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dimanche, 17 mai 2009

Mur du son

"Un son de silence à l'oreille surprise"

EDGAR ALLAN POE, "Al Aaraaf"

MUR.JPG

Comme un dimanche ...

Il était autrefois des sanctuaires protégés où tous ceux que le bruit avait épuisés se retiraient pour retrouver la paix de l'âme. Ce pouvait être au fond des bois, en pleine mer, ou sur les pentes d'une colline, (qui ce jour, ne travaillait pas). On levait les yeux vers le ciel. On sentait une pluie à peine et l'on se trouvait intérieurement désarmé, (en plein milieu de l'esplanade), par l'intensité du silence. Ce silence venu d'en haut entrait en partition sur le mur d'à côté. Et la couleur tangible, le signe vertical semblaient jouer horizontalement avec cette suite molle de nuages et réciproquement. A en perdre la notion du temps et de l'espace. Une pluie tout à fait silencieuse. Du moins, on pouvait croire... Mais sur la partition sans cesse harmonisée de la surface parfaitement carrelée qui bordait l'escalier, quelquechose nous prouvait encore que le silence n'existait pas. Ca devenait une certitude. Pourtant les oreilles avaient du mal à capter le son. Quel son ?

Y avait-il encore une vie sur terre ?

Le vide venait ici comme un ancien message; arrêté quelquepart en occident, pur extrait du monde persan venu de chez DJALAL AL-DIN RUMI, à la recherche de ce point "où la parole est sans lettres ni sons" :

"Garde le silence comme les points de l'espace, car le roi a effacé ton nom du livre de la parole".

Plus loin on aurait pu voir des bédouins assis en cercle, silencieux, sur l'herbe des jardins. En cercle silencieux... Mais voilà, le silence n'existait pas. C'était juste le calme qu'on appelait silence. Car même obscurément, même sous la pluie discrète. Même très confusément. Le silence était son et l'on ne pouvait rien en dire...

 

Jeese Glass and Rod Summers "Silence forever"

podcast

 

Pour voir le mur sans le son; cliquez ci-dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/11/in...

Photo : Mur partitionné par l'averse. Vu ce dimanche sur l'esplanade à quelques pas du haut plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.

Commentaires

Pour moi, le silence n'est pas lié au bruit ou au son, il n'en serait pas plus le "contraire". On peut faire silence au milieu de la cohue ou du vacarme. Le silence n'est peut-être rien d'autre qu'une volonté de ne pas être "là", un désir de s'abstraire de "l'ici" et "maintenant".
Le silence serait aussi une ressource, un outil de sauvegarde de soi auquel on ferait appel en cas d'urgence - elle aurait des degrés divers. Il serait peut-être cela et non un phénomène venu de l'extérieur, une "apparition" surprenante. Non, je le crois plutôt "convocation".
Bonjour vous :)

Écrit par : martin | mercredi, 20 mai 2009

Belle intervention de Martin. Je suis très d'accord. Cependant, un article lu récemment m'a un peu ébranlé. Un hurluberlu (universitaire américain sérieux bien entendu) s'est mis à la recherche des quelques lieux de silence qu'il reste au monde. C'est-à-dire qu'il cherche des endroits (identifier des surfaces - ou des volumes c'est ironique) de quelques centimètres carrés, où l'on peut se tenir 15 minutes sans qu'un son (avion, auto au loin, machine quelconque) ne parvienne jusqu'à l'oreille. Il n'y en a plus en Europe semble-t-il, ni en Amérique à l'est du Mississipi. Les quelques endroits qu'il trouve seront identifiés et répertoriés et il fait aussi campagne pour les protéger. Détourner les avions, empêcher le développement humain, etc. Le silence étant aussi une réalité objective, mesurable selon lui. En tout cas l'idée de chercher les petits cubes de silences qu'il reste au monde a quelque chose de troublant, même si cela fait sourire.

(Je vais tenter de faire le lien avec l'article en question et je posterai ici la référence.)

