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lundi, 26 mars 2012

Grand Magasin

Parmi nos articles de quincaillerie paresseuse, nous recommandons le robinet qui s'arrête de couler quand on ne l'écoute pas.

MARCEL DUCHAMP : Rrose Sélavy  in "Poils et coups de pieds en tous genres"  publié par GLM dans la collection "Biens Nouveaux" en 1939.

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Il y a 2 personnes devant moi, j’attends mon tour. Sur les écrans partout disposés en hauteur, on peut visionner la météo, les horoscopes, une recette, image par image des escalopes de veau au dessus de nos têtes, un panneau clignote sans jamais s'arrêter : "Le veau c'est beau !" et plus loin, "50% sur les pantoufles pour 1 achat de 5 bougies parfumées", derrière moi, une dame élégante s’impatiente, posant sa question sans attendre le tour de l'autre dame qui s'apprête à payer  "Excusez moi, c’est juste pour un petit renseignement... Elle enchaîne aussitôt - la crème de jour, vous ne l’avez pas en "Sable ?" - "C’était quel numéro, Madame, vous vous souvenez ? Parce qu'ils ont tout changé dans cette gamme là". La dame hausse les épaules, "quel numéro ? Aucune idée !". La caissière balaye du regard la totalité du City marché. Elle lève le bras c’est pour quelqu'un là bas, elle se met à crier : "Sonia, Sonia !  tu peux venir cinq minutes ?". Sonia arrive, à très grandes enjambées, sur son gilet vert pomme molletonné, un carré épinglé "City marché, le sourire en plus", en dessous de la poche, un rectangle en carton plastifié découpé au cutter avec écrit, au marqueur rouge en gros "Sonia". Sonia est jeune, 20 ans, à peine, c’est elle qui s’occupe du "Rayon Beauté", Nicole pourrait être sa mère. Mais pour l’heure sous mes yeux c’est la profession qui s’affiche : deux bouts de cartons recouverts de plastique épinglés soigneusement sur deux gilets sans manche où dans le dos il y a encore écrit "City marché, le sourire en plus". Gilet "Nicole". Gilet "Sonia". "La crème de jour, Sonia ! la nouvelle gamme en "sable tu sais le numéro, c'est quoi maintenant ? le 5 , le 3 ?  Je sais qu'ils ont pas changé le 6 mais le 6 c'est "Beige rosé" ?". Sonia fouille dans les rayons, Nicole demande : "Vous avez gardé l’ancien pot madame ?" -"Ben oui, euh ! j'sais pas ! je crois, mais c'est pas sûr...". Nicole poursuit : "Dans ce cas, faudrait nous ramener l'ancien pot madame ! parce qu'ils ont tout changé et je voudrais pas vous vendre "Porcelaine" pour du "Sable", quoique ça ressemble assez et si ça se trouve ils ont aussi changé les noms et "Sable" ça serait peut être  maintenant remplacé par "Porcelaine"..." Silence. Les deux femmes comparent les deux coloris, se regardent longtemps, hésitation puis silence à nouveau. Sonia revient, rajoute un "si ça se trouve...". la cliente remue la tête affirmativement, plusieurs fois très longtemps, comme s'il s'agissait d'une chose très grave.

Nicole ne répond pas, examine de plus près les deux coloris : "regardez voir sur la peau..." Sonia étarpe la crème teintée sur l'avant-bras de la cliente; au dessus du poignet, la cliente lève le bras du côté des néons elle dit, "c’est difficile à savoir, hein !". Deux grandes traces épaisses beiges tachent l'avant bras de la cliente, la peau est fine sans veines apparentes ni plis, le bras est lisse, très blanc. La dame hésite encore, l'autre dame devant moi perd patience, derrière nous, la file est devenue très longue, la cliente paraît très gênée, elle s'adresse à la dame qui était devant puis à moi, "je vous fais attendre, excusez moi ! je croyais que ça irait vite" je dis - "je vous en prie, c'est pas grave, prenez votre temps !". La dame devant me jette un regard noir. (Ben quoi ? Qu’est ce que j’ai dit ?"). Sonia semble réfléchir. Nicole propose : "Tu devrais regarder dans le classeur". Sonia, nous sourit d'un sourire réellement désolé et gentil, pour nous aider  un peu à patienter. Ce sourire est vraiment désarmant. La dame devant soupire bruyamment. Nicole dit "Dans le classeur c'est sûr qu'on trouvera ! y’a tous les nouveaux numéros qui correspondent avec les anciennes couleurs" - "Ah ben ouais ! répond Sonia, J'avais pas pensé au  classeur, t’as raison ! je vais chercher ça !" Nicole la retient  "Non, mais euh... Tu peux plus y aller, ça a changé, c'est Madame Chamot, pour les clefs, il faut appeler Madame Chamot, c’est elle qui a les clefs du bureau, attends, bouge pas ! je vais essayer de l'appeler d'ici". Nicole se rapproche d'un micro fixé par un gros ressort sur le coin de la caisse. Dans tous le magasin on entend la voix de Nicole qui se diffuse dans les hauts parleurs,"on demande Madame Chamot à l’espace beauté, madame Chamot !".

