samedi, 12 avril 2014
L'aube et la nuit
S’épuiser à chercher le secret de la mort
fait fuir le temps entre les plates-bandes
des jardins qui frémissent
dans leurs fruits rouges
et dans leurs fleurs.
L’on sent notre corps qui se ruine
et pourtant sans trop de douleurs.
L’on se penche pour ramasser
quelque monnaie qui n’a plus cours
cependant que s’entendent au loin
des cris de fierté ou d’amour.
Le bruit fin des râteaux
s’accorde aux paysages
traversés par les soupirs
des arracheuses d’herbes folles.
JEAN FOLLAIN in "Exister", Gallimard, collection blanche, 1947
Le premier mouvement du printemps, une éclosion, surprise dans la fraîcheur de l'aube, jusqu'au profond silence de la nuit et ses hymnes, qui garde avec les fleurs, nos joies perdues, ce qu'il faut redouter, apaiser et enfouir...
Au jardin : © Frb 2014
lundi, 15 novembre 2010
Auteurs sans textes et sans lecteurs
Écrire, c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l'écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure.
ROLAND BARTHES, extr. "Sur Racine", éditions Seuil, 1963.
Au lieu de se demander quel genre d'auteur réside dans un texte, allons dans une autre bibliothèque toute différente, afin de dépayser notre petit train train d'intelligence, allons quérir d'autres volumes aussi inaccessibles qu'interminables, allons lire juste au bord de la falaise ou au désert, creusons des galeries sous les plages, jusqu'au trou noir...
Les premiers moines des déserts d'Egypte de Syro-Palestine n'ont laissé que des anecdotes. Ces textes ésotériques immobilisent. On se trouve pris dans un tourbillon intérieur qui creuse l'esprit. C'est peut-être le combat avec l'ange (?) on se mettrait à réapprendre à lire ou à se lire soi-même. La note traditionnelle du texte s'effondrerait, au lieu que les mots suivent d'autres mots afin de donner une signification, au lieu de cela, il y aurait un silence ou un vide. Dans ce vide, ce silence, se trouverait encore la signification. Le premier secret est là. La signification commence dès lors que lecteur estime que la connaissance a été évacuée.
ECOUTER, un extrait du "Marteau sans Maître" : ICI
Variations et liens autour du thème du lu et du non lu :
http://livres.blogs.liberation.fr/livres/2007/05/du_livre...
http://www.kristeva.fr/kristeva_de_l_ecriture.pdf
Note spéciale - A propos de non-textes avec auteurs - certaines personnes ont tenté ces deux derniers jours de venir commenter ici et quelques uns d'entre vous m'ont écrit pour me demander pourquoi je ne publiais pas leurs commentaires. La réponse est aussi claire que le mystère s'épaissit, c'est tout simplement parce que ces commentaires ont dû se volatiliser en cours de route, en résumé je ne les ai jamais reçus. Il ne s'agit donc pas d'une modération volontaire et je présente à celles et ceux qui ont pris du temps pour écrire des commentaires ici et n'ont pu les voir publiés, toutes mes excuses pour ce dysfonctionnement très regrettable et récurrent depuis cet été, mes efforts pour le signaler en hauts (et forts) lieux s'étant heurtés à des murs (plus murs, tu meurs), j'espère que ce désagrément technique ne durera pas trop... En attendant, je vous remercie de votre patience et de votre compréhension.
Photo : Feuilles ou oiseaux (?) en plein vol surpris sous la vitre bleutée, poussiéreuse d'un abri-bus, rue de la République à Lyon, photographiés un jour de pluie en Novembre et reproduits ici altérés, sans vitre bleutée dont la texture s'est volatilisée par la grâce -ou disgrâce- d'un pseudo Photoshop (sans photo et sans shop), © Frb 2010
22:55 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent