Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 12 janvier 2010

Dans la nuit mince et blanche

Nuit blanche 14b.png

Dans la nuit mince et blanche, dorment les grands connaisseurs de la réalité, qui forment en rêve à leur image le derniers fils de la famille, pour mieux le noyer au matin.

Dans la nuit mince et blanche, je me lie à Vitrac au dessus d’un bordel de fringues
 ou le corps pris sur l’étendage, un hamac laid comme une filoche pendu sur un bec de mésange.

Dans la nuit mince et blanche, j'effeuille un almanach, datant de la fin des années 30, "la maison du papier gommé", un article documenté sur la vie du scaphandrier. Plus loin, en d'autres pages, (une revue de 1960), il y a des cathédrales vivantes, le détail d’une voûte romane, l’énoncé d’un paquet de chocos. Des palets d’or rampent sur les plinthes, l’engagement (Lu) du "sachet-fraîcheur" avec une pointe de sucre roux et 3,0 gr. d’amidon. Tout ça court sur la croûte terrestre en brulant longtemps les étapes: la Perse, l ’Assyrie et Byzance, jusqu’aux formes octogonales qui se combinent dans les absides désordonnées d'un pur style hybride ogival du genre pré-Nabirosinais.

Dans la nuit mince et blanche de gigues et de pavanes, j’accepte la place offerte.
 Par la voix tonnante de l’ancêtre qui illumine à coups de bêche, ce coeur qui se trouve sous ton pied.

Dans la nuit mince, je mange. Et goûte aux vins d'Etienne, à la faveur des jours qui passent, quand d’un paradis entrevu de l’autre côté du vitrail, nous ne glissons plus que des neiges fondues sous un coin d'oreiller. (Or la petite souris qui n’est pas dupe, ni plus folle que la guêpe, continue de nous tarauder), et nous trinquons à sa santé :

"A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux !" .

Dans la nuit blanche, j’en pince pour les boiseries poncées mais je hais la frisette à teindre. J’y décloue ta mèche obsolète, tôt remplacée par l’accroche coeur d’un joli moniteur de luge.

Dans la nuit mince et blanche, le lis amer réinjecte son trac, naît ou meurt selon. Pénètrant le sillon, un tourne-disque carossé tombe dans la SPX. Il ne restera plus qu'à tirer les cordes du piano, à les frotter longtemps, au papier à musique. J’aime l'art acousmatique : John Cage dévoré des limaces, la flêche de Denis l'endrômé, Michel, qui n'arrête plus le regret et les doigts du grand Luc caressant les étoiles. Plus tard, les autres viendraient, (des bons copains aussi), avec d'étranges boîtes...

Dans la nuit mince et blanche, une masse de bouc a siphoné ma plume de paon ou de dindon, et je ne m’en porte pas plus mal. "Mieux vaut dindons que paons" a dit le Duxo Yaka Charmillon. Et nous revoilà une fois encore sur "le chemin des poneys !" mon talon d'archimidinette, se tort un peu sur les cailloux mais s'il retombe dans les fougères, il sait s'en contenter. "Un rien, Madame, vous rend si belle". (Giroflées, trèfles doux, émouvantes noisettes). Dix balles de billes à faire rouler sur le toit d'une chapelle, l’éclat doré du solitaire comme une chiure de coucher de soleil épousant les tonalités des grands yeux fendus en amandes de l'élandin.

Dans la nuit mince et blanche, Lord Jim erre de port en port. Et je me demande si je ne préfère pas les braves types aux grands seigneurs. Si je ne préfère pas le sanglier au porc, si je ne préfère pas le modillon au Sacré Coeur. Et s'il fallait vraiment choisir (quelle connerie, cette supposition), pourquoi choisir "entre les choses", pourquoi ne pas choisir "un peu de tout" ?

Dans la nuit blanche, pyramidale, je ris seule parmi des objets d'une stupidité qui m'agrée et de nombreuses soucoupes volantes portent plus loin les présomptions. Orné de trois pépins d'orange et d'une bonne quinzaine de mégots, l'oeil-bouton de l'ours Pitou tiendra bien jusqu'à demain soir. Un grain perdu au centre d'un pot (dont je n’arriverai jamais à calculer la circonférence avant l’aube). Soudain, j'ai  besoin de vacance, (se pourrait-il d'absence ?), ou de disparitio...

Dans la nuit mince et blanche, j’entends les perroquets et la belle de Croisset qui écarte les jambes. Le voyou qui fuyait son petit chien me relance. tout ce que j'ai à lui dire tient sur un tas de cendres au fond d'une boîte à thé.

Dans la nuit mince et blanche, je me surprends à aimer Jack Palance. Et Brigitte qui s’envole dans les bras d’un idiot, de Capri vers la mort, après, quand c’est fini, on retrouve le silence. Puis à 6 h00, reviennent les camions des poubelles, la nuit qu'on cambriole, la fin des haricots. Les dés sont rejetés. Alors naît l'envie folle de construire une pirogue. Ou de partir en catastrophe dans une petite auto.