Quelques secondes après, Madame Chamot, arrive. La cinquantaine bien tassée, 1,43M environ, perchée sur des moonboots prunes à talons compensés, je me dis que sans ses bottes elle doit mesurer dans les 1m33 environ, il semble qu'à chacun de ses mouvements, c’est le magasin tout entier qui peut se renverser, on dirait que c'est elle, Madame Chamot qui porte le City-marché sur ses épaules. Elle parait être de ces créatures méticuleuses, parfaitement organisées, de celles qui mènent leur monde à la baguette. Rien ne dépasse. Tout est carré. Son chemisier à collerette impeccable boutonné jusqu’en haut pince même les rides en bas du cou, des maxilaires carrées, des lèvres pulpées de rouge pourpre nacré qui déborde légèrement au dessus de la lèvre supérieure plus fine pincée, un petit nez rose juste à peine aplati au bout, des pommettes presque absentes relevées d’un fond de teint crèmeux qui donne un air hâlé, Madame Chamot porte des lunettes en écaille cerclées bleues signées de l'autre fou, une jupe droite en velours côtelé fendu sur un côté, mais pas trop, entre les moon boots et la jupe, deux bosses plutôt rugueuses, roses, aplaties comme son nez. Je croise le regard piquant de Madame Chamot qui surprend en flagrant délit mon regard perdu sur ses genoux, je devine un courant d'animosité, une légère pointe de crainte, elle tire vif, sur le pan de sa jupe d'un coup sec machinalement, tout va si vite. Madame Chamot s’énerve : -" Mais enfin Nicole ! ça fait une semaine qu'on a reçu les nouvelles références ! il faut les avoir en tête les numéros. "Sable" c’est le 5, "Porcelaine" le 2, "Biche" c’est "Beige le N° 6 "beige tendre" maintenant le n°1 c'est le zéro qui est l'équivalent au "Beige foncé" de la gamme "Elusane" "Sable" "5" "Chamois" c'est "Biche", "Beige N°6 " "N°1 c'était le zéro chez Bergamole" et il n'existe plus, vu qu'ils ont supprimé le 4 qui était "Chevreuil n°7" chez Bergamole comme Elusane a fusionné avec Bergamole il ont revu les coloris et le 8 n'existe plus mais c'est devenu le "Sable", et même que le n° 8 de chez Elusane, pour le coup ça change pas grand chose,  vous demanderez à Madame Moulu de vous expliquer, c’est elle qui s’occupe de la marque, maintenant."

Nicole. Sonia. Madame Chamot. Course folle au rayon des peaux. Madame Chamot s'énerve "Nicole, vous n'avez pas pensé à présenter une autre marque à Madame ? On a peut être l'équivalent de couleur en sable dans la gamme, "Agnès Grey", Sonia ! allez voir monsieur Blénot, c'est lui qui a reçu le représentant, "Agnès Grey". Sonia trépigne et son visage devient pâle, elle murmure tout bas, terrorisée "Monsieur Blénot ?" Madame Chamot répond  "Oui il doit être dans le bureau à l'étage avec le représentant, pour l'arrivage des  peignoirs de Ceylan. Sonia s'étonne et devient de plus en plus pâle : "Les peignoirs de Ceylan ?". Madame Chamot se retient, tâche de garder son calme : "Oui. Les peignoirs de Ceylan ! Sonia ! la semaine prochaine ! vous savez bien que c'est la semaine de la ristourne orientale." Sonia, sourit  bêtement : "Ah oui, la ristourne orientale, pardon madame, je croyais que ça commençait qu''au milieu Avril, enfin, il me semble euh... Vous aviez dit le 14...", Madame Chamot hausse les épaules, ne répond pas, elle cherche un truc sur son portable puis se remet à parler tout en pianotant sur les touches : -" On a dit, on a dit ! oui ! on l'a dit. Mais depuis ça a changé, c'est vrai que vous étiez pas là, lundi. (Air de réprobation)... "A ce propos Sonia lundi prochain vous passerez en caisse 4, vous verrez ça avec Brigitte, parce que Crystelle prend sa journée et Nicole pourra pas faire les deux caisses en même temps vous comprenez, alors elle sera remplacée par Sandra mais entre midi et 2, y'a personne et on pourrait vous mettre, il faudra venir du matin et rester entre midi et deux ça vous fait rien ? Sonia tripote sa bague d'un air indifférent, sa voix est morne. "Non madame, ça fait rien", elle reprend aussi vite son sourire de composition mais on voit bien que la nouvelle fait mal. Le coeur n'y est plus. Madame Chamot la toise de bas en haut : - "Parfait ! merci Sonia ! vous êtes gentille ! vous m'enlevez une épine du pied ! je vous note pour lundi ! et puis vous vous arrangerez avec Monsieur Blénot pour récupérer vos heures, du soir en reprenant un matin au mois de Juin, vous verrez avec lui sur le planning  ça ne vous pose pas de problème ? Sonia bégaye : -"Non, non, aucun,  je m'organiserai avec mon mari sinon euh... Madame Chamot (sèche) - Vous avez un souci Sonia ? Sonia (pulvérisée) - Non, non aucun, je vais essayer de m'organiser avec mon mari". Sonia sourit hébétée, debout au milieu de la clientèle. Une dizaine d'yeux fixés sur elle. Nicole arrive - "Ca va, Sonia ? Tu veux que je te remplace cinq minutes ?  Sonia a répondu "j'veux bien", on ne l'a pas vu partir, à peine disparue, volatilisée, que déjà Nicole, reprend le cours ordinaire de ce jour ordinaire dans le rayon beauté -"oui, sable, c'est ce qui se rapproche le plus, Madame, mais il se peut qu'Elusane sorte une nouvelle gamme de poudre, une nano poudre avec toute une gamme de nuances, vers le 10 Mai, si vous pouvez attendre... (La dame sceptique) -"Oui, ben, je sais pas." -"Ca sera intéressant parce qu'en Mai y'aura 20% sur tout le rayon-beauté, si vous pouvez attendre. Ou alors vous revenez avec l'ancien pot, c'est comme vous voulez." -"Oui ben... Je vais réfléchir..."

