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samedi, 21 novembre 2009

Sur le passage de quelques personnes...

"Et le beau temps qui a été plus perdu que dans un labyrinthe..."

GUY DEBORD : extr. "Hurlements en faveur de Sade", (premier scénario prévu avec images, jamais tourné). Publié dans la revue "Ion" 1952.

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Tout commence avec l'avant-garde et avec la poésie. Compte tenu de l'image trop souvent exclusivement politique que certains ont aujourd'hui de Guy DEBORD, il n'est pas superflu de rappeler que l'une des préoccupations artistiques, poétique de cet auteur magistral fût de "dépasser l'art, c'est à dire de le faire coïncider avec la vie, à condition de faire coïncider la vie avec la révolte". Il s'agissait de mettre la poésie au service de la vie quotidienne, pour que celle ci soit la moins quotidienne possible. De là émane aussi tout le sens de la rencontre et de la rapide rupture de Guy DEBORD avec les lettristes d'Isidore ISOU (dont le lettrisme constituait pour l'essentiel un remake du Dadaïsme de l'autre après-guerre). L'éphémère adhésion de G.DEBORD au programme lettriste a tout d'une rampe de lancement qui le propulse rapidement vers d'autres aventures. En vérité l'Internationale Lettriste (1952-1957) n'est plus vraiment lettriste et n'a pas grand chose d'international, composée au mieux d'une dizaine de jeunes gens, tous plus ou moins voyous, elle se spécialise dans un art hélas trop boudé : le désoeuvrement, (n'oublions jamais ce superbe mot d'ordre - ou de désordre - qu'on aimerait bien revoir sur nos murs de temps en temps (et surtout dans nos vies, en ces temps laborieux) : "Ne travaillez jamais !". Elle s'applique aussi à la critique la plus insultante possible de l'avant-garde et des intellectuels consacrés. Goût du jeu, goût du conflit, deux grands axes chers à G.DEBORD.

C'est à St Germain que G.DEBORD et les siens mènent leur première guerre et qu'ils s'offrent du même coup une autre vie plus héroïque, par conséquent, plus légendaire. Suivront d'autres aventures et d'autres guerres dont la plus illustre placée sous le signe de l' Internationale Situationniste. Pour DEBORD et ses compagnons tout se passe comme s'ils disposaient les traces de leur aventure en fonction d'une légende à venir, mais immédiatement comme si de toujours déjà le vécu, se redoublait d'une mise en forme ou mise en mémoire.

"Tout ce qui concerne la sphère de la perte, c'est à dire aussi bien ce que j'ai perdu moi-même, le temps passé et la disparition, la fuite et plus généralement, l'écoulement des choses et même au sens social dominant, au sens donc le plus vulgaire de l'emploi du temps, ce qui s'appelle le temps perdu, rencontre étrangement dans cette ancienne expression militaire "en enfants perdus", la sphère de la découverte, de l'exploration d'un terrain inconnu : toutes les formes de la recherche, de l'aventure, de l'avant-garde. C'est à ce carrefour que nous nous sommes trouvés et perdus" G. DEBORD, in "Critique de la séparation" (court métrage 1961)

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Le goût du légendaire, du romanesque expliquera le style des interventions lettristes : tracts, manifestations, articles puis plus tard des interventions "situs". Ces actes sont souvent d'une grandiloquence ironique, toujours insolents, parfois chouïa autocomplaisants, on aurait tort de s'en moquer car ils ne sont pas faits pour reconstituer le champ de l'avant-garde (d'autres s'en chargent), bien au contraire, ils viennent défigurer, disqualifier toute avant-garde possible et de surcroît au prix du moindre effort !

Ils sont les traces de quelque chose qui a été vécu et qui s'est perdu. Un âge devenu d'or avec le temps qui s'est écoulé sur lequel G.DEBORD reviendra à de nombreuses reprises. Dans "Mémoires" en 1958, où l'on trouve, cité un fragment significatif de "l'Ile au Trésor" (à méditer bien sûr)

"Nous étions quinze sur le coffre du mort"...

L'idée de traces sera encore présente dans les films : "Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps"(1959) et plus tard "Critique de la séparation" (1961) puis dans "In girus imus nocte et consumimur igni..."(1978) ou encore dans "Panégyrique"(1989).