Du genre Rolls Royce.

IMG_0262.JPGPhoto 1 : La neige blanche et mince photographiée la nuit entre la route qui mène au Mont St Cyr, et le "Chemin des Poneys"...

Photo 2 : Un drôle d'être humain dans une drôle de petite auto. Vu au petit jour, sur le chemin  dit de la "Grande Terre" ou de la "Belle Neige". Nabirosina. Janvier 2010. © Frb.

Commentaires

sourire !!!! Difficile à te lire !!!!

Écrit par : patriarch | mardi, 19 janvier 2010

@Patriarch : Evidemment, si vous lisez un billet sur la "nuit blanche" au réveil, c'est peut être un peu en décalage !(rires) et même que j'aimerais pas être un lecteur qui passe par là, avant d'aller au travail ;-) d'autant que j'ai un peu de mal à me relire moi-même (;-O!), enfin bref on n'est pas rendus... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Merci d'être passé quand même (;-) et d'avoir laissé un petit mot clair net et marrant, j'apprécie.
Je vous souhaite une très belle journée, Patriarch.

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

plus la nuit est mince, plus elle est blanche
et plus l'épaisseur des pages quez vous noircissez, prend des formes pyramidales, avec des carroussels d'animaux fantasmagoriques, des courants d'airs d'opéras, des carnavals
costumés hors de toutes les coutumes, des fruits et des fleurs qui hésitent entre bien et malicorne, des cieux cendriers et des horizons en creux, des départs comme des partitions...

Écrit par : JEA | mardi, 19 janvier 2010

@JEA :Avec vous il ne serait pas vain de jouer la partition à quatre mains sur un clavier dont les les touches noires et blanches auraient été tantôt encrées par votre plumier, tantôt effacées par les flocons blancs de vos cieux ardennais.
Ce qu'il fallait retenir c'est "le plus" que vous ajoutez ainsi ce texte aurait tenu en seule phrase (cela aurait été sans doute préférable...).:

"Plus la nuit est mince plus elle est blanche"
C'est tout ce que l'on peut en dire.

Les cieux cendriers qui régissent le capharnaüm vous en remercient, la gribouilleuse lisant s'en retrouve aux anges un instant, et la mésange en lâchera sa filoche pour mieux prendre l'envol. Tandis que le jour n'a plus besoin de moi pour noircir quoi que ce soit. Les départs comme des partitions, j'avoue que ça me tente. Cela s'appellerait peut être "partir à la cloche de bois"... Il n'est pas dit... Tandis que le petit jour me tance. Les départs comme des partitions, oui, je ne suis pas difficile, je n'en choisirais qu'un seul ;-), une place assise dans une micheline, reste à trouver un wagon-fumeur bien tranquille. Tandis que me précéderait votre petite musique, chantant mille chemins, jusqu'au poirier de la demoiselle, plus vaste qu'un salon de musique. C'est là, que certains jours j'aimerai me faire la belle.
Merci à vous, infiniment...

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

Dans la nuit mince et blanche, ce névé de neige écrasée sur son lit de goudron,
ce souffle-en-locomotive du gosse sur son petit tracteur dans le silence givré et cotonneux du monde de l'après nuit mince et blanche.

Écrit par : Gilbert pinna, le blog graphique | mardi, 19 janvier 2010

@Gilbert Pinna, le blog graphique : Ravie de vous accueillir ici.
Votre message se lit comme un tracé très doux qui réenchante les trajectoires, le paysage entier... A peine, l'effleurement d'une plume et tout se trouve changé ...
Je connaissais votre petit blog, je l'avais remarqué.
Tout autant que j'avais aimé, vos récits et toute la vie qui anime vos superbes personnages. Je viendrai vous le dire bientôt chez vous. En attendant, je vous souhaite une bonne soirée et vous remercie sincèrement de votre visite.

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

évidemment que l'anaphore "par une nuit mince et blanche" fait plus d'effet (ah l'effet que ça fait un effet) (effet d'affect) que
"par une grasse et sombre nuit"
on n'est pas loin de l'éloge de l'anorexie nocturne et d'un racisme à peine voilé !
frasby ! je m'insurge
(mais envie de relire pour la ....eme fois "lord jim"- en m'injectant illico après son antidote "jeunesse" du même Conrad )

Écrit par : hozan kebo | mardi, 19 janvier 2010

Dans la nuit mince et blanche (tout un poème, déjà, dans ces 24 lettre (29 si l'on compte les espaces, et un espace, croyez-moi, ça compte, autant que les soupirs et les silences, qui, déjà autosuffisants en intensité, ont de surcroit cette merveilleuse capacité à révéler ce qu'il y a autour d'eux... Le vide relève mieux le plein qu'inversement, ne trouvez-vous pas ?)), je reviens en vos terres...
Et je m'aperçois que cela me manquait.