L'autre dame devant moi, soupire très fort, à présent, ça monte, se communique, c'est dans l'air, ça va arriver, ça se répand, ça y'est presque c'est monté, la coupe pleine, elle se met à râler c'est venu d'un coup tout haut, cette impatience, les nerfs, quelque chose vient de passer traverse l'épiderme : - "Pffff ! c'est pas vrai ! ah lalala lalala ! Eh ben ! faut pas avoir de train à prendre  pfou ! ni avoir mal au coeur en plus c'est surchauffé ici ! et moi j'attends toujours, c'est pas vrai ! c'est un monde ! moi j'ai pas que ça à faire, attendre ! s'il faut attendre des heures! moi hein ! non mais c'est vrai moi je trouve, hein !" elle tente de me tirer à elle, il lui faut une complice, quelqu'un qui pourrait justifier, ne s'adressant qu'à moi - "Elles s'en font pas ! vous trouvez pas ? Elles sont là, elles causent entre elles et tout ça pour une crème ! ça ! ahlalalala ! pour causer elles causent ! et nous ça fait des heures qu'on attend, si elles croillent qu'on a que ça à faire, les regarder jacasser ! elles exagèrent vous trouvez pas ? Puis elle se met à me parler de son mari qui est bricoleur, même qu'elle est venue acheter des affaires pour leur salle de bain, un tapis assorti aux carreaux que son mari  etc etc... Je me garde de répondre à cette pie mais la pie me tape sur l'épaule avec son bec, à petits coups de becs jusqu'à ce que je lui prête attention, elle poursuit ne s'adressant qu'à moi, ne parlant qu'à elle seule, se déverse -"Evidemment vous ! ça ne vous fait rien ! vous êtes  jeune, vous pouvez  ! je réponds - "Boh ! Pas tant que ça !"  la pie ne m'entend pas, vide son flot, son fiel, son besoin de parler, si possible à quelqu'un. Besoin/ de parler/ à  quelqu'un / ça ne peut plus attendre - Vous comprenez moi j'ai tendance à faire des phlébites, quand le chauffage est par le sol, et comme j'ai des varices alors vous comprenez ? Je dis - "oui". Je comprends. - "Alors si ils nous font attendre des heures, ça va plus parce que moi j'ai juste ma crème de jour à prendre, et hop  je file,et là  je suis en retard vous comprenez ? J'suis pas d'ici, moi hein ! des heures pour une crème, vous z'avouerez ! et avec ma phlébite, c'est pas possible ah non, mais y'a de l'abus ! moi oh  mais je vous le dit ! ils ont perdu une cliente ! ah ça, moi ah  oh aaah mais ! je vais pas me laisser pas faire ! qu'est ce qui croillent ? R'gardez ! ah mais ! je suis une bonne cliente ! je viens tous les jours, eh ben! c'est tout vu, je reviendrai plus ! j'irai à l'intermarché, ils ont monté un intermarché rue Hénon, j'irai à l'intermarché et puis c'est tout ! regardez ! elle tend la jambe -"avec leur chauffage au sol,  eh ben voilà ! ça regonfle ! ça y'est !  voilà ! z'avez vu ? C'est enflé là, vous voyez ? Je dis -"non, pas trop." Elle poursuit - "si on doit se retrouver à l'hopital à cause des caissières qui font mal leur travail, moi je vais être obligée de le signaler, on peut pas. Je peux plus. Vous comprenez ? (Elle m'engueule). La phlébite, vous ne savez pas ce que c'est !!! on peut en mourir ! enfin vous, oh vous ! evidemment ! vous vous en fichez vous ! vous êtes jeune ! (oui bof) vous pouvez pas comprendre !"  ... Je réponds par politesse -"Euh, si,  j'ai une tante (ronpich-ronpich) qui a eu une phlébite". Cause toujours. -"Ah mais y'a phlébite et phlébite ! moi j'ai la grave, c'est ce que je disais à mon mari si le caillot monte au coeur, hein ! eh ! ben on sait pas ! elle me tape sur l'épaule, prend le ton de la confidence tout bas, (radoucie) - je vais vous dire, entre nous, mon mari, c'est lui qui fait les courses d'habitude mais là, il refait toute la maison, il bricole sous l'évier, il a carrelé, la cuisine, il fait la plomberie, il a tout recarrelé, enfin le voisin vient pour l'aider, entre voisins, il faut bien s'entraider, hein ? Vous croyez pas ? - Euh, si ! - Les gens sont tellement indifférents. C'est de pire en pire, les gens sont égoïstes ! Vous trouvez pas ?  "- Euh, si, ptêtre..." -"Les gens, que voulez vous ! ils ont plus l'temps ! y pensent qu'à eux, vous trouvez pas ? -"si"- -"Mon mari  il me dit toujours les gens ils dautdrait foiybonnemoicnvà mlaguerrmoieoicdmoilj csaquekifera sçamoi  mais xkmoidivraivheinmoikheinmgdftoubkxbmoifoutugkjsux comme des chiens, pas vrai ?" Je réponds - Oui, sûrement". En me demandant si l'on trouve au rayon "anti-pies" un bon bonnet, avec des pattes pour bien protéger les oreilles.

 

 


Photo : Le rayon cosmétique de mon city marché le seul de la colline, celui qui a des nouveaux étiquetages de boites de conserves et d'affiches inspirées des grandes heures du constructivistme (eh oui ! regardez ! ) le seul "grand magasin" Hippy chic de la colline, quoique le super U est pas mal non plus, mais dans le city marché y'a tout (yatou yatou) un peu cher mais très agréable, avec des caissières adorables (bravo les filles !). Les croix Roussiens le reconnaîtront entre mille. Haut lieu de drague très officieux fréquenté par quelques oiseux célibataires (après 20H00 only !) mais faut pas le dire. Enfin bon, (admettons que je n'ai rien dit :) Photographié à Lyon city M. rue de Cuire

© Frb 2012.

Commentaires

Je ne sais plus si c'est dans "Journal du dehors" ou "La vie extérieure", qu'Annie Ernaux notait des scènes, comme vous le faites là. Pas du tout dans cette forme évidemment, elle ne "jouait" pas la scène, elle y réfléchissait plutôt. Bref, c'est à elle que j'ai pensé en premier.
Ces scènes finissent par être pesantes tant elles sont répétitives et colonisent notre quotidien. J'essaie parfois de deviner à leurs mimiques, ce que pensent les gens qui passent à la caisse d'un supermarché...

Quant au rouge, ah le rouge, il y a le rouge vermeil, rouge coraline, rouge écarlate, rouge sang, rouge Titien, rouge baiser, le rouge à l'alizarine...
Rubens et Delacroix ont excellé dans les rouges...

