mardi, 28 juillet 2009
La pieume du Nabirosina (V.F.)
"Dze sais pas si vos connaissi l'Mile : aul a passé pas loin de quarante ans à la coopérative de Tçarolles, aul a entendu causi du patois de totes les acabies et vu qu'aul avot pas ses oreilles dans sa potce apeu qu'yetau pas un beurdin, aul a pensi que si eu peurnot le temps d'y écrire, y servot comme qui dirot d'pense-bête à tous tcé là qu'aimant not' chti pays, apeu qu'sant contents d'se rappeler la façon de causer vé nos (...) Apeu surtout y seur'vra a rév'lli vot' patois, et ça y vo fr'a point d'mau".
"LE PERE MATHURIN" extr. du Billet publié dans le journal local "la Renaissance" du 26/01/1991.
L'Mile oeuvra si bien à son petit bouquin, (son petit dictionnaire), que le Père Mathurin proposa à la "Renaissance", (journal local, l'équivalent du "Monde" au Nabirosina,) de publier l' boulot du Mile, sous forme de petits récits, qu'il découpa, pour que les gens puissent les déguster bien "comme y faut". Durant plusieurs années le pays tout entier se demanda qui était ce fameux "Père Mathurin" qu'on lisait à voix haute et dont chacun se faisait passer les petits billets de maison en maison... Quant à l'identité du patoisant, je la laisse au secret. Et comme promis précédemment, voici la traduction de cette histoire bien sympathique "de chataîgnes et de poêle"...
Nota : une promesse pour un lendemain qui se retrouve avant hier ? Il faut noter qu'en nos hameaux, le temps se ralentit tellement, que même "certains jours" nous échappent. Puissiez vous lecteurs (des villes et des campagnes) être un brin éclairés.
Traduction :
"Cà se passait vers les années 1925, celui qu'on appelait "le fils", l'ancien tuilier de la Vaivre, était venu veiller avec sa femme Eugénie et leur fille Marguerite. C'était la rendue (1). Nous étions allés chez eux l'année précédente. J'étais impatient de les voir arriver. Soudain, les voilà ! On les entend marcher bruyamment dans la cour, puis ils vont poser leurs sabots à la porte près du réchaud à bois. Asseyez vous près du poêle, mettez vos pieds sur la tablette ou dans le four si vous avez froid ! Et voilà la conversation partie sur la guerre, de Ham à la forêt de Paroy, des histoires à écrire des livres, évacuation des blessés, entendues cent fois. Avec mon père, il était de la classe 93, l'autre était de la classe 94 et, trop vieux, ils avaient été versés dans les territoriaux . Un moment après, ma mère a mis les châtaignes sur le feu, mais le meilleur, c'était le saucisson qui cuisait à petit feu et qui envoyait une odeur à faire baver un chien tellement çà sentait bon. Mais d'un seul coup, voilà-t-il pas que le gros chien noir se querelle avec le gros matou gris - tous deux couchés sous le poêle - à grands coups de dents et de griffes. Le collier du chien s'accroche dans un boulon qui tenait le poêle, et le voilà parti avec sa chaudière sur le dos à travers la maison, les tuyaux sens dessus dessous, à grands bruits, les deux casseroles renversées qui font de la fumée comme une chaudière. La peur passée, il a fallu tout mettre en place, il fallait prendre des gants pour ne pas se brûler les doigts, et balayer la cendre sur les carreaux. Comme c'était à peu près cuit, nous nous sommes mis à table comme s'il n'y avait rien eu. Tout çà n'avait même pas enlevé l'appétit. Ensuite vint le fromage, le café et l'eau de vie, et puis ma foi, au revoir et à l'année prochaine ! "
(1) Invitation en retour d'une précédente.
Photo : Toujours sur la grande route de la maison du fils de l'ancien tullier de la Vaivre, quelquepart entre le hameau des"Combes" et le Pays de Montmelard. Juillet 2009. © Frb
03:05 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective, Pépites | Lien permanent
Commentaires
Montmelard ?
Tout juste un peu plus de 500 mètres (à vol de plume de pie) entre Montmelard et Paris !
Écrit par : IGN | mercredi, 05 août 2009
@IGN : Prononcez Montmelââârd !!! 337 habitants, charmant village fleuri au pied du mont Saint Cyr (771 mètres, tout mouillés sur la balance), c'est le plus haut sommet de la bourgogne du sud d'où l'on voit : les neiges du Mont blanc, les monts du Forez, de l'Autunois, du beaujolais, du Mâconnais et même par temps clair; certains jours ;-) la beuquette des Ardennes qui lève ses gambettes dans l'oeil de boeuf de sa guinguette .
Écrit par : La dame du syndicat d'initiative | mercredi, 05 août 2009
Montmelââârd, certes.
Everest bourguignon, donc.
Avec points de vue imprenables sur "le Mont blanc, les monts du Forez, de l'Autunois, du Beaujolais, du Mâconnais et même par temps clair; certains jours; les Ardennes", que oui.
Mais surtout dominant encore et toujours Paris. Juste entre Sizain et Vauzelle (ah, sa combe de la fée lyonnaise).
Écrit par : Le fonctionnaire de l'IGN | mercredi, 05 août 2009
@Le fonctionnaire de l'IGN : Exactement !
Hymn'alaya ! sur sa bourgogne dans son fourré de serpolet.
Vue imprenable sur la traversée périlleuse de Nestor, l'hérisson ardennais, mais surtout dominant encore et toujours le moulin de la galette. Entre Sizain et...
Vous connaissez Vauzelle ??? Les bras m'en comb(l)es !, (à la voûte du pli ;-)
Écrit par : La dame du syndicat d'initiative | mercredi, 05 août 2009
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