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mardi, 16 août 2011

Missions célestes (Part I)

Mon divin Coeur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre..

Extrait : le 27 Décembre 1673, le Christ révèlant à Sainte Marguerite-Marie Alacoque, la solennité du Sacré-coeur de Jésus  .

En cliquant sur l'image vous verrez apparaître la Chapelle où fût visitée Margueritechappelle des aparitionsG_0012.JPG

Loin des polémiques suscitées par la venue de Benoît 16 et le rassemblement de jeunesses catholiques en Espagne, un "dérangement", si j'ose dire, au coût exagéré dans le contexte économique et social où nous sommes, ce déploiement de fastes ayant de tout temps existé, de la part de l'Eglise, il aura de tout temps été bien difficile à acccepter quand cette même église toujours proclama les vertus de l'humilité, exalta l'extrême dénuement envisagé par des saints, fidèles ou autres disciples... (Mais là n'est point dans mon désir ni dans ma compétence d'enfoncer ce genre de porte ouverte, ni d'ouvrir un débat, lequel, c'est déjà plié, ne changerait pas grand chose), ce ne sera sûrement pas le sujet de cette page (suite à certains courriers,  je tiens toufois  à re-préciser,  qu'il ne s'agit nullement de propagande), nous poursuivrons sans mépris, l'exploration d'une contrée chargée d'histoire, où nous retrouverons la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, (la "Soubirou Nabirosinaise"), qui consacra entièrement sa vie au "Sacré Coeur" de Jésus. J'ai eu l'opportunité de visiter plusieurs fois cette chapelle (cf. notre photo) d'être guidée par des historiens et chercheurs passionnés, (moins croyants que sceptiques) que je remercie pour m'avoir aimablement offert leur temps et disponibilité tandis que je leur posais des questions (on dira "de candide", ou plus souvent perplexes), contemplant avec eux, les reliques, il me venait des questions plus vastes encore, à  propos de ces êtres investis de missions célestes dont certaines révélées dans des contextes si étranges qu'on pourrait les qualifier parfois de "pure folie". Entre mortifications, sacrifices, macérations, puis illuminations des uns (on pourrait dire des "Saints") et des autres justifiant la souffrance, ou des comportements qui paraissent à nos vues, insensés, la frontière entre dévotion et folie confondra parfois notre compréhension. Mais nous laisserons ici,  encore de côté, toute considération psychologique,  afin de simplement donner à voir l'étrange "monde" des premiers adorateurs de ce très mystérieux "Coeur de Jésus" :  le "Sacré Coeur" datant du jour où le Fils de Dieu prit un coeur semblable au nôtre. Le Fils de Dieu le signala aux Hommes, en recevant St Jean sur sa poitrine, puis il l'ouvrit au monde par une large blessure qu'il portait sur la croix. Bien avant Marguerite-Marie Alacoque, les premiers adorateurs du "Coeur de Jésus" furent les anges du ciel et leur divine Reine. Leurs hommages se sont répétés et recrutés en traversant les siècles. Selon Saint Jérôme, il faut lire sous le mot de "Coeur", le sens et l'âme, l'organe et les sentiments. Ainsi Jésus ne se contenta pas de dire "Apprenez-moi que je suis doux et humble", mais il ajouta " doux et humble de coeur". Toutefois les textes à la gloire du "Sacré Coeur", sont plus rares, et moins explicites du moins juqu'au XIIIem siècle et on ne pourra les citer tous... Voici quelques noms et notes consacrées à ceux qui ont comme Marguerite-Marie Alacoque vécu dans cette même dévotion, mais bien avant elle, (Marguerite-Marie naquît en 1647) ils ont juré fidélité à la vénération du Sacré Coeur de Jésus. Pour aujourd'hui, j'en ai sélectionné deux, deux (seulement ?), vous lirez, ça semble déjà suffisant...

Aux alentours de 1150, Saint Bernard achève le chapitre III de son traité ascétique "La Vigne mystique", il  écrit, je cite  :

Mais puisque nous avons rencontré le Coeur tout aimable de Jésus et qu'il nous y est bon d'y être, ne nous en laissons pas facilement séparer... Oh ! qu'il est bon et agréable d'habiter dans ce coeur.