Voici un extrait de "Trois carrés rouges sur fond noir" de Tonino Benacquista (que je tire des "mots de la peinture" d'Alain Georges Leduc) :

En réponse, elle a juste posé, une seconde, ses lèvres sur
les miennes. Ensuite tout le poids de son corps sur mon
ventre. [...] Qu'est-ce que ça va donner quand nous
serons nus, un Rubens sur un Mondrian ? Mes couleurs
primaires et ses formes antiques. Pourquoi fait-elle ça ?
Je ne peux ni la rejeter ni saisir ses hanches comme il le
faudrait.

Écrit par : Michèle | mercredi, 04 avril 2012

@Michèle : Annie Ernaux !
screbaleu ! aç vediat rariver, aç y ste, Chimèle, souv nevez ed em focifez d'nu bennat d'enô, (te àl ia'j sètr sètr toehn) je ne puis ni sauver l'honneur ni les meubles, rien, aveu penaud. Voilà : je n'ai jamais lu Annie Ernaux.
Mais attention ! minute papillon :) j'ai des amis très importants qui me disent au moins une fois par semaine : -"tu devrais lire Annie Ernaux ! - "il faut absolument..." Et, je me demande si je ne suis pas en train de faire durer le désir... En fait, sérieusement, ça fait longtemps que je voudrais lire "Passion simple", un ami m'avait lu des extraits ça m'avait pas mal "embarquée. Je vais faire ça.

Pour ma part, sans parler de similitude avec le style, ou l'écriture, sans comparer avec ce texte, comme vous citiez Annie Ernaux, sur le thème de la répétition, du "pesant", je pensais à Nathalie Sarraute, dont l'écriture sait toucher le nerf de tout ça, exemple : "Vous les entendez ?"
On voudrait avancer, on cherche plus on cherche plus on s'enlise... Ou encore : "Pour un oui, pour un non" (entre autres) - ça pèse, ça radote - ça répéte ça bruite- ça tâtonne- ça tourne en rond- ça cause, ça croit trouver- ça épuise - ça aiguise- ça se mesure - ça rogne en dedans- ça donne le poids que pèse sur nous, toute cette inanité, qui passe encore par le langage au final N. Sarraute en fait quelque chose de très beau ...

Ici je n'ai accordé aucun "soin" à l'écriture, (ça croit écrire, ça ne fait qu'épuiser le langage :) La situation est jouée, oui, (dans tous les sens du terme) c'est un parti-pris ce pourrait être un autre, j'ai voulu essayer de donner un rythme à la brutalité que certaines situations "nous" font, par usure, et j'ai opté pour la caricature un peu radotante comme en BD, les personnages sont là, avec leurs bulles au dessus de la tête, à force de vouloir remplir des bulles, la tête s'en va :) et donc, ça pourrait autant être des animaux qui parlent en onomatopées au rayon ROUGE à lèvres du Musée d'Orsay, ça n'a plus tellement d'importance qu'on soit ceci ou cela...

L'important c'est d'être la Dame *** qui fait de la Peinture dans un Tonino Benacquista :)

MERCI Michèle*** !

Écrit par : frasby | jeudi, 05 avril 2012

« A force de remplir les bulles la tête s'en va » :

Oui Frasby ! belle image, et votre technique d'écriture, sûre...
Je vais relire votre texte.

Les personnages bâtis à coup de paroles entendues, et puis comme vous dites...

Je vais lire « Vous les entendez ? ».
Je crois même que je vais lire tout Sarraute Nathalie :)
Lu seulement (enfin sont sur mes étagères, à relire) :
« Enfance », « Les Fruits d’or », « Ouvrez » et vu jouer « Pour un oui ou pour un non ».

Écrit par : Michèle | jeudi, 05 avril 2012

Il y a des dames comme les vôtres aux Galeries Lafayette de ma ville - euh... je n'en suis pas propriétaire, je précise.
Notamment une qui me fascine à tel point que je passe régulièrement au niveau 1 où se trouve le rayon Dames/parfumerie rien que pour la revoir évoluer et faire son métier de responsable du petit groupes de femmes officiant sous sa responsabilité.
Elle lance ses bras partout dans l'air et tout le temps en pointant d'un index autoritaire l'une des demoiselles à son service, cette dernière rapplique sans tarder puis tend une oreille où Madame parle en même temps que ses mains tournent dans l'air au bout de ses bras repliés contre son corps.
Rien que pour entendre sa voix il m'est arrivé une fois de m'adresser à elle prétextant une recherche d'un parfum particulier. Qu'elle n'avait pas en rayon.
Quelques années après je me souviens non de sa voix mais de son regard qui n'a pas lâché le mien pendant les quelques minutes de notre entretien, enfin du sien, plutôt, vu que je n'ai pas pu en placer une. Ces yeux me déshabillaient littéralement, accoutré comme à l'ordinaire j'ai dû lui paraître un bien improbable client sans doute venu pour toute autre chose que ce que j'avais annoncé. Il y avait dans ses dires une espèce de morale réprobatrice - ah mais c'est qu'elle était persuadée d'avoir déjoué ma manœuvre de voyeur ! -, certes discrète, qui m'a fait beaucoup rire une fois sorti du magasin.
Bon ben voilà, c'est tout.
:)
Et Annie Ernaux c'est très bien. Gaston Miron aussi, c'est même plus que ça :)

