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vendredi, 31 juillet 2009

Battre la campagne (7)

on ne connaît jamais le fond des choses
et l'on ne s'y résigne pas
on croit à la métempsycose
ou bien l'on n'y croit pas

RAYMOND QUENEAU. Extr. "Un rhume qui n'en finit pas" in "Battre la campagne". Editions Gallimard 1968.

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Plus on s'approche, et plus la chose s'éloigne,"épuiser le modèle, recommencer sans fin", comme si derrière chaque réalité s'en trouvait une nouvelle. Devenir incessant jusqu'à la destruction et puis recommencer quand la matière renaît. Un jour viendra le terme. Un problème qu'il faudra résoudre. Choisir une matière plus ductile plus spirituelle. S'enfoncer dans le sol, réduire l'outil à cette main, qui tord et qui détord jusqu'à ce que l'élément cède. Sous ce pied qui franchit, et sous ce pied qui broie, réduire à l'infini. Engager l'aventure dans toute cette lumière. Affronter les nuances où l'ombre s'abolit. Et dans un même pas, découvrir, juste au pli d'un brin d'herbe, la fuite volontaire. Une bête qui va, dans le rouage minuscule de sa ville émiettée, articuler un monde sans connaître la solitude. Marcher, s'agenouiller, glisser entre la ronce, être griffé, mordu. Puis cueillir le fruit, en savourer le jus, en mesurer l'effet, teindre ses doigts en bleu. Arracher le genêt. Fusiller du regard la majesté d'un hêtre. s'enchevêtrer toujours, s'étonner que la mousse nous fasse disparaître. Et s'accrocher encore aux formes crucifiées d'une racine, la réduire en poussière. Fendre l'amande. Piquer le houx. Casser quelques noisettes. Aimer le chant du coq. S'extasier d'une abeille. Courir les près. Fendre les flots. Battre la campagne...

Nota : Ceux qui détestent la campagne, pourront toujours "battre le pavé", il y en a de très beaux chez Daily Life.

Photo : Vu aux racines de la forêt, une sorte de Christ plus ou moins revisité par Alberto GIACOMETTI, (ou son esprit réincarné). Et tant de choses encore... Vauzelles, dernier jour de Juillet 2009.© Frb.

Commentaires

Saisir l'instant qui passe, merci Frasby

Écrit par : Nénette | jeudi, 06 août 2009

@Nénette : C'est exactement cela ! Merci Nénette.
Bonne journée !

Écrit par : Frasby | jeudi, 06 août 2009

Jolie, votre aventure littéraire qui revisite l'instant dans cette nature qui s'ouvre...

Écrit par : gballand | jeudi, 06 août 2009

@Gballand , Merci ... et comme l'instant exige sans cesse d'être revisité, on n'est pas encore sorti de la forêt ;-)
Bonne journée, également.

Écrit par : Frasby | jeudi, 06 août 2009

Même ceux qui battent monnaie tout en battant leur coulpe oublient leurs manies obsessionnelles en voyant batifoler en campagne une Zazie comme vous, si loin des métro-boulot-dodo...

Écrit par : Le poinçonneur des Lilas | jeudi, 06 août 2009

@Le poinçonneur des lilas :Regrets que la belle Zazie de Queneau se soit fait griller son batifolage par une détestable chanteuse de variété... Rien ne se perd tout se transforme et parfois à côté de la plaque (des goûts de la balade)
Mais le batifolage de Frasby en campagne, se gardera du battage, de l'abattage, lui qui ne sait compter que sur les pièces pas sonnantes mais assez trébuchantes de la monnaie du pape...
En parlant de pape, je sens que je fais batifoler dans les églises fortifiées, que le Bon dieu me pardonne, c'est une tentation... je n'y puis résister !

Écrit par : rameau, bouleau,sabots | jeudi, 06 août 2009

C'est vrai, ce sont toutes ces belles photos bien vertes sur Certains Jours, qui m'ont donné l'idée de publier la série de photos de sols urbains prises à partir de l'été 2005 ("Battre le pavé…")… à suivre, une par jour environ, pendant … un certain temps !

Écrit par : kl loth | jeudi, 06 août 2009

@Kl-loth : Ah oui ? Une invitation réciproque, tu sais...
C'est vrai qu'il y a de part et d'autre matière à contraster.
Et nous aurons assurément d'autres pavés/sentiers où nous croiser, (certains jours, pour un certain temps)
Merci à toi pour ces pavés sublimés dont l'écho peut s'entendre jusque dans nos campagnes ;-)

Écrit par : Frasby | jeudi, 06 août 2009

Les commentaires sont fermés.