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vendredi, 10 août 2012

Vitrailler (II)

”Écoute ! Écoute ! C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.
Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle de feu, de la terre et de l’air. Écoute ! Écoute ! Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne.”
Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.
Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselaient blanches le long de mes vitraux bleus.

ALOYSIUS BERTRAND : "Gaspard de la nuit", Nouvel Office d’Édition, Poche-Club fantastique, 1965,

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Entre le poème d'Aloysius Bertrand d'inspiration gothique, et le vitrail non figuré d'art roman sacré, restauré finement par le maître verrier Rachid Ben Lahoucine, il y a comme un fil reliant la géométrie, les espaces et le temps. Le rêveur fantastique fusionnera t-il avec l'artisan médiéval pour permettre au promeneur de vitrailler à l'infini entre le soleil excessif, et cette pluie de giboulées ? C'est la question de l'été.

De l'église en campagne, aux palais ondoyants, les murs fondent sur un vitrail. "Qui ne fait chateaux en Espagne ?", c'est de Jean de La Fontaine, c'est aussi un work in progress qui consiste à croiser les lignes de là bas à ici...

Quant à la fascination d'Aloysius Bertrand pour les monastères, l'écho boscomarien filant chez "Gaspard de la Nuit" semble écrit noir sur blanc. Extrait.

 Les moines tondus se promènent là-bas, silencieux et méditatifs, un rosaire à la main, et mesurent lentement de piliers en piliers, de tombes en tombes, le pavé du cloître qu'habite un faible écho.

 

Liens plus ou moins buissonniers :

à propos du "Gaspard de la Nuit" de Maurice Ravel :

http://pianosociety.com/cms/index.php?section=168

à propos de peintres et vitraux :

http://suite101.fr/article/peintres-de-la-lumiere-et-vitr...

à propos du lieu où se trouve ce vitrail :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/08/09/comme-un-dimanche.html

 

Photo: Le vitrail aux losanges silencieux a été photographié en la petite église de Bois St Marie, par un jour assez doux sous un ciel bleu comme un grand monochrome.

 

Bois ste Marie © frb 2012

Commentaires

J'aime... merci et beau dimanche !! Bises

Écrit par : patriarch | dimanche, 19 août 2012

@patriarch : merci, c'est gentil à vous.
A ce propos j'ai lu chez vous, il y a quelques jours un billet très intéressant, l'histoire d'un timbre et j'ai vu son image qui figure un vitrail médiéval, si mes souvenirs sont bons. Je vais essayer de retrouver ce lien...
Beau dimanche chez vous, (pas trop caniculaire)
Et des bises ...

Écrit par : frasby | dimanche, 19 août 2012

Quelle merveille, Frasby, que ce vitrail "aux losanges silencieux", restauré par le maître verrier Rachid Ben Lahoucine en la petite église de Bois Ste Marie, le petit village à moins de 100 km de Lyon, dans le Nabirosina, où il n'y a plus de commerces, seulement des vieux et des vieilles... J'espère qu'ils vont se rafraîchir dans l'église au vitrail bleu...

La route des églises romanes dans le Nabirosina, voilà une belle destination de vacance (sans s), où se promener comme les moines tondus, silencieux et méditatifs...

Merci Frasby de ce partage et de remettre le motif cent fois sur le métier... Il me semble que je l'entends de mieux en mieux... :)
(L'histoire du maître verrier "à la tête de suédois" :) Rachid Ben Lahoucine est une belle histoire... A-t-il toujours un atelier à Colombier ?)

Écrit par : Michèle | lundi, 20 août 2012

@Michèle : vos attentions sont lumineuses... c'est vrai ce motif j'aime le répéter, ce village de Bois St Marie est sacré, si j'ose dire, disons à mes yeux, alors quand je lis une telle adhésion, ça me touche au plus près. Vous m'épatez Chimèle, vous êtes déjà passée sur cette route romane, n'est ce pas ? A vous lire ça semble... et quel étonnement, de voir apparaître le village de Colombier sous votre plume, les distances kilométriques s'en trouvent abolies à des carrefours qu'on n'oserait pas imaginer, peut-être est ce indiscret de ma part (auquel cas oubliez cette curiosité qui soudain me titille, mais vous semblez connaître le maître et son atelier, alors bon... Je vais laisser la question flotter entre les lignes... :)

Bois St Marie est bien à 100km de Lyon, un peu moins, pas seulement une destination de vacance, (le pluriel ça, n'existe pas :) c'est un bercail (de l'occident) je l'ai fait mien, il est à 2km d'ici à vol de pinson et à vélo par les sentiers du paradis on peut rejoindre Colombier situé à 4km de Bois ste Marie, en carrosse on prend la D25 ...

je n'ai jamais rencontré le maître mais je peux vous confirmer que son atelier est bien à Colombier, et a du s'agrandir, je crois, depuis son arrivée, Rachid Ben Lahoucine est donc, à force d'ouvrage patient et perfectionniste devenu colombigeois,
il a su imposer sa tête de suédois :) son talent est unanimement reconnu, l'artiste et l'homme (au singulier) très apprécié ici, mais ça n'a rien d'une blague quand il signifie que ce n'était pas gagné... Comme quoi "cent fois sur le métier"... tant qu'il est possible de vivre à peu près bien pour s'offrir cette gageure= (je vous l'emprunte:), c'est assez passionnant de ne voir apparaître les choses qu'avec le temps, rien de si sûr, mais si vous l'entendez de mieux en mieux alors le vitrail s'illumine. Je vous signale qu'il y a un petit café à Colombier, s'il existe encore, sinon celui de Bois St Marie a réouvert depuis peu "Chez Marcelle", nous pourrions y faire des assises du vitrail, à deux voix, sait-on jamais ... :)
en attendant,je vous souhaite une belle soirée Michèle
et je vous remercie infiniment ...

