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dimanche, 05 décembre 2010

Monstres doux

On n'est pas sur terre pour pondre des livres et qu'il est difficile d'écrire sans fastes, simplement vrai, comme on vit !

BLAISE CENDRARS : extr. "Blaise Cendrars vous parle", éditions Denoël 1952. 

monde171.JPGLa vie de Blaise CENDRARS, on le sait, est un roman, vrai, et plein de mensonges, elle permet un nombre illimité de lectures, ce qui explique un bon gros tas de malentendus que CENDRARS a toujours entretenus avec une joie presque enfantine. Des grands vertiges de Ménilmuche transformés en contes africains, aux trajets coutumiers en autocars jusqu'aux voyages dans les grands trains (Transsibérien pour n'en nommer qu'un seul), CENDRARS n'a jamais cessé de prolonger l'état d'éveil. Ses grands calculs il les fait pour ceux qui ne comprennent rien aux petites comptabilités ordinaires, exemple (entres autres, encore, pour lui, fumer une cigarette équivaut au temps du trajet en bus des Batignolles à la gare Montparnasse.) De "L'or" succès incontestable /"La découverte de l'or m'a ruiné. Je ne comprends pas"/ à "Moravagine" grandiose et délirant /"nous remontions l'Orénoque sans parler"/, CENDRARS a l'énergie des remises en cause radicales, il vit dans la mémoire de ses personnages, il vit plusieurs existences à la fois, et se refusera toujours que son existence se limite à une seule et unique trajectoire.

Champignonnage. Phosphorescence. Pourriture. Vie. Vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie. Mystérieuse présence pour laquelle éclatent à heure fixe les spectacles les plus grandioses de la nature. Misère de l'impuissance humaine, comment ne pas en être épouvanté, c'était tous les jours la même chose !

Un instant entre ses dérives, nous retrouvons CENDRARS à la terrasse d'une brasserie de la Porte d'Orléans, dans la banlieue sud de Paris. Il s'apprête à revoir un monsieur qui a des allures de moine chauve,  dont "l'érotisme monomaniaque" est partout proclamé voire décrié, on l' accuse de pornographie. HENRY MILLER, en personne, droit comme un bonze, attend CENDRARS assis sur une  bonne chaise en paille. BLAISE CENDRARS, indolent, courtaud, rougeaud, et le corps porté en avant a rendez-vous avec celui qu'il surnomme le "Chinese rock bottom man", ("le chinois qui a touché le fond"). Pour MILLER, la voix de CENDRARS évoque "Le tumulte de la mer". La main tendue vers lui est chaleureuse. A peine installés, les deux hommes retrouvent leur belle complicité d'antan, entre eux, une si grande évidence, n'a pas tant besoin de se dire. Ils reprennent une conversation jadis suspendue là où elle en était. D'un continent à l'autre, ils n'ont jamais manqué de s'adresser leurs ouvrages dès leur parution, au moins pour témoigner de leur santé mentale qui est très bonne malgré un désespoir qu'ils savent l'un et l'autre incurable, mais ils ont besoin de ce réconfort mutuel pour mieux s'assurer que "les imposteurs ne méritent qu'indifférence". Leurs sujets de conversations sont inépuisables. Le tout venant est leur domaine, ils ont accès à tout. On aurait pu rêver de se métamorphoser juste un instant en papillon (style éphémère) pour voltiger d'un verre à l'autre à la table de ces deux là, afin de dérober à notre tour quelques bribes d'une conversation qui nous rendrait quelques points de vie, tant MILLER et CENDRARS sont curieux, boulimiques, stimulés par le flux verbal, la surenchère des mots, la parole enivrant, plus encore que l'alcool, tout cela monte en eux, jubile jusqu'au fou rire, ils dévident en copains et dans la bonne humeur les secrets de leur mytholologie perso, leurs récits ou projets de vagabondages. Paris, New York, la Grèce, les sentiers de Californie, les remous de toutes aventures, les trimardeurs et les routards en fugue... Autant qu'ils peuvent, ils essaient d'échapper aux accrocs, au coups bas qu'ils connaissent bien, à ces misères vécues dans cette drôle d'Amérique qu'ils ont également en commun. Ils se re-connaissent quasi jumeaux dans ces aventures sans ancrage et cherchent encore. Hors circuit tous les deux, semblables en d'autres temps, ils sont les hommes qu'ils ont été jadis pour un instant présent qui ne concède rien aux idées d'échéance, ils ont tous deux plus que la littérature, ils en connaissent le geste, les mouvements fictifs ou réels, le mode de vie risqué quand les tous les présents, les passés, leurs futurs, se conjuguent jusqu'à la confusion, jusqu'à  la création d'un nouvel état de grâce. CENDRARS glisse d'un sujet à l'autre, sans trait d'union, digresse, bifurque, puis il s'embarque par jeu dans une douce provocation, sans préambule il demande à MILLER :

"Vous devez vous faire une haute idée de Lawrence n'est ce pas ?"

Pour MILLER ça devient difficile d'être flou, d'autant que CENDRARS enchaîne très vite.

Franchement vous ne le trouvez pas un peu surfait ?

On sait que CENDRARS (sans doute pour raison d'estomac), écorna sans vergogne quelques uns de ses contemporains, dénonçant les attitudes "écrivassières", la vanité autocratique des businessmen de l'édition, il s'illumina, touchant ça et là aux plus belles icônes de son temps puis se lassa aussi rapidement de ses propres persiflages. On sait (et à plus juste titre qu'avec LAWRENCE), que CENDRARS se gaussa joliment du père ANATOLE FRANCE :

Ce vieux croquemitaine souriant.

Il refit le portrait d'une façon brève et nette, de l'intouchable PICASSO,

Ce batard de l'académisme.

Vif et définitif, l'oeil de CENDRARS voit clair, et sa verve inflammable incise comme une lame. Il s'amuse à  faire vaciller son copain MILLER, qui pour une fois, manquera de répartie. MILLER défend mal son ami  D.H LAWRENCE, auteur pourtant du torride "Lady Chatterley". Il abandonne assez vite l'idée de défendre qui que ce soit, il préfère écouter CENDRARS qui  déjà le réembarque en quelques secondes pour une autre conversation qui s'inclût tout autant dans la même, pourquoi pas ? A noter contre l'anecdote que quelques années plus tard, c'est le mot "tendresse" qui viendra naturellement à CENDRARS pour évoquer son lien avec D. H LAWRENCE. Et cette contradiction sera encore d'une grande fidèlité.

