mercredi, 09 juin 2010
Une semaine de catas (thema Part III)
Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?
PAUL VALERY : Extrait de la "Petite lettre sur les mythes", publiée dans la NRF en Janvier 1929, puis réunie avec d'autres textes dans le recueil "Variété II" aux Editions Gallimard 1998.
Pour accéder à la couleur vous pouvez cliquer sur l'image.
Mercredi.
J'ajuste sur les bans de sable, la lune et ces désemparés qui gardent au delà des récifs, le temps à l'échelle cosmique et ces phares qui n'invitent à rien. J'oublie les vagues brûlant la trêve, et les digues que ce corps enroule dans le bel azur usagé. Je mesure le rectangle blanc, le nuage d'une vierge inique et le désenchantement de tout. J'accroche un oeil à la paterne, je cherche un vieux pêcheur de perles, le grandgousier, poisson lanterne, qu'on appelle encore "anguille abyssale". Des poissons-papillons sèchent juste au milieu du pont. J'apprivoise le corail comme s'il était l' animal ami, servant à l'apaisement d'un ennui qui vient sûrement au cours de longs mois de voyage. Je capitonne le souterrain, l'éclaboussure habituelle m'envoie une vapeur légère. Un halo de lumière convoque une fois encore les sédiments. Sous ce multicoque avenant il se passe de curieuses choses qui vont toujours en avalanche. Je partage l'effacement pour ne pas savoir ce qui coule, culbutant le compte à rebours, prise au piège des organismes fantastiques et multicellulaires. Je comprends le vert et le rouge et le violet couleur de fastes toutes les mollesses baladeuses et les stratus à formes de jonques. Je collectionne les poissons rouges et les têtes de barracudas qui dévorent entre elles leurs grimaces, je comprends le vert et le rouge, et le violet couleur de farce. Le soleil plombe ma voilure. Je deviens presque insubmersible. L'océan ne donne sur rien. L'eau est folle et le vent est doux, le fond geint de bestioles cachées. Je garde la tête dans mes mains face à l'oeil fou qui m'atomise. L'avantage revient aux vestiges à cet endroit presque infini où le geste a mêlé l'eau de source au sel. Je vide mon sac dans les embruns. Je me détourne de la matière pour flotter entre les pigments. Partir me prend, au large et le plus loin possible, jusqu'à ce que le ciel et l'eau fondent. A la tempe me pousse une cible; aux oreilles des anneaux de gym, je tombe du haut du Lloyd's building comme sur le pelage d'une hermine, je tente le musc, les senteurs d'ajoncs. Les flots de l'océan indien, me trouvent. Au pays des cholas, j'ai dû rêver longtemps à demie-endormie sur les flots, à ne plus savoir s'il est vrai ou faux que ces ports sont à ce point artificiels : Chennai (ex Madras), Cuddalore, et Pondichery (ou Pondycherry ou comme on dit en abrégé "Pondy"). J'y passerai des jours à tisser le coton. En attendant j'astique mon multicoque avec amour. Rendez vous sur l'île d'or... Où Monsieur William m'attend pour un autre voyage toujours autour du monde, mais cette fois à l'envers. Le vent monte crescendo, le capitaine ne parle pas ; et pour faire passer les secondes au moins jusqu'à demain matin, je fais et redéfais des boucles. J'apprends et réapprends sans cesse la confection du noeud Zeppelin...
Catamaran.
http://www.youtube.com/watch?v=J_G9RRY7SS0
Photo : Ceci n'est pas un catamaran. Peut être n'est ce que le faux semblant du port d'attache de notre cata 1 ? Ou un catamaran parti ? (un catapamaran ?). Photographié la nuit sur les berges de la Saône, à la face de Saint Georges (qui travaille à la terre) pendant que nous flottons. Lyon. Juin 2010.© Frb.
04:31 Publié dans ???????????, Balades, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
je me demande qui s'est qui a perdu cette boucle d'oreille ?
"ils en ont fait un outil qui devient l'objet de gestion, d'utilisation, de domination rationnelle
Bon du moment que ça participe au développement économico- technique du port...
