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vendredi, 25 mars 2011

Les secrets de la création

Je me lève à 9H00 du matin, je me couche à minuit et entre temps, je suis éveillé.

Extr de la biographie de DAVID SHRIGLEY

ombres0142.JPGOn voudrait le miracle ou se faire une place au soleil avec des mots qui portent l'ombre. On nouera sans crainte des noeuds faciles à fabriquer, sur la corde raide dans la musique de variété. Jusqu'à la création d'un noeud de coeur assurant le second de cordée contre tout accident. Parfois le noeud glisse, on poursuit seul. Il y aurait un malaise à regarder de près les artifices. Contre eux, on trouverait quelques lois, des entraves à la liberté: un milieu avec ses côtés, ses pointillés prêts pour le découpage, et des correcteurs d'orthographe automatiques moins doués pour le système D que le"Tippex" ou la colle "Cléopâtre" avec son goût de pâte d'amande qu'on mange dans le plus grand secret. On s'entiche dans la joie du pliage des cocottes en papiers pour les yeux d'un coco à la côte d'amour, un instant. On voudrait ouvrir un dialogue avec des personnages, on les coupe de moitié. Pour nous c'est la réalité, on enregistre des conversations avec les oiseaux sur des balcons, on se roule dans les pigeonniers, une fiole d'encre renversée sur ces tables à tréteaux que l'on nomme écritoires, parce qu'on n'en finira jamais avec la création, on collera sans fin, ligne après ligne des impressions recoupées les unes sur les autres afin d'en préserver la trace pour on ne sait qui, comme on regarde le vin mûrir dans des fûts à l'obscurité. Puis on en rira avec d'autres qu'on connait, vivant en nous, loin ou plus près, au milieu des "ah!" et des "oh !" dans les clairettes d'un vernissage, tous ces accents pointus au printemps des salons, à l'hiver, et ces caves, chez ceux qui ne trouvent pas leur place, et qui peuvent en mourir un jour. On abusera des hauteurs de la gamme pour s'enticher encore : "l'art ! l'art ! l'art !".

Sérieux, n'est-ce pas ?
Sérieux, sérieux, sérieux jusqu'à la mort.

on dira qu'on fait l'art, qu'on est l'art, lardés, larbins, lardons. On applique au final, une tête normale qui en bave et s'usage à la cinquième saison pour un verbe monumental, jusqu'à dégommer la syntaxe. L'illusion, serait-elle l'unique point d'amarrage ? Il nous hante, ce rêve ancien d'où vint la joie inaltérable, où le phénix pleure et meurt puis se régale aux secrets de la création, au degré zéro de l'art pendable, au point G de l'amour monstre, au point N de l'amour fou qui fait patiner dans les graves des rimes pour incendier nos ombres sur une pente qui perd le nord et débride les points cardinaux. On ne saura pas dans quel sens lire les déclarations. Le mystère des affinités offre un goût de nectar au poison et le droit d'abolir l'espace est notre don.

Nul ne nous invitera à grimper sur l'échelle du vieil amiral. Nul fondement, nul évènement, ni passé ni futur ne pourraient servir de leçon, peu importe ! voilà qu'aujourd'hui, on s'absente, si jeune, déjà mort quelque part, toujours prêt à renaître, étranger en sa propre fiction. Saurait-on faire autre chose que bricoler notre mémoire ? Valider tout un tintamarre entruqué par des rubis doux. Ces plumes d'autruche sur ton pelage se conjuguent à la perfection avec un mot dont il est temps de connaître le nom. Tu en fais des perles que je porte pour la joie qui est rare. Une plage sur un caillou, des vers luisants dans le bois de Bellegrange, on ne voudra plus chercher ailleurs la divine proportion, on ne pourra plus s'imaginer vivre sans. Il n'y aura pas d'autre choix, pour nous mener plus haut ; et ce peu nous attache. Le vide de nos conversations amusera. Enfin, ce ricanement qui va sur tout, équilibre un peu la maldonne, nous éloigne du grappin d'un monde qui n'est pas fait pour nous. Nous barbouillons ensemble les panthéons dans ces couleurs crépusculaires, le sabordage est notre divine solution, infidèle à l'originale, il nous tarde d'en jouir, tellement nous l'attendions.

