lundi, 08 novembre 2010
Reflection
Je pense que si je retombais
Sur terre, je m’effriterais ;
C’est si triste et beau
C’est le tremblement d’un rêve.
DYLAN THOMAS (1914-1953) extrait du recueil : "Ce monde est mon partage et celui du démon", éditions Points. Ecouter le poète ICI
A la fin tu sors épuisé de ces mondes mais quelque chose encore resplendit que tu ne sais pas. On dit que les autres voient cela quand ils te croisent. Ils ne voient qu'en deça. Tu as si longtemps fait figure d'exemple. Lassé de vivre parmi leurs compliments qui t'attachaient encore, tu as usé ton esprit à écouter, des heures entières, toutes leurs conversations, tu as fait semblant d'y participer, tu as tourné des pages de magazines de sport, de mode, ou d'actualité. Tu resservais dans les dîners, toutes les phrases que tu y lisais, "les apéritifs dinatoires" qu'ils disaient ! et puis, tu t'es lassé, tu as pris des trains, tu t'es perdu dans des villes sans jamais sortir du pays. Tu as croisé des foules enragées, des esclaves dans des défilés, ou dans des bars, tu as laissé des personnages t'arroser d'alcool fort, te renvoyer une sale image. Tu t'es fondu aux steppes, aux lacs tout bleus, tout gris, pris entre l'horreur de tes pensées et la profondeur adorable d'autres nuits. Pendant que les Dieux impuissants de tes anciennes vies essayaient de te consoler, tu as désaxé ta pensée jusqu'à t'empaler aux limites, tout raisonnable que tu étais. Tu as raccordé ton corps à ton âme. Tu as chinoisé sur quelques détails. La jalousie te revenait. Engrangeant des rixes et des drames, les beaux corps te rendaient malade. Tu as dû voyager partout, peut-être, assis sur une banquette de deuxième classe côté fenêtres, dans le dernier wagon fumeur qui existait sur terre. Tu as fumé cigarette sur cigarette, tu as rempli le cendrier, tu as traversé un domaine ni familier ni étranger, tu t'es retrouvé longtemps l'esprit entre deux paysages, des kilomètres interminables sur un viaduc qui s'effondrait, tu t'es penché par la fenêtre, la dernière fenêtre qui s'ouvrait, de ce train qui irait à la casse, après toi, après ton ultime traversée, c'était écrit d'avance, du moins à cet instant, il te fût bon de l'ignorer, ou bon d'ignorer que ce mal te serait ensuite profitable. Tu as pris la mesure des battements de ton coeur en te penchant sur les ruines du viaduc qui tremblait pendant que le train prenait de la vitesse, tu as pleuré comme un enfant submergé par l'angoisse dans une chambre sans lumière, tu as eu peur à cet instant que le viaduc ne puisse pas supporter le poids du train, ton propre poids, coupable de ce déséquilibre, tu as eu peur de regarder ta mort en face tu l'as vue et tu l'as ressentie dans ton corps pendant que ta vie entière défilait, te revenaient les images imbéciles de vacances à Romorantin, le souvenir du corsage à pois blancs d'une cousine que tu détestais. Pendant ce temps le train aura passé l'obstacle, le viaduc derrière toi sera loin, en l'oubliant il deviendra comme réparé, tu oublieras avec le temps, tu te retrouveras dans la neige, un paysage immaculé, recouvrant ta mémoire ancienne, tu rencontreras celle qui mène ta vie au degré le plus pur d'immaturité. Une source de rayonnement stellaire, un peu de sucre cristallisé semé en une infinités de manières, le grain fin de cet allègement te donnera un air souverain. Plus tard, tout seul, avec ta pelle, ton rateau, tes outils d'enfant, tu tenteras dans le sable aussi fin que la neige de construire un vrai château avec des oubliettes pour deux. Tu te dis que tous deux réfugiés dans un coin, il ne pourra rien t'arriver, elle ne saurait aisément t'échapper, tu auras jour et nuit l'oeil sur elle, et sans même savoir si elle consent à te suivre, tu iras la chercher, tu forceras sa porte, et l'emmèneras très loin. Loin de ses amis, loin de tes chaînes. Tu feras le vide autour d'elle. Tu seras épuisé peut être, mais c'est cela qui resplendit, comme si le déplacement de ces vies t'amenait à un certain flou, toi, unique au milieu de tes constructions, tu contempleras une figure, au contour estompé, marquée par un regard immense uni à ta propre terreur, aux créatures que tu inventes pour les glisser en elle, rêvées incessamment crayonnées dans la peine, comme si la netteté de toutes les expériences, la même