A la station Porte d'Orléans, CENDRARS précipite les adieux. MILLER retourne en Amérique. MILLER n'aura  jamais oublié l'article que CENDRARS consacra un jour à ce livre magnifique qu'est "Tropique du Capricorne", cette oeuvre charnelle jugée trop sexuelle fût interdite dès sa parution en 1939 mais CENDRARS avait déjà "reniflé" l'écriture et la pyrotechnie d'Henry MILLER ne lui était pas si étrangère :

Un régal, un livre atroce exactement le genre de livre que j'aime le plus.

A la fin de son article, CENDRARS annonçait déjà, au delà d'un enthousiasme de lecteur, de critique, une espèce d'humanité commune ou plus exactement une gémellité :

Je me devais de vous saluer mon cher Henry MILLER, car moi aussi j'ai erré, pauvre et transi dans les rues hostiles d'une grande ville à l'étranger où je ne connaissais pas âme qui vive et où j'ai écrit mon premier livre. C'était dans votre vieux New York, mais ceci est autre histoire...

  Nota 1 : Ce billet s'est largement inspiré d'un petit livre formidable promu au destin de livre de chevet qui serait par ailleurs une très chouette idée de cadeau à mettre dans les chaussures de quelqu'un qu'on aime bien (il n'y a pas que les auteurs à la mode qu'on peut commander au Père Noël). L'ouvrage a pour titre  "Pour saluer CENDRARS" (l'hommage est savoureux, le contenu très fidèle à son titre), il est signé Jérôme CAMILLY, et, pour la gourmandise, le livre est  illustré magnifiquement par Robert  DOISNEAU. Le tout est édité chez Actes Sud (1987), ce sera le coup de coeur de fin d'année de Certains jours et des jours qui suivront. 

 Nota 2 : La vignette ci-dessous est un fragment  (ou copie) d'un portrait de CENDRARS par DOISNEAU une, parmi les nombreuses photos qui illustrent ce livre, elles sont toutes admirables et parfaitement référencées.

Autres liens, (certes pas utiles, on dira donc en complément, et tout à votre guise) :

http://www.cebc-cendrars.ch/

http://www.franceculture.com/oeuvre-blaise-cendrars-la-vi...  

Plus quelques voix...

http://ubu.artmob.ca/sound/miller_henry/Miller-Henry_Thir...  

... Dont une certaine étrangement tronquée jusqu'où ? On n'en saura pas davantage ...


cendrars visage027.JPG

 

 

 

 


 

podcast

 

Remerciements à : "La revue des ressources" d'où provient ce précieux document.

 Photo : Graff mural idéal. Un seul mot pour deux monstres doux, qui referont le mur, photographié un peu partout, entre plusieurs allers retours Lyon-New York, je ne sais plus quand, je ne sais plus où. © Frb 2010.

Commentaires

Merci Frasby de ce magnifique billet. Nous vous écoutons comme Henry aimait à écouter Blaise.
C'est dit, il y aura Jérôme Camilly dans le petit soulier de Noël et puis aussi un aller-retour Lyon-New-York quand vous voudrez, mais ceci est une autre histoire :)

Écrit par : Michèle | vendredi, 10 décembre 2010

@Michèle : Merci Michèle ! :) vous êtes erbadola :) c'est un plaisir, je dévisse mon béret pour saluer votre enthousiasme qui aurait bien plu au père Blaise ! (pardi ! je le connais bien je vais manger les pieds paquets avec lui tous les vendredis à la Manille, je vous le présenterai), en attendant il aurait beaucoup aimé votre façon de lire, votre curiosité, le Blaise. En fait ce billet c'est surtout Jérôme Camilly qui l'a écrit, moi je n'ai fait que recoudre ici et là les machins, et les bidules, Jérôme Camilly a réalisé un pur hommage en forme de bijou un peu sauvage et brut, fidèle à Cendrars, à Doisneau, fidèle à Fernand, (Léger ! ) aux copains du Blaise, il y a un passage délicieux autour d'Erik Satie, superbe, juste des récits sans se la péter, la profusion, un grand respect mais brut, pas de solennité, no chichis c'est simple, c'est beau, un petit ouvrage précieux vivant, la fin du petit livre est triste. Jérôme de Camilly aime Cendrars, (comme lorsque on lit Brassaï ou F J Temple) et ce petit livre m'a t-on dit est devenu rare, alors je ne sais pas si on le trouve encore (?) dans les crèmeries. Je l'ai eu entre les mains trois semaines (merci ! la bibliothèque municipale de
Lyon !) mais je l'ai gardé bien plus longtemps, je n'avais plus envie de leur rendre, et je peux vous garantir qu'on s'attache à chaque page, dans ce livre il y a des chouettes gens en plus il se lit bien partout, j'ai testé pour vous, dans les cafés, les trains, le métro, dans la salle d'attente du vulcanologue, à dos de chameau, dans l'ascenseur, ou vautré n'importe où et je n'ai pas reçu de pots (peaux ?) de vin pour faire la réclame. Dans le soulier ! du Cendrars dans les godillots oui ! oui ! pour l'aller retour Lyon-New York (pas de blème Chimèle!) j'en serai ravie, je réserve deux chameaux ? A moins que vous ne préfériez la draisienne ? Quand partons nous ? Demain ? :)

Écrit par : Frasby | vendredi, 10 décembre 2010

"... leur santé mentale qui est très bonne malgré un désespoir qu'ils savent l'un et l'autre incurable..."

