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jeudi, 11 juin 2009

Fluidités (I)

Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues

La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive
C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive

Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

GUILLAUME APOLLINAIRE (1880 -1918)
Extr : "Zone" in Alcools. Edition Gallimard 1913.

the quai m.jpgQuand le soleil ouvre à St Georges, le fleuve déforme l'aube. Si l'on se fie aux couleurs, c'est un soir de juillet. Presque au dessus, sur la passerelle il y a des gens. Ceux qui se grisent encore de leurs victoires de boîtes de nuit. Ceux qui braillent en donnant des coups de pieds aux canettes, des slogans sans objet du genre : "on a gagné !" ou "on est les champions !". Les champions de quoi ? Ils triturent l'onomatopée sur des airs de tubes démodés : "Born to be alive", "Où sont les femmes ?"... Les voix s'éraillent. Et puis s'éloignent.

Il n'y a plus de laitiers.

Sur le quai parallèle commence la ronde. Des autos lentement passent du rouge au vert, qu'en sais je ? De loin toutes pareilles. J'entends le pas d'une femme qui marche sur des talons hauts. (Au son, on pourrait quasi les mesurer, ces talons... Au moins 5 cm). Si je lève la tête, je m'aperçois qu'elle est suivie par d'autres gens, allant du même pas. De loin très cadencés. Ils vont tous au boulot, c'est comme un défilé.

Les berges sont désertes. L'eau de vie abonde. Sur la pierre je peux lire la carte de la terre. Il est 7H00. J'attends les mouettes.

 

Hier, ailleurs : La voix de son maître.
podcast

 

Des fleuves visiter. La Saône vue en automne d'un peu plus loin :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/19/co...

Le Rhône impétueux, sous les nuages de Juin, l'année dernière :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/17/fl...

Photo: Berges de la Saône, côté rive droite quartier St Georges, au pied de la colline on l'on prie. Extrait des fluidités du monde vue de près à Lyon en Juin 2009. Frb©

Commentaires

Churchill doit dormir en paix. Lui qui avait trouvé cette formule : "une démocratie est un pays où l'on peut dormir sans avoir peur de l'heure des laitiers". Allusion aux descentes de police collabo et autre Gestapolitzei...

Vous avez bien le bonjour des mouettes, y compris les rieuses.

Écrit par : JEA | mercredi, 17 juin 2009

@JEA : Heureusement que ce billet n'est qu'un polaroïd. Une innocente aubade qui ne tient pas à s'inscrire dans la + petite histoire qui soit. Car S'il y avait encore des laitiers et une citation de Churchill en haut de ce billet, il y aurait fort à craindre... Enfin je veux dire, que même en temps de paix, il y a dans ce pays, des choses qui grandissent comme des intranquillités ...
(Sans commune mesure avec les horreurs de la gestapo bien sûr). Merci de nous citer Churchill, un peu d'Histoire ne fera jamais de mal à personne n'est ce pas ???
Et merci pour le "bonjour" de vos mouettes, cordiales, rieuses... Je les aime toutes.
Bonne journée ! sans laitier mais avec un nuage de lait !

Écrit par : frasby | mercredi, 17 juin 2009

Amusante cette idée de mesurer les talons au son qu'ils produisent. Je m'en servirai dans un texte, si cela ne vous dérange pas, bien sûr...
Comme l'espérance est vi-olente, nous disait Appolinaire !

Écrit par : gballand | mercredi, 17 juin 2009

@gballand : Mesurer les talons à l'oreille, c'est que j'ai fait des études pour ça ;-)
Pas de problème si vous voulez vous servir de l'idée , je crois que vous nous en ferez quelquechose de très bien, et comme j'aime votre façon de nous raconter les histoires, je serai assez curieuse de voir ce que vous allez nous composer avec des talons et une oreille qui ne font plus cette fois deux poids deux mesures

"L'espérance est vi-olente" ... J'adore comme Apollinaire fait chanter cette phrase

Écrit par : frasby | mercredi, 17 juin 2009

Que du bon ! Et tout comme vous je ne supporte que très difficilement le "on", surtout quand il est braillé...

Écrit par : pagenas | mercredi, 17 juin 2009

@pagenas : Alors là, oui ! le "on" braillé c'est très dur à vivre ;-) et le "on" -braillé chanté c'est épouvantable parce l'air nous reste dans la tête, longtemps après n'est ce pas ?
Merci de votre visite .

Écrit par : frasby | mercredi, 17 juin 2009

"Si l'on se fie aux couleurs, c'est un soir de juillet"
Sourire.
"Au son, on pourrait quasi les mesurer, ces talons"
Sourire.
"L'eau de vie abonde".
Sourire encore.