Ces nombreux retours sur la période inaugurale de l'Internationale Lettriste suggère que celle-ci n'a peut être été vécue que pour devenir après coup la légende qu'elle est devenue, illusion rétrospective sans doute; mais pas seulement. Tout indique chez G.DEBORD une capacité proprement mélancolique de se projeter dans un temps où ce qu'il est train de vivre aura bientôt disparu. Soit, tout aussi bien d'anticiper sa propre légende ou de moins de la reconstituer le plus vite possible comme telle. G. DEBORD n'a cessé d'être l'historien de lui même, comme le Cardinal de RETZ (alias Jean François Paul de GONDI) cet autre joueur et perdant magnifique que G.DEBORD a lu très tôt et qu'il admirait tant. Mais contrairement au Cardinal de RETZ, G.DEBORD a été historien de lui-même d'emblée, non après-coup, joignant toujours les actes aux actes, comme on joindrait la parole aux gestes sans négliger jamais la dimension esthétique. Une seule force poètique qui seule permet l'accès au légendaire. Peut être parce que toujours c'est par le bien dire qu'advient rétroactivement le bien faire...

Source : Guy DEBORD "Oeuvres" admirablement rassemblées par J. L. Rançon. Editions Gallimard 2006.

Photo:  Sur le passage de quelques personnes... (Les feuilles d'or sont aussi des personnes d'un âge...) Vu à travers une très brève unité de temps. Au dessus d'une intemporelle grille. Suivi de quelques pas perdus. Ou la mémoire de l'"after" déjà légendaire du charmé de la colline qui travaille (et qui crie). Photographiée Boulevard de la Croix-Rousse. Lyon. Novembre 2009. © Frb

Commentaires

Oui mais en même temps, on peut se demander ce que veut dire avant-garde dans le cas de Debord, et si l'attitude des situs n'a pas déterminé un champ d'action dans l'illusion de la Marchandise, si bien qu'ils ont fini par devenir eux-mêmes une Marchandise.
Sinon, j'aime bien Debord.
Et Vaneigem surtout.

Écrit par : mon chien aussi | mardi, 24 novembre 2009

@Mon chien aussi : Ca oui ! on peut se demander. On n'a pas fini de se demander avec Debord. J'admire complètement sa démarche mais le personnage demeure très complexe (en tout cas plus interessant (avec ou sans la notion d'avant garde) que celui d'Isidore Isou .
Vous vous demandez si l'attitude des situs n'a pas maintenu le champ d'action dans l'illusion de la marchandise ? (attendez je reprends une tasse de café bien noir, bien frappé tap ! tap voilà;-)), pfff ! c'est une question de super banco ça ;-). Je sais pas.
la marchandise est elle une illusion ? ( j'avoue que sur cette dernière formule, je suis sans argument. Oui et non ? Je crois que la marchandise se situe dans et en deça de l'illusion et puis cruellement au delà
(c'est une réponse ça !) C'est peut être justement cette trappe sans fond(ni fondements) la perverse nature, le corps multiple de la marchandise que Debord avait violemment vu avant tout le monde (mais peut être que je réponds en oblique là, au dessus ou en dessous de la plaque ;-)) Les situs sont devenus aux mêmes une marchandise. Certes ! c'est très chic de citer DEBORD dans les pince-fesses (chics ou popus !) et Debord se vend bien. Les situs entrent par la grande porte dans la mémoire collective, livrée au grand public (masse) , comment voulez vous qu'il en soit autrement à notre époque ? mais peut être n'était ce pas si évident en leur temps les années 50's 60's... Personne n'aurait imaginé une société entière conçue comme un spectacle permanent. Debord (qui fut traité de paranoïaque en 1967 l'avait tout a fait appréhendé ("la société du spectacle") et puis il vaut mieux qu'il soit aujourd'hui absent de ce tableau désolant (même s'il serait bien utile pour la pensée qu'il soit vivant mais bon) . Rien que l'expo rétrospective sur les situs qui avait eu lieu à Beaubourg, c'était le comble du spectaculaire, le grand bazar, tout ce que DEBORD détestait, dénonçait désespérement. Très pervers tout ça ! Debord dans sa vie, a tout fait pour rester hors de ça, la tête hors de ces flots là, ses derniers écrits sont bouleversants. il SAVAIT de manière tragique, irreversible que la trappe se refermerait tôt ou tard sur ses écrits sur son mouvement, sur TOUTE humanité. Il a vraiment écrit la perte du monde... C'est peut être même cette chose ( si je puis avancer un argument un peu (trop) romantique mais bon !) qui l'a isolé et peut être "tué" lentement avant récupération des petits papiers. Regardez, comme tout est tragique comme nous sommes liquidés (:-O!) (la plupart des liens concernant Guy Debord sont entourés perclus de pubs qui clignote, ce qui rend la lecture quelque peu rude entâchée de parasites assez toxiques pour l'esprit, faussée, déformée, paradoxale, absurde comment éviter ça aujourd'hui ? A moins de vivre six pieds sous terre ?
Une question, (une autre insondable !) souvent me traverse l'esprit (ce qu'il en reste ah! ah!) parfois:
Qu'aurait fait DEBORD devant et avec internet ?
VANEIGEM oui ! un autre assez passionnant, je partage votre avis. J'ai particulièrement apprécié le" traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations"...