Ce "malgré", je ne sais pas mais je me demande si c'est bien le mot qui convient. Son caractère d'opposition indiquerait donc une incompatibilité entre bonne santé mentale et vision désespérée du monde. Je n'ai aucune certitude mais quelque chose me dit que l'affaire ne peut être réglée aussi rapidement :)
Je ne vois que désespérant nous soyons à ranger dans ceux qui défaillent mentalement car enfin ne suffit-il pas d'écouter, entendre, ressentir et percevoir pleinement "ce qui se passe" partout pour réagir «naturellement» désespérément ?
Sans doute n’y a-t-il aucune vérité nulle part - je doute tellement que je n’ose l’affirmer - mais j’ai le sentiment que nous sommes plus près du réel dans sa critique que dans son éloge.
Et qu’en désespérer ne nous tient jamais si près de lui. Ou qu’en être proche nous tient en désespoir. Plus près encore et c’est l’abattement complet.
Je tiens pour dérangés ceux qui vantent tout ce qu’il faudrait abhorrer - dont vos billets se font parfois l'écho.
Ne m’en demandez pas la liste exhaustive je devrais y consacrer des heures, et je ne doute pas que vous la connaissiez. Je prends même le pari que sur vos vingt premiers choix nous nous retrouverions sur à peu près tous.

«... leur santé mentale qui est très bonne grâce au désespoir qu’ils savent l’un et l’autre bénéfique...». Donc :)

Écrit par : Jean | vendredi, 10 décembre 2010

@Jean :Merci pour cette belle intervention ; "grâce ! oui bien sûr ! grâce au désespoir ! vous avez entièrement raison, d'ailleurs j'ai "buté" sur cette phrase en rédigeant ce billet, je ne vais pas dire que c'est de la faute à Jérôme Camilly, ça serait gonflé de ma part et de sa part à lui, vous verrez que cela se défend assez bien, (sauf que j'admets l'avoir peut être mal rédigé) c'est vrai que j'ai voulu respecter la trame du récit de J Camilly par rapport à une histoire précise de cendrars , à son livre puisque je le présente ici, autant tâcher de ne pas trop trahir l'intention de son auteur j'ai failli virer cette phrase qu'intuivement je ne ressens pas, de mon point de vue, je suis en accord avec vous sur l'idée de désespoir existentiel et de santé mentale mais je crois que J Camilly a écrit "à cause" du fait que l'on n'a pas vraiment appuyé ce trait là de désespérance chez CENDRARS et MILLER, du moins pour un public qui découvre ces 2 auteurs (via le lagarde et michard, par ex; pouf pouf) ce n'est pas la tristesse ou le désespoir qui l'emportent (contrairement à un Cioran ou un Becket) bref, c'est d'emblée une vitalité hors du commun, le côté "viveur", la boulimie , Miller et Cendrars sont deux ogres qui bouffent la vie par tous les accès qu'elle propose : ça c'est l'image d'Epinal -et on oublie un peu ces écrits où Cendrars avoue avoir passé une partie de sa vie à songer au suicide, on oublie assez vite même si lui l'évoque très souvent cette main coupée, qui l'a fait souffrir atrocement, physiquement , moralement, et on oublie que Miller a souffert le martyr de la misère (comme Cendrars) qu'il fût clochard et crût ne jamais pouvoir "remonter" malgré son obstination liée à l'écriture il a aussi souffert de sa relation avec June qui était une relation complètement folle dans tous les sens du terme (le sens pathologique conviendrait tout à fait) il a cru y perdre la raison lui même enfin bon, je crois que l'allusion de J Camilly a été sciemment faite par rapport à un désespoir "précis" disons des "drames anciens" réels qui ont laissé des traces indélébiles au présent, les deux auteurs ont été très loin tous deux dans l'expérience des limites réellement, et leur corps fût marqué par ces drames c'est pourquoi au final j'ai laissé cette portion de phrase telle qu'elle m'était arrivée dans le livre, puisque il me semblait que ce désespoir au delà du fond existentiel, avait son origine dans des faits précis laissant des béances pour la suite,et des béances à vie, je ne sais pas si vous percevez la nuance :), même si ce billet n'est pas la copie du texte de J Camilly, il s'en est largement inspiré, je crois que c'est pour cette raison que j'ai laissé "à cause" parce que "grâce" cautionnerait des tragédies inacceptables, des désespoirs comme des choses bénéfiques, or il me semble qu'il n'est pas avantageux pour Cendrars d'avoir été mutilé, ni pour Miller de s'être clochardisé (entre autres), ces expériences peuvent rendre fous, eux ils sont devenus in pourrait dire des "rescapés", mais ils se seraient tous deux passé de ces "drames" personnels" et ils auraient été écrivains aussi fabuleux avec ce même fond de lucidité, il est des désespoirs qui ne servent à rien sinon à entraver, attrister à vie, blesser davantage, à procurer des traumatismes désolants, inoubliables et cela n'est pas si relatif à la lucidité, ou à cette désespérance comme toile de fond, dont nous parlons de manière plus floue, le mot "incurable" (que j'ai choisi, exprès, Camilly employait un mot moins radical, je crois), ce mot, parle de "soin impossible' par rapport à un mal qui n'aurait jamais dû exister celui de la chienne de vie, le fatum, la vacherie injuste, inoubliable. A tout réfléchir, si je mets "grâce" forcément ça me contrariera de faire l'apologie par exemple d'une amputation inutile, parce que je n'ai pas envie de louer la souffrance, ni d'en faire le socle du talent lucide de ces deux auteurs même si elle éveille à une certaine gravité, Miller et Cendrars sont des écrivains réels avant d'être des "rescapés" au sens vital peut être que c'est pour cela que le terme de santé mentale doit être pris au tout premier degré sans aucune précaution inellectuelle , c'est très brutal tout cela, ensuite je ne sais pas si je réponds bien , mais il est évident que l'affaire ne peut être réglée rapidement et on ne la réglera pas, la vérité elle est bien quelque part inscrite dans les drames personnels mais elle est indicible, nous ne revêtirons jamais la peau des auteurs, nous entrerons juste dans les mots. Je vous fais une réponse terre à terre, (pour une fois :) c'est très long, je suis désolée parce que je n'ai pas la vérité, j'ai une sensation, celle que Cendrars et Miller n'ont pas été épargnés et leur santé mentale, leur vitalité tenant du miracle, est aussi difficile à exprimer que cette notion délicate de santé mentale avec laquelle on pourra se débattre et débattre... Enfin sinon, (hors biographies) je n'ai rien à contester à vos arguments ils sont si proches de mes idées, mais vous le savez :) simplement une question à propos de cette phrase "Je tiens pour dérangés ceux qui vantent tout ce qu’il faudrait abhorrer" dérangés ? Question piège par opposition à "rangés" ? Je veux la liste.
Des noms ! des noms ! :))

Écrit par : Frasby | vendredi, 10 décembre 2010

@ Jean :
"J’ai le sentiment que nous sommes plus près du réel dans sa critique que dans son éloge.
Et qu’en désespérer ne nous tient jamais si près de lui. Ou qu’en être proche nous tient en désespoir. Plus près encore et c’est l’abattement complet."

