.accesstoinsight.org/tipitaka/kn/dhp/dhp.23.bud...

© Frb Mai 2012

jeudi, 16 février 2012

Ici c'est ici

Offerte à la nuit qui de toutes parts déborde et envahit le jour lui même à cette nuit qui nous dessine et nous allonge ici toute chose se tient debout sur son ombre entre un envol toujours futur toujours déçu et la chute vertigineuse ici c'est ici

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que les solitaires qui se cherchent les peuples déchirés les astres volants en éclats se rejoignent et se passent le mot sans le comprendre ici sur le seuil de ce temple au fronton écroulé autrefois résonnant de conseils aujourd'hui plus éloquent encore d'être muet nous savons qu'il n'y a rien à connaître sinon l'enchaînement fatal des questions lancées à tous les murs d'où ne revient que leur écho et que tout est à redouter des ruses de l'espace car ce triomphe à l'horizon étincellant ce gage l'espérance enfoui dès l'origine au fond de notre espèce n'est plus qu'un vaste oubli d'or et de feu où les poussières de la vie et de la mort  pareilles aux nombres-tourbillons dans le creuset des machines géantes ont enfin démasqué cet ordre illusoire ce séjour inutile et superbe sans raison condamné à retourner toujours et toujours sur lui-même cendre et brasier fuite et fureur comme une phrase ressassée.

JEAN TARDIEU, "Ici, c'est ici" in "Le voyage sans retour", extr de "Les tours de Trébizonde", éditions Gallimard 1983.

Les portes ont -elles une âme ? Pour le savoir il suffit de cliquer ci-dessous :

http://www.ina.fr/fresques/artsonores/liste/recherche/lie...

Photo :  Ceci n'est pas une porte-fenêtre. Quoique... Photographiée par Paul, là bas, plus loin / - ça paraît loin, soeur Anne !  / - mais pas plus loin qu'ici, mon enfant !  / - alors loin c'est ici ? qu'on demande / - bof bof, j'y sais ni trop ! qu'a nous fait / - eh ben, moi, j'insiste pour que les portes soient fermées, chaque pièce, doit avoir son usage propre, délimité. Ma topique subjective est la fois celle des fenêtres ouvertes et de la chambre à soi et toc !" qu'il rajoute, Jean-Bertrand sitôt virtualisé, sitôt transformé en Jean Baptiste par la plume assurée des gougueuilles (et la cnaf perturbateur since 1789) qui osent toutes les métamorphoses auxquelles on croit dur comme fer comme à rien.

© paul / frasby 2012.

mercredi, 26 octobre 2011

Au mieux l'aphocalypse...

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     Words, or words.

 

 

Photo : Le H nuit à l'orthographe ou hante peut être "l'esprit des murs". Le nouveau visage de l'apothéose photographié en bas des pentes de la Croix-Rousse, entre les rues René Leynaud et René Burdeau un graff (ayant fauté ? A qui la faute ?) surtout, nargue l'ancienne église des oratoriens, dite église St Polycarpe (mais jamais Pholycarpe), et sa paroisse, toute dédiée à Saint Irénée (auteur d'un traité contre les hérésies, tiens donc !) et surtout dédiée à Saint Pothin ou plutôt Saint Photin pénétrant dans le corps d'un graff  ou graph ? Et quel grafph ! mais non, mais non ! phaut pas de "H" à Saint Photin  !... Mais si, mais si !

©  Frb 2011.

vendredi, 23 septembre 2011

Brader la ville

Ce qui est actuel, c'est toujours un présent. Mais justement, le présent change ou passe. On peut toujours dire qu'il devient passé quand il n'est plus, quand le nouveau présent le remplace. Mais cela ne veut rien dire. Il faut bien qu'il passe pour que le nouveau présent arrive, il faut bien qu'il passe en même temps qu'il est présent, au moment où il l'est. Il faut donc que l'image soit présente et passée, encore présente et déjà passée, à la fois, en même temps. Si elle n'était pas déjà passée en même temps que présente, jamais le présent ne passerait. Le passé ne succède pas au présent qu'il n'est plus, il coexiste avec le présent qu'il a été.

GILLES DELEUZE in "L'image-Temps"

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Conséquences (barbares) by Luc Moullet :

 

 

 

Photos : Comme un monde entre ??? De l'architecture utilitaire, plus ou moins diverse (ou la beauté caché du laid ?). Photographiée du quartier République à celui de la Part-Dieu, entre Villeurbanne et le Grand Lyon.