CELA S'INSCRIT DANS UN PROCESSUS OU ON EST VICTIME D'UNE DESAPROPRIATION DE SON AUTONOMIE DECISIONNELLE
Ca reste d'un autre côté un appareil qui permet une autonomisation de son processus qui devient un individu posséssif qui pratique l'individualisme"
Ne me demandez pas où j'ai trouvé ces phrases bizarres, ça m'a fait sourire et et j'espère vous aussi
allez, j'embarque sur mon ferry-boat pour ma traversée du port
Je pense être de retour en aout ?
amitié
alex
Écrit par : alex | vendredi, 02 juillet 2010
@Alex : On se vouvoie, on se tutoie ? Pour une fois je te tutoyerai et ne te laisserai pas partir avant que tu m'aies rendu ma boucle d'oreille ! A qui voudrais tu qu'une telle boucle d'oreille appartienne ? Et le fait d'avoir deviné fait de toi mon premier suspect. ("qui aime bien châtie bien n'est ce pas ?) Ton texte est formidable il va falloir faire quelque chose de tout ça à la rentrée... Si tu veux bien m'y aider, nous ferons pour le 7 Septembre une rentrée fracassante, et si la présente canicule n'assèche pas ce petit blog je compte sur ton inépuisable grain. Enfin, qu'allons nous moudre cet été si tu t'en vas ? Si cela t'est un agrément cela m'est une autre cata, car tu es dans C.J le billet qui vient dans le billet et toute la suite imprévisible des choses que je n'oserai inventer (foin de crème à reluire ! et sans flagornerie aucune). Je te souhaite des vacances idylliques s'il est possible sur ton (TON ? vraiment ???) ferry boat tandis que j'astiquerai mon petit catamaran en plastique que je ferai flotter sur l'eau de mon évier en attendant que tu nous reviennes, tout bronzé (?) et entier (pas de naufrage ! déconne pas ! ;-)) Merci à toi, à très bientôt !
Écrit par : frasby | vendredi, 02 juillet 2010
Toutes volies dehors :)
Écrit par : Gondolfo | samedi, 03 juillet 2010
@Gondolfo : volies et vaporetto :-)
gracie ragazzo !
Écrit par : frasby | samedi, 03 juillet 2010
semaine à rebours ? la cata 1 fait "suite" à la 2 qui suivait penaude la 3
note 1 : j'adore le mot "multicoque"
note 2 : mais j'aurais préféré "polycoque"
note 3 : façon d'avoir une sorte de continuité préfixale : mono/polytheisme mono/polycoque
note 4 : il y a aussi les staphylocoques (mais pas de staphylothéisme)
Écrit par : hozan kebo | dimanche, 04 juillet 2010
@Hozan Kebo : Oui, semaine à rebours !
La cata n'étant jamais la cata qu'on croit a dit le grand Yaka.
Vous auriez préféré polycoque... Je prends en compte votre demand; en vérité, je préférerai ce concept pour des oeufs, imaginez un petit déjeûner avec des oeufs polycoques, avouez que ça fait rêver ... C'est vrai qu'avec ma tête monolinotte je n'ai pas réfléchi à la question pas plus qu'à la continuité préfixale, mais je méditerai sur le sujet quand le soleil sera couché. Il y aura donc le staphylotheisme qui restera à inventer
Le staphylotheisme doré sinon c'est pas la peine. Je compte sur vous hozan ! Un grand merci à vous pour toutes vos suggestions.
Écrit par : frasby | dimanche, 04 juillet 2010
Réponse à la question-titre : nous serions des dieux, Frasby.
(Paraît que JEA est parti passer quelques jours à "La Quiétude". Je lui ai demandé de laisser la clef sous le paillasson.)
Écrit par : Chr. Borhen | vendredi, 09 juillet 2010
@Chr. Borhen : C'est toujours un plaisir de vous retrouver ici, et là, juste aujourd'hui où je daigne revenir sur mon îlot.
Votre réponse est... (Je n'en rajouterai pas davantage ;-)
Merci de me donner des nouvelles de JEA. Je pensais justement lui envoyer un petit signe mais s'il est à la quiétude, tout va bien, je suis rassurée. Je sens que nous allons tous nous y retrouver.
Écrit par : frasby | vendredi, 09 juillet 2010
Les commentaires sont fermés.