Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 30 janvier 2015

Schismes

Et tandis que le fleuve poursuit son cours, grondent les révoltes. Les standards Fifa sont à sens unique, les discours autoritaires ont le vent en poupe. Aux quatre coins du monde les populations se cabrent face à la mise à sac de la planète. Le temps presse...

YANN BEAUVAIS, 2014  / de la revue GRUPPEN

 

 

Nota 1 :  Schismes : du grec ancien σχισμός / skhismós, signifie "séparation", du verbe σχίζω / skhízô, "couper, fendre".

Nota 2 : Ce film, est le troisième de Yann Beauvais présenté par Gruppen en Juin dernier au Centre Pompidou lors de la soirée "Poésie(s) en Stéréo", les images sont signées Yann Beauvais portées par un texte magnifique et troublant de Laurent Jarfer, élément dynamique du multiple et excellent Gruppen. Yann Beauvais poursuit ses expérimentations  - montage-démontage - au scalpel, le texte porte en lui un salutaire saccage des prédations en cours, quand l'image entame par éclats, la violence des discours officiels, rien qui ne laisse indemne, surtout pas en ce moment. A noter deux discrets collaborateurs : Edson Barrus et Pierre-Ulysse Barranque. 

lundi, 22 août 2011

Topo d'ici ...

La toponymie n'a pas seulement pour but de retrouver l'étymologie des noms de lieux, les toponymes sont en effet des témoins précieux du passé et permettent à ce titre de reconstituer et l'histoire du peuplement et celle du paysage, qui lui est associée. Les noms de lieux-dits, par exemple, sont liés à la végétation d'une époque particulière et sont de ce fait les témoins d'une double histoire.

ALBERT DAUZAT, cité par MARIO ROSSI in "Les noms de lieux du Brionnais-Charolais", éditions Publibook-Université ou (EPU), 2004.

topo d'ici,topologie,toponymie,lieux-dite,ici,brionnais,langue,pays,balade,noms propre,généalogie,histoire,ruralité,albert dauzat,linguististique,mario rossi,art roman,dun,ancêtre,noms du brionnais-charolais,nabirosina,montceaux l'étoile

Le ciel du soir est comme une aube d'été. Les récits des anciens ici, s'écoutent sans y penser, autour de grandes tables sous les arbres, l'apéro peut se prolonger longtemps et tard dans la soirée, ce sont eux, les anciens, qui illuminent par une mémoire parfois un peu romancée, les légendes minuscules, les faits divers  les  existences probables et improbables de ces gens dont on dit qu'ils étaient des "figures" le tout enrobé d'anecdotes dont il est difficile de vérifier l'authenticité. Les histoires sont allées de maison en maison, les vieux, ils les connaissent sur le bout de la langue, déclinées en patois plus ou moins fidèle à l'original, en français plus ou moins "arrangé". Par leur voix, on retiendra vaguement une liste, les noms des personnes qui ont existé, existent encore et la vie des familles ayant donné leur noms à des hameaux : "les Brancion", "les Desmurs", "les (nombreux) Corneloup" du village bienheureux de Saint Racho, (prononcer St Raco, que les gens d'ici abrègent oralement en "Saracco", et dont les habitants que ceux des villes environnantes appellaient pour "charrier" "les Saracottis"  sont simplement des St Rachois, St Rachoises), digression un instant pour préciser que si vous passez dans cette région, il faudrait visiter une ravissante chapelle érigée sur la montagne de Dun à St Racho (un endroit aux légendes merveilleuses). Cette chapelle est dédiée à l'evêque St Racho d'Autun (ou Rachonis ou Rognabertus) qui fût le premier Franc à occuper ce siège épiscopal, (ça vous donnera une petite idée de l'ancienneté des lieux).