expérience à chaque fois, devait se découper en milliers de petits lambeaux tous identiques, recousus à la perfection. Et ce don se reflète en toi, te dédouble ou te multiplie, tandis que l'autre, elle disparaît, couchée sur ta peau de chagrin. Elle ne pourra jamais retourner d'où elle vient. Tu veilles au grain. C'est bien la seule histoire possible. Une création fabriquée pour en rêver la vie entière qui exige en retour un très grand sacrifice humain afin d'apaiser la terreur de ce jour où tu te vis mort, englouti sous les pierres d'un viaduc, repoussé au dehors, glissant dans l'espace glissant éternellement, ton esprit dans l'espace et ton corps qu'on ramasse à la petite cuillère entre des rails, ton apaisement, tu lui donnes un autre nom, c'est l'amour, comme si tous ces souvenirs que tu couvres de fanfreluches avaient trop longtemps affamé cette histoire, plus floue dans le monde alentour, tu regardes tout cela comme un phénomène étranger à toi, un principe d'irréalité, ta vie entière est noyée d'encre, cette vague qui toujours te revient, désintègre ta réflexion ; à mesure que tu réalises et mets à jour tes songes, tu vois grossir la peau de chagrin et tu ne peux plus arrêter cela, malgré ta volonté, ce cauchemar inversé qui condense ton amour en ce point minuscule, résumé, ou perdu au milieu d'un tapis, le dessin de plus en plus volumineux refermera l'espace, il suivra vaguement le trajet d'une ligne disparue, les arcs tendres, délabrés, d'un viaduc accroché au flanc de la montagne, mais tu as beau chercher, faire marche arrière, cela ne te rappelle rien de précis, rien que tu aies jamais connu.
Photo : Jeux de pluie entre deux mondes tout comme figés, le ciel à terre se transforme en peinture de fleuve ou d'autre chose. photographiés après l'ondée, dans une ruelle sinistre pas loin du centre commercial de la Part-Dieu à Lyon, début Novembre.© Frb 2010.
03:53 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Tu fais de sacrés retour en arrière.... Ce que je ne ferai jamais de peur de me perdre en cour de route....
Belle journée.
Écrit par : patriarch | jeudi, 18 novembre 2010
@Patriarch : Ah oui, ça rétropédale grave ... :) Heureusement ce ne sont pas les miens, je veux dire, les retours en arrière, sinon je serai complètement perdue, effectivement, vous avez raison de le noter, il faut faire attention, c'est mauvais les retours en arrière, (quand ça s'y met :)
Merci de votre visite, je vous souhaite également une très belle journée.
Écrit par : Frasby | jeudi, 18 novembre 2010
Texte beau et épuisant dans le souffle qu'il impose (mais il faut aussi chercher l'épuisement. On y trouve une forme de bien-être).
En lisant le titre, j'ai aussi pensé à une musique de John Surman. Peut-être connaissez-vous "upon reflection"...
Écrit par : nauher | jeudi, 18 novembre 2010
@nauher : Votre commentaire me touche beaucoup, vous abordez un point précis, qui est juste pile "cela" disons pour l'intention, le thème, celui de l'épuisement est central, c'est vrai, enfin, une tentative de transcrire (essayer) l'effet en écrivant d'une façon telle qu'il puisse se ressentir au delà de ce qui est dit, dans la vie, c'est très différent, je n'en ferai pas l'éloge sans nuance, (vous non plus j'imagine :), vous avez raison de noter que l'épuisement n'est pas toujours asséchant. Dans un tout autre style et sans me comparer (je n'oserai pas, tout de même !:) je revisionnais tout à l'heure des extr de "L'année dernière à Marienbad" l'effet hypnotique épuisant, met dans un état quasi bienheureux idem pour la musique, et sons ou art contemporain, je pense à "Einstein on the Beach" de Phil Glass (entre autres !) le "Walk a dog" de Laurie anderson (si redoutablement épuisant:), les comptages d'Opalka etc... John Surman est une belle source, merci de la citer, je ne connais pas "Upon reflection" pas en entier, je vais explorer ça, je connais mal Surman, de cet album je ne connais que l'époustouflant "filigree" mais je suis effectivement partie de la musique pour titrer, de 2 "reflections" toutes deux "pesantes" celle grise, austère qui ouvre l'album (gris) "Seventeen seconds" des Cure et de l'irrespirable "Reflection" de Massive Attack: http://www.deezer.com/listen-3157679
Merci à vous nauher, votre visite m'a fait plaisir. Bonne soirée à vous.