Alors merci...

Écrit par : liam | mercredi, 17 juin 2009

@Liam : Bon ben ça va... (sourire)
J'avais peur de plomber le lecteur avec des constats dramatiques
cf . "il n'y a plus de laitiers" !
Mais tout baigne si j'ose dire (enfin pour vous), ça fait plaisir.
Merci ! Excellente fin de journée.

Écrit par : frasby | mercredi, 17 juin 2009

La stupeur d'être encore et toujours au monde ; à côté et dans le monde. C'est une chose que la littérature d'aujourd'hui n'ose plus trop dire. C'est bien de le rappeler. Maintenant, tout se résume à une expérimentation du Langage, du Corps, du Texte mais tout ça est désincarné parce que ceux qui écrivent n'écoutent plus beaucoup les bruits de la rue avec empathie. Il n'y a plus de laitiers mais il y a les camions-poubelles, les supporters (hein, frasby), et tout cela peut donner de la littérature et une ouverture sur l'esprit.

Écrit par : mon chien aussi | jeudi, 18 juin 2009

L'écriture roule dans l'ivresse dispensées par des figures inconnues. Tout juste entrevues et déjà oubliées.

Amitiés.

Écrit par : Joseph | jeudi, 18 juin 2009

Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

ah ce vieil Apo ! pour ces deux vers (et icelui itou : "mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme") (et quelques autres) on lui espère un Paradis (inexistant mais qu'importe) où jeune Don Juan il trousse et retrousse acortes soubrettes et tantes point trop blètes
note : dans ma "resserre" depuis peu 8 bocaux neufs de griottes & merises à cette "eau de vie" qu'Apo évoque !

Écrit par : hozan kebo | jeudi, 18 juin 2009

@Mon chien aussi : Vous lisez dans mes pensées ou quoi ? ;-)
Je retrouve tellement de choses qui me sont chères dans votre commentaire que ça en est presque effrayant (non, je plaisante, c'est troublant dans le meilleur des sens, bien sûr !)
"Stupeur d'être encore et toujours au monde"
"A côté et dans le monde" (j'adore relire à clavier haut)

Ce que vous écrivez sur le son me tient particulièrement à coeur, vous le saviez, n'est ce pas ? "L'écoute des bruits de la rue avec empathie" oui c'est très difficile de redonner au son cette valeur "perdue", tout ça me fait penser à un compositeur de musique acousmatique (un maître que je place très haut ), Maître feu Luc Ferrari qui écrivit une pièce pour bande et piano dont le titre était (et le voilà en résonance avec votre commentaire sur le son:
"A la recherche du rythme perdu" ...
ça devrait vous parler.

Pour les expérimentations, du Langage, du Corps, du Texte, il y en a parfois de superbes mais si rares... Dans le fatras.

Merci à vous mon chien aussi...(Quel pseudo magnifique!)

Écrit par : frasby | jeudi, 18 juin 2009

@Hozan Kebo : "Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme" c'est très très beau aussi. Il y a dans ces lignes, un monde : tout le bien ,tout le mal ... Les Dieux, le diable, des anges déchus= (donc trousseurs de soubrettes et de tantes point trop blètes,
Il y a le feu et la noyade), Il y a Lou et Clothilde corps de chasse.

Eh quoi Apo évoque votre resserre ??? griottes , merises à
l' eau de vie. hummmmmmmm, ne le dites pas trop souvent c'est à se damner. A se rouler par terre .

Écrit par : frasby | jeudi, 18 juin 2009

il manque une garonne… ;-)

Écrit par : ficelle | jeudi, 18 juin 2009

Les talons hauts sur le pavé, j'adorerais être cette femme.
Hélas !
billet très féminin : fluidité, "Yin" pour les Chinois, élément féminin comme le lait.

Écrit par : Rosa | dimanche, 21 juin 2009

@Rosa : Je suis sûre que vous pourriez être cette femme.

Et puis une femme sans talon haut est tout aussi une femme qu'une femme à talons vous savez
Une femme féminine sans talons c'est même une supra femme ;-)

Billet très féminin ça me fait plaisir parce que je ne l'ai pas fait exprès. Le yin oui,
Mais le yin tout seul ce n'est rien ,je crois
Rien sans le yang
(qu'on m'amène un yang !!! de suite!)
Et des chaussures à talons pour Rosa ;-)
Merci de votre visite. a bientôt .

Écrit par : frasby | dimanche, 21 juin 2009

@ficelle : Il ne tient qu'à vous ...
Un litre de Garonne à verser doucement dans la Saône
Hummm me plaîrait ce cocktail improbable.

Écrit par : frasby | dimanche, 21 juin 2009

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