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

@Frasby. Je me demandais seulement si l'avant-garde ne serait pas devenue la pointe extrême du Marché, et s'il ne conviendrait pas de mener des combats d'arrière-garde puisque l'avant-garde semble tout à fait rongée de l'intérieur. L'extérieur, n'en parlons même pas.
Mais bon... j'ai sans doute mauvais esprit.

Écrit par : mon chien aussi | mardi, 24 novembre 2009

@Mon chien aussi : Mais non voyons ! vous n'avez pas du tout mauvais esprit ! c'est une question très préoccupante, importante (je vous avoue que ça me travaille souvent ;-)
(Désolée, je ne devrais pas répondre trop tôt le matin aux commentaires, des trucs m'échappent carrément... ;-)
Je partage donc assez votre point de vue , (sous cet éclairage) l'avant garde est rongée de toutes parts c'est flagrant, et puis c'est quoi l'avant-garde aujourd'hui ?
on le sait depuis longtemps, il me semble (sans l'admettre trop) dès que le mot avant garde sort de son terrain d'experimentation pour entrer dans les musées, ce n'est plus de l'avant garde ( de l'avant-(rin)garde ?) (???) ;-O !, L'avant-garde ne devrait elle pas être par essence ou éphémère ou irrécupérable ? Question.
Cela dit je ne suis pas contre la modernité , je crois juste qu'elle n'est pas là où on nous balise le parcours.
Parfois je me demande s'il ne faudrait pas revenir non pas à des combats d'arrière garde mais à la tradition (peut être est ce rejoindre un peu ce lièvre que vous soulevez ? Comme Pierre schaeffer, refutation du solfège experimental hop ! terminé ! et retour au clavier bien tempéré, à papa Bach ! Dans "Critique de la séparation" Debord avait choisi une bande son pas spécialement d'avant garde en une période annonciatrice pop rock, c'était "spécial", s'offrir Couperin et bodin de Boismortier ce n'était pas pour faire "avant-garde" et même que cela annonçait presque quelque virage que Debord prît à la fin de sa vie (comme l'isolement en haute loire entre autres)
Personnellement, en ce moment je préfèrerais faire un tour du côté des grottes de Lascaux ou me prélasser à Rome devant un Caravage plutôt qu'aller à la biennale d'art contemporain même si paraît il on y trouve encore quelques belles choses... J'ai trop vu trop de trucs dits d'avant-garde ennuyeux, ces dernières années je dois être désabusée ;-( (J'arrête là,je vais me faire traiter de réac
( pas par vous ! hein ! mais bon ... Cela dit je vous suis très bien ;-)

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

Voilà un auteur d'avant- garde dont j'ignorais jusqu' à la propre existence. Merci de combler ce vide mémoire. Je suis d'accord avec tes préférences pour Lascaux plutôt que certaines biennales qui presentent des oeuvres ? où tout est calculable et controlable avec l'industrie du numérique qui les neutralisent avec des programmes calculatoires qui se résument par des expériences plus ou moins heureuses.

Écrit par : alex | mardi, 24 novembre 2009

Merci!