topo d'ici,topologie,toponymie,lieux-dite,ici,brionnais,langue,pays,balade,noms propre,généalogie,histoire,ruralité,albert dauzat,linguististique,mario rossi,art roman,dun,ancêtre,noms du brionnais-charolais,nabirosina,montceaux l'étoilePour revenir à notre sujet (on s'égare vite dans cette contrée tant il y a de sentiers), l'histoire du Brionnais happant de plus en plus la curiosité des historiens, des linguistes, et autres chercheurs, on s'est retrouvé au fil des siècles sur des pistes de moins en moins approximatives. Les lieux ont légué également leur nom à de nombreuses familles, pour exemples, "Le Montillet", "La Verchère", "La Thuilière", la région abondant de familles "Labrosse" (de "La Brosse" qui veut dire "Le bois"), on trouvera quelques "Montaigu" des familles "Places" et des "Rocher" etc... Tous ces noms de familles sont répertoriés dans les registres paroissiaux que tenaient les curés avant la révolution. Si on remonte encore le cours du temps, on ira gaiement jusqu'avant l'an Mille, et si l'on s'intéresse aux généalogies des familles nobles anciennes, on s'apercevra qu'elles sont toutes construites avec (ou sur) un nom associant le nom de la terre possédée qui deviendra le nom de famille transmis de génération en génération : de France, de Bourgogne, de Valois, de Bourbon par exemple, pour les plus puissantes. A cette époque, parmi la population de basse extraction, il n'existe encore aucun nom de famille, juste des noms réduits aux prénoms de baptême. Après l’an Mille, les évolutions démographiques imposeront  peu à peu la nécéssité de pouvoir différencier plusieurs individus portant le même prénom au sein d’une même petite communauté. Ainsi apparaissent les surnoms "...Les noms et surnoms et qualités des personnes tenant feu du lieu de la paroisse de..." (XIV em XV em siècle). Mais on  peut dire qu'à  partir du XIem et XIIem siècles, les qualificatifs ou "surnoms" les plus utilisés en grande majorité pour différencier les individus, seront les lieux de vie, c'est-à-dire les noms des hameaux où les gens résident. A une moindre échelle, d’autres surnoms sont issus des métiers que les gens pratiquaient (Charbonnier, Clerc, Tissier…), de l’apparence physique ("Petit", "Grand", "Gros"...) du tempérament, (exemples moins fréquents ici), ("Galland", "Bataillard", "Lherisson"...), de l'état de sujets ("Alesveque", "Auduc",...) de la filiation (aLajeanette, alamartine, alarenaude, ...) ou encore de la provenance pour les gens venus d'une autre région, ("Delauvergne ou Dauvergne", "Bourgogne ou Bourguignon", "Delamontagne ou Dumont... Etc). Après l’an Mille, les évolutions démographiques ont progressivement imposé la nécessité de pouvoir différencier plusieurs individus portant le même prénom au sein d’une même petite communauté. Ainsi apparaitront les surnoms, termes régulièrement utilisés dans les anciennes cherches de feux du XIV et XVem siècles : "...Les noms et surnoms et qualités des personnes tenant feu du lieu de la paroisse de..."

topodici

Certains hameaux portent aussi le nom des rivières locales : "La Genette" ou "La faux", (d'un mot "gaulois" signifiant "hêtre"), les noms des villages sont parfois ceux des arbres "Châtenay" par exemple (extension ancienne du mot "Châtaignier"), d'autres noms de lieux relatent les formes du relief vallonné, par exemple : "La pouge" (rampe, montée), de même le mot de "Brionnais" pourrait provenir du mot "Brie" signifiant "terre grasse et spongieuse". On pourrait parler des étangs, tous naturels qui occupent des creux ou vallons, la présence de l'eau est rappelée par quantité de toponymes : "La Saigne" (mot provenant du bas latin et signifiant "marais bourbeux"), "Le palluet" (du latin "Palus" signifiant "le marais"), "Les mouillières" ou plus explicite "Les étangs". Certains noms de lieux, ici, par leur origine celtique ou latine prouvent aussi l'ancienneté de la présence humaineEn ce qui concerne le Charolais et le Brionnais, (impossible d'aborder ce thème en détail car il faudrait je crois y consacrer un blog entier mais je ne peux m'empecher de citer et recommander vivement à ceux qui sont intéressés par ce sujet, l'ouvrage remarquable de Mr Mario Rossi éminent professeur, qui a pour titre  "Les Nom de lieux du Brionnais-Charolais - Témoins de l'histoire du peuplement et du paysage" (voir références plus haut sous notre photo).  Pour terminer sur le thème un peu élargi, on notera aussi que Mr Mario Rossi a désiré que les droits d'auteurs de ce livre soient affectés à la sauvegarde du patrimoine de Montceaux l'Etoile, dont l'église datant du XIIem siècle est absolument à visiter, surtout pour son portail sculpté datant de 1120-1125 (environ), qui représente l'Ascension du Christ dans une mandorle, qui tient dans sa main droite, le bois de sa croix, au milieu des Apôtres, entouré par deux anges. De source sûre, l'ayant vu de mes yeux, ce portail est considéré, à  juste titre comme un chef-d'œuvre de sculpture d'art roman, je suis un peu étonnée en fouillant dans les archives de CJ de ne pas retrouver un billet qui aurait pu vous le montrer je ne manquerai donc pas, (un certain jour) d'en reparler ; en attendant vous pourrez encore mieux l'admirer en grand format  ICI.

