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jeudi, 02 avril 2015

Antidotum Tarantulae

Rêve, ma fleur et repose toi, 

ferme ta bouche de rose.

Rêve et ferme tes yeux tout ronds 

car lorsque tu rêves, le monde rêve.

Ferme les yeux et ne parle pas, 

Rêve des fonds de la mer. 

 

araignée z.jpg

 

Rêve d'un monde fait de musiciens. 

Ferme les yeux et n'aies pas peur 

Rêve du vent rêve de la tempête, 

Rêve de la mer et rêve de la forêt

La musique de cet orgue de barbarie

Remplit ton coeur et creuse ta poitrine.

Et, ma jolie, ne parle pas,

Ce n'est plus le moment de soupirer.

Aujourd'hui, tu as fini de désespérer,

Après-demain nous allons travailler.

Nous allons faire un grand château,

Rempli de belles choses.

Nous le ferons en or et en argent.

Tout le monde doit y habiter.

 

Song, extr."Sogna fiore mio" (Ninna nanna sopra la Tarentella), musique et texte d'Ambrogio Sparagna arrangements de Christine Pluhar in La Tarentella "Antidotum Tarantulae", CD paru aux Chants de la terre, (Alpha 910). En écoute ci dessous.

 

Définition d'Antoine Furetière, in le Dictionnaire universel 1690:

"Tarentole (voir tarentule) : petit insecte venimeux ou araignée qui se trouve au royaume de Naples dont la piqûre rend les hommes fort assoupis et souvent insensez et les fait aussi mourir. La tarentole est ainsi nommée à cause de Tarante, ville de la Pouille où il s'en trouve beaucoup. Plusieurs croyent que le venin de la tarentole change de qualité de jour en jour, ou d'heure en heure, parce qu'elle cause une grande diversité des passions, à ceux qui sont picqués : les uns chantent, les autres rient, les autres crient incessamment ; les uns dorment ; les autres ne peuvent dormir, les uns vomissent ou souent, ou tremblent ; d'autres tombent en de continuelles frayeurs ou frenesies rages § furies. Il dfonne des passions pour diverses couleurs, § fait qu'aux uns le rouge plait, aux autres le verd, aux autres le jaune. Il y en a qui sont incommodez 40 ou 50 ans. On a dit de tout temps, que la musique guerissoit du venin de la tarentole, parce qu'elle reveille les esprits des malades, qui ont besoin d'agitation." 

"Comme Pénélope je tisse une toile nouvelle", chantait notre tarentule homérique au début du printemps. Pour mémoire, la Tarentule était supposée plonger sa victime dans un état profond de léthargie qui conduisait à la mort, ce mal insidieux (ou diablement païen) était nommé tarentisme ou tarentulisme. La victime se trouvait soudain agitée de convulsions ; couchée sur le dos, elle bougeait sur ses mains en se balançant comme sur une toile. Ces symptômes vus de notre époque évoqueraient plus sûrement une forme de catharsis. Alors, "La pizzica tarantata", musique stridente, (tambourin et violon), permettait de guérir par la transe les femmes affectées, dites les "tarentulées", ("tarantate" en italien) et selon l’espèce de tarentule, les musiciens dits "Capi attarantati" recouraient à des rubans de l’une ou l’autre couleur censée agir sur le psychisme du (de la) possédé(e). Cette dernière danse sur la musique pouvait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, à ce remède participait tout le village de la victime. Une illustration de Gustave Doré pour le chant XII du "Purgatoire" de Dante Alighieri semble figurer ce mal : voir ICI.

En ce qui concerne la danse il en existe plusieurs : une tarentelle apulienne, une napolitaine, une sorrentine, une calabraise, une sicilienne. Ces tarentelles dites "nobles" se sont imposées dès le 18ème siècle et elle font partie, encore aujourd'hui du folklore méditerranéen. Nobles ou pas, toutes les tarentelles sont basées sur deux accords et quatre temps, avec tous les 4 temps retour de la même harmonie, ce qui permet des variations infinies. La tarentelle thérapeutique ne s’arrête d’ailleurs qu’à la guérison. Quant à la source du tarentisme en tant que rite, il semble qu’il remonte ’à l’Antiquité. "Tarentule", "Tarente" et "Tarentelle" pourraient avoir comme étymologie commune "tarantinula" (mot latin) ou "tarantinidion" (mot grec) qui désigne le vêtement léger porté par les danseurs des bacchanales. Dionysos-Bacchus fût le dieu le plus honoré dans la région de Tarente et lors des jours célébrant le retour au printemps, les habitants étaient tous en état d’ébriété. Le tarentisme serait probablement une réminiscence de ce culte orgiaque.

(Source, Isabelle Pierdomenico)

Photo : Le malin tarentulophile allant fureter, hurlerait au blasphème déjà piqué (ou mordu, enragé) devant ma représentation abusive de la vilaine tarentule d'antan, j'avoue n'avoir trouvé au jardin qu'une piétre figurante (à défaut de vilaine tarentule poilute), le lecteur adoré n'est pas dupe, ceci n'est pas une tarentule". J'admets que les petits moyens de certains jours n'ont pu s'offrir un safari à Tarente pour vous ramener Dame tarentule à l'ancienne en chair et os -si j'ose dire pour pavane- puisque la tarentule étant une araignée chacun sait que la tarentule n'a pas de squelette à l'intérieur du corps mais ce qu'on appelle un exosquelette, la bête possède huit pattes et deux supplémentaires qui lui servent de fourchette à tenir sa nourriture, elle a deux yeux sur sa tête qui n'ont fonction que de l'aider à percevoir la clarté et la noirceur, comme elle n'a pas de nez ni d'oreilles, elle détecte des vibrations reliées à son système nerveux, elle a plein de poils sur le corps pas mal de poil aux pattes, qui servent de détecteurs et certaines d'entre-elles beaucoup plus chics (garanties sans truquage) sont nées naturellement turquoises (ou bleu de cobalt). Notre tarentule à nous, d'un genre grossier de Xysticus Audax est bien aussi candide que l'immense nébuleuse de la Tarentule située dans la galaxie du "Grand Nuage de Magellan" (à plus de 160 000 années-lumière, d'ici, seulement) il y aurait donc, selon mes calculs, exactement la même distance qui séparerait notre araignée (Xysticus Audax Approximativus) d'une vraie Tarentule de Tarente à moins que la notre soit une vraie tarentule du XXIem siècle, donc une post-tarentule qui aurait été standardisée, liftée, épilée pour la photo, afin de ne pas effrayer les arachnophobes, ce qui ne veut pas dire que le poison expulsé par cette innocente ne provoque pas des altérations morales et des affections du seul ordre de la contrariété. Il est vrai qu'au printemps, il aurait été plus heureux de vous montrer des fleurs (ce que je ferai courant Avril, après ces pluies de Mars, le jardin est un enchantement). Quant à ce disque peut-être pas évident à la première écoute, il est finalement, merveilleux, et envoûtant à mesure qu'on le redécouvre, arrangé par Christine Pluhar, il mériterait sans doute d'autres précisions, en un autre chapitre. En attendant, l'écoute de cet album, peut s'avérer une excellente alternative à la musak FM qui s'étend sournoisement dans nos villes, contre laquelle il n'existe pas de contre-poison digne d'une tarentelle pour l'éradiquer totalement. A suivre, peut-être s'il est possible, ...

 

Au jardin, © Frb, 2015

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