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jeudi, 20 août 2009

Tracer

"Quand j'aurai cent dix ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie."

HOKUSAÏ KATSUSHIKA, (北斎), (1760, 1849)

trace301.jpg

Une écriture naît sur la route, quelques points de suspension, telle la mise en demeure de la ligne d'horizon. C'est tout en bas de la page que commencent les grands voyages. Ils se remontent comme les fleuves dit-on, et voilà que le voyageur se prend pour un saumon... Du labour viendra la métamorphose, ils ont tracé la route, ne reste plus qu'à suivre. Le mouvement envoûte. D'autres incisent encore la terre avec la lame bleue des faux, mais ils sont de plus en plus rares. Au mouvement précis du devoir régulier, tâchons bien et traçons. Abreuvons le sillon du sang de l'aventure. Et que le pas s'élève, et que s'inscrive un peu de sueur dans cette mûe. Le devoir de contradictions. Nous voilà à ce point, rendus et gratifiés. L'outil offrant la symétrie, nous travaillerons au salut de la ligne. Un grand nombre de traits reste à réaliser, plus nous irons à l'épaisseur, plus nos jours seront prévisibles. Nous joindrons par des ligatures, nos traces, et les organiserons. Tout cela formera des phrases vouées à la ligne de fuite, aussi fastes que des murailles, plus mouvantes que le marécage. Et nous peindrons par terre d'hallucinants messages, nous les coucherons sur la route. Nous apprendrons les signes qui vont apprivoiser. Nous occuperons tous les espaces, nous les refermeront. Un à un. Ailleurs, il y aura des calligrammes ouvragés, sur le marbre. Et une ligne horizontale, bel écheveau de nos destins, livrera aux oracles, les déliés, le trop plein, où ne se perçoivent plus les destinations idéales. Où serons nous demain ? Un champ vide ouvrira la page. (Page du latin "Pagus" = "Champ"). Une série inépuisable de combinaisons, entrera en ligne de compte. Des comptabilités, toute une paperasse. Comme à chaque fois, les signes s'en retourneront à la ligne et se déploieront d'un point à un autre. Etc...

A écouter : http://www.deezer.com/listen-2238985

Photo : La ligne blanche, sur la grande route du Nabirosina, celle qui mène aux villes, comme partout. Géométrie urbaine en milieu rural avec St Cyr en ligne de mire (hors champ). Vue en Aôut 2009 du côté de Vicelaire. © Frb

Commentaires

Je mets ce texte en écho, allez savoir pourquoi...
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1859

Écrit par : la bacchante | mardi, 25 août 2009

@La bacchante : C'est une toute autre dimension, un écho amplifié dirais je. Merci, j'apprécie !
Vous serez sans doute étonnée si je vous dis que je ne connaissais absolument pas ce texte malgré une certaine fidélité aux écrits admirables de François Bon.

Écrit par : Frasby | mardi, 25 août 2009

je n'avais jamais regardé la route ainsi, comme une page... merci pour cette fenêtre ouverte

Écrit par : neige | mardi, 25 août 2009

@Neige : J'imagine que c'est une interprétation parmi d'autres...
mais une fenêtre ouverte me fera toujours plaisir ;-)
Merci à vous.
ps :
(J'aime beaucoup votre petit nom, aux couleurs d'une saison que j'attends avec impatience...)

Écrit par : Frasby | mardi, 25 août 2009

Bande sons, bande images... entre elles, parfois trop parallèles, un pointillé, c'est tout ! A franchir, à s'affranchir...

Écrit par : JEA | mardi, 25 août 2009

@JEA : Bande sons, bandes images... C'est vrai !
Des pointillés à franchir sur la pointe des pieds ?
S'en affranchir entre deux... Etre, pas dur d'oreille § fin d'esprit,
peut être avoir la ligne... (?)
Plus sûrement, prendre la ligne !
pour enfin, sortir du cadre.

Écrit par : Frasby | mardi, 25 août 2009

Si tu pouvais écrire moins bien, ça m'arrangeait...

Écrit par : Claude Sarraute | mercredi, 26 août 2009

Frasby, écrire "moins bien" ?
Alors, ce serait ne plus écrire, du tout !

Écrit par : Boris V. | mercredi, 26 août 2009

@Mon oncle, fameux bricoleur : hélas...

Écrit par : Claude Sarraute | mercredi, 26 août 2009

Il n'empeche : la mise en demeure de la ligne d'horizon et la métamorphose venant du labour, ça commence doucement à m'énerver. Je suis jalouse à en crever là. Je suis verte comme une jument.
(je ne récite pas tout le texte, je ne tiens pas à me noyer dans un jet d'encre...)

Écrit par : Marcelle Aimée | mercredi, 26 août 2009

@ Claude Sarraute : Je ne fais que raconter ma vie de femme.
On ne peut pas appeler ça écrire ;-)

Écrit par : Christiane Collanges (moi, ta mère!) | mercredi, 26 août 2009

@ Boris V. : Alors, on serait dans le "très bas" ?
Je touche le fond ! et j'ai beau avoir mis une grosse bouée canard autour de la fine taille de ma muse, je crois que ça ne suffira pas !
Y a t-il un maître nageur dans ce cénacle ???

Écrit par : Christiane Bobin | mercredi, 26 août 2009

@ Claude Sarraute : Et votre mère ! excellente cuisinière !

Écrit par : Jacqueline Tati | mercredi, 26 août 2009

@Marcelle Aimée : Vous vous moquez j'espère !

Cela dit je commence à prendre les mesures pour le tricorne. Avec 80 cm de tour de tête , Frasby nous donne bien du fil à retordre.
Et je me demande si le socle pourra résister à tant de parures et si on ne pourrait pas remplacer l'épée par un petit vanity orné d'une main palmée avec un grand poil en or au milieu ... (J'ose espérer que Liam appréciera le protocole...)

Écrit par : La marchande de chapeaux | mercredi, 26 août 2009

Les commentaires sont fermés.