Écrit par : Jean | jeudi, 05 avril 2012

@Jean : Alors c'est pas vous, le propriétaire des Galeries Lafayette ? Vous n'êtes même pas directeur ? (sniff !)
je ne peux vous le cacher, pardon, mais c'est une déception, j'y reviendrai. En tout cas je vous remercie de votre passage haut en couleurs qui lève enfin le voile sur le "satyre" des galeries Lafayette qui depuis des mois met sans dessus (ni) dessous la parfumerie de votre ville, et les dames de la ruche seront enfin soulagées d'apprendre que le "rôdeur" n'était au fond qu'un honnête homme au but on ne peut + noble, (teupêrte nu brni gelaburu rus les drobs :) les vendeuses n'en seront que plus aroumeuses quand vous y retournerez mais gare à Madame Dragon ! car un soupçon levé cachera sans doute à ses yeux, un autre "délit" en puissance qu'il lui faudra serrer de près, les Dames Dragon se méfieront toujours des petits signes extérieurs de curiosité masculine (chez une femme on appelle cela de l'intuition, chez un homme c'est + chonco) Puissent au moins les "petites vendeuses" échapper un instant à la surveillance de la Reine-Traponne, pour vous poupougner avec les meilleurs parfums de la terre, cette manie de la vaporisation envers et contre nous est un autre "souci" dont il faudra que nous parlions à tête reposée, si vous me l'accordez, puisqu'on est au rayon parfumerie, tant qu'à faire ! (vous avez dû au moins une fois en sortir transformé en sentorette sur pattes avant d'avoir dit votre dernier mot), mais ceci est une autre histoire...
Tout ce que je peux dire pour l'instant, c'est que votre histoire est une petite merveille du genre, (le votre) dont on savourera le brin romanesque, vous êtes fortiche, Jean, parce que chaque fois que j'irai aux galeries LaFayette au rayon parfumerie (ça m'arrive assez souvent pour me parfumer avec les flacons testeurs de parfums hors de prix que je ne puis m'offrir, ni oser me faire offrir) fortiche oui, car à présent je ne pourrais plus faire autrement que vous imaginer en train de parfaire vos explorations humanistes dans nos rayons beauté, avançant à pas feutrés dans les grandes allées avec le col de votre pardessus relevé :) (sap beni thocalique masi c'ets szase nimag, te j'miea beni). Votre histoire on dirait un petit film, sans doute Jean Eustache aurait aimé le tourner (uéjoe pra ovus c'teu téé ronece supl marchant- :)) vous connaissez du même auteur "Une sale histoire" ? ... Bon, certes c'est pas le même humour...

Par contre je reste affreusement déçue que vous ne soyez pas propriétaire voire directeur des Galeries LaFayette, pour deux raisons 1/ parce que nos directeurs de Galeries Lafayette sont beaucoup trop terre à terre, -pardon messieurs - mais ça ferait un bol d'air que la direction des grands magasins soit confiée des messieurs plus fantasques 2/ Et admettons, si vous étiez le directeur des Galeries Lafayette de votre petite ville (et si ça se trouve vous l'êtes pour de vrai, et vous n'osez pas vous en vanter ici, donc je tente ma chance) = je vous enverrai tout de suite mon cv en pdf via mail avec une lettre de motivation très très euh... motivée et je postulerai (ça se dit "postuler >?) j'osptulerai pour le rayon parfumerie, afin de croiser votre gredra birluque épinglé par Madame la Traponne et aussi pour connaître sa voix. Et puis surtout, c'est moins avouable : pour vous regarder faire... (Le voyeur voyuré)...
Si vous en avez d'autres, d'histoires comme celle-ci surtout n'hésitez pas.

[Annie Ernaux, (cette fois il va falloir :) Très bien Miron, et même plus que ça , c'est bien d'accord !

Écrit par : frasby | samedi, 07 avril 2012

@Michèle : Autant pour moi ! en + de "Passion simple", je lirai aussi "La vie extérieure" et "Journal du dehors" de Annie Ernaux.

Vous êtes surprenante, Michèle! (je cite) :
"Lu seulement [...] "Enfance", "Les fruits d'or", "Ouvrez et vu jouer "pour un oui pour un non".
Seulement ??? (Sourires). Vu d'ici c'est pas mal. Vous avez vu en vrai "Pour un oui, pour un non" ? -C'est bien, ça ! :)

Là, j'en refère à monsieur André, il explique très bien les clivages de la communication où l'on s'engouffre tête la première, puis le corps tout entier ; la forteresse analysée, par N. Sarraute, là où les interlocuteurs ne disent pas d'où ils émettent peut-être parce que parfois eux mêmes ne savent pas le dire, et nous peinerions peut-être à l'entendre, n'est ce pas ?
masi ej en m'unaterarevi sap rsu ec neriatr sisua cerul cra il ste vasonné d'ancave), joker ! je passe ! warning :
(si ça ne se lie pas ilico, il faut d'abord cliquer sur "accéder au site" et se taper la pub du chocolat noir :

http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-328/interviews/?cmedia=18796847

J'ai vu ce texte à la TV mis en scène par J.Doillon, joué par Trintignant/ Dussolier et j'ai pris une grande claque, devant qui ou quoi vous met à l'envers ou à l'endroit qu'on n'attend pas, sûrement les 2, le duo/duel d'acteurs est époustouflant ensuite ça avait l'air comme ça, à vue de nez, "pas trop écrit" or, au delà de cette "mine (de riens) il y a une technique d'écriture de fignole, un perfectionnisme, une dinguerie d'observation chez N. Sarraute, des rouages, une intelligence, un boulot dans ce déroulement, c'est fascinant. J'imagine qu'au theâtre ça doit tournebouler un brin. Quant aux "Fruits d'Or" ce fût mon premier, il y a certains livres, après quoi, tout est changé. "Ouvrez", écrit à 99 ans. Diable ! Envoyer ainsi à 99 ans, c'est une autre claque magistrale.
C'est un peu long, pardon Michèle, vos commentaires, ouvrent des portes, ils sont toujours bienvenus. "Ma technique d'écriture", bon, c'est exagéré, j'ai essayé de rendre un rythme sur le mode des réinjections en musique (qui désintégrent le son peu à peu, le mènent ailleurs en bouclant des boucles sur des boucles) jusqu'à ce que le rôle de l'observatrice soit mangé à son tour par sa propre lâcheté. (Pépins! la bulle !) Est ce clair ? "La tête s'en va" ! Pas qu'une image, hélas. Ca commence à se savoir, et là, en un saut de fourmi je serai tentée de vous renvoyer aux travaux de Christophe Dejours (mais je ne le ferai pas ;-)