Écrit par : Frasby | jeudi, 18 novembre 2010
"Seventeen seconds" : le meilleur album des Cure (avec "Wish". A écouter : "from the edge of a deep green sea")... Good choice.
Écrit par : nauher | jeudi, 18 novembre 2010
@nauher : Oui, je crois bien que cet album est leur meilleur, il est sublime de bout en bout, je partage :) avec "Wish" l'album mal aimé (ou l'oublié,) très bel album, aussi. Je vous avoue un petit même gros faible pour l'album très contesté "pornography"
Et vous savez quoi ? Non bien sûr (sourires) je vais vous le dire dans le plus grand secret (bien sûr :O!)
"From the edge of a deep green sea" me sidère à chaque fois que je l'écoute, un joyau absolu à mon sens, un des plus bel opus du groupe good choice ! c'est peu dire !
merci infiniment nauher ! et là vous me faites un de ces plaisirs... On va pas garder ça pour nous, n'est ce pas ?
je colle ici le lien au cas où ...
http://www.deezer.com/listen-1123009
Écrit par : Frasby | jeudi, 18 novembre 2010
C'est sans doute parce que j'aurais trop à dire sur ce texte que je ne trouve pas le premier mot pour le faire. Mon silence vaudra pour son contraire.
Je ne connaissais pas John Surman cité par Nauher, je viens d'en écouter quelques morceaux avec plaisir, qui ne sont pas sans rappeler parfois Terry Riley ou Philip Glass.
Remis aussi en oreille le Cure et le Massiv Attack, autres gens de bonne compagnie.
Encore une fois vous me surprenez. Votre inspiration n'a donc pas de limite, Frasby ?! :)
Écrit par : Jean | jeudi, 18 novembre 2010
@Jean : Si vous avez envie d'écrire des choses ici sur ce texte ou tout autre sujet ne vous gênez pas, Jean, j'aime vous lire, (enfin, bon vous savez bien ... :)
John Surman je ne connaissais qu'une chose de lui, j'ai exploré un peu, c'est vermeilleux et j'ai aussi pensé à Riley, merci à Nauher !
D'ailleurs j'ai failli vous commenter à propos de votre avant dernier billet très beau, je vous le dis ici, mais il y a un truc je suis pas d'accord mais peut être n'ai je pas tout compris (?) (les cerbères étaient là, ) quand j'ai lu qu'il faudrait interdire à la radio les voyages en bateaux, j'ai eu envie de vous faire changer d'avis (Oh Jean, à la radio ! il faut rien interdire ! interdire les programmateurs pas les sujets- enfin je crois que je n'ai pas tout saisi et aussi je n'écoute pas trop la radio en ce moment, mais j'espère que vous découvrirez (pour vous faire changer d'avis) "Brise-glace" de Luc Ferrari (très regretté Luc Ferrari) une pièce pour la radio, ("brise glace je vous dis" :)) + "Et si toute entière maintenant" je pari une boeti à limace et un quapet de nobux (en nobus) que vous allez fondre (j'vous z'y dit carrément !) à l'écoute de ce genre de chose, mais peut être que vous connaissez déjà, ça c'est pour la musique (voici les références au kazou) et je maintiens le cap, mon capitaine :)) je suis pour les voyages en bateau radiophoniques ! et les granas dans le carilo, les crimso dans les veilos etc...
http://www.discogs.com/Luc-Ferrari-David-Jisse-Brise-Glace-Et-Si-Toute-Entière-Maintenant-Jamais-Plus-Pareille/release/266615
Vous aimez aussi les Ruce ? chouette alors ! et Massive attack, c'est bien chouette.