Écrit par : Acai | mardi, 24 novembre 2009

@Alex : Je ne sais pas si l'on peut qualifier Guy Debord ou Vaneigem et leurs amis d''auteurs stricto sensu "d'avant garde", aujourd'hui. L'internationale lettristes (i Isou, Guy debord puis l'internationale situationniste furent qualifiées comme telles, oui, mouvements d'avant garde à une époque où je crois, les protagonistes s'amusaient aussi avec ça.
Debord me paraît au delà... De l'art de faire valser les étiquettes, Debord est avant tout un écrivain magistral, son style littéraire est splendide, un penseur qui a vécu sa vie entièrement en accord avec ses recherches artistiques. Un être intransigeant, paradoxal injuste aussi dans ses relations avec ses amis, drastique , . Austère aussi ce qui pût trancher un moment avec le côté chatoyant de certains avant-gardistes...
Quant à la biennale d'art contemporain de Lyon, il paraît que cette année, elle vaut le détour, (les échos sont plutôt engageants) il y a eu des biennales consternantes, j'ai prévu normalement de faire un petit tour quand même, pour me faire une idée de ce que l'art contemporain a à nous offrir, mais spontanément ce n'est pas exactement ce qui m'attire en ce moment... Je préfère profiter du dôme de Soufflot (avant que notre "pauvre" hôtel Dieu ne soit ravalé dans une autre sorte de programme calculatoire ... ;-(
En tout cas si tu n'a pas lu Guy Debord, (ce qui m'étonne, connaissant certains de tes interêts de lecture)"La société du spectacle", devrait beaucoup t'interesser.
A suivre ?

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

@Acai : Mais de rien ! ;-)

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

Veneigem mettait une cravate pour nous donner cours...
Bout de tissus éperdu ?

Écrit par : JEA | mardi, 24 novembre 2009

@JEA : Vraiment ? Lire cette phrase a quelque chose de fascinant C'était à quelle époque ?
De si loin... Peut être suis je un peu dans le mythe ?
Bout de tissus volant au secours de l'avant garde...
"Bout de tissus éperdus"
Comme le début d'un lent poème ?

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

tout commence avec l'avant garde et avec la poésie

on ôte "avant garde" et on obtient

tout commence avec la poésie

et , sans "remonter" à ce cher vieux Matt Al Uzaleim (poète sémite d'une prolixité inouie) on arrive chez le petit père Homère (dans la version Leconte de Lisle) : début de L'illiade

C
hante, Déesse, du Pèlèiade Akhilleus la colère désastreuse, qui de maux infinis accabla les Akhaiens, et précipita chez Aidès tant de fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux chiens et à tous les oiseaux carnassiers

Écrit par : hozan kebo | mardi, 24 novembre 2009

@Hozan Kebo : it is marvellouze ! :-)
J'applaudis ! merci merci !
(Pour vous récompenser je vous offre (sans remonter au vieux matou Zalem,) un joli piti poème inuit :

" And yet there is only
One great thing,
The only thing:
To live to see in huts and journeys
The grest day that daws
And the little light that fills the world."

Écrit par : Frasby | mardi, 24 novembre 2009

@ c'était au temps où les calendriers portaient 60 en son beau mi-lieu
puis en septembre 67, j'entamais ma première année de cours
vous voyez : mai 68 pour apprendre à enseigner seul devant une jeunesse triomphante, il y a plus soporifique...

NB : cours sans cravate évidemment, à cette exception près : une élève hindoue m'en offrit une, de là-bas, que je ne portais que deux heures/semaine, le temps de faire sourire sa classe

Écrit par : JEA | mercredi, 25 novembre 2009

Cette fois j'ai compris ! Et j'ai lu deux fois, fallait bien ça.. !:p

Écrit par : liam | mercredi, 25 novembre 2009

@JEA : Ah oui je vois ! en 1960 un calendrier gros comme une bible, avec une marge rouge ( couleur de toutes les audaces)
Je n'étais pas née mais j'aime bien les calendriers.
Septembre 67 Une première année de cours sous des sunlihgts psychédéliques ? ... Des années riches comme au moins mille fleuves. Quelle chance
Et savez que quelques vingt ans après, le must de la rebellion était d'aller en cours avec une cravate ?
Terminée la lutte des classes !
Merci, JEA, pour ce précieux témoignage.

Écrit par : Frasby | mercredi, 25 novembre 2009

@Liam : Vous avez tout compris ! Bravo !!! Vous n'avez lu que deux fois ? (sourires !).
J'ai pris un coach (expert en "communication facile" ;-) vous voyez, il y a du progrès, on ne va quand même pas tout mettre sur le dos du lecteur ! Ah mais !
Bientôt, j'espère que vous n'aurez même pas besoin de le lire pour comprendre,
j'ai pris l'option "Télépathie !" J'ai l'intention de m'attaquer à Enid Blyton, je suis en train de lire tous les volumes de la collection, ça a l'air de rien comme ça mais je vous jure que c'est pas facile !
Mais je ferai ça juste pour vous ! je m'en veux tellement de vous faire souffrir ... ;-))