Vous établissez un rapport presque naturel, Jean, entre désespérer du réel et le critiquer et vous tenez pour santé mentale la capacité, la force à montrer toute l'horreur du réel.
Je suis d'accord lorsque c'est de force créatrice que vous parlez et de l'aptitude à œuvrer en retournant son désespoir comme un gant.
Mais vous savez aussi que le désespoir n'est pas toujours ce cri qui nous met au plus haut de notre humanité, qui serait un cri-poème ; qu'il est parfois si fort qu'il finit par être attribué à un dysfonctionnement physique, ou qu'il pousse le désespéré à s'installer dans un présent perpétuel par incapacité à organiser son futur. Comme les SDF qui sont la préfiguration d'une de nos fins possibles. Qui incarnent le stade ultime d'un déclin vers quoi notre vie pourrait tendre. Une vie où on ne possède rien, ni domicile, ni amis, ni identité.

Écrit par : Michèle | vendredi, 10 décembre 2010

@Michèle : oui, vous avez raison sur toute la ligne. Frasby évoquant Cendrars et Miller, je me cantonnai dans mon commentaire à aborder le désespoir créatif comme vous l'abordez vous-même. Celui est constructif. "Il faut tirer du pire un parfum" disait je ne sais plus qui.
Je ne sais que trop, par ailleurs, combien la désespérance liée à un coup du sort peut être une condamnation à vivre un enfer. Je parle en connaissance de cause, je n'en dirai pas plus.
C'est seulement pour vous dire que je" n'esthétise" jamais.
:)

Écrit par : Jean | vendredi, 10 décembre 2010

@ Jean : on n'écrit pas ce que vous écrivez quand on ne voit rien du réel. Mais on peut se cogner à des choses lourdes et ne pas écrire ou peindre ou chanter pour autant :) je ne disais pas autre chose.
De fait, il était inutile que j'en rajoute et je vais vous dire pourquoi je l'ai fait. Je me suis sentie tellement légère dans mon commentaire premier (Frasby ne m'avait pas encore répondu et je pensais qu'elle ne le ferait pas) que j'ai voulu me "rattraper", bien inutilement je le répète. Frasby maintenant m'a répondu et je me sens légitimée dans ma légèreté. Voyez où ça se loge :)

@ Frasby : merci de votre erbadola réponse.
Si on ne trouve plus le Camilly, il y aura toujours la ressource du bouquiniste. Vous en donnez le lien, mais chut, sinon Tanguy va le piquer :)

Écrit par : Michèle | vendredi, 10 décembre 2010

@Michèle : finalement nos courriers se sont croisés et vous apportez (comme il me semblait) votre adhésion au parti pris artistique de Jean, son engagement qui n'est pas détaché du réel (désespérant), pas Jean ! le réel ! :) ah lala ! c'est vrai aussi qu'il y a des gens qui n'ont pas l'échappatoire de la créationet là encore on pourrait moudre un grain mais je ne le ferai pas (ouf ! :) artiste c'est pas tout à fait un cadeau au départ, (il me semble hum hum) c'est une possibilité, est elle louable ou entravante ? Tout cela apparaîtra dans le désordre mais peu importe. Et je ne crois pas qu'il soit si grave que cela de voir des réflexions légères cotoyer la gravité de certains sujets, nous avons une culture qui ne mélange pas le grave et le léger (ça ne se fait pas, bien que notre culture soit capable de pire obscénités en toute bonne conscience mais passons ...)
Cendrars lui même était un peu chinois, n'avait il pas placé sa main coupée dans les étoiles... ? Alors autant le dire (tant pis si c'est du coq à l'âne j'ai adoré votre légéreté elle est encourageante, c'est beau la légereté ! et j'avais envie de vous répondre (ej prédrons joutorsu masi vousent en tradre, draponnez iom masi qnad al greleté étape li ste supl fificlide ed pondère...) Le camilly je ne sais si on le trouve encore je ne fréqunte pas les cnaf cnaf (ni grivin gratesome), alors sans doute faudra t-il faire un casse à la TGB ou grimper sur les escabeaux des bouquinistes, (ça tavu el puco de ufonier). C'est drôle que vous parliez de ce cher Tanygu, j'ai pensé à lui car il y a un beau passage dans le livre qui décrit Arcueil Cachan ( ah bon ? je l'ai déjà dit ? :)) Tanygu piquer le lien ? le voyou ! Il n'oserait pas nous faire une chose pareille, tout de même ?
Enfin, merci Michèle pour la légéreté, et je vous jure que n'avez pas besoin de vous la faire légitimer elle se légitime très bien toute seule, elle court ! elle court ! sur ces petites pattes arrière comme une gazelle. Cendrars dirait "Gâââzelles et il vous la piquerait :)

