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jeudi, 01 décembre 2011

Légende d'automne

Donne ta main, retiens ton souffle, asseyons-nous...

légende d'automne,by paul,contes et légendes imaginaires,peaux rouges,défi,vengeance,humains,humiliation,réparation,martres,castors,arbres,paysages lointains,orgueilLà-bas, vivait un homme appelé "Dents pointues" dont l'amour-propre avait été blessé par l'abandon de son épouse. Cette jeune femme avait quitté les siens pour les faveurs d'un riche capitaine blanc, négociant en fourrures de la Baie Caravelle. Afin d'effacer son humiliation, de la façon admise par son peuple, "Dents pointues" profita de la première occasion qui lui fût donnée dans une fête tribale, et brandissant dix belles peaux de martre, se mit à ouvrir un chant de défi sur un air ancien. Ce chant était destiné à ridiculiser la femme qui l'avait délaissé. Ce chant disait : (j'en rapporte un extrait approximatif) :

"Attends !  Attends de voir ce qu'un chef peut faire. Attends, tu vas apprendre bientôt, que je relève la tête.

Attends, belle envolée ! avant de me faire dire combien tu te languis encore de mon amour.

Le temps venu, femme passée aux mains et aux tribus blanches de la Baie Caravelle.

Oseras-tu m'envoyer une bouteille de "Vieux Tom", c'est pourquoi, dès ce jour, je te fais adresser par mes hommes, une poignée de peaux de castors."

En réalité, ces fourrures valaient plus que des peaux de castors, elle représentaient toute la fortune de la tribu. C'étaient des peaux de martre, qu'un chef riche bafoué, avait le droit de sacrifier dans le but de jeter le ridicule sur une femme inconstante.

Le défi lancé supposait que la femme serait incapable, après son envolée, de lui rendre la pareille. Au tour de la femme, à présent, de répondre par un don d'une valeur encore plus chère (la pareille, serait insuffisante), c'était pour elle l'ultime moyen de sauver son honneur.

Elle releva le défi, d'une manière imprévue. Pour discréditer "Dents pointues" avec l'aide d'un artisan ami du capitaine, elle fît offrir à "Dents pointues" un grand canot taillé dans un tronc de cèdre qui servait de totem à ceux de sa famille, de la sorte, elle avait offert "le Vieux Tom", mieux encore, des centaines de "Vieux Tom" sous forme d'un canot de commerce. Le canot fût porté au provocateur au milieu d'une fête, et par ce don, qui avait arraché un cèdre millénaire, symbole de sa lignée, la femme écrasa "Dents Pointues".

La légende dit encore qu'en sapant les racines du grand arbre sur sa terre natale, la femme avait repris à son ancien époux le meilleur de lui même. Elle dépassait ainsi l'orgueil de celui qui avait espéré sa perte. "Dents pointues", se devait malgré tout de rester digne, supporta l'épreuve sans broncher, mais l'épouse jadis volage l'avait davantage humilié par la valeur inestimable du cadeau, c'est ainsi que le chef se trouva diminué aux yeux des hommes de sa tribu. Et la femme regagna par sa témérité ce qui lui manquait de vertu.

A ce moment, il y eût un vague remou dans la tribu, les hommes commencèrent à fuir ou à tourner la tête. Il se mirent à chercher au delà de l'horizon convoitant les trésors de la Baie Caravelle. Les plus lâches firent croire à "Dents pointues" qu'il ne se tramait rien de facheux, pourtant dans les jours qui suivirent, ils se nommèrent tour à tour chefs, mimèrent les funérailles de "dents pointues" lors de cérémonies secrètes, ces simulacres auraient pu tout autant être découragés car aucun homme par le vote désigné, ne pût tenir sa position de chef. Hélas, la coutume ordonnait quand une décision s'engageait, qu'on ne pouvait plus revenir en arrière.

La tribu peu à peu délaissa les travaux, répudia les festivités menées par l'ancien chef. Les chants de guerre de "Dents pointues", n'enchantèrent bientôt que les arbres entourant la montagne, les hommes préparaient en secret un voyage qui les emmenerait du côté de la Baie caravelle. Après le confluent, ils rejoindraient la mer, il faudrait aussi retrouver les peaux de martres imposer le pouvoir en ce nouveau pays, s'y installer pour y règner en maîtres.

Par une nuit sans lune, les hommes de la tribu de "Dents pointues" le laissèrent pour vaincu, déjà mort à leurs yeux. Ils embarquèrent serrés, sur le canot de cèdre, sans faire un signe d'adieu au vieux chef. Une fois que le canot serait rendu sur la rive, ils le briseraient, aucun retour ne serait plus permis. Le bois de cèdre servirait à construire leur totem. A eux désormais, de dominer l'homme blanc et toute forme de vie sur la Baie Caravelle.