Saint Bernard ira même jusqu'à qualifier "ce Coeur" de "perle précieuse", plus loin, explication on ne peut plus limpide  :

Votre coeur a été blessé pour nous ouvrir une entrée, pour que nous puissions y habiter à l'abri de tous les orages extérieurs.

ou encore, au plus profond, anatomique :

Le secret du cœur est découvert par les trous du corps ; découvert ce grand sacrement de bonté, les entrailles miséricordieuses de notre Dieu. (Saint Bernard : in "Sermon LXI sur le Cantique des cantiques").

Autre exemple : Sainte Lutgarde (1182-1246), une simple fille de bourgeois, vierge de la Belgique, mais aussi une des plus grandes mystiques (cinq siècles avant Sainte Marguerite),"rachète" par sa ferveur dans le cloître, l'amour qu'elle avait préalablement éprouvé pour le monde. "la vie mystique l'envahit comme un ouragan",  c'est écrit. La jeune fille n'a que dix-sept ans. Un jour qu'elle s'entretient avec un gentilhomme qui la recherche en mariage, Jésus lui apparait subitement dans la même forme qu'il avait sur terre, et lui découvrant sa poitrine (voilà que nous brûlons, mais attendez la suite, Jésus n'était pas si coquet) il lui fait voir la plaie de son côté et de son coeur encore toute sanglante, puis il s'adresse à elle avec ces mots :

- Contemple ici, Lutgarde, ce que tu dois aimer ; laisse là les attraits de l'amour insensé des créatures et tu trouveras en mon coeur les purs délices du divin amour

Lutgarde vient d'obtenir du Seigneur,"l'intelligence des Divines Ecritures" et de l'office liturgique bien qu'elle n'ait jamais appris le latin, elle comprend vite que son humble ignorance qui l'obligeait à s'unir à son époux ne lui sera pas moins avantageuse que la connaissance de l'Ecriture, elle retourne voir le Seigneur et lui dit :

- Qu'est-il nécessaire, Seigneur, qu'une pauvre soeur comme moi, pénètre les secrets de vos divines paroles, changez moi je vous prie, encore cette grâce...

- Que veux tu donc ?  Lui demande le Seigneur, or la jeune fille quoique simplette, sait déjà ce qu'elle veut, elle en demande même on dirait beaucoup (bon, je sublime un peu) mais les vieux ouvrages populaires à ce sujet jugés "fiables et sérieux", souvent rédigés par de fervents chrétiens, le font encore davantage, dans la volonté affirmée de louer "notre Seigneur" et de convertir, je ne pourrais donc vous garantir, ni m'assurer auprès de feu l'Abbé F. Cucherat où j'ai relevé ces fins dialogues, qu'ils sont à ce point authentiques  et puisque ces dialogues sont tirés d'un livre attesté en hauts lieux, (j'y reviendrai en fin de billet), il faudra bien s'en contenter. Suite de notre dialogue, réponse de Lutgarde à "Notre Seigneur"  :

- Ce que je veux, ce que je vous demande, c'est votre coeur. (Oserait-on ?) ...

Le Seigneur ne s'offrant pas ainsi aux caprices des Hommes ni à la première exaltée venue sans quelque contrepartie, réplique alors drastiquement :

- Moi, je veux plutôt avoir le tien"

Ce qui fût dit fût fait et la jeune fille en éprouva une joie incomparable de sorte qu'il y eût entre Jésus et Lutgarde un heureux échange de coeurs, non d'une manière corporelle, (bien sûr !) mais profondément spirituelle, le coeur de Lutgarde, à présent bien gardé, si parfaitement muni, ne fut plus jamais assiégé par les tentations des sens (quelle horreur), et ses mauvaises pensées d'autrefois, n'osèrent plus la traverser. Peu de jour après cette révélation, pour la récompenser d'une victoire "remportée sur elle même", le Seigneur lui apparaît attaché à la croix et tout couvert de sang, s'approchant d'elle, il détache (c'est du moins relaté dans les écrits de la vie de Lutgarde) un de ses bras pour l'attirer à lui, il lui fait porter ses lèvres sur la plaie saignante de son coeur. Et ce n'est pas tout... Un jour, affligée d'une fièvre intermittente, Lutgarde se consola en pensant à St Jean l'Evangéliste, qui avait pu en son temps, coucher sa tête sur la poitrine sacrée (c'est à dire, notre lecteur plein de sagacité l'aura compris, sur le coeur du Christ tant convoité), et d'y puiser les eaux salutaires de l'Evangile. A ce moment, apparût à Lutgarde en un songe éveillé le symbole prophétique du disciple : un grand aigle aux ailes si éclatantes qu'elles étaient capables d'éclairer l'univers entier par leur magnificience, et l'oiseau vint mettre son bec dans la bouche de Lutgarde pour remplir son  âme de lumière qui vint lui révéler les plus grands mystères de notre religion ainsi que la conduite de Dieu sur les âmes. Devenue aveugle en 1235, elle commença peu d'années après son troisième jeûne de sept ans, répondant à une invitation divine afin d'écarter de l'Eglise un ennemi redoutable. Ce jeûne ne s'achèvera qu'avec sa mort, le 16 juin 1246. Aujourd'hui Sainte Lutgarde est encore invoquée chez certains croyants contre les douleurs de l'accouchement.