Écrit par : Frasby | samedi, 11 décembre 2010

@Jean : Nous avons toujours interêt à préciser nos intentions pour la raison un peu bête que l'espace public où nous exposons nos partis pris, est sujet à malentendus, d'ailleurs chaque fois que nous communiquons nous nous exposons au malentendu (je parle en connaissance de cause :) donc c'est bien que vous puissiez venir dire vous même ici et très clairement que vous n'êtes pas dans un parti pris d'esthétisme concernant un sujet aussi délicat que le désespoir, la santé mentale et si nous savons (je pense que Michèle est sans objection de mon avis,) que vous n'esthétisez jamais, vos textes chez vous sont loin d'être issus d'une posture "arty" only formelle, ou d'un désespoir pour faire "genre" , ils ont une telle intensité enfin, bon... Si nous savons cela de vous, ce serait dommage que les idées que vous défendez ici "du point de vue créatif" avec lesquelles je m'accorde aussi, soient mal interprétées par des visiteurs qui ne connaitraient pas votre écriture ou quelqu'un qui passerait ici par hasard, car vos idées du point de vue créatif, ne nous mettront nullement en opposition les uns envers les autres (il me semble, je laisserai Michèle, confirmer ou non, cette sensation, si elle le désire) mais j'ai besoin de cette clarté, (la votre), celle de Michèle, pour des sujets aussi délicats, si difficiles à exprimer, nous sommes vraiment dans le brut de l'humain, au coeur d'un "monde" là où les débats, les mots sont de faible densité par rapport à ce qu'il faudrait en dire. Voilà pourquoi, ces interventions semblent plus une discussion toujours à affiner, qu'un débat qui nous opposerait, le sujet se prêtant mal à nous opposer, (c'est justement le contraire, il me semble) je tenais à vous le dire car votre "point de vue créatif" est un parti pris qui
ne peut pas se comparer, il existe avec sa valeur exigeante, sa lucidité terrible et parfois fertile, il participe au monde de la même façon, ou disons dans la même simultanéité qu'une autre forme de désespoir au stade ultime, on ne peut pas mettre le désespoir du point de vue créatif et le desespoir qui procède l'incapacité à surmonter un évènement trop lourd pour l'humain l'un en face de l'autre et compter les points et faire débat cela est impossible... Enfin j'exprime cela maladroitement mais je sais que vous comprendrez :) autant que je peux (j'espère :) écouter et beaucoup apprécier votre engagement profond du point de vue artistique :)

Écrit par : Frasby | vendredi, 10 décembre 2010

"... chaque fois que nous communiquons nous nous exposons au malentendu..."

Le langage ne serait donc qu'une approximation, pauvres de nous qui ne savons pas dire notre pensée exacte !

Comment se tirer de ce mauvais pas ? Notre silence ne nous rattraperait pas davantage.
Le malentendu est peut-être la forme la plus poussée de notre parole, qui sait ? :)

@Michèle : je vous entends, n'ayez crainte. Nous sommes égaux dans ce qui précède :)

Écrit par : Jean | samedi, 11 décembre 2010

A lire ce billet et ces commentaires, on ronronne de plaisir...

Écrit par : solko | samedi, 11 décembre 2010

@Jean : Nous sommes approximatifs sans doute, (enfin c'est mon point de vue, un des rares dont je ne doute pas)
votre commentaire me fait penser au texte magnifique d'un certain Tzara "L'homme approximatif"
Ne pas savoir dire sa pensée exacte c'est peut être une damnation ou bien quelque chose qui nous obligera toujours si nous l'admettons à repousser nos limites un peu plus loin et à chercher (?) je ne sais pas, si cette incapacité ou impuissance ou maladresse à ne pouvoir faire adhérer exactement la parole à la pensée est un mauvais pas, est ce du domaine du bon, du mauvais ? Est ce un pas ? :) j'ai l'impression un peu floue que le silence nous met à jour et pourrait nous rattraper, c'est pour cela qu'il est rare de se taire ensemble et de laisser advenir le silence, Pourquoi avons nous tant souci de combler ce silence tant souci d'essayer de parler, est ce pour nous expriler vraiment, déguiser la pensée ? Se justifier ? Est ce parce que le silence pourrait donner à lire exactement notre pensée ? Je ne sais pas non plus, souvent je me demande pourquoi tant de personnes (lorsqu'elles sont réunies) vivent le silence comme une menace. Qu'est ce que ça menacerait exactement ? Peut être que le malentendu est la forme la plus poussée de notre parole, oui , heureusement je ne le sais pas ! j'ai un peu tendance à m'imaginer que le silence quand il advient sans calcul est moins armé que la parole, peut être est pour cela qu'il est tellement troublant...
(je ne pense pas cela je l'imagine :) ...

Écrit par : Frasby | samedi, 11 décembre 2010

@Solko : Erbadola Kloso ! uelq lijo moccentiare ! je me réjouis de savoir que grâce à vous, (Uid cremi !) le vieux Blaise est réincarné (caninécré, drapon) (avec des tapets stré nifes, sap grueadou, sap ducrouta, al mécharde sap chenpée en anvat, la garce lifêne ... Crémizavuso voire = cré (nom) de vies z'a museaux
A propos de muzo et vuso j'ai quelque chose pour vous,
c'tes supl qu'un virle c'tes une céciadde :)

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/157/157108-gf.jpg

Écrit par : Frasby | samedi, 11 décembre 2010

j'aime bien lawrence et le bon plaisir d'auda^^

http://www.youtube.com/watch?v=vjuXrK4ucrc

Écrit par : gmc | samedi, 11 décembre 2010

@gmc : Diable ! Quel détour ^^ :) j'aime bien Lawrence aussi, (DH), mais je n'ai jamais vu Lawrence D'Arabie (:O!)
j' aime beaucoup Lady Chatterley, que voulez vous ! (moi faible fille :) je ne parle pas du nanar cul la praline avec Sylvia Crystel (quoique l'amant porte fort bien (et très haut) la grosse culotte de velours et soit pourvu d'oeils bleus (de braise) qui feraient mourir d'amour (les filles), vraiment ça ne suffit pas, je vous l'offre pour la démo de nuisette chabada de Sylvia : http://www.youtube.com/watch?v=qdFQK3x9ffk&feature=related

Donc, je préfère le "Lady chatterley" de Pascale Ferran, un film absolument réussi (quoique cette bande annonce n'en dise pas grand chose...
http://www.youtube.com/watch?v=G8IFwIIGvyY

Ci joint une citation de Lawrence (DH) dans la foulée:

"Je travaille toujours à la même chose : rendre la relation
sexuelle authentique et précieuse au lieu de honteuse. Et c'est
dans ce roman que je suis allé le plus loin. Pour moi, il est beau, tendre et frêle comme le moi dans sa nudité."
Lettre de D.H. Lawrence à Nancy Pearn, le 12 avril 1927

Écrit par : Frasby | samedi, 11 décembre 2010

Frasby, peut-être parlons-nous toujours et encore et encore à seule fin de rectifier notre discours précédent dont nous avons perçu, sitôt prononcé, toute la vacuité ou au moins l'évidente imperfection ?
Peut-être que ce silence, entre nos discours, n'a-t-il d'autre utilité que nous permettre de mesurer ce vide à tête reposée ?... et réfléchir, obstinés que nous sommes, au contenu de notre prochain bavardage dont notre inévitable orgueil entrevoyant déjà la qualité nous empêche dans le même temps d'en simplement prévoir le désastre encore une fois reproduit ?
Ce commentaire n'en est-il pas l'exemple frappant ?