La légende ne dit pas combien de temps le canot endura les intempéries. L'histoire a confirmé qu'aucun homme ne planta de totem sur les rives de la Baie Caravelle. Leur terre, là bas, abandonnée, devint rouge de la colère d'un seul homme, qui ferait au pays, le don de sa mort volontaire.

"Dents pointues", s'attacha à un arbre avec des cordelettes, fît renaître un instant la chaleur oubliée grâce aux poissons-chandelle puis le feu prit, qui courût par une cordelette sur son corps, on raconte qu'il chanta à tue-tête l'ultime chant sarcastique d'une vengeance éternelle en implorant les dieux. Ce feu de joie dura toute la nuit secoué de couplets que la mort emporta. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons jamais retrouvé aucune trace de ce chant.

Depuis cette époque sur la terre où fût abandonné "Dents pointues", le vent aura disséminé un petit tas de cendres là où ne pousse plus rien que des arbres broussailleux où se nichent des oiseaux affreux et le bétail sauvage est si malodorant qu'aucun homme qui chercha par la suite à s'installer ici, ne pût tenir un jour, sans être pris de nausée, tant la terre et le fleuve exhalent à présent, une odeur de charogne semblant encore courir partout dans l'atmosphère comme autant de peaux de martre qui pourrissent lentement sous les pas de celui ou sur celle qui désire fureter de trop en le lieu.

Quant à la baie Caravelle, on raconte qu'elle fût engloutie par un ouragan. Entièrement engloutie. Mais on ne posséde à ce sujet, qu'une documentation partielle, revenue des "on dit". Aucun livre, aucune carte, ne pourraient apporter la preuve que "Dents pointues" et peut être son âme fûrent doués à ce point du pouvoir tout puissant d'influencer les dieux.


Nota 1 :  Ce texte est une adaptation libre inspiré d'une légende amérindienne tombée dans le domaine public. Toute ressemblance avec des personnages ayant existé, si elle n'est pas fortuite n'a pas encore reçu à ce jour, de certificat d'authenticité.

Nota 2 : La phrase qui ouvre la légende au dessus de l'image est la première d'un poème de Paul Verlaine intitulé "Circonspection", que je reproduirai peut-être ici avant l'an neuf.

Photo : détail d'un totem au pays de légendes plus amènes.

texte et photo Paul © 2011

Commentaires

Merci, j'aime.....

Belle journée avec bises

Écrit par : patriarch | mardi, 06 décembre 2011

@patriarch : Je vous remercie. Le vent d'automne gardera la légende amérindienne loin du chien qui meurt sous la neige ;
ce que vous venez partager ici est un accueil très amical ; c'est élégant de votre part, j'aime aussi !
Belle journée, à vous et + ...

Écrit par : paul | mardi, 06 décembre 2011

Drôle de légende qui traverse l'histoire grâce au "bouche à oreille" J'imagine un conteur, fumant le calumet de la paix, racontant aux habitants groupés autour d'un feu de camp,puis un autre assis prés d'une cheminée et puis il a fallu se contenter de quelques apparitions à la télé.....maintenant on est soulagé de voir que le blog peut encore nous communiquer ce genre d'émotion. Tout n'est pas perdu, OUF! merci paul

Écrit par : alex | mardi, 06 décembre 2011

@Alex : Exactement tiré de la tradition orale, c'est ça. Merci pour les signaux de fumée venus des montagnes qui ne sont encore qu'à mi hauteur d'un pays à ce jour, + incertain que les bruits [tv and co]. L'insensé comme le vent, soufflent à l'uni afin de retrouver ces ronds de fumée hier autorisés aux tables des cafés où les enthousiasmes fragiles trouvaient des chants pour se chauffer et c'était vivre encore un peu pour d'autres joies [que soi]. Nous jouons à distance, avec frasby qui met en ligne, s'y colle, à une place autre, pour l'échange à la botte de l'électrique café, il reste des d'éclats d'un puzzle surprenant, autant de prolongements vos OPUS sont au choeur [OPUS]= [etym : OP]= ! travailler-sans torture hop /HOPI chant indien de l'essai personnel ou multiple le tout sur un fil d'une extrême fragililité. "Une prophétie HOPI prédit la fin de ce quatrième monde, les survivants grimperont vers un cinquième"/ autrement dit cela s'appelle, le CALUMET DE LA PAIX, c'est exactement ça. Quel oeil de lynx, respect ! vous êtes plus indien que l'Hopi, votre chant magnétique me dit que tout n'est pas perdu et se fête j'ouvre un Syrah st Jo fruité boisé, fumé et je lève mon verre à votre santé, cher Alex !

Écrit par : paul | mardi, 06 décembre 2011

Belle histoire de "Potlatch".
Paul, vous êtes un fameux conteur, c'est beau ce travail de passeur par l'adaptation libre, l'invention, la création.
Ces légendes amérindiennes, il faudra que je retrouve le bouquin de Roubaud/Delay, qui ont dû faire comme vous, se réapproprier...
Sans flagornerie aucune, je ne me rappelle pas avoir eu autant de plaisir à les lire qu'à vous écouter.

