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jeudi, 20 juin 2013

Color me gently

Sous son pinceau, sous ses doigts, les couleurs, la glaise, le bronze, le métal se pliaient à sa force. Il matait les femmes et la matière pour en faire ses esclaves.

MARINA PICASSO in "Grand père", éditions Gallimard, 2003.

 

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Photos : Modèles vivants simples et dociles en quatre couleurs. Déploiement hors saisons suivant la partition, thématique en voeu pieux (?) gentiment after-punk, je cite:

Que la nature nous protège des taches de peinture, des puissances de la glaise, du métal et du bronze. 

C'est de Dante, je crois  - le manuscrit reste introuvable -  mais on a retrouvé celui-ci :

 

 

Nel mezzo del cammin di nostra vita

mi ritrovai per una selva oscura,

ché la diritta via era smarrita.

 

 

A suivre, peut-être...

 

 

 

Là bas : © Frb 2013

lundi, 01 août 2011

La nuit venue

Tout ne revêt-t-il pas, dans ce qui nous exalte, les couleurs de la nuit ? C'est elle, maternelle, qui te porte, et tu lui dois ton entière splendeur. Tu te serais dissipée en toi-même, perdue dans l'espace sans fin, si tu n'avais été par elle contenue, enserrée en ses liens pour devenir chaleur et faire, en flamboyant, naître le monde.

NOVALIS (1772-1801) : "Hymnes à la nuit", éditions Mille et une Nuits, 2002.

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Ici nous devenons invisibles, mais si vivants. Un pas de plus enrobe, nous regardons courir au ciel des astres doux, mêlés à cette force, elle retourne au soleil le moulin à paroles où rien ne peut se dire à temps. Nous avons tant parlé, la parole si sûre d'elle ouvrait des trappes, les refermait, se dévidait au milieu du courant tuant l'ennui par un désordre qui soufflait dans le vent d'autan des aquilons, mais c'était encore du vent sur le vent... Et moi semblant humaine je devinais la haine que tu ne disais pas, elle conjurait la mort dans l'apparente joie qui méprise la joie. L'écho surveillait nos paroles. A qui parlions-nous de si loin sans plus nous écouter ? Harcelés par des forces ; un vieux guerrier ingrat nous opposait sa loi, il effaçait le sens à mesure que le son progressait. Notre expression abattait des troncs creux il n'y avait rien de plus triste que cette matité, les véhémences impersonnelles de l'orgueil gagnaient le jeu énoncé par le maître, nous demeurions au point mort dans notre citadelle à demi-effondrée, quelques jours à peine suffiraient pour la voir disparaître. Tu enterras tes perroquets au fond de la forêt, tu arrosas des hellébores qui ne pourraient jamais renaître,  tu les avais peut être brûlés un jour ou par ennui comme l'enfant aime frotter ses jouets sur les boîtes d'allumettes, comme l'enfant est heureux de créer pour la première fois le feu. Le feu courait sur moi et tu t'en réjouissais - ou bien c'est encore le soleil, qui devient simplement mauvais - A ce point onéreux, la voix transformait nos forces en faiblesse, plus nous parlions plus nous hâtions la possibilité d'un accident, lequel eût lieu il y a longtemps. Nous répétions à l'infini les vers de celui qui nous avait tant aimés et trouvés enlacés dans une chambre au milieu de la nuit :

Es-tu capable de me montrer un coeur à jamais fidèle ? Et ton soleil possède-t-il les yeux de l'amitié qui sachent me connaître ? Saisissent-elles, tes étoiles, ma main tendue de désir ? Me rendent-elles en retour la pression de tendresse et la parole caressante ? De ses couleurs l'as-tu parée, de ce contour léger, - ou bien est-ce la Nuit qui donne à tes atours un sens plus haut et mieux aimé ? Quelle est la volupté, quelles sont les délices offertes par ta vie, qui balancent les ravissements de la mort ?

Ici devenus invisibles, peut-être possédés, aurions nous tenu la promesse que tu me fis un jour ? Un jour sans prévenir, elle exigera son dû. Ce sera par hasard, quand nous serons certains que les fantômes s'égarent aussi loin que nos vieux sous ces pierres, là bas, profondément enfouis : "ci gît, les morts !" qu'ils y restent ! et bien non, justement. Quand tu paraîtras impeccable, mon visage te rappelera ces amusantes caponnades et le tien me demandera pourquoi j'ai désiré te fuir sans expliquer ni chercher à savoir lequel de nous deux est ce jour le plus mort. A présent, les fruits pourris de cette abondance gèleront nos coeurs au non-lieu d'une forêt évidant le désastre par la sève qui descend puis monte à l'intérieur des arbres, sans collision, dans des cernes annuels, la récente sève qui monte et descend sans répit, ce territoire restera nôtre, tel la peau criblée d'ocelles d'où tu arrachas nos prénoms par ta lame sans tendresse dans l'écorce encore tiède plus solide que la peau. Ici, on entend le halètement d'une bête siamoise, elle court sous les fougères, cherche d'autres bêtes à dévorer, jadis inoffensive, la faim l'a rendue si ogresse que cela nous remplit d'amertume et la parole de l'homme dit encore le contraire.