Écrit par : frasby | jeudi, 05 avril 2012

Je viens d'écouter Dussollier, merveilleux Dussollier que j'adore, raconter comment Nathalie Sarraute construit sa pièce à partir d'une phrase "C'EST BIEN ÇA", comment partant de cette phrase, elle fait un travelling arrière et regarde tout ce qui se passe quand on dit cette phrase :)

Il raconte aussi que Nathalie Sarraute (qui mettait 4 à 5 ans à écrire un roman) lui dit un jour avoir lu les quinze versions du premier chapitre de La Recherche, et qu'elle, se serait arrêtée à la sixième qui lui paraissait très bien. Et elle ajoute : Vous vous rendez compte, il a trouvé la première phrase de La Recherche à la quinzième version !

Le modestie de Sarraute...

Écrit par : Michèle | vendredi, 06 avril 2012

Frasby, le travail de Christophe Dejours je connais. Et je viens de relire le dossier que vous lui avez, sur "Certains jours", consacré.

J'avais mené il y a trois ou quatre ans une réflexion avec quelques volontaires d'un comité d'entreprise d'une collectivité locale, sur la souffrance au travail.
Nous étions partis d'un spectacle que nous avions vu, "Sortie d'usine" de Nicolas Bonneau, et nous avions lu trois ou quatre livres, dont un témoignage écrit par une caissière (une étudiante qui avait fini par s'installer dans ce qui ne devait être que provisoire, je crois) :

http://www.youtube.com/watch?v=ZA5ytlTgEU8

Écrit par : Michèle | vendredi, 06 avril 2012

pfff, mine de rien, c'est épuisant, la vie des femmes^^

Écrit par : gmc | jeudi, 05 avril 2012

@gmc : J'aime votre candeur printanière :)
on me dit dans l'oreillette que la direction du city-marché
a récemment embauché des messieurs à la caisse
du rayon-beauté ainsi qu'un nombre étourdissant de jeunes magasiniers, la vie des dames risque d'être autrement plus épuisante :)

Écrit par : frasby | jeudi, 05 avril 2012

Chère Frasby, je pense que j’ai vu « Pour un oui, pour un non » à Avignon dans le Off, mais je ne retrouve pas de qui était la mise en scène, ni qui étaient les acteurs, alors je me demande si je ne confonds pas avec un autre texte.
Des mises en scène « pro », je n’en ai vu aucune :
ni celle de Simone Benmussa, avec Sami Frey et Jean-François Balmer ; ni celle de Jacques Lassalle, avec Hughes Quester et Jean-Damien Barbin ; ni celle de Léonie Simaga avec Andrzej Seweryn et Laurent Natrella ; ni celle de Philippe Carbonneaux (création en langue des signes avec Emmanuelle Laborit).
J’ai vu bien sûr l’adaptation TV de Jacques Doillon.
Ce qui est fabuleux, c’est que cette recherche m’a donné envie de revenir au théâtre, de secouer ma paresse naturelle :)

Écrit par : Michèle | vendredi, 06 avril 2012

@Michèle : vos recherches scrupuleuses m'épatent. A propos de "Pour un oui pour un non" et le théâtre en général, je ne savais pas que Sami Frey (fascinant) et Balmer (grande classe aussi) avaient joué "pour un oui, pour un non", Emmanuelle Laborit, je le savais mais je n'ai pas vu et ça doit être très intéressant de voir comment a été rendu le texte, du point de vue du corps E. Laborit est une artiste très douée, le langage des signes si troublant mais sur un texte pareil, j'imagine le boulot de précision que cela a dû représenter. Vous donnez envie de fouiller, plus encore, et je vous en remercie, j'avoue le theâtre m'intimide, je ne l'ai pas tant caché, ma culture theâtrale est plus mince qu'un sandwitch sncf disons, qu'elle est "nano-dispersée", mais je suis éblouie par cette capacité qu'ont les acteurs de s'immerger dans des textes, s'investir physiquement parfois ça touche la performance , cette mémoire aussi pour des textes, qui sont de vraies "tueries" (mémoriser Novarina ! vinzou !) j'ai des amis comédiens, dont je suis (verbe "suivre"= hein !:) certains travaux, c'est par eux que j'ai découvert N.Sarraute écrivant pour le theâtre, Novarina, choc !, Matei Visniec, vous connaissez peut-être sinon je vous en parlerai, notre sujet s'y prête,
Mes excuses, Michèle, je vais distiller mes réponses ici et là, de aujourd'hui très tôt à aujourd'hui + tard). Je crois que vous avez raison avec votre "secouer la paresse", le théâtre exige sans doute cela, et puis toujours redécouvrir la dimension d'un texte. Vous le communiquez très bien qu'ai je donc à rajouter ? ...

Ah bin si ! j'oubliais ! j'ai vu aussi une pièce en patois nabirosinais cet été, j'ai trouvé ça formidable beaucoup plus rigolo que "la Célestine", vue au palais des papes, (j'étais jeune pour comprendre certes, mais c'était très chiant. D'ailleurs, je me demandais si "pour un oui, pour un non" avait déjà été monté et joué en patois nabirosinais ? Vous croyez que Sami Frey il serait d'accord ?... :)

Écrit par : frasby | samedi, 07 avril 2012

@Michèle : Du langage au monde du travail, comme nous tirons des fils, (peut-être pas hasardeux, qui sait ?)
de Nathalie Sarraute à Christophe Dejours en passant par Nicolas Bonneau...

Un mot me vient, qui ne désigne personne, mais qui se glisse insidieusement entre nos thèmes, oserais je dire qu'on est en plein dedans avec ce retour inquiétant du "populisme" s'adressant entre autres, aux "sans grades ?
Ce mot c'est le mot "éloquence" : au symbole de l'éloquence chez les Gaulois correspondait le dieu Ogmios qui était représenté sous des formes majestueuses, entraînant au bout de sa langue une quantité de peuples enchaînés par les oreilles...
si on tire le dieu Ogmios par les cornes (ça c'est moi qui rajoute) : on a la langue, le peuple et les oreilles et puis les chaînes...