Deux exemples dont j'ai passablement allégé le récit (et les exemples) fermeront cette première partie, sur le thème  ou extraits choisis des adorateurs du Coeur de Jésus, exemples curieux d'exaltation prenant chacun des formes différentes, pour le même but quelque peu élitiste il y en a  d'autres, que j'évoquerai un certain (prochain) jour, dont l'illustre Saint François d'Assise (de l'ordre Séraphique) et Saint Bonaventure. Un sujet idéal à lire sur la plage, un suaire une serviette humide sur les yeux, si toutefois les corps dénudés des baigneurs pêcheurs menaient sourdement vos esprits aux plus mauvaises tentations, pensez très fort à ce baiser de Lutgarde au Sacré Coeur, sanguinolent... Ou bien par un  désir de connaissance plus ordinaire, si vous passez dans la région de Paray le Monial, et voulez vous instruire, la Chapelle des apparitions se visite, sous l'oeil bienveillant de cette chère Marguerite, enfant "spirituelle, des mystiques cités ici au destin extra-ordinaire exalté par les chroniqueurs et autres biographes d'une époque dont beaucoup étaient aussi ecclésiastiques. Les notes bibliographiques et autres extraits de ce billet, ont été puisés à deux sources quasi opposées, une longue conversation avec un professeur et psychiatre, passionné d'histoire pour qui la vie des Saints qu'il étudie par passion, donne aussi de précieuses pistes à sa profession et le livre de l'Abbé F. Cucherat, (aumônier en son temps de l'hospice de Paray le Monial, admirateur inconditionnel de M.M. Alacoque). Ce "grimoire" épuisé sûrement mais encore trouvable en cherchant, (la BM de Lyon, le possède il me semble), date de 1878, j'ai en main l'édition originale aux pages mystérieusement conservées après une vie de mise en malle dans un  grenier infesté de rats, (un des rares  livre qui n'ait pas été dévoré un mystère isn'it ?) il fût édité par Baratier et Dardelet, imprimeurs libraires à Grenoble, sous le titre : "Histoire populaire de la bienheureuse Marguerite-marie Alacoque et du culte du Sacré-Coeur de Jésus", lu et approuvé par les vicaires mandatés par Frédéric, evêque d'Autun, Châlon et Mâcon, qui signa. L'Abbé Cucherat  soumis aux décrets du Saint siège apostolique ne pouvait pas le publier sans l'accord préalable de son évêque, on pourra lire une page entière de certification :

Avons fait examiner par un de nos vicaires généraux l'ouvrage ayant pour titre [...] Et sur le rapport favorable qui nous en a été fait, l'avons approuvé et en avons autorisé l'impression etc..

Bien de quoi  rassurer ceux qui auraient encore un doute sur l'authenticité de ce billet. Quoique...

Photo:  oh la belle plaque  ! ouvrant la Chapelle des Apparitions, (eh non, ce n'est pas de la pyrogravure sur contreplaqué, c'est plus joli en vrai), photographiée rue de la Visitation à Paray le Monial, non loin de la "Maisons des poupons" un domaine de perdition qui sera peut être le futur palais des festins (ou agapes) des grands papes du charmillon, réservé à des coeurs plus sacrés qu'au Sacré-Coeur, (mais non, ce n'est pas pareil), cette dernière précision n'étant pour l'heure pas plus attestée par monsieur le maire que par Monsieur le Curé puissent-ils pardonner mes audaces. J'assumerai (sans trop m'en consumer, j'espère), la responsabilité fantaisiste et "suaggantequer ed tceet edérenir te port ehniuma aréviélton ed sno gouteulen turfrus" (comme on dit).  Histoires à suivre...