© Frb 2011.

mercredi, 14 septembre 2011

Le dessus des cartes (désir du jour)

ProgrammeAmis de la petite province, je vous promets le bonheur pour tous. (Votez pour moi !). Note à l'attention du lecteur qui n'ose pas regarder sous les jupons des cartes, j'ajouterai, le lien du dyptique, (fin dyptique cartésien, il en faut, et sa synthèse va dans les murs) vous trouverez le voyage dans toute sa complétude en cliquant sur : ICI.

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Photos :  Le dessus des cartes de la rue Descartes ou petit rébus provincial

Restructuration d'une ancienne enseigne d'un atelier artisanal situé rue Descartes à Villeurbanne. © Frb 2011

La suite toujours plus bas

lundi, 04 juillet 2011

Oublier DSK

Il se pourrait
Qu'à un certain moment
Rien ne bouge,
nulle part

E. GUILLEVIC ,  extr. "Du domaine", éditions Gallimard 1977.

campP2463.JPGP8120098.JPGoublier dsk,chemins,pierres,éloge de la fuite,guillevic,du domaine,paysages,partir,murs,vieux monde,abandon,s'extraire,oubli,pays perdu,tranquillité,silence,maisons,nabirosina,balade,se barrer,loincampagneF5461.JPGcampCF5437.JPG

 

Photos : Du domaine clos assez proche, aux domaines aussi vastes que lointains, quelques lignes de fuite pour s'extraire. Se défaire. Ou se refaire sans s'occuper de rien. "Pas de destin, pas de tragique" écrivait encore Guillevic. A la recherche d'un espace plus lucide plein d'interrogations, de négations et de silence. On parle si peu du vent.  "Moteur d'une perturbation possible" et toujours invisible au monde comme les larmes de Tchekhov. Un peu de vent sur la pierre, exacte, concise, comme la vigilance"... Comme le vent qui n'écrit que l'histoire du vent.

Les billets passent à l'éphémère une langue d'outre pierraille" (dixit Eugène)... Passer entre, passer outre.  Et pour les autres, passez de bonnes vacances.

© Frb 2011

mercredi, 06 avril 2011

Et puis...

On aurait comme les freins serrés à bloc. Et me sentant soudain envahi d'une grande fatigue, malgré l'heure qui était celle de ma vitalité maxima. Je rejetai la bicyclette dans le buisson et me couchai par terre.

SAMUEL BECKETT "Molloy", éditions de minuit 1951

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Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent" (S.B.)

 

 Les mots entrent en collision avec les personnages, ceux crées par Beckett se définissent d'abord par la parole, jusqu'à l'épuisement, jusqu'au dernier souffle. Ces voix n'ont rien à dire, et pourtant elles le disent, et du fait qu’elles n’ont rien à dire, elles ne semblent jamais épuiser un sujet qui, s'il a existé, s'est épuisé dès le début. La voix pourrait se taire, laisser place au silence mais ce serait abandonner avant d’avoir tenté d’épuiser toutes les issues...

 



Le poème qui suit est le dernier texte que Beckett écrivit en français environ un an avant sa mort, ultime expression du sentiment de l’absurdité de l'existence, et peut être même absurdité de l'expression ?

 

Folie —
folie que de —
que de —
comment dire —
folie que de ce —
depuis —
folie depuis ce —
donné —
folie donné ce que de —
vu —
folie vu ce —
ce —
comment dire —
ceci —
ce ceci —
ceci-ci —
tout ce ceci-ci —
folie donné tout ce —
vu —
folie vu tout ce ceci-ci que de —
que de —
comment dire —
voir —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
folie que de vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —
et où —
que de vouloir croire entrevoir quoi où —
où —
comment dire —
là —
là-bas —
loin —
loin là là-bas —
à peine —
loin là là-bas à peine quoi —
quoi —
comment dire —
vu tout ceci —
tout ce ceci-ci —
folie que de voir quoi —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
loin là là-bas à peine quoi —
folie que d’y vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —


comment dire

 

A speciale dédicace : à JEA, pour une lettre précieuse qui tient encore le fil, pour cette courte échelle avec vue sur chemins. Contre les murs qui réduisent l'écriture à rien. Pour les métamorphoses à venir, je ne sais pas. Peut-être...

Photo : Juste une image. © Frb 2011.