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mercredi, 17 décembre 2008

Comme un mercredi

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Nous connaissions déjà "La clinique de l'aspirateur" mais "A "La clinique des poupées", c'est un tout autre monde qui nous est proposé, beaucoup plus envoûtant. Il serait merveilleux d'emmener des enfants passer de longues heures dans ce genre d'endroit très particulier, parmi ces têtes en porcelaine et ces milliers d'êtres inanimés, assemblés savamment dans la vitrine remplie de petits êtres chapeautés et vêtus aux mille modes possibles dont certaines très anciennes. Cette étrange boutique qui semble sortie d'un conte de fées et même (surtout) atmosphériquement des "Contes nocturnes" d'HOFFMANN, existe depuis très longtemps, depuis dit-on 1860 (et, je m'en souviens très bien!). Fascinant lieu où l'on répare aussi les ours, et les jouets de collection, où vos poupées et autres compagnons d'enfance, sont appelés non pas des "jouets" mais des "patients" à qui l'on rend un peu de vie du moins, en apparence. J'ai vécu dans cette rue, il y a quelques années et de ma fenêtre, je plongeais droit dans cette vitrine où se mêlait à la fois le merveilleux et le "très" inquiétant. Il semblait quelquefois que de ma fenêtre, je ne regardais pas ces "êtres" mais que c'étaient "eux" qui me regardaient comme s'ils savaient... Parfois à trop longtemps m'immerger dans cette lumière particulière, je voyais bouger des paupières, la nuit, j'avais la sournoise impression qu'au delà de la devanture toujours un petit peu éclairée, parvenaient des murmures, que des choses bougeaient. Petites cymbales, bruits de clochettes... Je m'aperçus que toutes les nuits l'orchestre des ours répétait. Et les poupées en robe de bal, cheveux dorés, battaient des cils, valsant jusqu'à l'aube avec quelques princes en celluloïds qui roulaient des gobilles très bleues entre mille tintinabulations. Le problème c'est que toutes les nuits c'était "réglé". Ainsi s'amorçait le rituel: messes basses, chuchotements. Et puis ces bals, ces rires. Mais celui qui me faisait le plus peur c'était l'ours Pitou, qui chaque nuit montait sur le bord de ma fenêtre pour jouer de la cymbale... N'en pouvant plus, j'ai fini par déménager, quitter cette partie à la fois enchantée et hantée de la ville tant à la fin, ce monde et ses secrets nocturnes, tournaient à l'obsession. Il y a quelques jours, je suis revenue, là, comme il y a longtemps... Immense fût ma surprise de voir que rien n'avait changé. La petite boutique n'avait pas été remplacée par un cabinet d'assurance ou un magasin de lunettes de l'autre fou, ou encore un lieu de restauration rapide qui, peu à peu, remplacent tous les lieux les plus extras de Lyon, ("nos" librairies, "nos" petits bouquinistes etc...).  Mais là, non, je me suis même pincée car tout était pareil comme en 1860, lorsque je suis arrivée à Lyon pour faire de brillantes études d'allumeuse de reverbères... Madame De LORENZO au milieu de ses poupées d'artistes décorait un visage, tandis qu'une cliente attendait pour l'essai d'une pose de perruque en cheveux naturels pour sa poupée "Martine" en cours de restauration. Il était presque 19H00. La nuit tombait. La dernière cliente s'en alla, Madame De LORENZO ferma  boutique. Je restai là, sur le trottoir, assez longtemps, je sentis une légère tape sur mon épaule, je me retournai brusquement. Je reconnus l'ours "Pitou" et sa cymbale, qui me fixait avec ses deux yeux en boutons de culotte façon vieux cuir en bois d'ébène. Il souriait comme toujours de ce trop plein de gaieté, joyeusement menaçante, tapant métronomiquement sur sa cymbale, je regardai à nouveau dans la vitrine, et je vis les petits personnages qui riaient tous à gorge déployée, ils riaient en me regardant ! J'eus peur. Voilà que ça recommençait... Alors je pris une photo très très vite (pour qu'on puisse enfin me croire) et je me mis à courir encore plus vite, coeur battant, sans me retourner...

Maintenant que sous vos yeux, je vous fournis la preuve, vous ne pourrez pas dire que j'invente...

Photo: façade, "A la clinique des poupées", (2 Rue Chavannes; premier arrondissement).

Lyon © Frb dec. 2008. 

Commentaires

quelle synchro ;-)
on n'est pas samedi? ou alors, c'est tous les jours mercredi à lyon, tous les jours le jour des enfants..