Écrit par : Liam | mardi, 19 janvier 2010

@Hozan Kebo : Raciste moi ? C'est anaphore de café !
oui, bon j'avoue
Je ne suis raciste que pour la neige.
Que la neige noire rentre chez elle. On ne veut pas de "ça" chez nous !
"Par une grasse et sombre nuit" ça ferait un petit peu bacchanales. Des Bacchanales pour moi toute seule,
je n'ai pas encore osé me les offrir, mais qui sait si... un certain jour ???
Quant à l'anorexie nocturne ,voilà une nouvelle maladie invitée... C'est une sacrée Hozan ! Qui va donner du boulot au corps médical... (j'adooore le corps médical ;-)
Surtout que mon anorexie nocturne à moi est encore bien dodue (me semble) sans vouloir fouler aux pieds (que nenni!) ce beau vent de protestation qui vous meut (ou vous meuh( ?) sauf le respect que je vous dois à cause ou grâce au MARC de Bourgogne.
Lord Jim oui ! je suis d'accord... Faites entrer !
Je pousse mes livres mes pots ... Je rafole des Jim (Harrisson, Morrison) et encore plus des lords !
Lord sinclair... Mon côté snobinarde = Encore une occasion de vous insurger = http://www.dailymotion.com/video/xlogm_amicalement-votre-generique_music

Et le POD 5 ? il est où ?
Faudrait peut être activer la manivelle, mon garçon ! au lieu de de venir faire la révolution chez moi (rires)
On veut Le POD 5 vinzou !
ça traine ça traîne !

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

@Liam ! : Quelle bonne surprise de vous retrouver ! Je n'ai osé vous harceler chaque jour sous votre sapin de Noël... Puisque j'ai découvert un de ces billets de vous (Je suis toujours sous alcool de menthe à ce jour ;-) =(que cela reste entre nous, pas question d'ébruiter cela n'est ce pas ? ;-))
Vous disiez ?... Ah bien d'accord !
Votre commentaire est assez taoïste voire très !... Je vous nomme le Lao Tseu de mes nuits anorexiques, si vous le permettez, et c'est un grand honneur d'être comparé à ce vénérable grand sage et fin observateur.
Pour la question, je vous répond, oui ! et réciproquement.
Que pensez vous de ma réponse ?
vous m'avez manqué vous z'aussi, je pense que vous avez retrouvé tous les petits mouchoirs semés un peu partout chez vous. Preuve de mon grand chagrin, et d'une sombre inquiétude. Mais Ca y'est, ça va mieux... Vous êtes vivant.
Liam alive and Well , c'est une bien belle, une excellente nouvelle ! A bientôt !

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

Frasby, merci pour ce petit lien haricossien, un lien comme un fil de haricot! et merci pour la deuxième photo que j'adore complètement, elle a quelque chose que j'adore vraiment!

Écrit par : Sophie | mardi, 19 janvier 2010

@Sophie : Merci à vous ! C'est exactement ça...
Un petit fil de haricot... ;-) Je suis allée chez vous, pour choisir j'ai hésité longtemps. Parce qu'il y a plein de ces petits fils là de haricots tout mignons, tout fragiles... Si bien brodés qu'à la fin ça fait des éventails brodés
mais là, le titre que j'adore vraiment, se prêtait assez bien aux belles résolutions qui commencent toujours par des "si..."
Alors voilà... Et puis je ne suis pas du tout étonnée que vous adoriez cette 2em photo, merci, ça me fait bien plaisir... Ne trouvez vous pas qu'elle a cette incongruité, cette fragilité euh... Un petit peu comme un chat assis sur une télé ?

Écrit par : Frasby | mardi, 19 janvier 2010

dans la nuit mince et blanche
la voix d’un oiseau sans voie sur moi s’épanche

Écrit par : isdid | mercredi, 20 janvier 2010

@Isdid : Dans la nuit mince et blanche
Le son d'une nuit d'été.... ;-)

Écrit par : Frasby | mercredi, 20 janvier 2010

j'admire ces personnes qui arrivent à passer une nuit blanche et qui le matin, fraiche , pimpante et lucide nous raconte en toute simplicité le déroulé des minutes qui s'égrennent dans le sablier...ça fait rèver!
amitié

Écrit par : alex | mercredi, 20 janvier 2010

@Alex : Oui ! j'admire aussi ces personnes qui arrivent à passer une nuit blanche et qu'on retrouve au matin, lucides, fraîches et pimpantes...
La plupart du temps, au matin après une nuit blanche, l'état est passablement second, et l'alphabet arrive à l'esprit un petit peu dans le désordre mais bon... C'est mieux que rien. Quoique..
Merci à toi, Alex ,
Bonne soirée ou nuit blanche, (à ta guise...). A bientôt.

Écrit par : Frasby | mercredi, 20 janvier 2010

Les commentaires sont fermés.