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mardi, 02 septembre 2008

C'est Mozart qu'on assassine

Je me souviens, d'une rentrée au conservatoire, elle eût quelque chose d'un peu féerique. Je n'avais encore jamais vu cela dans aucun autre établissement. Ainsi l'on y croisait régulièrement de grands trombones, d'énormes violoncelles, de gigantesques contrebasses, qui descendaient péniblement les escaliers en s'arrêtant souvent. Certains parfois tombaient, se relevaient, rien de grave, mais c'était merveilleux pour nous de regarder ces instruments aller, venir... On se disait qu'ils étaient là depuis longtemps, sans doute très vieux, c'était comme dans un conte de les voir courir comme ça, ces instruments de taille. Le respect s'imposait quand nous croisions ces bois, ces cuivres, nous leur adressions un salut respectueux. Nous si nouveaux venus, leur laissions notre place sur les sièges en plastique du grand hall d'accueil beige. Lorsqu'ils arrivaient titubant du quatrième étage nous les tenions un peu quand ils penchaient, ces vieux. Ainsi les jours qui suivirent, je m'habituai, des instruments qui vont qui viennent tout seuls ce n'est pas commun, mais on se fait à tout. Ce ne fût qu'une semaine plus tard, que nous comprîmes, quand, au niveau du troisième étage, il y eût une avalanche, un effet domino. L'une de ces contrebasses glissa sur une marche, et fit rouler les autres jusqu'au rez de chaussée. Nous étions cette fois certains que nos vieux rendraient l'âme, et que malgré les housses, il n'y aurait plus un son. Mais du rez de chaussée s'éleva un tintamarre, de cette masse explosée sortaient des cris aigus comme le miaulement des chattes à la saison. un lamento insoutenable. Les instruments gisaient en tas là, les housses éventrées, les bois presque en copeaux. C'est alors que nous vîmes sous cet amas de bois, de cuivre et de ferraille : gesticuler la jambe d'un toutgars2.jpg petit garçon..

Cours Emile Zola à l'heure du gôuter.  Photo prise à villeurbanne le 02 septembre 2008.