Je n'avance jamais sans preuve fournie :)

Rien ne nous protège, ni silence ni parole, les deux nous mènent à la confusion, je crois - comme quelqu’un qui doute :)

Écrit par : Jean | samedi, 11 décembre 2010

@Jean : j'ois n vous lisant et vous offre la phrase terrible de Boileau "Le moment où je parle est déjà loin de moi"
/ pour rectifier, mais oui ! j'ai l'impression qu'il y a de ça. (Le surmoi est féroce :) mais pas pour tout le monde, quand vous écoutez sur les bateaux de la radio (genre TRL les gens parler (pas les animateurs quoique ils ont souvent peu souci de se rectifier !) mais juste les gens à qui on donne la parole, ils se dit des monstruosités en toute bonne conscience comme de grandes vérités (de ces petites pensées fascistes ordinaires qui passent comme une lettre à la tespo) et ces gens ne remettront jamais en question leur vérité, ils n'auront pas tant besoin de rectifier(c'est pour ça que j'ai compris pourquoi un certain erbadola masi sittre ud stocant d'icampussine (dansons l'icampussine), draponnez moi c'est vernuxe je poursuis :) d'icampussine cafe à la rapole diaroniphoque écrivit quelque part là où vous savez, (on va y arriver) qu' il fallait interdire les bateaux à la radio, une évidence !) je m'égare mais pas tant, il suffit d'éteindre la radio pour voir le temps qu'on met à dessoûler, et hop je vous rejoins par l'improbable passerelle de cette utilité qui nous permet de mesurer le vide à tête reposée
ensuite j'adhère à votre phrase magnifique, vous me soufflez l'orgueil là où je n'ai pas osé l'évoquer (et qui me rûblait la guanle) mais oui ! Jean, vous le touchez ce point "terrible" nous y sommes :) inutile de paraphraser je vous re-cite, vous permettez ?

"Nous sommes, au contenu de notre prochain bavardage dont notre inévitable orgueil entrevoyant déjà la qualité nous empêche dans le même temps d'en simplement prévoir le désastre encore une fois reproduit ?

J'ajoute dans la centrifugeuse ma réponse , puisque vous n'épargnez pas votre commentaire nous voici dans le labyrinthe la planète nous regarde, faisons bonne figure :)
je ne réponds jamais sans me prendre les pieds dans le tapis
(de vos preuves et m'y rajoute faute de solution :)

la confusion est telle que même j'ai mangé le verbe "exprimer" dans le commentaire précédent et dans ma confusion je crée un vocable boiteux à qui il manque 1 L pour s'envoler, non mais vous avez vu ? j'aurai l'outrecuidance de me citer avec mon bennot d'enâ (pour exemple piteux, vous me suivez toujours ?) lisez moi ça, vous, qui aimez les exemples

"Est ce pour nous expriler vraiment, déguiser la pensée ?"

Pensez vous qu'avec le verbe ExpriLLer (2 ailes) nous pourrions décoller ? (Question :)

@Fée Chimèle : Pourriez vous nous prêter votre tapis volant cinq minutes (patis vanlot nicq muintes, drapon) c'est pour Naje et Rysbaf, ils sont, (semble-t-il) en grande difficulté... :)

Écrit par : Frasby | samedi, 11 décembre 2010

Je cours, je love, et embarque Naje, Rysbaf et Kloso sur le patis ! J'ai pas dit pastis hein ! :)

Écrit par : Michèle | samedi, 11 décembre 2010

@Michèle : Oh mais vous pouvez dire le pastis !!! surtout ne vous gênez pas ! :)) le "pastis lovant" pourquoi pas ?
Je suis ouverte à toutes les expériences, vous le savez, et je vous devine à un stade d'imagination tout à fait innovant, du jamais vu sur la naplète ! ensuite il faudrait demander à ces messieurs s'ils sont d'accord pour bemraquer, ce sont ces messieurs qui commandent, (teupêtre c'esn sap sètr prendut, le pastis lovant rus le patis vanlot, roubonj l'atrupenase ! enfni, cremi Fée Chimèle, vous êtes bordamifel ! je vasais que vous loveriez à trone sucresose :)

Écrit par : Frasby | dimanche, 12 décembre 2010

je ne sais pourquoi votre bande-annonce - rustique:-) - me fait penser à une interview de david lynch au sujet de inland empire: à la première question, il répond "i'm not easy with words", ça me semble être une bonne motivation pour devenir cinéaste^^

Écrit par : gmc | dimanche, 12 décembre 2010

@gmc : Superbe analogie !
c'est même peut être plus qu'une motivation, je veux dire plus profond qu'une simple motivation, bizarrement je cherche le mot juste et je ne le trouve pas :)

Écrit par : Frasby | dimanche, 12 décembre 2010

Frasby, je ne sais plus où j'en suis. Je viens de relire tous les commentaires pour me racler dans tout ça... bernique, je suis plus perdu que jamais. A trop parler on ne dit plus rien :)
Je pense juste que deux ailes ne suffisent pas forcément pour voler, les poules par exemple, peut-on dire qu'elles volent ?
Et sur la tapis ça va faire du monde quand même, si on y embarque aussi du pastis il est à craindre qu'on n'aille pas bien loin. Mais bon, l'idée du voyage est déjà une part du voyage, et après tout c'est toujours au début que c'est bien... après ça finit comme tout finit... :)
Décidément mes commentaires sont vraiment indispensables :)

Écrit par : Jean | dimanche, 12 décembre 2010

Je corrige :

rEcaler...