© Frb 2011.

Commentaires

Impossible de commenter tous ces billets que je lis à la suite. Juste dire que j'aime beaucoup vos immortels. Comme vous j'aime les nuages et leurs incarnations évanescentes.
Je retiens la rencontre potentielle des amis de CJ (je lis" le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates"), j'aime l'idée. En revanche je préfèrerais une de vos cabanes plutôt que ce délire de symétrie du jardin à la française (beuh!). Quant au cœur de Jésus, comme je suis une païenne, je peux habiter tout abri qui me promettrait l'amour et la paix. Hélas, ce cœur a inspiré tellement de folie (je viens de visiter une exposition sur l'époque cathare) que je préfère encore lever le nez vers le ciel et les étoiles en m'extasiant d'appartenir encore à cette belle cosmogonie.

Écrit par : Zoë Lucider | dimanche, 21 août 2011

@Zoë Lucider: ca me fait toujours plaisir de vous lire ici. Difficile de commenter, quand on lit plusieurs billets à la suite...Quand je vais chez vous, je lis les billets en me disant "oh celui là est chouette ! et pis celui là aussi !" et souvent je n'arrive pas à commenter, parce que j'ai envie d'en lire d'autres, (quel égoïsme !) l'article d'Amy Whinehouse par exemple m'avait vraiment touchée, commenter c'était impossible (je vous le dis ici, quel beau billet !)... Bref, bref Vous aimez les nuages plus que les jardins à la française ? Moi aussi, c'est quand même plus molletonné. Les jardins à la française sont impressionnants, je les aime bien, juste pour les yeux, la géométrie, j'aime les jardins en général, (mais plus sauvages) nos rencontres potentielles dans un jardin à la française, ça serait un petit peu trop guindé, les cabanes c'est parfait (sauf ces cabanes préfabriquées pour vrais faux sauvages, cette mode du retour à la vie primitive,genre ikéa dans les arbres) j'ai vu que vous avez une toute petite, cabane très jolie chez vous, c'est votre maison de vacances ? :) Et "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patate". J'ai tripoté ce livre plein plein de fois et je l'ai pas lu, (soupirs) ... On est aux antipodes de Marguerite Marie, j'imagine ! mais je le redis, je n'ai aucune sympathie pour la religion catholique. Vraiment aucune. Ce qui me fascine c'est d'essayer de comprendre ces "mondes", ceux qui poussent la croyance jusqu'à la folie, à moins que ce soit la folie qui se réfugie dans la croyance, et puis j'aime l'esprit de certains lieux, l'époque cathare ça doit être terrrrrrible, j'aimerais voir ça... Je reviens de Cluny, justement, mais c'est pas le même humour, ce qui m'interesse, ce sont ces mondes un peu disparus, réapparus, l'histoire, les traces, comment tout cela traverse le temps, confronter ces vieux mondes avec notre modernité, c'est curieux. Païenne c'est pas la même chose qu'athée ? (Cosmogonie, ça me parle)... Eclairez moi Zoë :) cette lumière dans votre arbre est-elle générée seulement par les nuages ? Comment font ils ?... Comment faites vous ?
:)

Écrit par : frasby | dimanche, 21 août 2011

ha, c'est elle qui a eu la révélation de l'oeuf

Écrit par : gmc | dimanche, 21 août 2011

Ma chère Frasby, je vais oser poser une question toute païenne (l'une de celles qui, petite, me faisaient systématiquement virer du "catéchisme" protestant du mercredi) : si j'ai tout bien compris, dans ses rapports divins avec le Christ, Marie-Marguerite Alacoque a donc inventé, en quelque sorte, un genre de "mouillette" à cœur sacré ?
(C'est un bon moyen de changer le menu, cela permet d'oublier les cœurs brouillés et autres omelettes.)
...
(J'ai immensément honte, je m'enfuis illico me cacher dans ma niche.) :0D