Écrit par : gmc | samedi, 20 décembre 2008

@gmc : ô sauveur des mercredis 20 décembre en 08. Mille mercis Si je ne vous avais pas, je n'oserais plus sortir dans la rue en me regardant dans la glace...(ni regarder la planète au fond des yeux) Les fins de nuits blanches c'est pas toujours rose vous savez ;-)
Merci encore gmc !!! Je descends dans la salle des machines et je vais demander à mon post synchronisateur de nous recaler bien dans l'histoire du mercredi vous allez voir, ça va être génial !
(Je compte sur votre discrétion évidemment , que cela reste entre nous ... ) En attendant je retourne me cacher sous un meuble (shame on me) avec mon okapi...dans ma panoplie de Mogwaï qui a pris l'eau après minuit (Ah tous les jours mercredis! non surtout pas ! Je hais les mercredis)
http://www.dailymotion.com/video/x1aupj_les-visiteurs-du-mercredi_family

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

allez, souriez, petit gremlin, nous faites pas le coup de la poupée mal fardée

Écrit par : gmc | samedi, 20 décembre 2008

@gmc : Bon d'accord, ;-))
c'est pas beau ça ? ↑
Alors quel jour sommes nous au fait ? Noël c'est passé,ou c'est pas passé ?

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

mais existe-t-il aussi un service des urgences pour les poupées ? parce que parfois, hélas, ça ne pe peut pas attendre vous savez...

Écrit par : jl.charlot | samedi, 20 décembre 2008

Si votre billet me fait penser EmilieValentin, sans doute est-ce parce que j'ai vu son spectacle hier soir (Les embiernes recommencent aux Célestins). Le "mélange de merveilleux et de très inquiétant", c'est ce qui ressort de sa façon de manipuler les marionnettes. J'aime beaucoup le théâtre du Fust et ce qu'elle fait. Cette féerie du mouvement, de l'animation de ces petits êtres, qui transaparait même dans un spectacle de Guignol. Si vous aimez la magie liliputienne, l'ours Pitou et moi même vous recommandons ce spectacle dans lequel il doit être possible d'entrer encore au dernier moment.

Écrit par : solko | samedi, 20 décembre 2008

@jl charlot: Je sais bien ! mais que vous dire?... Si c'est des urgences avec le camion comme pour les grandes personne avec gyrophares, bouteilles d'oxygène et tout, de source sûre je ne voudrais pas vous décevoir en ces veilles de fête, mais je ne crois pas que ça existe... Par contre, pour des urgences banales -je veux dire, si votre poupée se crève un oeil, ou se casse un bras- par accident bien sûr ;-) je ne serais pas étonnée que cette dame trouve un petit lit blanc et un peu de mercurochrome ou violet de gentiane pour votre poupée, (mais comme je ne suis pas sûre de sûre )
Il faudrait peut être que je fasse l'expérience ... Ainsi je pourrais vous fournir très bientôt une réponse un peu moins vaporeuse ;-)
Mais si c'est pour tout de suite, maintenant, là dans 5mn, mon pauvre ami, il va falloir être très fort, vous savez... et puis essayer de tourner la page. (Oui, je sais, c'est très dur...mais je préfère vous dire la vérité ;-)

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

@Solko : Ah ben chui bien contente de vous lire ici, je n'osais plus faire un pas dans votre jolie maison après cette glissade de noms sur les manuscrits
(et cette usurpation d'identité dont je ne suis pas si fière au final ;-)
Vous savez que je ne connais pas vraiment Emilie Valentin ? (Valantin ?), jamais vu, parce que je ne me cultive jamais .mais votre commentaire titille bien ma curiosité... J'aime beaucoup les marionnettes, (et le mot embiernes ça c'est du vieux lyonnais!) Par contre le théâtre du Fust ça me dit vraiment , j'ai dû voir un petit reportage fascinant sans retenir le nom des gens.
J'adore la magie liliputienne, autant les gros jouets m'énervent autant tout ce qui s'anime en petit, les miniatures, j'adore. Et les marionnettes, j'aime beaucoup ça
D'ailleurs un ancien decorateur du Guignol (de Saint Paul)(salut Bourvil!) m'avait appris à faire une petite marionnette (do it yourself) avec deux gants en laine en une seule main (qui s'anime avec 2 doigts), tout un art du pliage de gants mais au final c'est un bonheur, pour épater les amis, y'a pas mieux (Après nos soirées entre amis se passaient en petit minithéâtre de petit bonhomme en gants) Evidemment ça n'interesse personne, mais ces petits trucs qui circulent sous le manteau des coulisses de Guignol, je suis sûre que ça vous plairait.
Bon Emilie Valantin, il faudrait que je me renseigne
Est ce qu'on peut entrer au dernier moment à la resquille ? me demande Lapinette (la peluche malhonnête)
Et moi je vous remercie bien parce que ça c'est un beau commentaire qui ouvre des pages et qui fera son chemin,
Bonne journée à vous... (et à l'ours Pitou ;-)