... et je m'en tiens là sinon je vais encore bavarder :)

Écrit par : Jean | dimanche, 12 décembre 2010

@Jean : Je peux vous faire quelques réponses de mon point de vue (à la première personne) non pour parler de moi mais à propos de ce tout venant puisque chaque jour m'apporte un lot de lucidité d'une précision décourageante sur l'utilité (de la communication) ici ou là, son inutilité exactement et l'insuffisance d'à peu près tout, et plus clairement, en cédant à la tentation de créer quoique ce soit. J'inclus cette tentative désolante de mettre à un blog à jour, et d'essayer de donner à ce blog une existence dans la durée sans autre prétention qu'en accueillir les flux, je pars toujours de cette idée d'illégitimité qu'ont ceux qui cherchent à créer à leur niveau même minuscule, cette chose est d'emblée inutile et vouée à toutes les lassitudes humaines naturelles comme les domaines artistiques ou poétiques qui sont d'emblée, tous plus ou moins insensés, je pars de cet abîme, et navigue sur ce fil extrêmement fragile tout au dessus comme ça, pour voir... Est ce que c'est si grave que cela important ou non ? Je m'empêcherai de caresser une pente trop désolée désolante qui est pourtant la mienne, quotidienne et je lutterai contre ma propre complaisance à détruire par le constat vrai, que tout est vain mes tentatives de rester (très maladroitement, certes) dans le tout venant du vivant, sans poser aux pensées des uns et des autres l'exigence de ne pas s'y perdre... Pourquoi ne pas laisser les choses advenir dans leur imperfection, faiblesses désordres ? Je ne sais si je l'exprime assez clairement (cf"= à trop parler on ne dit plus rien")/ = est ce qu'on ne le sait pas que trop ? Je n'ai pas envie d'ouvrir un débat sur ce sujet, l'affaire est depuis longtemps claire pour moi, elle est blessante, je fais avec, j'emploierai le verbe "composer" (qui marche autant pour les symphonies que pour la salade) et parmi toute cette profusion je préfère le style, la manière de chacun, l'altérité le rythme qui surgit ici par éclats (je parle des commentaires, je ne les perds pas de vue, j'apprécie tant les votres quelque soit votre jugement :) j'aime les sens au dela du sens, plus exactement où j'incluerai la musicalité, le flux, la curiosité de chacun, la parole pour rien et tous les sens cachés entre les mots aussi pour encore ne rien dire et pourquoi pas ? Il est impossible d'exposer en surface la profondeur, et si elle surgit je préfère l'idée qu'elle soit rare et accidentelle, plutôt qu'un mouvement acharné à vouloir la faire remonter absolument. Qu'est ce qu'on sait du "rien dire" ? Je ne me pose plus la question de savoir où se loge l'importance si je me pose la question, j'exploserai la petite affaire, et je m'engagerai dans une cause utile. Si créer un blog et ouvrir les commentaires c'est vouloir mettre à jour la sublimité de nos pensées de nos paroles, franchement, Jean, j'utiliserai le temps que je passe ici, ailleurs, au grand air, mon vélo suffirait à me donner l'illusion que j'ai des ailes, ou je relirais Dante en me disant qu'il est inutile de créer. alors je pars ici d'un postulat lié à l'éphémère, juste pour voir... Ouvrir des fenêtres, des accès et ensuite le blog disparaîtra sans doute sa destruction tôt ou tard sera inévitable, quelle importance ? Nous sommes dans la parenthèse d'une expérience très libre, les médias nous sont accessibles on peut se permettre les essais donc les erreurs, enfin c'est mon point de vue, il ne vole pas haut, mais je tiens beaucoup à laisser toutes possibilités advenir même les plus simples, le presque rien inclus, j'ai la faiblesse de préférer le trop au moins, d'aimer qu'aux paroles intelligentes se lient quelques paroles pour rien, peut être parce que lorsque je me retrouve avec des gens dans la vie vraie, au delà du sens, j'écoute beaucoup les sons, la "musicalité" des gens même s'ils me parlent de leur sèche cheveu, je ne trouve jamais ça inintéressant à mon petit niveau. Au niveau de l'échelle philosophique, méta et cosmique, certes on ne verrait aucune importance à vivre tout court, donc j'ai choisi la profusion pour rien c'est une curiosité plus qu'une prétention c'est pour cela que je me suis autorisée une réponse sur un ton plus léger mais ce n'était pas pour minimiser ce que vous aviez à nous dire, que je trouve toujours très intéressant, voire parfois intimidant, tel le beau grain à moudre, (je ne dois pas être la seule :) je voulais juste pouvoir sourire un peu de ma propre pensée qui désespère de ne pouvoir voler haut, mais je ne touchais pas à la votre. Soyez en sûr ! quoique vous pensiez de vos propres interventions. C'est à partir d'un manque que me vient l'idée d'expérimenter quelque chose, et surtout de ne pas chercher à devenir un grand oiseau qui s'envolerait trop haut, j'aime les tapis volants maladroits et l'idée du voyage (inachevé) comme une part de voyage en soi, c'est vrai et les poules m'inspirent plus cette idée d'omelette qui oblige à casser quelques oeufs :), le vol des poules est amusant, laisser les flux en liberté même s'ils n'ont pas grand chose d'important à dire, peut offrir la surprise de tomber ici ou là sur des commentaires très lumineux, dont les vôtres , je ne parle pas de "révélation" mais de sens superbe, d'inattendu, qui vient par éclats dans ces rectangles virtuels, ils nous montrent aussi nos limites et bien jouons avec nos limites, cela est jeu. L'autre solution, c'est de regarder tout ça à la loupe, d'en arriver à votre conclusion, que tout finit (bien sûr, c'est vrai) mais j'aime l'idée que tout continue, se transforme un peu, avec ou sans importance, avec ou sans nous. Et aussi l'idée de nos interventions soient essais erreurs, désordonnées,selon ; plutôt que percevoir une ligne avec un début et une fin dégradée dégradante, peut être suis je dans l'illusion, tant pis, et les choses finiront sans doute mais j'y laisserai une part d'impro je ne sais quel auteur disait (l'adage est d'une banalité qui vous fera sourire) l'adage disait qu'on ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où on va, c'est une plaisanterie intéressante pour moi, elle procéde du péché de curiosité et de celui de gourmandises pour des choses pas indispensables minuscules peut être plus grandes, discrète, bavardes, précises, ou floues avec toutes sortes d'éclairages possibles en fonction de l'endroit où on les regarde. A partir de rien peut on agencer, et jouer encore, même si cela est absurde ? Quelle maîtrise avons nous de cela, au juste ?