De là je cours à votre lien, "Sortie d'usine", à visionner, revisionner encore, on le doit, tant qu'on le peut, tant qu'il est en ligne, une découverte que personnellement j'ai beaucoup appréciée autant que son auteur et j'espère que je ne serai pas la seule. Ca a dû être un "parcours" de travailler sur ce sujet de la souffrance au travail, et découvrir des textes, j'ai trouvé récemment des textes du fin XIXS. sur les bruits au travail, à l'époque où parler pendant le travail était sévèrement puni.
Et je vous re-remercie à nouveau, Michèle, de nous offrir cette très belle correspondance, si vous désirez nous faire partager encore ici vos réflexions autour de ces thèmes, de vos recherches, le petit blog est ouvert même les jours fériés surtout n'hésitez pas.

Une question : Est il disponible en librairie ou bibliothèque le texte de la caissière ?

Quant à moi, je vais explorer encore cette piste de Nicolas Bonneau, et vous passer un petit lien qui m'a traversé l'esprit au moment où j'écoutais Nicolas Bonneau dans sa parole et dans ses bruits s'est superposée l'image du père devant sa machine dans le film "Ressources humaines" de Laurent Cantet: film à l'époque très remarqué montrant des choses telles et vraiment "difficiles" à accepter, vous l'avez peut-être vu. Il y a une scène que je trouve douloureuse même si ce n'est pas la souffrance exactement, c'est la résignation :
: http://www.youtube.com/watch?v=YnL8IEOhqZw&feature=relmfu

A bientôt. (ej ovus odreprani + ratd, ne ec mtenmo ej vatrilale al nuti masi + sèpr ed l'usioea uqe ed l'usnei. Beni uv chimèle !:)

Écrit par : frasby | samedi, 07 avril 2012

je comprend mieux pourquoi on a laissé bruler les anciennes Galeries farfouillettes

Écrit par : alex | samedi, 07 avril 2012

@Alex : Qui a laissé faire ça ? :) je n'ai pas suivi tous les évènements ou transformations louches des grands magasins je ne peux donc rien en dire mais je profite de ton commentaire pour préciser que ce billet n'est pas une attaque visant précisément les farfouillettes ni les city marchés, qui ne sont pas les + effroyables dans le genre, bien que ce soit déjà rude pour ceux qui y travaillent, les pire, je crois, que sont les zypers dont je ne peux parler, je n'y vais jamais. Ma question, si tu sais.... Est ce qu'on laissa brûler les farfouillettes au profit des zypers ?

Écrit par : frasby | dimanche, 08 avril 2012

pour répondre à ta question c'est non car on a mis à la place les nouvelles galeries....50 ans plus tard (faut dire que le premier brulage avait couté la vie à 70 personnes et sa place au maire en place)

Écrit par : alex | lundi, 09 avril 2012

@Alex : Alex, merci pour ces précisions, avec toutes mes excuses en effet, je n'avais pas compris quel incendie tu évoquais, j'avais l'esprit trop axé sur des évènements récents, alors que ton énoncé était clair ! mais en fait il s'agit cet incendie qui a eu lieu dans les années trente à Marseille , c'est ça ? J'ai effectué des petites recherches et j'ai trouvé, ce texte ci (merci wiki voir lien)...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_des_Nouvelles_Galeries

La conclusion laissant perplexe, je comprends mieux ton commentaire à présent. Extrait choisi :

" Les hypothèses d'un crime politique, d'un racket, voire d'une escroquerie à l'assurance ont pourtant été évoquées. L'enquête conclut qu'un mégot se consumant sur un paravent goudronné est à l'origine du sinistre. Et cela sembla arranger tout le monde..."

Écrit par : frasby | lundi, 09 avril 2012

« Une question : Est il disponible en librairie ou bibliothèque le texte de la caissière ? »

Je pense qu'on le trouve, oui, ça s'appelle "Les tribulations d'une caissière" d'Anna Sam (Stock, les Documents).

Nous avons lu aussi :

« Atelier 62 » de Martine Sonnet (Le Temps qu’il fait), « Daewoo » de François Bon (Fayard), « Sortie d’usine » de François Bon (Minuit),
« L’Open Space m’a tuer » de Alexandre des Isnards et Thomas Zuber, « Putain d’usine » de Jean-Pierre Levaray.

Écrit par : Michèle | mardi, 10 avril 2012

@Michèle : Désolée pour les réponses tardives, j'ai techniquement des bugs, mes réponses arrivent tronquées, je vais ressayer encore
Vous répondez à toutes les questions, c'est adorable; "les tribulations d'une caissière" d'Anna Sam je crois l'avoir parcouru partiellement, à la bibliothèque, est-ce bien ce livre qui a eu de fortes § utiles répercussions médiatiques, la suite du message ne passe pas... Je reviendrai,
Merci Michèle, à suivre donc...

Écrit par : frasby | mardi, 10 avril 2012

La vidéo des Deschiens est un contrepoint parfait à votre texte. Je me suis identifiée totalement. Combien de fois doit-on subir les blablateuses qui vous prennent à témoin (en otage hu hu) pour déverser leurs rancœurs. Ceci dit, honnêtement je crois que j'aurais tourné les talons et décidé de me passer de mon achat.
Quant à Annie Ernaux dont j'ai lu à peu près tout, il est vrai que dans "Les années" elle nous livre ses réflexions sur les supermarchés comme lieux de la commune appartenance au monde des gens ordinaires. Comme je tend vers la décroissance de mes achats superflus, je les fréquente de moins en moins. Je préfère le marché de plein air.
Je n'étais pas venue depuis longtemps, trop occupée. Plaisir de vous retrouver.