Quelquechose a chuté de si haut au cours d'une vulgaire ascension au plus vulgaire sommet, du plus somptueux paysage, je n'ai fait que saisir ce que la nuit daignait m'offrir jusqu'au jour désuet de la parade où tu me jetas à ces chiens. Sais-tu au moins ce qu'ils m'ont fait ? Vas donc, et dors tranquille, si tu vis, tu n'en sauras rien. Sauf si quelque rébus vient docile, en esquisser l'indice, au non-lieu d'une forêt que tu aimes, dont tu as besoin. Des figure enterrées remontent à la surface, pleurent la nuit font des ronds dans les flaques. Des petits cailloux ricochent déjà à nos fenêtres, ils sont là comme l'été on regardait les "demoiselles" flirter sur les flots des étangs, sans un bruit. C'est la nuit, elles reviennent, quand tu dors, quand ton rêve violente ces mille femmes qui hier, t'adoraient, devenaient infidèles sans raison, au non-lieu remplissant ton sommeil d'une haine et de toutes les salopes que les hommes ne savent pas comprendre. Rien n'existe sauf l'oubli dans la nuit qui hantera sans cesse. La tienne est semblable à la mienne, plus limpide que l'aurore, humide, parfois, c'est un oreiller d'herbe, d'où l'on contemple des comètes troussant les voiles d'une caravelle tandis que tu recouvres d'encre ces points d'or, purs aimants. Crois-tu les effacer vraiment ? Nos songes auront forcé longtemps des huis pour n'arriver à rien, ce rien retient en impatience l'effroi entre l'homme et la femme, dans la petite maison en papier qui s'envole sur l'aile d'une demoiselle du genre Zygoptéra pas plus grosse que mon doigt caressant tes cailloux dont le coeur bat encore. Là, juste sous ta fenêtre, à deux pas de nos bois quand ta vie va ranger sous forme de sérénade la même chose à toute heure, un masque de carnaval, un loup sur tes yeux enchanterait, il affame. Une musique fine bouclera le sillon, la pavane portant l'anagramme, ainsi finira la chanson, le temps de faire le tour d'un arbre, de goûter las, le saignement, la sève pourpre paraît dans l'entaille de ta douce et diurne balade. Crois-tu au pouvoir de la danse ? Un homme seul marche dans une forêt, ses pas sont ceux du loup de légende, ses songes la nuit, ont inventé un rythme indéchiffrable dont aucun musicien, pas même un virtuose, ne pourrait arriver à bout.

Nota :  Le second extrait (en caractère gras dans le texte, est aussi extrait des "Hymnes à la nuit" de Novalis.

Photo :  L'orée du bois du Marquis de...  (il ne veut pas qu'on le dise on va dire que c'est "mon" Marquis). Un petit chemin, juste avant d'entrer dans la nuit, lumineuse... Vu, quelquepart  entre le Mont St Cyr et le Mont ...  Euh  ? (Je ne me souviens pas, on va dire que c'est le Mont Marquis...)

©  Frb 2011.

lundi, 28 septembre 2009

Le moindre possible

"Le moindre possible pour se réaliser demanderait quelque temps. Mais ce temps qu'il faudrait pour la réalité s'abrège tant qu'à la fin tout s'émiette en poussières d'instants. Les possibles deviennent bien de plus en plus intenses mais sans cesser d'être, sans devenir du réel, où il n'y a en effet d'intensité que s'il y a passage du possible au réel. A peine l'instant révèle-t-il un possible, qu'il en surgit un autre, finalement ces fantasmagories défilent si vite que tout nous semble possible, et nous touchons alors à cet instant extrême du moi, où lui même n'est plus qu'un mirage"

SOREN KIERKEGAARD : "Traité du désespoir". Editions Gallimard 2006.

sol diamant.JPGAprès une période de déréglements qui par la suite, devait nourrir de  remords sa profonde nature mélancolique, après s'être senti frôlé par la folie, S. KIERKEGAARD se donna pour mission de fondre en une harmonie personnelle les élans contradictoires de son être : insouciance et gravité, frivolité et mélancolie. Ce travail intérieur fît de lui un solitaire. Il se sentait isolé, mal compris. Il rompît même ses fiançailles avec une jeune fille enjouée, d'humeur gaie parce qu'il ne se sentait pas capable d'exercer une fonction quelconque dans la vie. Le contraste était à ses yeux trop violent entre l'aisance légère avec laquelle les autres prenaient l'existence, et la lutte où il se débattait contre les côtés sombres de sa propre vie. Cette obscure et patiente élaboration personnelle, S.KIERKEGARD l'a décrite sous cette image très poétique, qui vaut mille fois plus que toutes méthodes allant aux instruments bien résonants et raisonnés :

"Je suis aux écoutes de mes musiques intérieures, des appels joyeux de leur chant et de leurs basses notes graves d'orgue. Et ce n'est pas petite tâche de les coordonner quand on n'est pas un organiste, mais un homme qui se borne, à défaut d'exigences plus grosses envers la vie, au simple désir de se vouloir connaître".

Photo : Champ du moindre possible ? Qui sait ? Vu sur un sol gris serti de diamants bleus. Une poussière dans l'oeil venue aux accidents, quelquepart rue Roussy (comme le bord de la feuille)...  La nuit, quand la colline s'endort, le pavé s'ouvre et l'on voit apparaître, une fantasmagorie. La seule boutique d'orfèvrerie ouverte après minuit dans cette ville. Lyon, Septembre 2009. © Frb.