Écrit par : Frasby | dimanche, 12 décembre 2010

@Jean : rEcaler c'est noté :)
Je vous ai fait une réponse mais il y a beaucoup de choses qui s'égarent en chemin ces derniers temps. Pourquoi pas les égarements. vous êtes bien trop sévère avec vous même.
Bavarder c'est trop sévère :) Dans l'absolu (hors vos com" qui ne sont pas bavardage, pas à mes yeux) bavarder c'est humain sinon, on peut aussi poser des bombes, dans toutes les tavernes, les cafés et les restaurants (je plaisante un peu certes) ces rectangles de commentaires permettent toutes les formes faibles et fortes (sauf la pub, la diffamation,délation, les injures et la polémique désobligeante) nous ne sommes pas lus en si hauts lieux :) si j'avais un bout de carton je mettrai une enseigne qui pourrait ressembler à celle d'une taverne (par opposition au salon philosophique (où je me sens trop à l'étroit). Enfin, Jean je ne sais si ma réponse arrivera, m'autorise la redite, vous êtes trop sévère avec vous,( je trouve... :)

Écrit par : Frasby | dimanche, 12 décembre 2010

Vous êtes d'une générosité sans borne !
On vous offre un ru et vous en faites une rivière, un torrent, c'est remarquable cette capacité à dire, chez vous :)
J'entends bien par ailleurs tout ce que vous préciser.

Tout de même, encore une fois, je me demande d'où vous tirez cette énergie vitale dont vous nous régalez régulièrement. Je suis impressionné, carrément :)

Écrit par : Jean | lundi, 13 décembre 2010

@ Jean : je suis bien d'accord avec vous, l'énergie et la générosité (la vraie, l'intelligente) de Frasby (Bysfar pour le pastis volant) sont époustouflantes.

Et venir dans des jardins-sites où les mots sont trajets esthétiques, prises de conscience, nécessité d'expression, ça me va, à vol de poule, de moucheron ou d'hirondelle :)

On y fait avec la langue de tous les jours, celle avec laquelle on dit où est la voiture (ou le vélo), ou qui fait la vaisselle :)

Écrit par : Michèle | lundi, 13 décembre 2010

@Michèle ! Rôôô je suis gênée! je ne sais plus ou me mettre, ej vasi me chacer suso le patis volant, ej susi (Q for naje) utote (trecasin) geour (la sopitoin susi (Q) le patis vanlot ste sètr sirquée, (cirquée ? :O!) trusout qnad vuso nondnez ed altitude au patis volant te dnoc ua tepit glob et que de volant le patis pessa à en taté cédilieux (tâter plus de 10 lieux ! mille lieux 20 000 milles lieues garce à vuso (cegra à vuso, draponnez omi :)) uqe le patis pessa de patis volant à patis lovant pour ce genre de métamorphoses il n'y a que chimèle qui maille, qui maille il n'y a que que chimaille qui m'aile)= elle est pas mal celle là, non ? :)) à lov d'honderilles, de choumonre, et dopule, j'arode sov morfules étapantes ! cremi, vous pomcrenez totu la madreche de JC (:O!) c'ste chouette !te ej vuso toinjs am benno atimié à lov de cohuette !) trusout ne me raplez supl majias de rosiétégeni ! sinon ej voso cello dnas els sabr de Suil Ramiano ! à lov de glisnorsso ... :)
http://www.youtube.com/watch?v=Nz077mLRhoo&feature=related

Écrit par : Frasby | lundi, 13 décembre 2010

@Jean : Ahlala ! vous aussi vous êtes impressionnant, mais vous ne le voyez pas et il faut qu'on vous le dise ! sinon vous n'y croirez pas et ça me révolte (rires) ce n'est donc pas de la générosité, c'est de la révolte :) j'ose espérer avec l'outrecuidance qui est la mienne qu'elle n'est pas une révolte impuissante, c'est donc de la révolte outrecuidante (vérolte coduittruneae :) et ça me fait tellement enrager si vous saviez...
quand je vous lis à deux doigts de l'ucoesnutare, cela dit cette révolte me renvoie à mes oppresr mentours, (futa sap ciroer :)
je ne crois pas en la générosité, cela est dit, (ej el datraoeri snas reri) non mais c'est vrai quoi !la générosité, c'est hybride ce serait comme le pays du bonheur, ça existe pas, le pays du sourire, c'est une opérette :) je n'avance pas sans preuves itou - je vous l'offre - un conseil : ( tropégez vos oersilles c'est lojo maisi un upe euduluroxo ) http://www.youtube.com/watch?v=qxeJbdEsxkk&feature=related (j'iame eumix trove rousise à souv :) In situ le torrent est un peu caillouteux (cayouteux), je vous ai fait une démo précedemment très longue exprès pour que n'ayez crainte à vous exprimer ici en prenant la place la votre ! en vous emparant (pour nous en parer) l'espace prévu va de 1 lettre à plusieurs mots jusqu'à des phrases illimitées... :) on ne coupe pas la forêt amazonnienne pour varderbra , on ne fait de mal à personne, si ? :) on n'est pas sur cafe de bouc qui archive tout et fait du tout venant sa propriété nercipieuseun jour tout disparaîtra ici,on ne retiendra rien contre personne, c'est pour cela que rien n'est grave vous voyez Jean, , je suis plus proche des enfantillages que de la générosité. Enfin bref, n'allez pas me surestimer là où je suis empêtrée moi même (la rosiétégéni), c'est vous qui êtes impressionnant et quand vous l'ignorez, ça m'énerve :)) l'energie vient que ça m'énerve (!:O) (c'ets vuos ride noembic sov itonetnevrnis ici, em snt chréses, cher Anje :) ej souv quatnie masi j'esprée uqe souv en zudetore sap uqe ctse prou al benno caesu :)

Écrit par : Frasby | lundi, 13 décembre 2010

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