Pour la dernière question, si, si mon inspiration a des limites et des milites c'est le désespoir de ma vie (gai désespoir mais
quand même, quelle misère ! ... Moi je dis : (JE Je je)
qu'on n'est bien peu de choses vous savez :))
A propos de JE Je je
J'ai lu ! c'est un pur régal ! vous me surprenez aussi, vazez souv ? vous el vasez beni rûs .
Et je voulais vous demander :(cette tesqoin souv rida comme ej susi (Q) militée. "Il est comment le mari de la boulangère? " Cremi Naje de torve tisive, j'espère qu'un jour avec des poings rageurs j'abatterai vos cerbères, un pas pour faire reculer les limites (un tout petit pas pour l'homme mais un grand pas pour moi :). Je vous souhaite une belle roisée.
Écrit par : Frasby | jeudi, 18 novembre 2010
votre texte est superbe et touchant vous dites lors de votre dernière visite que vous regrettez d'être loin ..mais je vous sens si proche Frasby....
Écrit par : catherine L | vendredi, 19 novembre 2010
@Catherine L : Merci, je suis très touchée par vos compliments.
Je regrette d'être loin car je ne peux me rendre si aisément dans les belles roisées qui défendent les belles causes. Ni rencontrer certaines personnes. Sinon, nous ne sommes pas loin, la distance n'est pas si distante, comme l'écrivait Marc (il l'écrit toujours !) "de si loin, de si près"... :)
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
Phil Glass (North Star) et Terry Riley. Au dos de la pochette "In C" de Riley, Paul Williams, éditeur de la revue Crawdaddy, écrivait : Cette musique est facile d'accès parce qu'elle remonte aux origines, en partant du son, puis des sons combinés, elle aborde le mouvement des combinaisons ; viennent ensuite la texture du son, l'esthétique du mouvement, l'art des supports et ainsi de suite.
Inutile de dire que je n'entend(ai)s rien de tout cela, j'écoutais et me laissais porter. L'imparfait parce que toute découverte d'une musique est liée à des époques précises de (notre) vie :)
Votre texte, Frasby, est d'un grand souffle, ce qu'en dit Nauher ; et l'incipit "A la fin tu sors épuisé de ces mondes mais quelque chose encore resplendit que tu ne sais pas" dit la boucle. A lire et relire comme les musiques de Glass, Riley et sans doute Surman (que je ne connais pas).
J'essaierai d'y revenir. Pas sûr qu'il soit possible d'en dire quelque chose, peur d'en défaire l'agencement et dire plus mal ce qui ici est mis en musique. Et qu'on entend, que j'entends...
Écrit par : Michèle | vendredi, 19 novembre 2010
Superbe. Je ne ressens pas d'épuisement mais plutôt une cavalcade enfiévrée vers un chateau de sable.