On poserait sans y penser les pieds sur une étoile, ailleurs tous les voeux armeraient d'opiniâtreté, les hommes empressés d'arriver. "Arriver" est un drôle de mot, qui ne dit pas la solitude mille fois écrite ou filmée parfaitement, illustrée par le grand Emile, reprise par quantités d'escrocs qui balaient nos songes, volent la route, se pavanent comme des majorettes font tourner des bâtons dans des foires, avec le nom de "saltimbanques" en titre. Les voilà prenant des grands airs garants de la vie de bohème, "saltimbanques", "gens du métier" autant d'artistes... Nous sommes tous des Michel Drucker. Ils disent avec solennité : "pour réussir, l'artiste doit aller charbon, que le charbon c'est un métier, et quel métier ! diable et misère !" Que savent-ils du charbon et de la misère ces escrocs, qui ne sauraient sacrifier ni enfant ni épouse, ni le canapé du salon, pour vivre peut-être mal, mais libres ?

Ailleurs, un coureur ouvrage les fusibles dans l'alchimie brutale du feu de l'eau, de la terre et du vent qui tournent. Il ne saurait s'occuper de charbon. Il s'accroche, puis il se déprave. Il effeuille les jours et les jours, sans souci des révélations ; que l'art soit mineur, ou majeur, là n'est pas la question. On s'étonne dans les pages sur une ligne fébrile qui glisse par accident dans la ligne d'un autre, il se peut qu'elle révèle, là, le point d'amarrage, ici un grand désir de versifier le monde. Juste après le néant, il y aurait encore un fil. C'est autant de foulées au dédale où l'on compte et recompte les morts, à se coucher à vie au milieu des oeillets dont le rouge ouvre à la passion, on partagerait le fil d'Ariane en suivant le fil des saisons. Certains charment les tombes ou caressent les craquelures d'une toile, ils y retrouvent l'origine presque intacte, les pas foulant une route qui ne s'arrête jamais, une planche dans une mare ne servirait de pont que pour peindre des nénuphars. Et l'autre, à tête barbouillée de charbon, viserait un chemin qui déraille du côté de la nébuleuse d'Orion, aveuglé, cherchant le soleil, ses doigts peignent des cheveux d'anges sous la lune renversée. Une avalanche de boules de neige, des biquets sortis d'un chapeau dériveraient loin des faussaires qui bradent à la criée des perles en plastique au marché où l'on vend des mensonges.

Le temps passerait. Un siècle plus tard, réveillé par un baiser de légende, on voudrait que cet embrassement déplace tout. Il serait beau de croire qu'être seuls à plusieurs est encore un secret de la création. Aux yeux de ces communs du lot, les montagnes deviendraient des pipelines pour achalander l'hyper-Rion. Elles n'accoucheraient même pas d'une souris. Les communs, (ceux du lot), ils ont d'autres occupations. Ils achètent et ils vendent, plus souvent ils shoppinguent. Ils tripotent dans les bricoland, les antennes et les paraboles qui brouillent nos émissions. Nous les croisons parfois, ils sont dignement pourvus de leurs points de vie : ils travaillent "moi monsieur", ils nous toisent, parfois ils nous conseillent ils nous parlent du bonheur, nous offrent la recette ; insolents de santé comme une tête de Mickey riant sur le dos d'un tee shirt.

Photo : Un endroit où on ne peut plus aller et qui ne sera plus jamais tout à fait tel. Ombres et lumières dans un bel escalier au hasard d'une balade à l'intérieur de l'Hôtel-Dieu aujourd'hui livré aux mains des renégats... Photographié un jour d'hiver à Lyon. © Frb 2011.

Commentaires

Je pourrais dire, chère Frasby, que vous n'y allez pas de main morte. Mais c'est là une pure figure de style (figée d'ailleurs) car la main avec laquelle vous écrivez est elle bien vivante...

