dimanche, 08 août 2010
Pays perdu puis retrouvé
Profonde solitude
je bouge mon ombre
histoire de voir
(HOSAÏ)
Les oiseaux volent bas, annoncent des pluies de fin d'été. Des silhouettes dérobent le soleil, visent les fleurs des champs, les exhibent, puis les plantent dans la mare d'à côté. Ainsi vont lentement les jours, pluies et soleils sur les chemins, un peu de vent dans les prés, des choses mille fois décrites mais pas exactement telles qu'elles peuvent nous saisir. Les silhouettes déambulent cherchent l'ogre aux charmes de ces lieux, la guivre maléfique, un cri d'animal brut, et la louange soufflée que le verbe exécute. Il n'y a plus de boudoirs et plus de vestibules, plus de miroirs sans tain, ni de portes dérobées. L'être humain dans l'air vif, approuve cet état nul, à peine, mais suffisant, et puis, la vacuité toujours éblouissante et encore la forêt qui veille sur les vies antérieures qui n'ont pas été enterrées. Un remuement obscur agite une terre fangeuse, le crapaud aux marais attend son vrai baiser et l'on voit quelquefois passer des promeneurs de retour d'une journée de marche, transfigurés par une clairière. Il faut bien vénérer quelquechose. Ils vont nus pieds, se piquent, sucent la sève des pins, picorent la myrtille qui roule entre leurs doigts violets. Le jour est mûr enfin, le vent fait tourner la girouette d'un clocher de village caché du côté de la Grosne revenue du Mont St Rigaud (qu'on surnomme aussi "toit du monde Rhône"). Il y a des chemins de pélerinage reliant Cluny à St Jacques de Compostelle. Et des érudits en sandales émus devant des chapiteaux datant du XIIem siècle où des monstres à corps d'homme et têtes d'animaux administrent des châtiments (on ne se lassera jamais d'admirer le plus beau d'entre tous "le châtiment du bavard", qui jalonne le pan nabirosinais de certains jours et j'espère vous ramener peut-être bientôt cette image). C'est ainsi que tout nous revient, peu importe la ligne d'arrivée. Que le sort nous épargne les grandes destinations ! les confluents, les termes. Qu'on nous laisse aux chemins, et même à la croisée. C'est ici que la vie commence tout au bord d'un ruisseau qui n'a jamais porté de nom, dans la forêt de Montrouan, près du château, ou dans un champ brumeux à l'aube. Et il faut réapprendre plusieurs fois une seule chose. Terre ou nuages, ce qu'il y a de plus personnel en nous est au dehors, jusqu'à ce que notre esprit rencontre celui des animaux et les imite. On se souvient que les grands ascètes de Syrie broutaient. Dans leur culte et pour vaincre le désert, ils broutaient comme des vaches.
Photo : Nabirosina (Allégorie) : "Un point où le réel et l'imaginaire deviendraient indiscernables...".Vue imprenable. Là bas. Août 2010. © Frb
04:25 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Ciels, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Etre à la croisée... j'aime cette philosophie
Écrit par : la bacchante | mercredi, 18 août 2010
ces commentaires sont suffisament bien écrit et imagé qu'on se passe volonté d'en rajouter
amitié
Écrit par : alex | mercredi, 18 août 2010
@la bacchante : Ravie de vous retrouver, oui, moi aussi j'aime cette philosophie, qui n'est pas aussi indécise qu'on pourrait se l'imaginer... Il s'y trouve une souplesse, une liberté (théoriquement insoupçonnable) enfin, vous savez bien tout cela mieux que moi ...
Merci de votre visite, à bientôt ici OU là ;)
Écrit par : Frasby | mercredi, 18 août 2010
@Alex : Merci ! cela dit, le petit moulin de certains jours aime ton bon grain, donc s'il te prenait l'envie d'en rajouter, surtout n'hésite pas ;)) je suis sans réserve, preneuse (sans obligation d'achat of course, manquerait plus que ça !),
Je te souhaite une belle journée.
Écrit par : Frasby | mercredi, 18 août 2010
Les oiseaux volent bas
méfiance ! méfiance ! ils vous guettent ! zont des missiles sous les ailes ! sont sans pitié ! oiseaux méchants !
(note : je reviens de Cluny , par une très petite route , ancien chemin dit de terre , longeant la Grosne . Y suis allé quérir quelques breuvages rougeoyants à la cave dite "de l'Abbaye")
Écrit par : hozan kebo | mercredi, 18 août 2010
@Hozan kebo : Les oiseaux sont méchants TRES méchants, je sais bien ! et surtout ils sont cons, ils comprennent tout de travers. Des missiles sous les ailes ? ben bon sang ! ils s'acharnent ? ils ont déjà fait gros grabuge sur Lyon, si c'est l'apocalypse au Nabirosina, faut que je rentre, mes limaces, mes escargots et mon cabri sinon gare ! ils finiront par nous plumer ! (si j'ose dire.. enfin bon ;)
Note: Moi aussi je reviens de Cluny, j'en reviens depuis quelques jours, mais pas par la Grosne, j'ai vu la cave "de l'abbaye", je l'ai même prise en photo dites donc ! si ça se trouve on vous z' y surprendra avec un tastevin devant un bon gros tonneau de Mâcon. J'ai vraiment remarqué cet endroit faudrait que je vous envoie ça un de ces 4 par pneumatique, (vous me direz si c'est bien sakéssa). J'ai vu l'abbaye surtout !!! et une expo avec des enluminures datant du Moyen âge qui m'ont fascinée qui ne seront que pour l'expo Cluny 2010 (910 / 2010 ça fait un sacré tour d'horloge) ben je vous jure ! quand on voit ça ... On se dit qu'on est peu de choses, j'adore cette ville, quelle claque ! Faudrait quand même pas que les oiseaux s'attaquent aux enluminures ...
Écrit par : Frasby | mercredi, 18 août 2010
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