Écrit par : Sophie K. | dimanche, 21 août 2011

@Sophie K : du catéchisme soit protestant soit catholique je vois qu'on se fait virer pour les mêmes motifs. Pour les mouillettes à coeur sacré c'est ça, grosso modo, vous avez retenu l'essentiel, une idée piquée à Saint Belin patron et ami des petits déjeûners de certains jours qui a sponsorisé ce magnifique billet.
http://media.telemarket.fr/imgnwprd/009/009341/00934161/00934161-t0.jpg Les mouillettes des sacré coeurs au chocolat avec les zeuffes c'est mieux que les coeurs baveux de ces omelettes pathétiques. Voulez vous que je vous prête le livre de recettes de Marguerite Marie ? (:O!) Je dis ça c'est pour vous mettre à l'aise, ensuite vous me direz où est votre niche, je vous z'y rejoindrai en courant avec un grand sac sur la tête... :)

Ps : en parlant de mouillettes; j'espère qu'on va avoir la pluie. C'est ce qui faut se dire. euh... bon, euh...
Où elle est la sortie ?

Écrit par : frasby | dimanche, 21 août 2011

Curieux ces entrailles... (Saint-Bernard). J'entendais ma sœur (encore catholique !) réciter le « Je vous salue Marie » récemment. Dans la version actuelle récitée par les fidèles, le mot entrailles a disparu. On enseignait autrefois cette formule-ci en français n'est-ce pas ? « ... et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. » Ma sœur dit maintenant : « ... et Jésus, ton fils, est béni. »

Pour ma part je continue de penser qu'il faut une organisation bien puissante et bien riche pour faire passer pour sainteté l'obsession de ces rares croyant(e)s - ces croyant(e)s dont la foi était exceptionnelle. Mais ce qui me frappe à nouveau puisque vous citez Bernard, Marguerite et Lutgarde dans votre billet, c'est à quel point ces figures légendaires ?, mythiques ?, retenues par l'église, correspondent aux valeurs sexistes qu'elle promeut depuis des siècles. Les saintes anorexiques meurent dans la tristesse, les saints forment des communautés et construisent des églises.

Écrit par : Marc | dimanche, 21 août 2011

@Marc: Oui j'ai remarqué, en allant à un enterrement , (sinon je ne vais pas à la messe) qu'ils ont censuré les entrailles, dommage , c'est la seule phrase mystérieuse de cette prière mais sans doute l'église n'échappe pas au "lissage" de notre époque qui a inversé finalement ses"pudibonderies", sans rentrer dans trop de détails, petite fille, (j'ai été élevée chez les curés par un hasard géographique), et chaque matin (le 19em siècle appliqué aux années 1980's) on faisait la prière debout tête baissée, celui qui la levait se prenait un gros coup de règle en fer entre les oreilles, et l'instituteur (trice, surtout) semblait jouir de ce pouvoir tout légitime (bizarrement les plus sadiques étaient encore les femmes, soeurs ou vieilles filles, sans doute par frustration d'avoir peu de "pouvoir à l'instzitution elles se vengeaient sur les élèves) bref, au CP quand j'ai découvert ce "Notre père" j'adorais "le fruit de vos entrailles est béni", je croyais que les entrailles c'était un arbre qui donnait un fruit genre baies noires, du nom d'ébénie, "Le fruit de vos entrailles, ébènies", vous n'avez pas ça au verger mon ami les émouvantes ébènies d'entrailles dont on fait les bonnes marmelades... L'inavouable de ce billet, je préfère montrer ou suggérer: c'est l'aspect pathologique, la pure folie dans ces révélations, et leur validation par l'église en est une autre. C'est inavouable car y opposer la psychiatrie, c'est peut être passer encore d'une "religion" à une autre ? Exalter la souffrance ou l'étouffer ? Vu l'état de la psychiatrie actuelle, sauf rares exceptions,on soignera sans doute ces 'visions" aujourd'hui par Saint Haldol Saint Clozapine, Saint Ziprasidone (une trinité) etc.. Du moins en ce qui concerne ces grands délires que l'église "recyclait" et qui sont très gênants pour nos sociétés, je vous conseille au passage la lecture des livres admirables de E. Zarifian :"Des paradis plein la tête" ou "