Écrit par : Frasby | mercredi, 25 novembre 2009

Donc, je suis parti de la rue des Petits-Moines, j'ai marché sur une soixantaine de mètres avant de m'engouffrer dans la Cour du Noir Lévrier qui permet d'accéder à la rue de L'Angle...; j'ai tourné à gauche, dans cette rue en pente douce ; puis, j'ai emprunté l'escalier-aux-Marrons jusqu'en bas ; de là, j'ai vu toute la ville. J'ai poursuivi mon chemin, contourné la petite maison rouge qui est encore isolée comme par miracle (mais c'est probablement provisoire, un jour les autres maisons la rejoindront et la colleront au troupeau) ; après la maison, je me suis glissé dans le sentier étroit, très étroit et sans nom, qui longe toutes les maisons de la minuscule cité Radieuse bâtie il y a une quarantaine d'années ; un chien, deux chiens, bref, quelques chiens ont aboyé à mon passage ; j'ai évité de les regarder ; la jolie rue du Tertre s'est ouverte comme une bouche, ensoleillée sur toute sa longueur ; pris à droite, entre deux murs de pignon noirs et rouge foncé ; de la maison de droite, une odeur de soupe aux poireaux s'échappait ; plus loin, la rue des Chardons descendait en lacets légers— ses petits pavés avaient la couleur de l'ardoise... (J'arrête là... La promenade fut longue...)

Écrit par : mon chien aussi | mercredi, 25 novembre 2009

@Mon chien aussi : Beau !
Tout cela mériterait d'être en haut. A la page dérive ...
S'il vous vient l'envie de poursuivre... N'hésitez pas !
Vous avez une inconditionnelle.

(J'irai bien boire un café serré sur un lacet rue des Chardons)

Écrit par : Frasby | mercredi, 25 novembre 2009

@Frasby. Rue des Chardons, le café est excellent. Tant mieux si ce bout de balade vous a plu.

Écrit par : mon chien aussi | mercredi, 25 novembre 2009

@Mon chien aussi : Le café excellent ?! Faudrait pas me le dire deux fois...
Oui, la balade m'a enchantée (au delà de plu(s))
Humm ! "la petite maison rouge"..."l'escalier aux marrons"...
je l'ai relu la balade plusieurs fois, j'ai adoré ! j'adore.
Et quel style ! (Je vous évite toute une liste de compliments très élogieux, ) mais bon, y'a pas à tortiller, je trouve que vous écrivez vraiment plus que très bien, mon chien...
Cette balade c'est du pralin.
Merci infiniment !

Écrit par : Frasby | jeudi, 26 novembre 2009

Je vous sais bon gré (je ne sais si cela ce dit encore de nos jours, mais cette incertittude me ravie) de cette attention qui me touche profondément : la tâche est ample et cet effort que vous consentez me va droit au coeur. Car je viens de jeter un oeil (le droit, parce qu'il est bien meilleur que le gauche, contrairement à mes mains, la gauche étant de loin bien plus adroite que la dextre...) sur la rubrique "Enid Blyton" de wiki (aveux de faiblesse culturistique ?:p) et ils dénombrent une huit-centaine de volum, ce qui est colossal (moi qui peine à finir la première page de mon roman... :o))!

Mais vous aurez peut-être terminé avant moi mon mme Bovary, dans lequel je m'embourbe allègrement, au rythme de cinq pages (qui ne forment, elles aucun club et c'est bien dommage !) avant endormissement chaque soir...

A bientôt !

