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lundi, 27 juillet 2009

Ange au mûrier

Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'an sort sans autre but que de sortir : on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.

Paul VERLAINE : "La bonne chanson".

P7310017.JPG

VERLAINE vient de se fiancer avec Mathilde MAUTE, une très jeune fille. "La bonne chanson" évoque presque chronologiquement les évènements de sa vie depuis sa rencontre avec Mathilde, jusqu'au mariage. Les plus beaux poèmes du recueil sont sans doute ceux où il décrit les paysages qui ont accueilli cet amour. VERLAINE y chante sa joie pure, son enthousiasme d'amoureux. Il imagine le bonheur paisible du foyer. La vie tranquille.

La lune qui nimbait de mélancolie le décor des "Fêtes galantes" verse maintenant dans son coeur : "un vaste et tendre apaisement"...

Quelques années plus tard, l'arrière petite cousine de Melle Mathilde, se promène à cheval dans les chemins du Nabirosina, L'air est frais. C'est l'heure exquise, celle où chaque jour, le petit fils du marquis de Montrouan lui donne rendez vous, sous l'hêtre pourpre dans la forêt, juste derrière une haie, où bientôt poussera la mûre...

Photo : Un signe... Vu dans la lumière matinale du Nabirosina. Juillet 2009. © Frb

Commentaires

« Un événement qui, dans les temps anciens, aurait eu l'importance d'un présage, vint encore accroître l'impression produite par la mort du poète. Dans la nuit qui suivit ses funérailles, le bras de la statue de la Poésie qui décore le faîte de l'Opéra, se détacha en même temps que la lyre qu'il soutenait, et vint tomber sur le sol, à l'endroit même où avait passé, dans une apothéose, la dépouille mortelle de Paul Verlaine. Les journaux relatèrent cet accident dans la colonne des faits-divers, mais les dévots du poète virent là comme un symbole. »
REMY DE GOURMONT.

Écrit par : R. de Gourmont | lundi, 03 août 2009

@R.de Gourmont : C'est à peine croyable !!! magnifique !
Symbolique, oui, étrangement...
Il faudrait imaginer cette colonne de faits divers comme une sorte de noble "monument" fait d'évènements de cette étrangeté là...

Écrit par : L'arrière petite cousine de melle Mathilde | lundi, 03 août 2009

Et son reflet dans l'eau survit à son passage...
Tout est histoire de trace qui ne s'efface pas.

Écrit par : la bacchante | lundi, 03 août 2009

Un musée Verlaine à Juniville dans les Ardennes :
http:://www.musee-verlaine.fr

Pas question d'encombrer votre blog avec des polémiques extérieures. Donc pas plus de quelques lignes.
Verlaine enseignait au Collège Notre-Dame de Rethel. Parmi ses élèves : Lucien Létinois. Le prof fut "prié" de quitter l'Institution pour des raisons évidentes. Demanda à sa mère d'acquérir une ferme à Juniville. Mit celle-ci à la disposition des parents du jeune homme avec lequel il effectue un voyage à Londres.
A Juniville, Verlaine loua une maison face à l'auberge du coin. Seule habitation ayant résisté aux dévastations des guerres, cette ancienne auberge abrite l'actuel musée.
Et les polémiques ? Nous pendre pour des demeurés et affirmer croix de bois, croix de fer, que Verlaine cherchait une "rédemption" après Rimbaud et la trouva auprès de ce Lucien Létinois que le poète suivit même lors des obligations militaires du jeune homme...
Enfin, pour estomper ce côté "Ici, Juniville", l'essentiel : Verlaine coucha sur papier "Sagesse" dans ce désert quasi ardennais.

Écrit par : JEA | lundi, 03 août 2009

@La Bacchante : Nous ne remercierons jamais assez Verlaine pour cette persistance du reflet, cette chose somptueuse sur laquelle de nombreux scientifiques ne cessent de se cogner la tête.
Merci pour cette note infiniment cocasse ;-)

Écrit par : carpe bavarde | lundi, 03 août 2009

@JEA : Merci pour ce cher Verlaine de ne pas trop faire de ricochets sur les reflets d'une existence qui ne fût pas tout à fait, un exemple de "sagesse", tout dépend ce que l'on entend par "sagesse"... Et si une polémique avait été soulevée, je ne crois pas cependant (au moins pour les habitués et lecteurs de C.J.) que nous nous permettrions de donner des leçons de sagesse à un si doux poète ;-) cela dit j'ignorais (je ne dois pas être la seule) cet épisode que l'on n'enseigne jamais à l'école ;-) (enfin, pas à la mienne ! un collège "Notre dame aussi", qui eût en son temps, quelque scandale bien exilé) Enfin bref... "Ici mortifié Chrétien, là pénétrant quelques fredaines", voilà bien tout Verlaine ! Ce lien est une mine précieuse. Et cette demeure !!!
J'aime cette table austère et ce petit pichet... Un grand merci encore pour cet épisode de la vie du poète, dans "ses savoureuses Ardennes"... et tellement vôtres.

Écrit par : Frasby | lundi, 03 août 2009

Les commentaires sont fermés.