Écrit par : nauher | vendredi, 01 avril 2011

@nauher: Ravie de vous trouver ici, au regret d'avoir si peu de temps pour aller lire vos textes que souvent j'apprécie comme vous savez, je rattraperai bien ce retard un certain jour, bientôt, c'est (presque) écrit. Pour le vivant, ce n'est pas moi, c'est de la faute à David Shrigley c'est lui qui a commencé, (je le dénonce :). Et pour rendre plus vivante une formule figée j'ai un ami (très potache, certes) qui dit souvent "tu n'y vas pas avec les doigts de la main morte" mais bon... C'est peut être effrayant. "Pas de main morte ?" Vraiment ? Pour l'instant je ne me rends pas compte, merci de me renvoyer cet écho... Peut être qu'il faudrait que je fasse + attention...(?)
Quoique une main vivante c'est peu. Shiva par exemple ferait autrement vibrer les secrets de la création : 1008 noms, 4 bras. Combien de mains vivantes ? Je vous souhaite une excellente soirée, merci de votre visite.

Écrit par : frasby | vendredi, 01 avril 2011

Cette photo est une splendeur, Frasby! On pourrait écrire des milliers de pages à propos de cet endroit tel qu'on le voit là!

Écrit par : Sophie | vendredi, 01 avril 2011

@Sophie : C'est gentil ! mais avant de vous répondre just un petit prélude: René Char je crois serait content que vous ayez validé sa phrase, (elle est chez vous quelque part via un de vos commentateurs, il se reconnaîtra) et je me réjouis autant que je vous remercie de votre retour (avec diligence !) tout pareil aux grands jours... Pour la photo, la splendeur en réalité c'est le lieu ! les intérieurs de l'Hotel Dieu, (scandaleusement ravi aux lyonnais pour la galerie, il faudrait je relie cela à un billet de Solko) ces locaux bien vieillots mais où l'ombre et la lumière prennent vie comme nulle part ailleurs dégagent une atmosphère réellement splendide. A qui veut écrire des milliers de pages sur cette photo, oui, je ne sais pas, peut-être que ça pourrait le faire, en tout cas je serai tout à fait séduite par cette idée de variation sur un même thème ... (Et puis savez vous qu' en ce lieu même, il y a un grand escalier, qui lorsque vous le descendez vous donne l'impression d'être Zizi Jeanmaire, (même moi, c'est dire !) alors pour le Crazy Horse, ça serait peut être une idée ? Enfin ça aurait pu, car ces lieux sont aujourd'hui fermés, triste sort avant relooking. mais l'éventail est en vie. Toutes les belles choses ne peuvent pas disparaître, il y a une justice tout de même !... Je vous souhaite les plus belles suites Sophie, et longue vie à votre éventail, à très bientôt...

Écrit par : frasby | samedi, 02 avril 2011

et si l'un des secrets de la création était porté par la note ré ?

Écrit par : JEA | samedi, 02 avril 2011

@ Frasby : "Un endroit où on ne peut plus aller et qui ne sera plus jamais tout à fait tel": Quelques semaines ont passé sans que j'aie le temps de faire autre chose que survoler vos billets. Le boulot est chronophage et nous bouffe comme les les "bricoleurs de mémoire" bouffent notre espace. Dans ce genre d'endroit nous continuerons d'aller à notre façon rêveuse, et aussi à notre guise.

@ Sophie : "On pourrait écrire des milliers de pages à propos de cet endroit tel qu'on le voit là!" : Je crois que je vais m'y mettre. Tous les lieux perdus, par la magie de cette perte, deviennent au fond poétiques.