Je signale et recommande encore vivement un autre ouvrage tout à fait passionnant de Mr Mario Rossi, pour les gens qui sont intéressés par les dialectes, et l'étymologie ou plus généralement la langue, l'excellent "Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais"

Autre lien plus vaste, toponymique aussi, d'ouvrages très bien référencés :

http://jeantosti.com/noms/biblio.htm

A propos des noms de familles (et des évolutions juridiques de la généalogie)

http://www.guide-genealogie.com/guide/noms-famille-nouvel...

topodici

Nota  : La balade peut encore se poursuivre (en mode lecture ultralight) il suffit de cliquer sur les images (pour ceux qui ont la flemme de lire le long topo, on aura tout prévu, c'est ti pas formidable ?)

Photos : parcours flêchés, et saisis à la volée, quelques noms de hameaux nabirosinais, photographiés au hasard d'une balade à vélo en chemins buissonniers.

Photos © Frb 2011.

mardi, 28 juillet 2009

La pieume du Nabirosina (V.F.)

"Dze sais pas si vos connaissi l'Mile : aul a passé pas loin de quarante ans à la coopérative de Tçarolles, aul a entendu causi du patois de totes les acabies et vu qu'aul avot pas ses oreilles dans sa potce apeu qu'yetau pas un beurdin, aul a pensi que si eu peurnot le temps d'y écrire, y servot comme qui dirot d'pense-bête à tous tcé là qu'aimant not' chti pays, apeu qu'sant contents d'se rappeler la façon de causer vé nos (...) Apeu surtout y seur'vra a rév'lli vot' patois, et ça y vo fr'a point d'mau".

"LE PERE MATHURIN" extr. du Billet publié dans le journal local "la Renaissance" du 26/01/1991.

chemin69.JPG

L'Mile oeuvra si bien à son petit bouquin, (son petit dictionnaire), que le Père Mathurin proposa à la "Renaissance", (journal local, l'équivalent du "Monde" au Nabirosina,) de publier l' boulot du Mile, sous forme de petits récits, qu'il découpa, pour que les gens puissent les déguster bien "comme y faut". Durant plusieurs années le pays tout entier se demanda qui était ce fameux "Père Mathurin" qu'on lisait à voix haute et dont chacun se faisait passer les petits billets de maison en maison... Quant à l'identité du patoisant, je la laisse au secret. Et comme promis précédemment, voici la traduction de cette histoire bien sympathique "de chataîgnes et de poêle"...

Nota : une promesse pour un lendemain qui se retrouve avant hier ? Il faut noter qu'en nos hameaux, le temps se ralentit tellement, que même "certains jours" nous échappent. Puissiez vous lecteurs (des villes et des campagnes) être un brin éclairés.

Traduction :

"Cà se passait vers les années 1925, celui qu'on appelait "le fils", l'ancien tuilier de la Vaivre, était venu veiller avec sa femme Eugénie et leur fille Marguerite. C'était la rendue (1). Nous étions allés chez eux l'année précédente. J'étais impatient de les voir arriver. Soudain, les voilà ! On les entend marcher bruyamment dans la cour, puis ils vont poser leurs sabots à la porte près du réchaud à bois. Asseyez vous près du poêle, mettez vos pieds sur la tablette ou dans le four si vous avez froid ! Et voilà la conversation partie sur la guerre, de Ham à la forêt de Paroy, des histoires à écrire des livres, évacuation des blessés, entendues cent fois. Avec mon père, il était de la classe 93, l'autre était de la classe 94 et, trop vieux, ils avaient été versés dans les territoriaux . Un moment après, ma mère a mis les châtaignes sur le feu, mais le meilleur, c'était le saucisson qui cuisait à petit feu et qui envoyait une odeur à faire baver un chien tellement çà sentait bon. Mais d'un seul coup, voilà-t-il pas que le gros chien noir se querelle avec le gros matou gris - tous deux couchés sous le poêle - à grands coups de dents et de griffes. Le collier du chien s'accroche dans un boulon qui tenait le poêle, et le voilà parti avec sa chaudière sur le dos à travers la maison, les tuyaux sens dessus dessous, à grands bruits, les deux casseroles renversées qui font de la fumée comme une chaudière. La peur passée, il a fallu tout mettre en place, il fallait prendre des gants pour ne pas se brûler les doigts, et balayer la cendre sur les carreaux. Comme c'était à peu près cuit, nous nous sommes mis à table comme s'il n'y avait rien eu. Tout çà n'avait même pas enlevé l'appétit. Ensuite vint le fromage, le café et l'eau de vie, et puis ma foi, au revoir et à l'année prochaine ! "

(1) Invitation en retour d'une précédente.

Photo : Toujours sur la grande route de la maison du fils de l'ancien tullier de la Vaivre, quelquepart entre le hameau des"Combes" et le Pays de Montmelard. Juillet 2009. © Frb