Écrit par : Zoë Lucider | dimanche, 15 avril 2012

@Zoë Lucider : le plaisir est partagé, de vous retrouver ici, j'apprécie vos notes et cette réflexion autour de nos modes de consommation, comme je n'ai pas la fibre militante disons je pratique à mon z'humble niveau un mode de vie basé sur la décroissance, mais sans aucun désir de convertir ceux qui aiment pousser des caddys pas de prosélytisme rien de pire que ces voix moralistes qui au nom de l'intégrité d'une idée sont prêts aux mêmes prises d'otages (uh uh) que "nos pipelettes et leurs incon(sistances) (tinences ?), bon, chacun fait comme il peut, comme il veut s'il le peut tant que personne ne nous oblige à faire nos courses dans les zhypers, quant à la décroissance, on ne perd rien à essayer les solutions qui sont déjà à portée, puisque nous ne pouvons pas appliquer cela 100% dans nos sociétés, au moins ça équilibre un peu de ne pas se prêter bêtement aux sollicitations qui nous poussent à la compulsion d'achats superflus il me semble que ça améliore même beaucoup la qualité de vie, si nous pouvons choisir, un mode de vie qui correspond à nos idées, c'est + reposant, la conso massive, on le sait, nous pousse à satisfaire des désirs lesquels sont des compensations à je ne sais quel autre manque plus profond, foin de ma psycho du shopi nous ne sommes pas que des cibles, vous avez raison de signaler qu'il existe une alternative comme les marchés (vive le plein air !), je rajoute les boutiques humanitaires, (les + beaux canapés sont chez l'Abbé Pierre:) pour l'art et la culture on a des bibliothèques municipales quasiment "offertes", pour les voyages, le co voiturage, pour dormir ailleurs le couchsurfing, pour le snacking et le mousseux gratis, voire becquetter en temps de coup dur, on s'invitera aux vernissages ;-) tout cela permet aussi à l'argent de circuler différemment, (bon, je résume un peu en dos d'âne hein ! :)) quand gratuité s'y glisse, c'est le bonheur total bref, pas de publicité pour décroître ! je suis juste ravie de croiser ça et là des gens comme vous qui naturellement envisagent la décroissance comme un mode de consommation tout à fait fréquentable, ça offre de quoi ne pas désespérer. Pardon, Zoë de ne pas commenter chez vous pour l'instant, je continue à lire sous votre arbre où les palabres sont sans rancoeur, et l'abonnement gratuit, merci de continuer à nous offrir cela, pour l'instant, no comment hors d'ici, retrait d'autant plus absurde que ça a un rapport assez vague quoique proche avec notre sujet, (hu hu ! mais chut !) cela vous ne vous concerne en rien directement . Sinon, je serai tentée de vous dire que ma réponse dans une situation telle que l'emprise avec la dame vorace est le + souvent tourner les talons comme vous, et si je reste c'est par sidération, desfois on est "harponné" comme rien, ou bien j'ai le temps, et rester ça peut être de la curiosité, l'inanité me fascine, c'est un thème ordinaire qui me hante sur lequel j'ai travaillé, et travaille encore ponctuellement avec des artistes de disciplines diverses, depuis plusieurs années, c'est effrayant parce qu'on s'aperçoit que plus on essaie d'épuiser le sujet plus il semble nous rattraper, et même l'intelligence la plus sûre ne peut rien contre cela, c'est Freud ou Lacan qui a dit un truc comme ça...(ouïlle)
Merci pour Annie Ernaux, la prochaine virée en bibli sera pour Annie Ernaux. Des gens ordinaires... ? C'est vrai que faire ses courses au supermarché, ça rend humble. Deschiens contrepoint, oui c'est exactement ça ...
Sorry, Je ne sais pas faire court mais vous l'avez cherché, vos sujets me tiennent à coeur. Encore merci. A très bientôt ici ou là bas...

Écrit par : frasby | lundi, 16 avril 2012

Je suis d'accord, sauf pour les livres que j'ai tendance à acheter cash (encore que je ne rechigne pas sur les occasions). j'ai essayé les bibliothèques mais le fait de devoir lire en un temps compté me bloque, c'est idiot. Et puis j'aime garder les livres. C'est la seule possession qui me tienne à cœur. Pour le reste, je suis une championne des trocs de trucs et autres brocantes.

Écrit par : Zoë Lucider | lundi, 16 avril 2012

@Zoë Lucider : Oui, pour les livres, je vous suis volontiers c'est un sujet si personnel, j'avais posté déjà si long, je ne suis pas entrée dans les détails, pour les livres, je ne trouve pas idiot, ce blocage, moi aussi j'ai du mal à "emprunter" à rendre et c'est parfois un arrachement alors de temps en temps, j'achète cash, mais la plupart du temps je m'en empêche, c'est un choix qui fait partie du pack "travailler moins et vivre sans faire sonner son réveil" je lèche la vitrine, pis je repars
(misére de la liberté :) mais je suis d'accord pour m'empêcher, je ne vis pas ça comme une frustration insoutenable, pour le cash j'ai un principe, il est totalitaire :) les libraires indépendants sinon rien, j'honnis les zhypers de la culture, Cendrars à côté de Marc Levy, c'est trop trash,
garder les livres, oui ! bien sûr, c'est d'accord aussi ,
les livres ne sont pas des possessions comme les autres, ils sont habités, n'est ce pas ? :).. enfin bon, "Championne des trocs et trucs", alors là, je me dis, dommage que nous ne soyons pas dans la même ville, on pourrait se faire des virées de championnes en truc et trocs, avec billets croisés genre "vent des trocs" on pourrait le faire, d'ailleurs...
Mais in situ; je suis sûre qu'on s'amuserait beaucoup,
merci Zoë, (the championne of the troc's :) précisions, ô lues et approuvées, je suppose que vous avez vu les glaneurs et la glaneuse de Varda ? ... (oui, oui, c'est une question, mais sans obligation d'achat), je vous souhaite une bonne soirée.

Écrit par : frasby | lundi, 16 avril 2012

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