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

Frasby j'ai perdu un Christ magnifique qui était chez vous, avec un beau commentaire de Solko, envolé aussi. J'espère qu'il n'est pas en route pour une clinique des Christ

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 20 décembre 2008

@Sophie LL... Une Clinique des christ ! ça c'est nouveau! (Si la situation n'était pas si dramatique à cet instant on pourrait sourire, au chevet de tous ces christs fatigués dans leurs lits cruciformes ... On aurait bien l'air fines, avec nos plantes vertes et nos pâtes de fruits dans cette clinique aux voûtes croisées construite façon romane) Vraiment, votre clinique des Christ risque de gravement ringardiser Nietzsche mais bon...
Assez ri ! Si vous avez perdu un Christ et que vous ne le trouvez pas chez moi, c'est que je l'ai perdu aussi ! et là ça ne rigole plus du tout !
Du coup on perd aussi le très beau commentaire de Solko et là c'est encore plus tragique ( Solko, dont j'ai peine à croire qu'il se soit fait la malle avec le Christ) A moins qu'il ait emmené votre Christ au spectacle des "Embiernes" pour le distraire un peu, lui présenter Emilie valantin et notre ami l'Ours Pitou...
Pas de panique Sophie LL. ,on va chercher, on va le retrouver votre Christ et le commentaire de Solko aussi, et on va les ramener tous à la maison, par les oreilles, s'il le faut. Ils sont peut être allés à la taverne, avec Solko, Pitou,(Ne bougez pas , j'appelle illico, la taverne... C'est des copains, ils vont bien me dire) et je vous tiens au courant...Bravo pour "la clinique des Christ" (sans s, bien sûr ;-) A tout de suite...

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

Madame Frasby, vous arrivâtes à Lyon en 1860, où vous fîtes des études d'allumeuses de réverbères ? On ne sait du coup si 1860 est une coquille ou non. Votre belle photo me fait penser qu'il faudra que je raconte un jour qui fut ce Chavannes, médecin, poète et député du Rhône ! Merci de ce joli billet poétique.

Écrit par : M Riviere | samedi, 20 décembre 2008

@M Rivière: Bienvenu sur ce blog où Lyon se raconte parfois façon flou vaporeux ;-) Vous aviez deviné n'est ce pas ? J'ai découvert recemment votre blog qui m'a fait une grosse impression, comme si je découvrais une mine de diamants (sérieux) .Je le trouve passionnant votre blog, evidemment (mais c'est à suivre ... je n'ai pas encore tout lu, je voulais donc vous féliciter parce que votre travail est admirable (voilà, c'est dit , sans aucune flagornerie) .Je vais répondre à votre question. je suis bien arrivée à Lyon en 1860 où j'ai fait mes études d'allumeuse de réverbères , il n'y a pas de coquille, tout a été relu, vérifié, par les experts de certains jours. Aucune coquille, sinon, si coquille il y a, vous ne pensiez tout de même pas à 1960 ? ou
1760 ? ou 18600 ? La seule réponse que je pourrais vous donner c'est qu'en 1960 je n'étais pas encore de ce monde. Il reste donc 3 dates. Mais comme il n'y a pas de coquille, tout est clair. Par contre j'ai vraiment vécu rue Chavannes (ça c'est du vrai de vrai) et je serai ravie que vous racontiez un jour l'histoire de ce monsieur poète medecin, c'est une excellente idée...
Merci d'apprécier le billet , et merci pour votre commentaire

Écrit par : frasby | samedi, 20 décembre 2008

Mais elle à l'air super-belle cette clinique, si seulement on faisait aux hommes, des cliniques, et des hôpitaux plus humains, moins réfrigérant, plus chaleureux
Jack NYC

Écrit par : jack NYC | mercredi, 24 décembre 2008

@jack NYC : C'est vrai qu'en vrai de vrai elle est belle cette clinique et très ancienne mais très pointue côté soins ce n'est pas une blague qu'on y appelle les poupées oursons et autres des patients tandis que dans certaines cliniques de gens (des vrais gens) on dit "clients" , votre reflexion est très juste et nous emmènerait dans des discussions et témoignages terribles , en ce qui concerne , le système hospitalier pour humains, dont beaucoup de gens déplorent un manque certain de chaleur humaine et c'est je crois de pire en pire ... merci pour ce commentaire qui pourrait vraiment faire boule de neige si j'ose dire (sans aucune ironie) parce que le problème que vous abordez ici est très grave à mon sens

Écrit par : frasby | mercredi, 31 décembre 2008

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