Écrit par : solko | samedi, 02 avril 2011

@Solko : Merci de votre visite, j suis heureuse de vous lire ici, et m'accorde avec votre belle note sur la mémoire des lieux
Sinon pour les visites chez vous, c'est exactement la même chose pour moi, le travail, la vie en général est chronophage, l'ordi est chronophage et parfois la navigation entre les 2, bien que l'ordi ne soit pas habité par des robots (loin s'en faut ! comme dirait Sophie) devient plus compliqué qu'on le souhaiterait, je lis aussi vos billets aussi souvent que je le peux, presque chaque jour, de toute façon pour des raisons que vous devinerez) je suis en quelque sorte abonnée à votre lieu :) mon billet ci est incomplet car j'aimerais y lier un de vos billets sur l'Hotel-Dieu, je ferai ça aujourd'hui. J'imagine qu'en prenant sur les heures vacantes il vous est venu de faire comme je l'ai fait un jour (ou deux) d'aller mains dans les poches, tête en l'air, vous promener dans les locaux dans les couloirs, dans le parc de l'hotel Dieu, tout au hasard pour tuer le temps, y faire des ronds de fumée avec une cigarette, et surtout respirer une "certaine" atmosphère, sachant que "tout" (tout -ou disons le sens même de cet Hôtel-Dieu) allait disparaître...(vous y avez sans doute croisé des gens moins détendus que vous et moi, dans le triste contexte d'un hopital, des gens attendant fébrilement des résultats... D'autre se promenant un peu groguis sous les arcades...) Tout cela mêlé à la poétique d'un lieu qui je l'espère gardera toute sa mémoire et la notre. Ce que vous écrivez à Sophie est superbe
:"Tous les lieux perdus, par la magie de cette perte, deviennent au fond poétiques."... J'ai retrouvé une série de photos datant de l'automne dernier et de cet hiver qui (par magie) n'étaient pas perdus comme je le croyais, si un jour vous désirez "vous y mettre", n'hésitez pas à me demander. On peut remettre la mémoire à demain mais aussi à 4 ou à plus ... :)
En attendant, je vous souhaite une très belle journée, vacante au possible, vous trouverez un poème de Becker intact, écrit en lettres orangées du côté de la place des tapis autant dire un baume, histoire d'assoupir un instant l'ennemi Chronos...

Écrit par : frasby | samedi, 02 avril 2011

@JEA :"Il faut parler de la création comme traçant son chemin entre des impossibilités" Gilles DELEUZE in "Pourparlers"

Note 1 : oui, oui, en ré ! toute variation s'envisage ! en ré surtout surtout... :)

Note 2 : à noter qu'une suite en ré, peut signifier aussi une toute autre chose, John Cage l'a illust-ré en 4,33mn mais on pourrait la faire du ré (?) beaucoup plus longtemps que ça... On l'oppose-ré contre la suite en sol. Peut-être qu ça se-ré mieux au fond...

Écrit par : frasby | samedi, 02 avril 2011

"faussaires qui bradent à la criée des perles en plastique au marché où l'on vend des mensonges"
j'aime ça !
quel plaisir de vous retrouver après ces jours interminables de déconnection...coupée du monde on dit non ! j'ai pensé à vous ces "rousses" sont pour vous ! vous les attendiez il suffisait de demander !!!

Écrit par : catherine L | lundi, 04 avril 2011

@Catherine L : Plaisir itou . Ce genre de texte vous l'avez bien compris est un début de hara kiri, vous aimez ça, j'en suis touchée. Il vaut mieux s'achever soi-même plutôt que de se vendre au marché, enfin.. Vous nous revenez connectée en pêcheuse de perles, des vraies (bénies soient les rousses ! par votre oeil sagace, on ne vantera jamais assez les vertus de ces créatures merveilleuses et de ces garçons foudroyants de sensualité que sont les roux, souvent raillés, traumatisés (hey ! poil de carotte ! tu t'es fait bronzer à travers les trous d'une passeoire ? " après des années de persécutions, vous rendez justice - merci ), même si la rousse aura bruni (:-O!!!!) j'aime votre fille à barrette, plongée dans un chignon épais, mais je ne savais pas qu'Arlette était rousse (serait -elle teinturée au L'oréal ? La vilaine ! :) à signaler qu'il existe un livre de stéphane Rose qui s'appelle "Pourvu qu'elle soit rousse", j'aime ce titre il va bien avec vos photos, je l'ai eu en main mais je ne l'ai pas encore lu, et puis bravo pour votre courage une voix s'élevant (dans la nuit blonde et brune,) parmi les signes dominants un soleil roux autant dire un florilège ! on demande et vous offrez! c'est rare et c'est chouette surtout restez bien connectée :) je vous offre ça pour vous remercier : (on reconnait les roux au fait qu'il font toujours des tas de trucs avec leurs cheveux, c'est très vrai ! preuve par l'image :
http://www.youtube.com/watch?v=4nBW8QqjBIs&feature=relmfu

Écrit par : frasby | lundi, 04 avril 2011

Je n'avais pas lu ce texte époustouflant. Vrai que vous n'y allez pas "avec les doigts de la main morte." :)

Il y a dans votre écriture un surgissement permanent, ce qui est une gageure, puisque le surgir n'implique pas la durée, mais l'intensité dans l'instant.