Écrit par : frasby | lundi, 20 août 2012

Briata, un peintre de renom chez moi avait en projet de faire un vitrail pour la gare restaurée, hélas à ce jour les décideurs qui avait commandés l'étude semblent ne plus vouloir; dommage . Les vitraux sont toujours quelque chose de passionnant, il me semble me souvenir d'un article sur un vitrail de MASSON je vais voir si je le retrouve?

Écrit par : alex | lundi, 20 août 2012

@Alex : Georges Briata est un peintre de renom chez toi et au delà il a exposé partout dans le monde c'est vrai qu'on l'évoque peu c'est bien vu que tu en parles ici...encore fallait il y penser, je ne connais pas du tout ses vitraux ; côté peinture, la luminosité qui traverse ses tableaux, est assez remarquable, sur des vitraux traversés de soleil ça doit être assez splendide, je colle un ici un aperçu de l'oeuvre on ne peut plus méditerranéenne, pour les rouges et les bleus pétants ...
http://www.georgesbriata.com/l-oeuvre/
Si tu veux nous en apprendre plus, tu sais qu'ici les portes te sont ouvertes avec tout l'espace nécessaire, pour le vitrail de Masson, ce sera aussi avec plaisir si tu retrouves l'article surtout n'hésite pas. Par contre j'ignorais que ce projet de restauration de la gare St Charles était entravé, le monde des décideurs étant nettement moins coloré...
Bravo Alex pour les belles correspondances, à suivre, j'espère! belle soirée à toi, mes hommages au beau port et à la bonne mère, (ô canicule ! ô canebière !), merci à toi.

Écrit par : frasby | lundi, 20 août 2012

Hier j'ai dis une bêtise au sujet de Masson c'était un dessin de tapisserie découpé en figures géométriques et numérotées pour indiquer les couleurs et les nuances au tapissier d'Aubusson ( j'ai pas retrouvé l'article)
Pour ce qui est de Briata on est né à quelques patés de maisons à dix ans d'intervalles. Son père était le photographe renommé du quartier; j'y allais souvent pour faire développer les photos, faire des photos d'identité et même se faire tirer le portrait...
Il avait au mur de son magasin une photo avec Fernadel qu'il l'avait dédicacée car ils étaient amis et quand il venait aux milles Roses il n'oubliait pas de venir lui dire bonjour.
A 16 ans, quand j'ai fait mes premières peintures j'avais demandé à ma mère qu'elle lui apporte mes toiles pour les faire encadrer mais surtout pour qu'il lui dise si ça valait la peine que je persiste. Son silence en disait long mais j'avais décidé de continuer à étudier et A l'ouverture je m'étais inscrit aux cours du soir des beaux arts et surprise c'était le fils Briata qui nous avait accueilli mais comme il n'y avait pas le modèle vivant attendu il nous avait demandé de dessiner ce qu'on voulait. J'avais choix un grand platre en ronde de bosse d'une statue d'un Roi carolingiens (?) je venais de terminer quand il est passé voir, sa pipe à la bouche, il s'est arrêté à regardé puis il a sorti son crayon de la poche, a enlever sa pipe et s'est mis à m'expliquer l'importance de l'équilibre des masses, quelque chose comme ça, tout en faisant à côté de mon dessin un aussi grand croquis qui hélas aujourd'hui s'est presque effacé avec le temps. C'était la première et la dernière fois qu'il avait animé notre cours du soir .....
voilà pour la petite histoire sur BRIATA

Écrit par : alex | mardi, 21 août 2012

@Alex : Merci pour ce récit, on oubliera Masson, tu nous embarques ailleurs, et cette rencontre avec Briata ne manque pas de charme, racontée de façon tellement imagée qu'on la visualise, la pipe et le croquis c'est extra, même la villa des mille roses, j'avais oublié, de Briata à Fernandel, sur Mars, planète hétéroclite et colorée, quelle ville ! ... :)
je sais que tu écris, mais je ne savais pas que tu étais peintre, j'espère qu'un jour nous pourrons découvrir ce que tu fais j'espère surtout que malgré les perplexités et les corrections du maître tu as continué...
et ton croquis ? j'imagine que tu l'as précieusement gardé...C'est bien aussi de savoir d'où viennent les peintres
Question de curieuse : cette boutique du père Briata existe-t-elle toujours ? ...

Écrit par : frasby | mardi, 21 août 2012

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