Écrit par : frasby | dimanche, 21 août 2011

@gmc : Oui c'est elle. alors là, vous m'épatez, Qui connait cette histoire de l'oeuf ? Pas mal relatée, mais faut quand même s'y pencher Là où des petits rigolos croiraient à une bonne grosse boutade du genre vermot "Marguerite Marie (l'oeuf) Alacoque (rires et fou rires garantis) que nenni ! les Saintes ne sont pas si rigolotes. Pour ceux qui ne savent pas et que votre question intriguerait...Ca ferait un beau sujet de billet d'ailleurs... Je laisse la parole à madame Jesétou :
En fait l'oeuf c'est l'histoire de la fille du tonnelier de Vertou une certaine Marie Heurtin (sourde aveugle muette) qui était en proie à des crises de rage, les soeurs désespéraient de la calmer, Sainte Marguerite voulut l'éduquer, mais Marie Heurtin ne captait rien, elle était pire qu'un animal dit on. Ayant remarqué que cette affreuse enfant manifestait une gloutonnerie certaine pour les oeufs, Marguerite Marie lui en servit fréquemment et utilisa l'oeuf comme départ à toute une éducation raffinée (je la fait courte, hein !) si bien que après moults efforts patients de cette bonne Marguerite, marie Heurtin sut lire, écrire, parler, prier, faire de l'histoire, de la géographie, tricoter, faire de la machine à coudre, de la sténo mais surtout prier prier etc... Marguerite Marie lui apprit, une chose que personne ne sait Je vous préviens , c'est une nouvelle très rude, moi même j'en suis retournée :

Le soleil n'a pas été crée par le boulanger, eh non !

alors qui ? ...

http://www.youtube.com/watch?v=v5_0iZQ-TuA

Écrit par : frasby | dimanche, 21 août 2011

LESTE EMISSION

Les missions sont pour la coque
Sur laquelle on débat toujours
De l'oeuf ou la poule
Surtout s'il est carré
Et elle de luxe

Sous la croûte ma mie
Pas que tu sois vieille
Mais plutôt douce
On s'éclate d'un rien
De préférence plat

Circulaire comme une évidence
Pour le plaisir des courbes
Que flatte un dard
Quand il cherche le miel
Qui coule comme une ciprine

Écrit par : gmc | dimanche, 21 août 2011

@gmc :

LES MISSIONS DE L'EST

L'émission sonne pour les coqs
Les coquettes ont des abats jours
tout neufs et des ampoules
Détroussées, des carrures
Avec des ailes de luxe

Et les mamies s'encroûtent
Un bon pas tue les vieilles
Les puceaux gloussent
On ne sait rien des claques
Prestes errances à plat

Cruelles comme une déviance
Pour des plaies à couvrir
Où les coeurs filous d'art
S'y cherchent au ciel
Epris comme des goules

Écrit par : frasby | mardi, 23 août 2011

@Marc : (suite )

ou ... "les jardiniers de la folie, voilà. :)

Le message a été mangé je ne sais pourquoi ... Le Seigneur n'a pas apprécié qu'on écorche le fruit.
(pêcher de gourmandise), à plus tard !

Écrit par : frasby | dimanche, 21 août 2011

Les ébénies c'est joli.

Je ne crois pas que nous vivons dans un monde ou la psychiatrie a remplacé la foi. Ciel, non ! Pour un modèle d'hystérie féminine retenu par l'histoire, combien de femmes, combien, essayons un peu d'imaginer combien au cours des siècles de christianisme, se sont fait haïr, conspuer, ridiculiser, mettre au ban, parce que le réel ne les comblait pas. Parce dans leurs entrailles, justement, quelque chose leur disait que ça devait changer mais que ça ne changerait pas. Si aujourd'hui quelque médicament vient calmer la souffrance réelle, parfois insupportable de certaines d'entre elles... Je ne suis pas contre. Bien sûr que c'est au risque d'avoir d'autres modèles de femmes à proposer aux générations futures. La littérature, elle non plus, n'en souffrira pas.

Écrit par : Marc | dimanche, 21 août 2011

Il y a, dans vos billets, chère Frasby, les échos troubles d'un Huysmans (celui qui, après "À Rebours", se délecta d'une "certaine" religiosité). Un mélange de respect et d'ironie. Lire du Saint Bernard ou du Saint Lutgarde est chose si rare... Continuez ainsi. Merci.