Écrit par : Gondolfo | vendredi, 19 novembre 2010
@gondolfo : Merci de votre visite votre appréciation n'est pas un contresens :) il y a contre l'épuisement qui est très (trop présent sans doute) une tentative de ne pas le laisser tout emporter, ce serait comme une conjuration (si j'ose cerner un peu ce sujet qui m'échappe mais bon..) cavalcade enfiévrée oui, contre l'assiégement, avec beaucoup de sable, et aussi un château :)
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
@Michèle :Il est bien votre chroniqueur, et surtout me choute votre chronique à vous , à chaque fois je m'étonne, et j'apprends et vraiment c'est une joie (sentiment assez rare) pour moi de lire qu'un texte peut être "entendu", du moins cela nous relie il est bizarre ce verbe, elle est enigmatique et sonne comme une blague, c'est absurde, ou comme une revêrie aussi floue que précise cette formule : "entendre nous relie" :) n'est ce pas ? :) "se laisser porter", la musique est -elle autre chose ? La structure tout ce qu'on peut en dire, interessera sans doute les musicologues mais l'interêt envers la structure est presque ininteressante pour le compositeur, une fois l'oeuvre achevée, ou pour celui qui entre dans l'écoute, et se laisse porter par cette evidence/ les correspondances sont toutes subjectives sans doute, la musique part d'un précepte idiot elle fonctionne ou ne fonctionne pas, il y a quelque chose qui échappe et on se reconnait (bizarrement)là dedans y compris quand la boucle se dénature, elle nous désintègre un peu aussi ou nous fait sonner faux, (puisque nous sommes obligés de sonner faux parfois, par excès d'adaptation hélas !) c'est quelque chose de mystérieux tout cela mais ça procède aussi de l'accident ... Boucler des sons, quelle différence avec l'écriture ? Dites le moi :)
Enfin, je m'accorde (ô combien) à votre histoire de souffle, nous sommes très limités, 2 poumons (c'est très peu:)) peut être même cette limitation ne se résume qu' à nos boucles (serponnelles) on essaie de "dire" mais bon à chaque fois les tentatives du langage sont toujours un peu insuffisantes ou à côté, alors c'est magnifique d'écouter Phil Glass, Terry Riley ou Steve Reich, Surman etc.. Et de se dire qu'ils ont réussi eux, à laisser "respirer" ou suffoquer, mais librement, laisser au souffle sa vie propre, jusqu'à nous "déplacer", on s'y retrouve mais déplacés, peut être (au sens noble comme dirait Solko :) Je pensais en écriture que très rares sont parvenus à cela, cette musique écrite où les mots, où cette valeur musicale est omniprésente l'écrit agissant comme un charme un peu fou, on s'y plonge sans pouvoir rien en dire, c'est aussi pour cette raison que je suis toujours dans l'émerveillement (ubsola), quand je lis Modiano. une valse un souffle continu, composée avec l'accident, mine de rien, cette répétition obsédante, nous musicalise peu à peu, ça rejoindrait Glass ou Reich, ou Riley (dans une décapotable (:O!) on s'y noierait, cheveux au vent :)) Ce qui est étonnant avec vos commentaires, c'est l'éclairage qu'ils apportent ici, qui nous apprennent des choses sur nos propres textes. C'est une énigme pour moi de dire quelque chose d'un texte que j'écris, enfin bon ce serait comme vouloir exposer les poumons de quelqu'un qui respire (sourires), en parlant de souffle, et pour oublier cette réponse bien trop bavarde, je vous offre le goûter ou l'apéritif.
http://www.deezer.com/listen-2139874
Merci, Chimèle pour le temps que vous prenez à venir commenter ici, ti si very choutant fro em
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
Voilà, j'ai découvert Ferrari sur dix-heures, pas Et si toute entière mais d'autres titres aux univers sonores dont je suis friand, merci :)
Pour les voyages en bateau, je ne suis pas pour les interdire à la radio s'ils sont poétiques, bien sûr !
J'évoquais, sans doute maladroitement, par ces voyages-là, tous ces mensonges dont nous gavent combien d'individus à belles paroles jamais traduites en actes et qui s'occupent de nous pour notre bien, n'hésitent-ils pas à clamer haut et fort.
Ces voyages-là qui nous emmènent en bateau vers des destinations que nous n'avons pas choisies dont ils se désignent les organisateurs.
La poésie - si jamais c'est bien elle à laquelle je m'essaie - me pose sans cesse des problèmes - tant mieux - dans le dire des choses.
Ne prisant guère de tout étaler qui soit trop évident je tente autrement de dire mon fait. Il me semblait que le lien entre les voyages en bateau et les mensonges ordinaires de nos (ir)responsables élus - je n'ai pas dit tous - pouvait être compris.
Comme on pouvait comprendre aussi facilement l'inversion port des MOTS/usage des ARMES...