Écrit par : liam | jeudi, 26 novembre 2009

@Liam : Je voudrais tout de suite vous présenter quelques excuses si toutefois vous aviez lu ma précédente réponse comme quelque chose de condescendant, outrecuidant ou pire de méprisant à votre endroit (je ne sais pas si on dit à "votre endroit", la formule n'est pas superbe mais bon je vous dois d'énoncer plus clairement mes intentions si toutefois.... Enfin c'est pour vous dire que si vous aviez repéré quelque remarque lue comme "méchante" (vilaine !) dans ma précédente réponse (cette allusion pas maline à l'oeuvre d' Enid Blyton) j'en serai fort ennuyée, appréciant sans réserve, votre domaine vos écrits votre style, et lisant vos textes là bas (vos commentaires ici) en me régalant à chaque fois : il ne faudrait surtout pas que s'immisce le malentendu . Je m'en voudrais trop. Mon "humour" (si on peut appeler ça de l'humour ! ) m'a valu (sur ces plateformes "virtuelles") des malentendus si énormes (ou hénaurmes), assez peu réparables, que j'aurais une vraie peine de vous blesser ici ou là alors voilà... Pratiquant régulièrement l'ironie (sur moi-même aussi), je reconnais que mes sabots sont souvent bien calamiteux,le gauche et le maladroit (rustauds, balourds à loisir certes mais je vous assure, jamais sérieux, ce ne sont pas des sabots perfides) J'espère que vous n'en douterez pas . Quant à l'allusion à Enid Blyton ce n'est pas une référence pour les simplets loin s'en faut ! Pour moi Enid Blyton c'est la genèse, la première vraie traversée de la rivière juste après l'apprentissage de l'alphabet... Je le dis très sérieusement (je le jure en levant la main droite, sur l'honneur) : j'ai commencé "les belles lettres" avec Oui-Oui, et sans Oui Oui, il n'y aurait pas eu tous ces autres livres, (ni Guy Debord ni Bovary) alors je lui dois une fière chandelle à Enid Blyton. Tout le monde se moque parce que c'est de la littérature enfantine. Et encore bien plus hasardeuse que culturistique (des hasard de noëls anciens, quelques avènements féeriques et voilà, ;-). En vous lisant, je réalise que les lecteurs, (devenus adultes aujourd'hui ;-O!) qui n'ont pas croisé enfants une bonne âme(une tatan, une marraine, un peu fée) leur offrant -par hasard - (j'insiste) un bon ouvrage d'Enid Blyton, ne peuvent imaginer tout le bonheur que cela procure , et les belles peintures que cela dessine avec de fines touches de couleurs même très longtemps après. Ceux qui n'ont pas connu Enid Blyton peuvent même croire qu'on s'en moquerait. Voilà où serait le malentendu. Surtout Liam, j'ose espérer que vous n'avez rien lu de régressif , d'outrecuidant dans mes propos (j'aime enfoncer les clous ;-), qui, je le reconnais ont été très mal formulés, comment vous dire ?. Si je vous ai blessé, je ne demande qu'à réparer (des deux mains) ! J'ai toujours imaginé que tous les (ex) enfants d'aujourd'hui n'avaient pu échapper à Enid Blyton, joie du hasard et non de la culture (j'insiste en diable, un autre clou !). Le truc pas facile, c'est effectivement le nombre d'ouvrages ! jusqu'à avant hier, j'ignorais encore cette production pléthorique. J'en étais restée à 5 ou 6 ouvrages verts ou roses qui trônent fièrement à côté de pleïades illisibles (encore du hasard, mais moins jubilatoire), et d'une Madame Bovary toute cornée, en robe de chambre, que je n'ai pas recroisée depuis la terminale, même pas à la pharmacie, on se demande ce qu'elle fait de ses journées ... (il faudrait peut être que je m'y remette très sérieusement ? Quoique le père Goriot soit aussi dans la salle d'attente depuis des mois ). Enfin voilà, voilà ! il me semble, à vous lire souvent, que nous ne sommes pas très loin de partager quelques petites idées assez limpides à propos du monde (dé)senchanté de la culture, tant pis pour le vieux (Flauflau, j'aggrave mon cas ?) en tout cas votre "club des cinq pages de madame Bovary" m'a bien fait rire ce matin, (mais rire de très bon coeur... Non de ce rire qui grince comme la canne à pommeau de ces grincheux en habit verts qui passeraient devant Enid Blyton avec une vraie moue de mépris ). En résumé : mal à gauche, pas adroite = très maladroite donc mais pas une malotrue. j'aimerais me mettre au défi de vous fournir des preuves en attendant, Liam... De grâce, pitié, je vous en supplie, pour l'Amour du porte-plume, sur l'honneur de la page blanche, en vertu de cet encrier que vous mêlez à ces pluies que j'aime tant, pour une fois j'ose l'injonction, la prière, l'amende honorable : S'il vous plait! ne le prenez pas mal, je suis une femme de gaucheries, (c'est moins méchant qu'une femme de droite), est ce pour autant pardonnable ? (la question tremble entre vos mains telle la chétive feuille d'automne... )