Écrit par : nauher | lundi, 22 août 2011

@Nauher : C'est étrange, et je m'étonne que ce thème dans lequel je me plonge avec délectation (parce que l'esprit des lieux au départ m'inspira cette curiosité), je m'étonne vraiment qu'il ait pu "susciter" l'attention" de certains lecteurs (plus que je l'imaginais), les saints sont passés à l'oubli, et je ne m'attendais pas à voir Huysmans, cité ici (une sacrée référence si j'ose dire)... Je connais le parcours de cet auteur, via des essais biographiques, ce passage de l'oeuvre du noir au blanc (non sans douleur) l'histoire de la lente conversion de Huysmans est une autre lecture fascinante, fort à propos, mais je n'ai rien lu de lui au delà de "Là bas", je suppose que vous parlez d'ouvrages comme "L'oblat" ou plus encore de l'hagiographie de "Sainte Lydwine de Schiedam" (?) une autre "rare" :)... Votre visite me fait infiniment plaisir pour diverses raisons, "respect et ironie", oui, exactement, c'est mon intention, (encore qu'il faut marcher sur des oeufs, ce qui n'est pas hors sujet :) tant il serait facile de se moquer au 2em degré, ce que je ne souhaite surtout pas, ou de tomber dans une foi "béate" en cet insolite, je vous remercie d'avoir perçu si bien mes tentatives qui recherchaient pour ce sujet une distance sans désengagement, celle-ci demeurant encore mal aisée à communiquer, encore merci, Nauher, vous êtes encourageant... :)

Écrit par : frasby | lundi, 22 août 2011

@Marc :Merci pour les ébénies (vous pouvez toujours essayer d'en planter ;-)...

pardonnez moi, je me suis mal exprimée, je n'ai jamais pensé (certainement pas !) que la psychiatrie avait remplacé la foi, j'ai juste l'impression qu'au nom de la science,(puissante elle aussi), il y a des erreurs aussi aveuglées qu'avec la religion, autrefois, la "possédée", risquait davantage, c'est vrai, de finir sa vie enfermée dans la cabane au fond du jardin, on l'éloignait du monde, peu d'élues, telle Marguerite qui souffrait sans doute, elle aussi de troubles relevant de la psychiatrie, si dangereux pour sa santé, que l'église a dû modérer l'ardeur que cette enfant mettait à s'infliger des mortifications, aujourd'hui cela serait décrypté ,on soignerait tôt cette enfant, je ne vous apprendrai rien : les études de Charcot de Freud l'évolution de la psychiatrie, et les neurosciences ont "remplacé" non pas la religion, mais certaines "croyances", et ont identifié ces troubles, considérés autrefois comme des possessions (Dieu ou démon) certes, je ne juge pas cette évolution négative, qui aujourd'hui "rend" une "vie possible"à de nombreux patients, c'est mieux ainsi, cela dit, le meilleur des cas est celui que l'on sait, le pire reste caché, (une autre cabane au fond du jardin, celle ci construite méthodiquement par une "certaine medecine", (je mets des guillemets, modération, encore), nous cachera de réelles extinctions, et autres "nids de coucous"), Marc, si vous trouvez ce film (en lien ci dessous) s'il ne vous heurte pas je vous conseille de le visionner jusqu'au bout :
http://www.zerodeconduite.net/blog/index.php?itemid=17199
Des médecins admirables ont violemment critiqué ce système, ils se sont heurtés à des murs aussi puissants que l'église en son temps. Le mal change avec les sociétés, l'anorexie a quelque lien étrange avec les anges, ce côté refus d'être charnel, dans une société axée sur le paraître, ce sujet nous bouleverse tous. Pour la condition des femmes, c'est pas gagné je n'ai pas envie de raisonner en terme de modèles, mais en terme de liberté "possible", les hommes et les femmes doivent tout réinventer ensemble, ensuite passer la main, ça va prendre des siècles. C'est difficile, mais ça avance...

Écrit par : frasby | lundi, 22 août 2011

Chère Frasby, l’Église est tout de même mal partie. Après avoir désincarné Marie au XIXe siècle en instaurant son élévation, la voilà qui finit d'enfouir sa part humaine en supprimant ses entrailles (comme quoi l'abus de politiquement correct finit par rejoindre l'excès divinateur). Or en niant son humanité, cette chair qui la relie à la terre, à la vie sur terre, à l'animalité de l'humain, l’Église nie également l'humanité du Christ. En sus, c'est implicite, elle pousse toutes les femmes vers une condition inférieure, les cantonnant dans leur rôle de reproductrices. Cette radicalisation ne se voit pas beaucoup, et pourtant...
Si je ne suis pas religieuse moi non plus, c'est aussi pour ça. Je ne peux pas comprendre qu'on rende hommage à un Dieu dont on nie la Création, si complexe et si charnelle dans sa vérité. Les hommes qui voilent leurs femmes ne font pas mieux, puisqu'ils nient eux aussi la façon dont le dieu qu'ils vénèrent les a créées.
Bref. Comme vous le dites, le chemin sera encore long.