J'aime bien quand vous me titiller sur des trucs comme ça, ça m'oblige à tout reconsidérer :)
Écrit par : Jean | vendredi, 19 novembre 2010
@Jean : Bon sang mais c'est bien sûr ! mener en bateau, suis je bête ! heureusement que vous éclairez ma pauvre lanterne ! je suis d'accord avec vous, bien sûr ! et puis la radio est très censurée (mine de rien c'est pas dit comme ça mais si vous saviez ... Enfin bon vu de l'intérieur je vais pas balancer, ça ne sert à rien, c'est trop tard) mais la radio, je l'avais rêvé en 9em ou 10 em art , à un moment c'était possible, et l'opportunité a été loupée complètement loupée, pas loupée mais bouchée par euh.. les bouchers ? non, les roganiastures ou la roganiastion des madiés (rires) c'est pas drôle du tout, les tentatives de faire de la radio un art à part entière ont été empêchées et la radio est devenue un bruit de fond pour se laver les dents ou emmener en bateau l'auditeur, les gens qui s'essaient à l'art radiophonique aujourd'hui restent isolés, ils font ça dans des coins, de très belles choses mais limite marginalisées, je ne vois pas une seule radio qui puisse être écoutable du matin au soir, une radio qui diffuse des sons d'orfèvres accorde à la voix quelque chose de plus, radiophonique, non, ça cause, ça vend les disques les livres, ça chante pour castorama (à casto y'a tout ce qu'i faut !) parfois on s'arrête on écoute un peu, mais il aurait fallu casser les formes de la radio et repartir à zéro réinventer la forme même, on a essayé mais le reaulou promcessure nous a barré le minche enfin comme les peintres ont cassé les formes, poursuivre l'oeuvre de Pierre schaeffer, yann Paranthoën, et autres pionniers du son qui venaient de la radio, de tous ces gens qui avaient une réflexion artistique, pouétique sur la radio (art radiophonique) comme Luc Ferrari et sa muse en circuit, je vous conseille s'il n'est pas épuisé "les propos d'un tailleur de sons" de Yann Paranthoën, vent dans les voiles de bateaux beaux comme des caravelles
alors quand je lis des trucs sur la radio, je suis désolée, Jean, je manque de recul, mais ce n'était pas contre vous, il est possible qu'en vous lisant j'étais dans un premier degré aveugle et aussi c'était le matin, et le matin je ne comprends rien, ej n'ia sap ed verceau, même un ouvrage de"Oui-oui" est trop savant pour moi. A nougex j' olimpre votre drapon prou n'ovira sap pomcris la nif ed trove abeu bellit mais ej viso que nuso onvas sed créoles asimiriles, au moins votre emis ua tipon arua céré nue utrae morfe de pratrochempen, (il me semble :) et ej m'ne isroujé. Je vous aurais volontiers envoyé "Le brise glace" (iva mial vripé) mais je n'ai qu'une epico 7K sap de benno liqueta, il y aussi "Héterozygote" dans un autre style, nous avons perdu beaucoup en perdant Luc Ferrari... En plus d'être un compositeur il avait le don de transmettre son amour des sons avec beaucoup d'intelligence et de simplicité (au sens noble :) Pour l'opisée je comprend tout à fait l'aspect qui pose des problèmes, moi aussi l'opisé me pose un sogr problème inutile d'en rajouter vous le décrivez exactement tel je l'éprouve aussi, donc au final si vous me pardonnez ma lecture sar les rapequettes ed ec tamin, je crois que nous ne serons pas loni de l'hanirome des sèphres :) titonllis soun ! vausons l'opéte et l'opisée (je fasi mein le love à l'agétale de trove rousire :) véroltez souv, Naje !!! :))
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
ton corps qu'on ramasse à la petite cuillère entre des rails,
aie aie aie ! fuckin job pour les ramasseurs !
zont pas le droit à - a minima - une louche ?
une louche je dis bien , pas une fourche !
