lundi, 03 novembre 2008
Comme un lundi (Gris Bonnet et Bonnet gris)
Elle est étrange cette petite usine de la rue Bonnet à Villeurbanne, toujours fumante, au milieu de friches, cachée derrière des arbres, dans sa tôle ondulée. On s'étonne qu'un tel lieu soit encore en activité. Il y a ici un mélange de vieille ville et de campagne triste, et jamais on ne voit aux heures de pause, sortir des ouvriers (qu'on imaginerait bien avec une gamelle en fer à la main, et le visage embarbouillé) mais non, personne et rien . Qu'est ce qu'on fabrique là ? nul ne le sait... Quel est le combustible qui épaissit le ciel à cet angle de rue méconnu, stratégique ? Quelle est l'âme qui nourrit ce feu? Est-ce la même qui hante la nuit, le clocher de la charité et s'en revient le jour couvrir d'un épais voile cette rue fantômatique ? Certains signes ne trompent pas. Comme l'a toujours écrit "L'esprit des lieux": il n'y a pas de fumée sans feu ...
05:00 Publié dans Balades, Certains jours ..., De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
C'est là qu'on a envie de convoquer Zola et de lui demander des explications. Ca me fascine toujours ces zones en friche, vacillant entre une ancienne vie miséreuse et glorieuse et une vie résolument miséreuse voire de déstruction.
Écrit par : Léopold | mardi, 04 novembre 2008
@Leopold: Zola bien sûr, il est entre les lignes, et vous avez raison , il faut qu'on attrape ce monsieur au plus vite, et qu'il réponde à nos questions ;-)
Ici c'est une friche bien mystérieuse, cela fait des années qu'elle ne bouge pas alors que cette banlieue entière ressemble à un morceau de gruyère (géant;-) avec grues pelleteuse, on rase pas gratis, mais on rase... Et l'usine de la rue Bonnet de plus en plus en friche , avec des plantes qui envahissent tout
elle fume encore ... Il y a même une petite maison avec deux boites aux lettres, une certaine RaquinThérèse et puis... non ? vous me croyez pas ;-) j'adore ce qui vacille... Merci de votre matinale que je partage assez...
Écrit par : frasby | mardi, 04 novembre 2008
C'est l'esprit du vieux Villeurbanne qui s'évapore par ce toit,
Quand s'étalaient de rues en rues la zone, le faubourg,
Et les restaurants ouvriers
Où l'on mangeait à l'assiette...
L'usine n'est plus qu'une activité de mémoire :
Le temps de Lazare Goujon
Y résiste légèrement
A celui de Jean Paul Bret
Les années incinérées :
Pas besoin de Zola pour les décrire
Mais plutôt de Verhaeren, pour les chanter.
Écrit par : solko | mardi, 04 novembre 2008
@Solko: L'esprit du vieux Villeurbanne , ça doit être cela, je n'ai pas du tout connu, mais il reste des survivants, qui causent sur le peu qu'on leur laisse de place ( exit wilson , une buvette entre des autos... ) enfin ,ils causent quand même. Il reste aussi
Des maisons ouvrières , derrière des vieux portails branlants...
l'usine fumerait elle sa mémoire ? c'était quoi les restaus
ouvriers ? Et où est il le fils spirituel de feu Lazare Goujon ?
On pourrait convoquer Verhaeren, (sans pour autant décommander Zola), pour un grand show sur "les années incinérées"au fantasio (je crois que c'était le cinéma permanent qui devait se situer à peu près à la place de la grande tour en verre sur le cours Emile Zola? (sous toute réserve )mais je m'éloigne de la zone et des faubourgs, évidemment... Bonne journée à vous.
Écrit par : frasby | mardi, 04 novembre 2008
Superbe photo !
(comme la plupart des photos de ce blog d'ailleurs)
Écrit par : kl loth | mardi, 04 novembre 2008
@kl-loth : Merci , pour ce doux message, de ta part ... encore ++++ touchant ;-)
Bonne soirée à toi.
Écrit par : frasby | mardi, 04 novembre 2008
Des restaurants ouvriers, il n'y en a plus guère. On y mangeait à l'assiette ( équivalent approximatif du plat du jour), on y avait son rond de serviette, les nappes y étaient rouge à carreaux, la serveuse avait la gueule d'Arletty, le patron celle de Jean Gabin ou de Lino Ventura. Bref, c'était comme un routier des nationales, sauf que là, c'est l'ouvrier qui était sympa.
Écrit par : solko | mardi, 04 novembre 2008
@Solko : ah oui c'est cela, je ne comprenais pas "à l'assiette" car aujourd'hui aussi n'importe quel restau peut proposer un menu à"l'assiette"... Le rond de serviette, c'est quelquechose ! il faudrait faire un billet là dessus ;-),les nappes rouges à carreaux forcément,personne ne résiste il y a une sorte de tendresse particulière à manger sur des nappes rouges à carreaux...(on y poserait facilement, une salade de lentille, un bon gratin dauphinois à la crème, et un fromage celestement coulant;-).
La patronne en gueule d'Arletty mais j'imagine avec l'accent lyonnais (ou villeurbannais) les villeurbannais ont horreur d'être assimilées aux "lyonnais", c'est une injure pour eux ... Mon père m'a raconté sa jeunesse à villeurbanne , où les différends se réglaient à coups de poing dans la gueule , des voyous ces villeurbannais...
Le patron avec une gueule à la Gabin, Lino que du viril sans ronds de jambe , j'aurais bien aimé voir ça... Vos images sont costaud(es) on s'y croirait ... Merci pour le petit film. Il y en a encore , j'ai un plombier du genre qui veut pas lâcher son affaire, pas ouvrier mais artisan à l'ancienne, avec une casquette à carreau , et un mégot de gitane Maïs soudé sur la droite de lèvre inférieure... La tête sous le lavabo ,un jour, il m'a raconté l'histoire du villeurbanne d'avant mais pas les restaus ouvriers ... donc on avait besoin d'un supplément ;-)
Écrit par : frasby | mardi, 04 novembre 2008
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