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samedi, 20 décembre 2014

Des accords

Il ne s'agit pas d'être là, il s'agit d'être le là.

JEAN-LUC NANCY

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Tous les corps animés, inanimés, cette juxtaposition des extériorités, (un trottoir, un poteau, un clavier, une personne, un passant, homme, femme, enfant, chien, etc...)

Tous les corps qui veulent dire ce qui est dehors en tant que dehors à côté auprès avec un "autre" (corps), au corps à corps dans la disposition

ressentir dans la réalité la proximité des êtres à distance.

Etre touché.

Ressentir cette infime différence entre ce qui touche et ce qui est touché, le toucher - le tact - est infiniment discret, Jean Luc Nancy l'a écrit dans "Calcul du poète" 

le toucher est discret ou il n'est pas.

L'être n'est pas enfermé en lui même, on ne peut totalement jouer à se l'approprier comme une chose car il est déjà ouvert au regard de l'autre et déjà imprégné ou même "contaminé" par les présences des corps, tous les corps des autres en mouvement.

le toucher est concret et abstrait.

On pourrait évoquer cette logique du toucher via le mythe d'Ulysse et les sirènes . On pourrait évoquer ici même les Sirènes, par un truchement aussi lointain qu'intemporel,

chacun sait que ces êtres féminins instillent un chant irrésistible qui a envoûté chaque marin qui passait à proximité, (les sirènes symbolisant les âmes des morts montrées à l'origine en figures d'oiseaux à tête humaine puis en femmes à queue de poisson). Elles étaient des divinités de la mer postées dans le récit d'Ulysse à l'entrée du détroit de Sicile, sur une île entre l’île d’Aea et celle des monstres Charybde et Scylla, mais il existe d'autres lieux de leur séjour comme le cap Pélore, l'île d'Anthémuse, les îles de Sirénuses, ou Caprée. Bref, elles charmaient de leur voix mélodieuse afin d'entrainer les marins vers une vaste prairie, couverte d'ossements et de chairs asséchées. 

Mais le chant des sirènes n'ensorcelle pas les marins de passage par sa beauté, il ensorcelle parce qu'il contient en lui une promesse d'un savoir absolu.

Capturés par ce chant, les marins trouvaient inévitablement la mort sur des récifs qui entourent l'île des sirènes, et Ulysse fut le seul à dépasser les sirènes parce qu'il s'était attaché au mât pour pouvoir écouter ce chant et précisément, se préserver une distance nécessaire, ainsi aura-il pu aborder le chant des sirènes et être touché par lui.

Cette intrication paradoxale de la distance et de la proximité (par un détour qui semble étrange mais pas si étranger), évoque justement le motif ambivalent du distinct.

Dans ce mot se trouvent rassemblées les significations de la distance - du différent - ce serait une indication sur ce qui ne peut être touché ou peut l'être, mais sans contact corporel.

Ce qu'un trait retire et tient à l'écart en le marquant de ce retrait.

selon J.L. Nancy il serait impossible de toucher le distinct, non pas parce qu'il est intouchable mais parce qu'il est impalpable, c'est à dire inaccessible.

La singularité plurielle de l'être est la condition qui rend possible tout rapport éthique, même si le toucher ou le tact ne sont pas exactement considérés comme une catégorie éthique.

La discrétion du rapport entre les êtres n'est possible que parce qu'ils co-existent, parce qu'ils sont toujours déjà ensemble.

Subsisterait alors, l'unique moment où nous pourrions être touchés par un regard, simple ouverture au monde adressée, qu'on ouvre à d'autres en se dépassant.

Regard jeté devant et hors de soi.

Ces choses là sont si bien ajustées qu'on ne peut les fonder sur la seule connaissance ou l'intelligence.

Elles ne dépendent sans doute que d'une coïncidence.

Comme les sirènes dont la juste distance ne se dévoile que dans la mort, celui qui cherche, et crée, (Nancy, dit "le poèteon pourrait élargir) :

[...] doit tel Ulysse prudemment ou même avec une certaine lâcheté approcher ce qui ne peut être approché".

La mesure la plus juste serait le langage poétique, la mesure d'y mettre au lieu de mots toujours encombrés d'histoires personnelles, un rythme, quelque chose sans mesure laissant advenir la possibilité d'une coupure nécessaire. :

La continuité ininterrompue du sens vivant ne peut être "sensible" que dans son interruption".

Sujet peut-être à suivre, sur le thème de la ville pour les gens de l'été - ceux qui restent - qui battront le pavé très loin des bords de mer.

Photo et notes évasées et facultatives : La place est sur mon mur, séparant et reliant deux mondes distinctement, autre ligne de fuite filée par le canon, rien que du pacifique, des passants d'une rue s'apprêtent à rejoindre l'esplanade, c'est un corps de ballet autant de chorégraphes livrés qui se délivrent, à ce moment précis de l'obligation d'en débattre. Concentrés à leur seule façon singulière d'envisager la traversée, la possibilité d'une ville (d'une île, d'une aile, d'une houle, de huées d'hirondelles, de z'hiboux ou que sais je) se déploie en une polyphonie discrète pour mille têtes, mille nombrils et autant de chairs tièdes ou brûlantes jouant avec les pieds sur le clavier (plus ou moins tempéré) de certains jours, (cette interprétation fort contestable se passera de toute présomption pour s'unir à une sorte d'indulgence universelle (j'espère):  

"on ne traverse pas une chaussée la bouche ouverte" a dit le sage chinois (à la barbe d'Héraclite*)

"Unis sont tout et non tout, convergent et divergent, consonant et dissonant; de toutes choses procède l’un et de l'un toutes choses"*.

c'est là, (à nos gamberges, "easy") une condition suprême pour arriver (au moins) vivant de l'autre côté du piano, et ainsi me relier à toi, ô mon ami, mon frère ! unis sur l'esplanade où déjà avant toi ont chanté tous les choeurs et les voix des intempestifs - ceux-là, plus cléments et plus inoffensifs que les sirènes d'Ulysse. 

Moralité : y'en a pas.

Le poète Li Tou dans la soute à charbon, effeuillant de Nancy à Homère, les possibilités d'une ville passera par le sourire (autre énigme) du sphinx ammoniacal dit "le""caillou", (un caillou certes, mais pas un caillou comme les autres) de la bonne colline (de Madame la Croix-Rousse), figuré en Bouddha impassible donc, bienveillant pour ses gens, lire ici, son ambassadeur en émissaire pratix aidant la traversée: "l'habitant du caillou contenant un fragment de chacun d'entre nous", (notre philo-facile) via l'expert-géologue de C.J posté dans la guérite (ça fait un paquet de mondes) d'ores et déjà fondus sous le pandémonium de la traversée du lendemain, je décline à nos vagues par un conseil du jour

de grâce, soyez prudents, par les rues, on the road, (on vous aura prévenus)

La possibilité d'une esplanade en ville, n'allant pas sans dangers ni menaces, on vous réservera (il faut ça), 4'33" de silence pour la mise à distance, si rude voie sous telle chappe (ô patience). Et, si il y parvient l'égoïste semblable, pourrait bien fusionner avec la petite chorale des fourmis en vacances et autres collectionneurs de valses, de sauveurs d'harmoniums, j'en oublie et j'en passe ; alors avec des si, une multitude de si on aura peut-être une chance (j'avoue qu'elle est très mince) d'être le là ? (Vermot, sponsor). Avant de se faire broyer par un nid de pattes qui nous ferait un crochepied (évidemment involontaire), la chute finale (mourufin-loumunif) est remise à plus tard bien qu'on prévoit des bottes, desfois que ça arriverait, même si les traversées ne sont pas toutes écrites à l'avance (la chagesse, sur un pied), Héraclite dans la rue en dos d'âne jusqu'à Caluire et Cuire a testé, les chevaux de bois, en sandales, (du distinct / indistinct à se perdre pour s'y retrouver)

 La route qui monte et qui descend est une seule et la même. 

Voilà.

Sources : "Sur l'irréalité du touché poétique chez J.L. Nancy par Aukje Van Rooden.

Remerciements : aux groupies du pianiste et autres amateurs d'instruments de musique installés sournoisement dans nos villes (on nous cache tout ...) aux pianos, en freestyle installés, bien visibles, eux, dans nos  gares expérience des possibles avec de belles surprises, certaines vraiment touchantes, on y reviendra peut-être un certain jour, et enfin aux joyeux rabats-joie ceux qui n'aiment pas la plage (même pas celle des vraies villes avec un vrai faux sable) à ceux qui sont malheureux sous le soleil, à ceux qui ne traversent les ruelles que lorsque vient le soir, (crin-crin offert d'air provisoire qui peut même se jouer à la flûte traversière, la nuit, à la fenêtre).

 


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