Écrit par : Frasby | jeudi, 26 novembre 2009

Vos sabots sont magnifiquement ciselés, Madame (et là, il s’agit purement de hasard, d’un ‘pile ou face’ auquel je me livre avec candeur, et puis parce qu’il y a, peut-être, plus de respect induit dans le Mâdââme que dans le mademoiselle, et qu’on ne badine pas avec le respect !:p) ! Ils valent et de loin les pantoufles de verres des princesses d’un soir, les ballerines des petites rates de l’opéra, les bottines mutines des gentlewomen farmers que l’ont peu admirer dans les téléfilms de l’après-midi aimecissienne ! Les avez-vous sculptés vous-même ou avez-vous fait appel à quelque sabotier excellant dans son art vénérable de chausser ces dames à l’humour vif et ravageur ? Car voyez-vous, et je pèse mes mots, cet humour qui dites-vous aurait causé quelques inimitiés, j’en raffole comme d’autres raffolent des sauces aux morilles, des tournedos rossini, ou de la vodka : sans modération, sans considération pour mon embonpoint. Je pense que dans cette histoire qui nous occupe c’est ma petite personne qui devrait s’excuser de vous avoir fait croire, ne serait-ce qu’un instant @ (le battement d’aile d’un colibri, ou même mieux si l’on en croit les pubs qui passent en ce moment : le temps d’un calcul de trajectoire de je ne sais plus quel véhicule… (oui, mâdâme ( :p), le romantisme s’adapte, se modernise, et les Djeuns d’aujourd’hui ne disent plus : « mon cœur pour toi bat plus vite qu’un colibri ne saurait le faire de ses ailes enchanteresses » (ton pantois, mièvre) mais « j’te kiffe grave et mon cœur tambourine, trace plus vite que les calculateur de toutes ces berlines » (ton grave, ambiance Slam), mais fermons ensemble, si vous le voulez bien, cette parenthèse (je crois bien que vous m’avez contaminé (me voilà atteint (de parenthèsite aigue)))) :o)) (nous reprenons ici à l’@ laissé plus haut) que vous eussiez pu me blesser, me vexer. Car voyez-vous (oui, elle voit, mesdames messieurs, elle vois !!!! (ambiance prédicateur)), la culture n’est chez moi certainement pas une source de jalousie, d’aigreur. Bien au contraire. Ce qu’il y a de bien, avec ce que l’on appelle pompeusement « culture » (enfin pas celle des choux, hein, on est bien d’accord ! :p), c’est qu’elle se partage, se transmet, avec une aisance incroyable, et vous lire est toujours une occasion incroyable de m’enrichir… Alors je pense que vous n’avez pas d’excuse à faire, et quantàmoi, je vous remercie, mâdâme, de me faire profiter de vos « Enid Blyton », de vos « Debord » et de tous ces autres dont le nom m’échappe comme vous l’heure qu’il est…