se faire ramasser ses "restes" à la fourche aurait quelquechose de déplaisant
à la louche ça va
(mais on pourrait imaginer un "ramassage" nippo-zen aux baguettes )
pour le coup les "ramasseurs" ne sont plus en CDD mais en CDI : ça demanderait du "temps complet" de ramassage
Écrit par : hozan kebo | vendredi, 19 novembre 2010
@Hozan kebo : Le corps qu'on ramasse à la fourche c'est près de la grosne ça ! en ville on est plus fourbes que fourche, la petite cuillère fait bien prendre conscience aux ramasseurs de leurs malheurs et de ce qui les attend s'ils se berellent.La louche c'est encore trop bon , ils pourraient y trouver du plaisir et il ne faut surtout pas que le plaisir se mêle à ces choses là, on n'est pas des sauvages tout de même, si ? Pour le ramassage aux baguettes, moi je serais de vous je proposerais cette vermeilleuse idée au gouvernement, voire au ministre machin, vous savez le grand blond (non pas pinevill, l'autre !), vous faites un projet bien propre sur papier libre et vous leur envoyez, mais faites vite ! ça urge ! je vous promets le ramassage à la baguette pourrait nous sortir bigrement de ce grouffe, nous gagnerions du temps et le pliasir serait plus ffariné pour les ramassés, CDI , des ramasseurs enfin motivés, des ramassés reconsidérés à leur juste valeur, tout ça pour dire que votre idée c'est de la bombe... :) Je me demande si Hozan Kebo ne sera pas le prochain sauveur de la France (:O !), et quand je dis ça je suis très sérieuse, je sens que vos réformes vont changer le paysage social , bigrement, un vent nouveau par l'affinage des outils, notre avenir (enfin celui des "ramassés), c'est vous Hozan pas un autre, je le sens, (et croyez moi, je me trompe rarement ! :))
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
Le matin, je suis comme vous. Beaucoup de mal à me réveiller. C'est ce moment que j'évoque dans le texte que vous savez, ce moment où il si difficile de reprendre contact avec ce réel de misère dont on nous rebat les oreilles aux infos de la radio. Grand moment de violence ordinaire, non pas seulement violence de ce qu'on y relate - elle existe, j'en suis le premier abattu - mais violence aussi dans les formes qu'on y met dont la légèreté feinte ou la gravité manipulatrice ajoute à la désespérance de trouver quelque endroit où l'on puisse entendre sans défiance la relation "désintéressée" des événements du monde non transformée par tels ou tels autres intérêts dont nous sommes invariablement au bout du compte les victimes.
:)
Écrit par : Jean | vendredi, 19 novembre 2010
@Jean : Ce n'est pas tant le mal à se réveiller mais plutôt le besoin de traverser ce passage entre nuit et jour je dirai, que ce moment là ne devrait être (à mon sens) que vacuité , j'accepte tout à fait cet état un peu brumeux, le matin devrait être réservé (même dans les écoles dès le plus jeune âge) à la rêvasserie (toujours à mon sens) et ce qu'il se passe le matin c'est tout le contraire, dès le plus jeune âge, on nous jette dans l'obligation d'hyper activité c'est terrible, comme s'il fallait être "frais et dispos", rien que les parfums dans le métro au matin racontent cette hyper activité regrettable (fraicheur citron, hyper tonique ! brut d'homme et brutes de sentorette pour femme, bifidus actif, actimel et j'en passe, alors que le matin c'est une naissance (sans faire de psychologie à deux balles) et les médias sont dans ce moule là, (le moule était il là avant les médias, c'est pas sûr) finalement le champ lexical est limité tout est carré, et l'information est carrée et le plus obscène c'est les radios qui font intervenir les auditeurs sous prétexte que la parole est à tout le monde, je ne sais pas si vous avez déjà écouté TRL (en charmillon:) le matin, c'est juste révoltant, dans un 1er temps et ça attaque pernicieusement les nerfs, pas étonnant que la dépression soit la maladie de ce siècle, quant au fond et la forme, c'est tout à fait comme vous le dites d'une violence absolue en tout, c'est vraiment obscène cette façon d'abattre les sujets sans aucune considération pour le sens, les drames s'enchainent dans les modules. Est ce que le média est le message comme disait ce bon vieux Mc Luhan Le matin on devrait lire Flaubert. Et puis il y a notre voyeurisme, on nous caresse dans le sens du poil en rabaissant tout de plus en plus bas, cette assimilation de l'auditeur dans cette grande gamelle (poubelle) médiatique, je pense à cette rubrique dont le titre est lui même dramatique : "tous consommateurs", on n'échappe plus alors ? on est mêlé à ça ? A vrai dire je suis assez touchée par votre dernière phrase ... (Et ça vous fait sourire ! eh ben , Naje ! c'est du propre ! :))
http://www.deezer.com/listen-5703818
Écrit par : Frasby | vendredi, 19 novembre 2010
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