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lundi, 03 août 2009

Suivez l'hydre !

"Que de gens ressemblent à l’hydre ! que de gens ont autant de coeurs à donner que cette hydre compte de têtes !"

BESTIAIRE DU MOYEN AGE Extr. (bienheureuse me rendra celui qui me dira de qui...)

marais157BV.jpg"Si les messins ont leur "Graoully", pendu en l'air ou accroché aux pavés des ruelles, les nabirosinais ont certainement leur hydre, que l’on voit glisser hors des étangs par temps chauds les nuits d’été. Hydre voilà un mot ! J'aime ces mots passés, ceux dont la musicalité est souvent aussi fantastique que la mythologie. De quoi descendre dans la salle des archives, (du château) pour feuilleter quelques grimoires qui raconteraient des histoires d’eaux. Rien à voir avec l'hydre qui décore le fauteuil en osier de je ne sais quelle vacancière. Hydre ! le mot tourne diablement dans la tête, l'esprit semble en être possédé. La créature taraude. Une des plus fascinantes de la mythologie grecque : la légende raconte qu’Hercule la tua durant ses douze travaux, (il existe à ce propos une amphore attique à figures noires, (env. 540-530 av.J.C.)  qui représente "Héraclès et l’hydre de Lerne", celle-ci souvent reproduite dans nos manuels d’histoire ancienne). Souvenez vous.

Décrite comme un serpent à eau, à corps de chien, l’hydre possédait dit on plusieurs têtes dont une, immortelle et ses têtes se régènéraient doublement lorsque elles étaient tranchées. L’haleine de la bête soufflée par les multiples gueules exhalait un poison radical, même pendant son sommeil.

La bête fût décrite différemment selon les différentes légendes. On la figura aussi comme ayant un corps de dragon (A nous deux graoully !) et sept têtes (seulement). La tête "centrale" était intelligente elle dirigeait le corps. Une tête immortelle ! Chaque fois qu’un chevalier la coupait, deux nouvelles têtes poussaient. Dans la mythologie grecque cette bête atroce habitait les royaumes aquatiques et les marais. Elle possédait un corps de chien et entre cinq et mille têtes. Là encore la tête était immortelle, constituée en partie d’or. Le monstre ravageait le bétail, saccageait les récoltes.

Dans les bestiaires d’Amour du Moyen Age, l’un des bestiaires associe l’hydre au crocodile,  l'hydre est son ennemi mortel :

"[...] Qui le voyant désespéré après qu’il a dévoré un homme et se jetant sans discernement sur toute espèce de nourriture, se place sur sa route. Le crocodile la saisit, l’engloutit toute entière. L’hydre n’y est pas plutôt, qu’elle lui déchire les entrailles et sort toute triomphante du corps de son ennemi mort
"

Et puis je repensais à la fin du prologue (juste avant le début de la fin :-) : "Que de gens ressemblent à l'hydre !". A ce venin qui court sur les flots, précédant d'étranges bestioles à tentacules... A ces petites proies paralysées par le venin, ces vers de vase. Je pensais aux connotations... De la gueule du diable, aux précis de morale humaine. Divins bestiaires du Moyen-âge.

Et si j'étais dans l'ignorance des prodigieux méfaits de l'hydre ? Si on me demandait aux croisées des étangs, de choisir entre suivre le ver de vase ou l'hydre ?

Je mets mes sept mains à couper que je choisirais l'hydre.

Photo: Le nid de l'hydre, aux portes de l'étang des clefs. Nabirosina. Août 2009.© Frb