Cette histoire de "Potlatch" est un sacré truc, ce principe d'offrir toujours plus.
C'est ambigu, il s'agit de pouvoir, d'écrasement de l'autre et en même temps on donne au lieu de prendre.
Quoique :) On connaît tous les cadeaux empoisonnés :)
et "Dents Pointues" sait ce qu'il lui en coûte...

[Parenthèse : ce petit signe là :), c'est le sourire de Jean, une connivence avec Frasby que je salue au passage, Frasby aux manettes]

On n'oubliera pas de sitôt "Dents Pointues", et on reste tout ouïes pour d'autres histoires amérindiennes (insatiables nous sommes).

Quant à cette 1ère phrase du poème de Verlaine, c'est une excellente ouverture à l'installation de nos oreilles :)
ça change de : " Les sourds des tympans porteront la nouvelle aux absents et les aveugles des deux yeux feront voir aux doubles boiteux l'endroit où s'est passé le jeu" :)

Encore merci Paul. On lève un verre de "Vieux Tom" à votre santéetcelledeFrasby : potlatch !

Écrit par : Michèle | mercredi, 07 décembre 2011

encore une histoire d'indiens !!!!
YOU ouh ouh RINTINTIN ! et diantre-tuniques-bleues on va se les déplumer ces zoizeaux rouges la ! non mais oh !
ces sauvages ont quand même cloué à loipedé le pauv' Arthur à leurs poteaux de couleur !
(mais on leur pardonnera sans blème le traitement infligé à Custer)

(merde ! Rintintin a pris du bide et de l'âge : l'a plus trop l'air bondissant ! et la blue cavalerie n'a pas l'air de se pointer !
m'en fous ch'us plus scalpable depuis un bail )

Écrit par : hozan kebo | mercredi, 07 décembre 2011

@Michèle: Mais où avez vous pêché ce joyau ? :
" Les sourds des tympans porteront la nouvelle[...] :) Avec sourire de Jean ! mazette !
Potlatch, poum ! un don inégalable. Par coulisses (et piston), ce sourire m'a été présenté en bon présage, idem votre cueillette au moins Créee, fait 1 heureux [voir 2] ; à ce propos frasby [cf. 2] vous envoie des ronchos de la rutupin, à vous, aux amis, elle vous l'écrira elle même, elle va chasser les lampions en 8 et moi comme je suis pas son premier tambour, je vous dirai que je suis simplement content de vous lire, vous.
C'est rare quand je suis content.
Roubaud § Delay [là vous exagérez] sont mes sources sacrées où ma belette boite des deux pieds, ça fait rire les coyotes mais en souvenir du canard de notre monde à eux, je ne ris pas du boiteux qui enseigne le déséquilibre sans lequel l'équilibre n'aurait rien de si naturel". C'est beau, non ? ;-)
Le potlatch revient de trop loin, vous l'avez vu ? qui filoche en passe passe, sacré truc ! et les contes battent tout au chant au delà des jeux de rôles. J'invoque le chant qu'il nous reste à chanter vous l'avez entendu, n'est ce pas ? En dessous des ponts le poisson-papillon, fume le calumet dans la mer c'est encore beau de ne pas comprendre comment on fume le calumet sous l'eau quand partout c'est la guerre. Au fait j'ai oublié de vous chanter la chanson de l'eulachon, une berceuse. Heure sacrée du merci, bougez pas, Michèle, je vais chercher mon Birimbao, + dix peaux de martres offertes, cadeau !

Écrit par : Paul | mercredi, 07 décembre 2011

@hozan kebo: Oui ! On est obligé, on écoule la marchandise via les blogs, un stock d'histoires d'indiens parus aux collections 12-15 ans de chez Walt Disney est tombée d'un camion, sur la route de Memphis sur Saône il se trouve qu' on était là, on s'est partagé le magot et voilà le travail !

Rintintin, eh bin dites ! j'ai pas trop suivi cette affaire, mon dernier souvenir de cavalerie en date me revient des rivaux de Painful Gulch ou Gluck qui habitaient chez mon cousin d'Amérique mais ils doivent jouer aux petits chevaux à cette heure à la maison de retraite que ce bon Lucky a fait construire avec les droits de versés par les stations Esso,

Et Rintintin je croyais qu'il était enterré à Asnières parce que si on parle du même il est mort en 1932, le vrai Rintintin, alors je me demande si pas scalpable vous ne seriez pas un peu "oeil de renard avec une plume sur le bandeau, mais je n'ai aucune preuve, donc je sèmerai pas la zizanie et puis comme ce serait un gentil indien, du soupçon à la vérité le calumet de la paix, serait pas loin, sinon je ne suis pas pour cribler les oiseaux de flêches, sauf les poulets rotis peut-être...

Écrit par : paul | mercredi, 07 décembre 2011

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