@ Frasby : Mur de silence, mur de son. J'ai pensé au son que fait l'arbre qui tombe au loin dans la forêt et que personne n'entend. Ce serait ça le silence ?

Écrit par : Marc | mercredi, 20 mai 2009

http://onesquareinch.org/about/

Écrit par : Marc | mercredi, 20 mai 2009

@Martin : Merci pour votre belle intervention qui apporte son grain au son...
il y a le silence de l'acousticien , du musicien (John Cage entre autres) et le silence dans sa perception plus subjectivement (subtilement) humaine. Je partage bien sûr cette idée de silence comme pause, retraite paisible, possibilité de s'abstraire.
"Le silence comme volonté de ne pas être là", la formule est très juste. L'homme aime à produire des sons pour se rappeler qu'il n'est pas seul . Comme on l'avait évoqué lors d'un récent billet ; aujourd'hui , un problème assez peu abordé est justement dans nos villes, l'impossibilté de se retrouver seul (l'impossibilté de trouver le silence) donc cette ressource .
cette sauvegarde comme vous dites (y compris pour le métabolisme) . De toute façon le silence venu de l'exterieur n'existe pas ( à moins que vous vous mettiez en chambre d'isolation, ou en caisson , situation contre-nature ;- ) donc oui, je suis assez d'accord avec cette idée de "convocation ", le mot est assez bien trouvé d'ailleurs. ou "d'avertissement" peut-être ? = c'est la version de RILKE (pour établir une passerelle entre votre commentaire et celui de Marc). L'idée que R.M RILKE exprime dans ses "Elegies de Duino" est (je cite) "Cet avertissement sans fin qui se forme du silence"...
Ce qui nous laisse comme l'idée de convocation ,une sorte de marge à ne pas remplir (Une marge qui tiendrait la page par exemple ???)

Écrit par : frasby | mercredi, 20 mai 2009

@Marc : Recensement des lieux silencieux en quelque sorte ?
C'est aberrant !!! (que va -il rester à l'Homme quand tout sera répertorié, classifié, comptabilisé ? ) Votre huluberlu m'effraie assez ;-) C'est peut-être utile mais ironique comme vous dites.
Il est vrai aussi que notre civilisation est dans la négation du silence.
Donc des petits cubes c'est déjà ça
(pour détendre l'atmosphère je pourrais vous citer CHAPI CHAPO les philosophes de mon enfance qui chantaient allégrement
"Avec des cubes on peut tout faire
on peut construire un univers"...
Trêve de plaisanterie. combien de temps un être humain pourrait vivre dans ces petits cubes ?
Votre commentaire est troublant, votre arbre qui tombe aussi
J'ai une image qui me revient (une image de la ville)
Une petite maison magnifique vient d'être rasée dans mon quartier, j'en ai vu les dernières ruines cette nuit. Et je crois qu'elle a quelquechose d'un peu semblable (la nuit quand tout bon urbain dort), au son qu'emet votre arbre "tombant au loin dans la forêt et que personne n'entend"...
Merci Marc pour votre intervention et ce lien, étonnants.

Écrit par : frasby | mercredi, 20 mai 2009

Bien souvent les murs parlent, à ceux qui savant écouter.
Salut Frasby, j'ai été absent un bon moment, et puis un ordinateur qui m'a laché, me revoilà de nouveau sur les sites que j'aime..
Jack NYC

Écrit par : jack NYC | lundi, 01 juin 2009

@Jack NYC : Oui les murs parlent à cdeux qui savent écouter ... Très juste réflexion
J'aime votre idée d'écoute des murs.

Je suis moi même souvent hors de chez moi et bloguant d'un cyber café, je ne peux visiter mes blogs favoris par manque de temps...
Enfin ! je suis ravie de vous retrouver, vous et votre très beau domaine (toujours ces magnifiques perspectives et autres panoramas fous, comme il n'y en a pas ailleurs)
A très bientôt donc ! avec grand plaisir...

Écrit par : frasby | lundi, 01 juin 2009

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