Je vous souhaite, bien évidement, une fort belle journée…

Écrit par : liam | vendredi, 27 novembre 2009

@Liam : Monsieur, votre envoi me combloit de joie (joy!) et me touchoit infiniment, doux estoit l' honneur vous me
fîssiez (;-O!) , à m'accorder, votre temps tout en saveurs délectables et fumets onctueux de phrases ciselées au pinceau comme de soie filant au "rouet des grands hommes", ces bienveillances rares comme l'ambre bleu d'Ouandiz qui parfume les coeurs voluptueusement. (Cette élégante phrase vaut bien une petite Zubrosvska non ? Ne faisons pas nos timides, c'est un grand jour. Trinquons !) Aussi, Monsieur (ah mais, monsieur ! c'est trop peu ! vous l'avez dit, mon neveu ! on ne badine pas avec le respect ! je suis d'accord !), aussi, disois je, je ne sais (sachois) point par quel bout répondre à une si jolie missive qui faisoit cramoisir ma petite personne, de la tête aux pieds et voilà que je me répandois en révérences et ronds de jambes très sophistiqués (il me semble que je ne serai jamais assez présentable devant vous ! un peu plus de simplicité seroit préférable, mais que voulez vous, se refaire prendrait des années or le temps pressoit ! La vie est si courte quand on y pense vraiment ...)
Pour les sabots ! je vais répondre, simplement, sans chipoter
je les achète à Eurosabots ( 25, 99 euros,fournis avec la paille) et hop ! (do it yourself !) je les pyrograve moi même (car j'ai une boîte pyrogravure 2000 !) ensuite je les peins (peinturlure est le mot juste) à la gouache avec ces couleurs extravagantes que vous aimez tant et quand il pleut ça colore aussi le trottoir par petit coulées qui font très "palais de Tokyo" oh je suis sûre que vous adoreriez ! il faut bien sûr user de la méthode Coué pour se persuader que c'est joli et léger car pour mettre un pied devant l'autre, avec 5kg de paille dans chaque sabot, calculez vous même, on n'est pas rendus ! c'est un défi de chaque seconde. Mais comme vous avez dû remarquer j'aime ce qui est compliqué ;-)
Sinon (parlons peu ;-O ! parlons bien) Vous ne m'avez pas fait croire que je vous avois blessé ! que nenni ! c'est juste que je m'imaginois des tas de choses insensées et que je m'en persuadois tant qu'à la fin je crois qu'elles deviennent vraies s'ensuivent toutes sortes de catastrophes irréparables, des soupirs, des tragédies et des remords voyez ! comme j'ai été stupide et je m'en veux de vous avoir rendu malheureux alors que c'est moi qui vous ai enduit - à tort - dans l'erreur. Nous avons frôlé un grand drame. Heureusement, vous êtes un gentleman. Une chose est sûre: nous avons azurément les mêmes (bons) goûts : nous kiffons notre race, à fond les manivelles dans le slam et notre (bon) goût ne crache pas sur les bottes mutines des gentlewomen farmers des après midis aimecissiens (Il y a du Charles Ingalls en vous je le sens, je le sais, lui aussi, c'est un homme gentil, comme vous ;-) , aimez vous le tuning Liam ? (dites oui, et je vous épouse !)
Sur ce, voulez vous que je vous reversois un autre verre de Zubrovska ? On en a bien besoin, pour la route, non ?) Voilà... Je ne sais pas du tout recevoir les compliments, ni pas trop bien les donner, mais le coeur y est. Le tournedos rossini pose un peu problème, ça va encore bien me tourmenter c 'taffaire oh ça ! oui je suis en souci ! figurez vous que le tournedos rossini je ne sais pas ce que c'est !) mais laissez ! je prendrai une bavette avec des frites! (comme j'ai été vilaine, c'est bien tout ce que je mérite ;-) Enfin et pour conclure toujours sans chipoter vous me voyez, après lecture de votre envoi, tout à fait épanouie ,rien à me faire pardonner ? Ahhh Monsieur ! (là je prends la voix de Dephine Seyrig) Votre belle âme subjuguerait le pire des gueux. Et le rendrait beau comme un Dieu de l'Olympe. Me voici donc délivrée des lourdes chaînes de la mauvaise conscience, du joug des culpabilités par votre grâce. Libre enfin, Devant tant de gentillesse, monsieur ! permettez moi de vous dire que je ne serai point étonnée que le bon Dieu vous ait assigné le privilège d'effectuer des miracles
Ce serait la moindre des choses... Merci pour ces mille grâces (c'est le jour des mercis et des grâces, nous sommes chanceux), et je me régale déjà à savourer le tracé d'un stylo merveilleux qui court à cette heure sur Ouandiz...
(pardonnez cette réponse laconique (;-o!) mais si je veux être à Ouandiz demain matin il faut que je parte maintenant! je prends le Cevenol ! ensuite je ferai du stop...)
Bonne soirée encore merci !

Écrit par : Frasby | vendredi, 27 novembre 2009

De + en + laconique !
Tu vas finir par me dépasser en ce talent !

Écrit par : kl loth | vendredi, 27 novembre 2009

@k-loth : Te dépasser !!! impossible ;-)
Faire bref, c'est pas gagné. Sérieusement, il faudrait que je consulte un psycholaconicien mais il n'y en a aucun dans les pages jaunes ! Que faire ?

Écrit par : Frasby | vendredi, 27 novembre 2009

Ne change rien !

Écrit par : kl loth | samedi, 28 novembre 2009

@kl-loth : Merci !
De toute façon, c'est foutu ! j'ai élargi ma recherche bilan : il n'existe pas un seul psycholaconicien sur cette planète !
sinon il existe des bonnes vieilles méthodes infaillibles : se coudre les doigts, se mettre du scotch sur la bouche ;-)
Mais t'as raison... On va laisser comme ça ;-)

Écrit par : Frasby | samedi, 28 novembre 2009

Bon va falloir que je me bûche cette page sur Debord vu par Frasby. Je sens que je vais passer des journées sur CJ avant d'en mesurer le millième des étincelles qui fusent de partout. De Dieu, quel orage ce blogue !

Écrit par : Michèle | lundi, 23 août 2010

@Michèle : Dieu quel orage ! (sourires) mais oui, c'est exactement ça, tout en couches et sous couches de nuages, les forces telluriques me dépassent mais restent les étincelles, vous êtes une adorable, Michèle, vos lectures seules m'empêche même de tout arrêter quand je me décourage, je ne sais comment vous faites mais vous comprenez au plus près mes intentions et j'en suis très touchée. Je suis vous souhaite une journée
Chimélique ( avec ou sans accent nabirosinais ! ;-)

Écrit par : Frasby | lundi, 23 août 2010

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