Écrit par : Sophie K. | mardi, 23 août 2011

@Sophie K : Elle est mal partie . Comment voulez vous que ça s'arrange ? Cette croix tout de même... "Seule échelle qui monte au paradis" (authentique parole de la sainte adorant sa souffrance, j'ai oublié, Sainte qui),... Je veux bien que le Christ soit incarné, mais cette croix, et ces clous, ces accessoires sont assez terrifiants, alors que longtemps on a mis les gens "loin" d'images qui suggéraient "la chair" (tentatrice) comme quelque chose de "sale", parallèlement on les invitait à pendre une croix au dessus de leur lit dans la chambre nuptiale... Ca, je n'ai jamais compris, remarquez, je suis une sceptique, mais pas fermée je ne demande qu'à apprendre, comme beaucoup de gens/ l'histoire du Dieu fait homme, transfiguré par la souffrance ça démarrait déjà sordide, comment a t-on pu créditer une telle chose ? ça nous a rendus sans doute tous un peu "souffreteux", au fil des siècles, bien qu'on le nie, avoir à payer pour un tel "sacrifice" avec en plus, toutes ces énigmes comme la nativité et ses autres écritures "tu enfanteras dans la douleur"... Faut-il relire Renan ?

Écrit par : frasby | mardi, 23 août 2011

@Sophie K (bis). : Figurez vous que la fin de ma réponse a été mangée par un démon Cyber Macho, précisément le court passage final où j'évoquais l'aliénation de la femme, rien de très nouveau, ma réflexion n'aurait pas changé la face de la terre mais bon, le fait est que la "condition de la femme'" passera encore à la trappe...Pff lala c'est toujours la même chose, y'en a marre ! je retourne dans ma cuisine, récurer mes casseroles ! pendant que mon mari est devant le match de foot, (non, je déconne c'est d'un goût... J'ai trop honte),
en plus je voulais vous montrer un tableau qui illustrait votre réflexion tant pis je reviendrai.
Chère Sophika je voulais aussi vous dire que j'ai beaucoup apprécié votre commentaire...

Écrit par : frasby | mardi, 23 août 2011

'j'aime bien les zhistoires de saints & saintes
"la légende dorée" de Voragine m''a naguère jadis autrefois fait trembler d'aise imaginatoire (Harry Potter tout petit petit joueur en comparaison)

Écrit par : hozan kebo | jeudi, 25 août 2011

@Hozan Kebo : Ah ben merci, pour les saints z'et les saintes, moi aussi j'aime bien, et la surprise c'est la curiosité que le sujet inspire, je croyais que c'était un sujet démodé, mais non du tout (vous croyez que ça vient de Hari poteur ? Dont j'ai dû lire 2 lignes, au dessus d'une épaule dans le métro) mais, diable ! Voragine, "La légende dorée" c'est un sacré morceau, je l'avais oublié, celui là (ne pas confondre avec Moravoragine de Saint Blaise son ennemi juré (:O!). Ce que j'aime dans "La légende dorée" c'est la notion d'un temps à la fois infiniment élastique et cependant furtif, je ne vais pas pouvoir m'empêcher de vous en couper une petite tranche dans le jarret, vous m'en direz des nouvelles. Potter, vous avez raison, j'ajouterai H.G Wells font figure de piteux gringalets).
Extrait :

"... On lit dans l’évangile de Nicodème (ch. XIX) qu'Adam étant devenu malade, Seth, son fils, alla à la porte du paradis et demanda de l’huile du bois de la miséricorde pour oindre le corps de son père afin qu'il recouvrât la santé. L'archange Michel lui apparut et lui dit : " Ne pleure pas et ne te mets point en peine d'obtenir de l’huile du bois de la miséricorde, car il te sera absolument impossible d'en obtenir, avant que cinq mille cinq cents ans soient révolus. Cependant on croit, que d'Adam jusqu'à la passion du Seigneur il s'écoula seulement 5099 ans. Cette branche plantée devint en croissant un grand arbre qui subsista jusqu'au, temps de Salomon." ...

Ps : "seulement 5099 ans", j'aime !!! Merci Hozan.

Écrit par : Frasby | vendredi, 26 août 2011

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