En reprenant ce que Quignard dit dans "La barque silencieuse" (p.167 en folio), pour parler du courage, je dirai qu'il y a dans votre écriture "quelque chose qui continue de se ruer, qui puise au mouvement de se ruer qui fait le fond de la nature (qui fait le fond des volcans, des marées, des vents, des éclairs, des tremblements de terre)."

Écrit par : Michèle | lundi, 13 août 2012

@Michèle : elle est belle, votre intervention.
Une fois encore je m'étonne et suis infiniment touchée par le soin que vous portez aux lectures des textes, à l'écriture, le mot soin est très faible, même ici, à rebours, (pour le coup votre commentaire m'a poussée à relire cette page, je relie les thèmes, car j'en connais la trame mais je ne relis jamais les textes), sur ce billet là, je l'ai fait c'est assez surprenant, il n'y a que Mickey qui pourrait aujourd'hui rester souriant sur le dos du tee shirt, le reste est pour le moins cruel, et le temps plus perdu que jamais mais enfin c'est plutôt dans votre commentaire, que je placerai l'adjectif d'époustouflant, pour cette appréhension très fine des intentions, cette recherche et pas que... (je la fais sobre :)

"puisque le surgir n'implique pas la durée, mais l'intensité dans l'instant."

oui, c'est une sacrée gageure d'y tenter quelque esquisse à travers temps, ce qui n'est pas tout à fait durer au sens où on l'entend, (grâce au fameux travers :) mais je suis de moins en moins sûre que seul (e), même au nom de l'écriture, on y parvienne il faut être Pascal Quignard (c'est pas gagné :), ou bien croiser des personnes qui savent bâtir des passerelles pour celui qui essaie, sinon rien n'est possible... ici, la Devini Chimèle aura intercédé :) alors nous tracerons quelques lignes près d' une "barque silencieuse", un espace infrangible qui porte l'apaisement et ne fera pas l'impasse sur l'intensité vertigineuse au risque de s'y perdre. Cela dit, déjà une barque + le silence c'est un luxe, pas confort pour les grandes traversées mais propice dans l'idée... :)

je me permets de vous dire au passage que vous non plus vous n'y allez pas avec les dents de la main morte en citant Pascal Quignard une telle écriture intimide, cotoyer l'écriture de Quignard, ça veut dire qu'ensuite rien ne sera tout à fait comme avant. Il est peut-être là, le secret de la création, ce n'est pas un but en soi mais, on sort du divertissement, il faudrait au plus vite retrouver le chemin de la création, vous offrez quelques pistes ...

En réveillant ce somnolent sésame "la gageure"... pari perdu ou pas on ne le sait jamais, puisqu'on ne raisonne pas en terme de profit, ça échappe, c'est fragile, et donc je vous remercie aussi pour l'enthousiasme, pour ces temps à venir, il manque un peu puisqu'il s'agit maintenant de songer à dé-construire ce qui est un peu trop embouti, encadré... Gageure, gageure !
gageure d'amorcer des flots plus paisibles, rien de moins sûr...
Pascal Quignard pour évoquer la création, c'est pertinent, lui qui avait une route semblant tracée qui pouvait faire rouler ses recettes dans un processus talentueux par la tradition romanesque des beaux livres très intéressants, un peu de gloire, ça roulait et il est passé radicalement à autre chose, plus difficile, plus puissant jusqu'à poster une lettre de démission aux éditions Gallimard pour pouvoir se tenir (je cite) "seul, en l’absence totale de regard ".c'est magnifique. Le croiser ici précisément sous ce titre ...

alors chapeau Michèle ! d'accorder votre temps, et d'affiner, d'apprécier, de susciter l'envie de relire des auteurs, d'étoiler les correspondances, j'en étais "au dernier royaume", vous avancez le véhicule c'est encore un défi de traverser ces rives avec tous ces volcans autour... Mais "une barque silencieuse" est un plus beau présent qu'un bateau rutilant avec hublots, et des cornes de brume etc ... Pardon pour les longueurs, les redites. Nous ramerons sans boussole jusqu'au détroit de la Golsone, il faudrait que je vous montre cet endroit (gageure encore... :)
Je vous embrasse.

Écrit par : frasby | mardi, 14 août 2012

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